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Appel du Comité ULB de lutte contre la Déclaration de Bologne
by Alain Saturday March 10, 2001 at 07:17 PM
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L'ensemble des propositions préconisées dans la déclaration de Bologne, avec comme toile de fond l'adaptation aux besoins directs du marché et la création d'un savoir marchandise, iront dans leurs implications à l'encontre de la notion d'un enseignement démocratique, accessible à tous et autonome vis-à-vis des gouvernements et des entreprises.

Appel du Comité ULB de lutte contre la « Déclaration de Bologne »

Le 19 juin 1999, les ministres de l'éducation de 29 pays européens signaient à Bologne une déclaration commune d'intention en vue d'une harmonisation des études supérieures et universitaires.
Ce projet peut paraître au premier abord bénéfique en terme d'équivalence de diplôme ou de mobilité des étudiants, mais il vise en réalité à adapter la formation dans l'enseignement supérieur afin de mieux satisfaire les attentes et les besoins des entreprises : « (..) les systèmes d'enseignement supérieurs et de recherche - doivent - s'adapter en permanence à l'évolution des besoins et aux attentes de la société( ... ) »(déclaration de Bologne). Mais de quels besoins s'agit-il ?

Dans la société d'aujourd'hui, le rôle des institutions économiques FMI, Banque Mondiale et OMC devient de plus en plus prédominant. Derrière ces institutions, les intérêts économiques des multinationales définissent les orientations politiques générales des Etats.
De même au niveau européen, la construction de l'Union répond aux pressions des différentes organisations patronales (Table Ronde des Industriels Européens). Tout cela au détriment des secteurs fondamentaux que sont l'enseignement, la culture, les soins de santé et les services publics en général.

L'avenir de l'enseignement est régulièrement discuté au sein des ces organisations patronales en vue de le faire correspondre directement à leurs attentes. Leur objectif avoué est d'arriver à terme à une privatisation de l'enseignement.
C'est dans ce contexte que s'est mis en route depuis la fin des années 80 un processus européen de réforme des systèmes d'éducation.
Une série de déclarations d'intention ont déjà été signées par différents recteurs et ministres européens sans aucune participation ou consultation étudiante.
La dernière en date, la -déclaration de Bologne (19 juin 1999), vise à modifier profondément les structures de l'enseignement supérieur.

Quelles sont les implications concrètes de la déclaration de Bologne :

Elle a pour but de « rechercher une meilleure compétitivité du système d'enseignement européen ) » et d'harmoniser les formations de manière à faciliter la mobilité des étudiants et des chercheurs entre les différentes universités.
Mais derrière cette idée séduisante, se cache une série de mesures qui vont à l'encontre des intérêts des étudiants.

Aujourd'hui, le parcours classique d'un étudiant est de 4 ans (deux candidatures et deux licences). Bologne veut modifier cette structure et adopter le système 3+2. Concrètement cela signifie que l'étudiant commencera ses études par un cycle de trois ans (« bachelor ») suivi de 2 années de « master ». Au terme des trois premières années, l'étudiant obtiendra un diplôme « professionnalisant », c'est-à-dire directement « utile » sur le marché de l'emploi.

Conséquences concrètes -

1) Avec ce nouveau système, le diplôme universitaire risque d'être dévalorisé. (3 ans au lieu de 4)

2) L'accès au niveau « master » n'est pas garanti aux étudiants qui réussiraient le « bachelor ». L'accès au « master » serait déterminé par les besoins des entreprises dans telle ou telle branche. De plus il n’y a aucune garantie d’un financement public des masters.

3)Le système 3+2 a pour but et conséquence de limiter l'accès des étudiants à un niveau-de licence. Cela implique immédiatement plus de sélection.

4) Ce nouveau système ouvre la porte à l'organisation d'une régulation des étudiants au niveau européen similaire à ce que nous connaissons en médecine actuellement avec le numerus clausus.

5) L'harmonisation va amener à une comparabilité accrue entre différents lieux d'enseignement. Une des perspectives dont certains parlent déjà est la création de « pôles de savoir » (fusion de facultés ou d'universités) élitistes et compétitifs directement financés par les grandes entreprises

En résumé, l'ensemble des propositions préconisées dans la déclaration de Bologne, avec comme toile de fond l'adaptation aux besoins directs du marché et la création d'un savoir marchandise, iront dans leurs implications à l'encontre de la notion d'un enseignement démocratique, accessible à tous et autonome vis-à-vis des gouvernements et des entreprises.
Face à ce danger, les étudiants de la VUB ont déjà réagi en occupant plusieurs jours leur rectorat. En soutien à ce mouvement, des étudiants de l'ULB se sont constitués en Comité de Lutte contre le Déclaration de Bologne autour des revendications suivantes :

Non à la déclaration de Bologne et à la privatisation de l'enseignement.

Un enseignement démocratique, accessible à tous et préservant son caractère public.
Un enseignement sans sélection - non au système bachelor- master, non au numerus clausus, aux tests et autres examens d'entrée...
Un enseignement au service de la population et pas au service des entreprises
Refinancement national de l'enseignement selon ses besoins par une meilleure redistribution des richesses
Pour une gestion paritaire de l'université : exclusion des représentants patronaux des CA, élection des autorités par les différentes composantes de la communauté universitaire (étudiants, PATG, corps scientifique et académique). Séances publiques du Conseil d'Administration

Signataires: Bea-Interfac, Mouvement Marxiste Léniniste, CRAAC (Comité de Réflexion et d'Action Anti-Capitaliste), CISCOD, Attac.-ULB, Groupe Ecolo-ULB, Etudiants Socialistes, Cercle du Libre-Examen, Cercle de Sociologie et d'Anthropologie (CSA).

Ed. Resp. : Comité ULB de Lutte Contre la Déclaration de Bologne, 42, av. Héger- CP 166, 1000 Bruxelles. 02/650.47.75 GSM: Alain: 0496/78.65.51.