arch/ive/ief (2000 - 2005)

Les Talibans sont des barbares. Détruire à coup de mortiers des œuvres d'art laisse imaginer comment ces brutes pensent l'humanité. Ce sinistre coup de buttoir à la dignité de l'homme est largement repris dans la presse du monde entier. Pourtant cette triste nouvelle sent l'hypocrisie à plein nez. L'encre ne coule pas à flot lorsqu'il s'agit de parler de pilleurs des richesses archéologiques de l'Afghanistan autrement plus dangereux. Le professeur en histoire du monde indien, Gérard Fussman, met les points sur les i : " A Hadda, (dans la vallée de Kaboul, ndlr) les fouilles étaient protégées et gardées par l'armée. Au début de la guerre civile, quand cette garde fut retirée, le site archéologique et le petit musée de Jelalabad furent détruits. Les plus belles têtes se retrouvèrent sur le marché des antiquités. Le si généreux Métropolitan Museum de New York en expose une. (…) Les sites bouddhiques non protégés du Pakistan ont été détruits avant ceux d'Afghanistan ; fouilleurs clandestins et antiquaires s'y sont fait la main. On n'a guère entendu protester l'Unesco à ce moment-là, bien que la perte scientifique soit plus considérable que celle des bouddhas bien connus de Bamiyan. " (1)

Finalement, les antiquaires de luxe des grandes villes occidentales sont de la même veine que les Talibans, mais eux, ne passent pas à la télé ! Les affaires sont les affaires.

(1) Le Monde du 9 mars 2001.