Le
troisième rendez-vous (après celui des Etats-Unis et du Brésil) du Global
Forum sur la transformation de la "forme-état" et de l'e-government se
tiendra à Naples. Au départ, il s'agit d'un rendez-vous spécialement demandé
par les Etats-Unis pour optimiser l'apport des nouvelles technologies
par rapport aux mécanismes administratifs du soi-disant nouvel ordre mondial.
Il est probable que ce surprenant cumul des rendez-vous international
en Italie soit la contrepartie demandée par les lobbies du pouvoir pour
avoir été le porte-avion de l'agression mené contre la ex-Yougoslavie.
Les thèmes qui seront traités à Naples par les délégués des pays membres
portent sur la fonctionnalité et la modernisation de l'administration
publique dans l'ère de la "new-economy". Il s'agit de questions brulantes
d'actualité: l'e-government sera discuté sous l'angle des services aux
citoyens et aux entreprises, mais également sous celui de la privacy,
de la validation électronique des documents, de la communication et de
la démocratie "on-line". La présence de plusieurs premiers ministres est
prévue ainsi que celle de milliers de participants , les administrations
locales, la Banque Mondiale ou l'O.S.C.E. que les entreprises, les cercles
universitaires, les centres de recherche, le monde associatif sans but
lucratif. En substance, c'est un passage important pour les organismes
qui gouvernent la globalisation économique et qui, en fait, transforment
les politiques nationales et les tissus mêmes des Etats de manière à renforcer
autoritairement leur contrôle global sur la vie politique, économiques
et sociale de quiconque. Désormais, les priorités économiques et sociales
sont discutées et décidées, à l'échelle mondiale, par les grands lobbies
et sont dictées aux gouvernements sous forme de "recommandation". Ces
derniers sont censés détenir encore le pouvoir de redistribution des richesses,
mais ils sont souvent réduit à un rôle de sombre exécuteurs des intérêts
matériels du capital transnational. La "forme-état" même est donc l'objet
de profondes mutations qui la transforme en "agence de services" pour
les intérêts des entreprises et en efficace garente de l'ordre social.
En attendant, les droits et les garenties obtenus par les luttes de générations
de travailleurs sont sacrifiés sur l'autel de "la compétition international",
de la flexibilité et de la déréglementation. La précarisation des conditions
de vie et de travail augmente alors que chute progressivement le pouvoir
d'achat des travailleurs. Le système de formation comme celui de la santé
sont de plus en plus restructurés dans un esprit d'entreprise qui ne laisse
de la place ni à la pensée critique ni aux besoins sociaux. Tout est subordonné
au profit: les techniques toujours plus envahissantes et soustraites à
toute forme de contrôle démocratique préfigurent de nouvelles frontières
pour l'exploitation de l'humanité et de l'environnement, la propriété
privée s'étend violemment jusqu'à la connaisance intellectuelle et aux
codes même de la vie, la mobilité des êtres humains est conditionnée par
les accords comme ceux de Shengen, qui établissent des quotas de migrants
à se départager selon les mêmes lois qui existent pour les tomates ou
les litres de lait. La disparité des conditions de vie entre les élites
et l'énorme majorité des personnes que ce soit dans les pays riches ou
pauvres ne cesse de s'accroître à vue d'œil. Mais face aux processus de
globalisation du capital et à son réseau de moyens de contrôle, d'oppression
et d'exploitation est née l'embryon d'un mouvement tout aussi global qui
de Seattle à Melbourne, Prague et Nice a révélé aux yeux de tous l'existence
d'un univers pluriel de mouvements décidés à s'opposer avec tous les moyens
à cet état des choses. À l'occasion des forums des BM, FMI, OMC, OSCE
un fil rouge s'est matérialisé qui a permis aux luttes syndicales, écologistes,
à celles de tous les sud du monde de vivre ensemble, dans le même lieu
physique, avec peut-être des formes diverses mais un seul objectif: rendre
la vie impossible à ceux qui veulent gouverner notre vie! Si une construction
collective d'analyse et une stratégie commune n'ont pas encore été mis
sur pied, ces mouvements représenteront peut-être l'espion important d'une
nouvelle tension œuvrant au changement de l'état des choses actuel, de
manière à utiliser l'énorme potentiel technique accumulé par l'humain
pour libérer et non opprimer et pour répondre enfin aux besoins de milliards
de personnes contraintes à subir l'exploitation et la misère. Le choix
de Naples permet aux patrons de s'auto célébrer dans la ville symbole
d'une aire de sous-développement dans l'Europe de Maastricht. Une aire
dans laquelle se développe une augmentation impressionnante de poches
de pauvreté: le chômage des jeunes atteint des pics à 60% et le travail
disponible est toujours moins qualifié. Naples est également une ville
hyper militarisée puisqu'elle héberge le commandement sud de l'OTAN dans
cette région méditerranéenne où se déterminent de plus en plus les enjeux
géopolitiques de l'impérialisme avec les conséquences extrêmement dures
pour les populations (comme le démontre l'actualité palestinienne). Une
ville qui a connu ces dernières années une expulsion progressive des prolétaires
vers des banlieues de plus en plus abondonnées à elles mêmes. Mais Naples
est aussi la métropole dans laquelle, même ci cela peut-être contradictoire,
s'expriment de fortes formes de résistence au contrôle et à la misère
(comme l'expérience des mouvements de luttes des chômeurs). Nous vulons
également que le Global Forum de Naples devienne un rendez-vous de lutte
qui ferait converger des groupes et mouvements qui se battent contre les
effets néfastes de la globalisation sur le peuple et l'environnement.
Nous voulons que l'anti-Global Forum participe aux développements futurs
des collaborations formelles ou informelles entre différents mouvements,
collaborations qui sont en train de se ramifier au niveau global. Les
revendications d'un salaire garanti pour les chomeurs et les personnes
précarisées, la réduction du temps de travail à salaire égal, l'opposition
aux processus de privatisation des systèmes de formation et de la santé,
l'analyse de nouvelles formes de contrôle toujours plus dissuasives, la
libre circulation des migrants, la lutte contre le copyright et les OGM,
le frein de l'activité d'usuries des instituts de crédits internationaux,
sont parmi les traces à approfondir sur le terrain de la confrontation
politique, de la sensibilisation diffuse, de l'organisation et des connexions
des luttes sociales dans les mois qui nous séparent de ce rendez-vous.
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