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Soulèvement communiste au Népal
by Posted by Mao Ning Tuesday March 13, 2001 at 02:25 AM

Enclavé entre l'Inde et la Chine, le royaume du Népal vit dans une grande pauvreté. Récemment, le peuple s'est soulevé contre la monarchie despotique et la corruption du gouvernement. Plus rien ne semble pouvoir arrêter la guérilla armée, dirigée par les communistes.

Le ‘Centre international des Etudes Stratégiques’ est un organisme du gouvernement américain, spécialisé dans l’études des rapports de force politiques dans tous les pays du globe. Ce 1er mars, il décide de tirer la sonnette d’alarme : « Les perspectives locales mettent mal à l’aise. Les intérêts des organisations américaines sont en danger, ainsi que la sécurité des frontières de l’Inde. [ndlr : alliée des USA] » « Dirigée par le parti communiste du Népal (maoïste), la guérilla affecte aujourd’hui le quotidien de plus des deux tiers des 24 millions de népalais. »

Un peu d’histoire

Ancienne colonie britannique, le royaume du Népal n’a jamais connu la justice sociale, et a perpétué un système de castes copié sur le modèle indien. Quand éclate la contestation populaire en 1990, les castes dirigeantes n’ont plus d’autre solution que de lâcher une partie de leurs privilèges au profit d’un système de démocratie bourgeoise. En 1995, les urnes donnent même une majorité parlementaire aux communistes. Cependant, aucune réforme n’est possible dans un état où « la corruption demeure endémique, le système administratif faible et où les fonds sociaux n’atteignent jamais leur destination. » Le problème est tel qu’ « un grand nombre de localités sont simplement ignorées de l’Etat. Chaque année, près de 100 000 jeunes refusés dans l’enseignement, errent sans emploi à travers les villes. La croissance économique est incapable de nourrir 500 000 jeunes.»

Nul ne peut expliquer autrement les succès rencontrés par les communistes. « L’insurrection a débuté dans les montagnes. Partout où passe la guérilla, elle instaure un gouvernement parallèle, avec ses propres institutions judiciaires, scolaires, agricoles et militaires. Rapidement, une image de Robin des Bois colle à la peau des communistes. Les attaques du gouvernement ne font que renforcer leur popularité sans cesse croissante. Ils sont capables de renverser les autorités en place. » « Les jeunes (15-18 ans) rejoignent en masse le mouvement révolutionnaire armé. Plus d’un tiers d’entre eux, sont des femmes. Un autre de leurs points forts, est de pouvoir surmonter les différences de castes. »

Un impact insoupçonné

Le rapport poursuit : « Les maoïstes népalais entretiennent des relations étroites avec le parti communiste indien People’s War, ainsi que la Maoïst Communist Center, tous deux actifs militairement dans plusieurs provinces indiennes. » Or, Big Brother s’inquiète pour son allié indien, il n’oublie pas non plus ouailles : « Cette région est probablement aussi le sanctuaire du mouvement Free Tibet (des mercenaires à la botte du Dalaï-lama). C’est notamment par là que s’enfuient les lamas du Tibet » Et les Américains laissent même entendre que la Chine « pourrait être à l’origine du mouvement… » Il s’avère évident que le succès des communistes dans cette région du monde embarrasse beaucoup l’impérialisme dans ses manœuvres pour encercler la Chine socialiste, et pour créer des troubles au Tibet.
Guerre populaire

Les castes dirigeantes, qui ont jusqu’ici méprisé la colère populaire commence à trembler. L’extrême pauvreté du pays n’empêche pas ces exploiteurs de lever une armée à coup de dollars (américains ?) : « 2,6 millions de $ sont déboqués pour entraîner 15 000 hommes dans des unités de protection locale. 4,72 autres millions servent à fournir l’équipement militaire. C’est le double des fonds alloués au développement. » Cela ne rassure cependant pas l’administration américaine : « Les experts estiment que la guérilla possède 2500 combattants, secondés par 10 000 soldats irréguliers. Ce n’est rien devant les 110 000 hommes de l’armée royale. Néanmoins, les experts affirment qu’en dessous d’un rapport de force de 25 contre 1, les gouvernementaux ne peuvent pas avoir le dessus. »
Ces experts, dont nous pouvons penser qu’ils sont américains, font certainement en ce moment des cauchemars: « Les maoïstes n’ont aucun soutien militaire extérieur, mais si le gouvernement acquiert de nouvelles armes, la guérilla passera à l’offensive et s’emparera probablement d’une importante quantité d’armes. » On croirait revivre la Révolution chinoise, quand Mao tsé-toung affirma en 1937, que « bientôt, avec le développement de la guerre, nous aurons un stock option sur la production d’armes aux USA et au Japon ! »
En attendant, « l’armée royale a commis des exactions contre la population sans vraiment accrocher la guérilla, à tel point qu’il s’attire les foudres d’Amnesty International. »

Vers la victoire

Ces derniers temps, la guérilla a aligné ses succès contre les valets du roi. Tout cela a été possible grâce à la clairvoyance des dirigeants communistes. Ceux-ci ont su organiser le Peuple autour du parti, en un front uni, les armes à la main. Ainsi, la longue marche vers la victoire a débuté au Népal.
Malgré la petite taille du pays, le renversement de l’Ancien régime pourrait donner un nouvel élan révolutionnaire dans la région, et dans le monde entier. Lors d’un voyage en Inde, les jeunes du PTB ont interviewé un vieux révolutionnaire. A la question de savoir quelle pouvait être notre soutien à leur égard, celui-ci a répondu : « Faites la révolution là où vous vivez. C’est la meilleurs manière de nous épauler. » Il a entièrement raison.

Note :
Source : Centre international des études stratégiques (C.S.I.S.), South Asia Monitor, Number 31, 01/03/2001