La liberté d'expression selon la multinationale Nike by Tania Molina (traduction:Fred) Thursday March 08, 2001 at 05:06 PM |
fredolev@hotmail.com |
Sweatshop/Maquiladora: le mot interdit de Nike
Sweatshop
- La liberté d’expression selon la multinationale -
«Combine tes idées avec nos ressources», propose l’entreprise productrice d’articles sportifs. L’offre est attractive : «Dessine ton produit». C’est ainsi que les clients peuvent choisir quel logo sera sur leus tennis. Mais il y a des mots qui ne passent pas le filtre de Nike, comme celui de sweatshop/maquiladora.
Cela aurait-il à voir avec le fait que la compagnie transnationale a été accusée, à pluseurs repises, par des organisations des droits de l’homme, de violations des lois du travail dans les usines d’Indonésie, du Vietnam, de Thaïlande, du Mexique ou d’autres pays où se fabriquent ses produits ?
Tania Molina
(traduction : Fred, indymedia)«Si tu veux que cela soit bien fait... Crée-la toi-même. Nous sommes en train de parler de la liberté de choisir qui tu es. Il s’agit de combiner tes idées avec nos ressources. Il est enfin temps que tu participes à ce que tu mets. Faits ta propre marque ».
Sous ce slogan, Nike, entreprise transnationale d’articles de sport, fait la promotion de sa nouvelle campagne « Nike ID » (Nike Identification Personal). Vive l’individu.
Actuellement réservée aux résidents des Etats-unis, la campagne essaie que les clients de Nike participent au dessin (en choisissant les couleurs, les formes et un/e « légende/logo ») de ses tennis, de ses gants et de ses bates de baseball, à travers la page internet de la compagnie.
Mais quelques clients de Nike ont déjà découvert que toutes les idées ne sont pas les bienvenues, et que, pour l’entreprise, la liberté d’expression a des limites. Il y a peu, un client demanda pour inscrire le mot « sweatshop » sur les tennis qu’il était en train de dessiner par Internet. La demande fut rejetée. La compagnie a répondu qu’il s’agissait d’un mot inadéquat.
A plusieurs occasions, l’entreprise a été accusée par des groupes de défense des droits de l’homme pour les conditions de travail dans les fabriques qui produisent pour Nike dans la région du Pacifique en Asie et en Amérique principalement. Comme en janvier dernier, quand le Consortium des droits du travailleur (WRC, sigles en anglais), une coalition d’étudiants et d’autorités de plus de 70 universités étasuniennes, lança une campagne, à cause de la violation des lois du travail, contre la maquiladora mexicaine Kukdong, située à Puebla, et qui fabrique des vêtements pour la marque Nike.
Voici le premier échange de courrier électronique entre le client, qui solicitait le logo « Sweatshop » sur ses tennis, et l’entreprise :
Nike :
Ton ordre d’identificateur Nike fut annulé pour une ou plus des raisons suivantes :
(1) Il contient une marque enregistrée [brevetée] par une autre compagnie ou un autre propriétaire intellectuel.
(2) Il contient le nom d’un athlète ou d’une équipe que nous n’avons pas le droit légal d’utiliser.
(3) Tu as laissé un espace blanc dans ton ordre d’identification.
(4) Il contient un jargon inadéquat ou un langage obscène, et en plus, ta mère te giflerait.
Merci, ID Nike.
Client :
Bonjour,
Mon ordre fut annulé, mais mon identificateur personnel ne viole aucun des critères établis dans votre message.
« Sweatshop » (maquiladora) n’est pas :
(1) La marque enregistrée d’une autre compagnie.
(2) Le nom d’un quelconque athlète.
(3) L’espace n’était pas blanc.
(4) Du langage obscène
J’ai choisi cette identification personnelle pour rappeler le travail des enfants qui ont fait mes tennis.
Nike :
Cher client de Nike ID :
Ton ordre de Nike ID fut annulé parce que l’identificateur personnel que tu as choisi contient, comme nous l’avons dit dans le courrier électronique antérieur, « un jargon inadéquat ».
Merci, Nike ID.
Client :
Cher Nike ID,
Merci pour votre réponse rapide. Bien que je croie que vous ayez un rapide service à la clientèle, je ne suis pas d’accord sur le fait que mon identificateur personnel soit du « jargon inadéquat ». Après avoir consulté le dictionnaire de Webster, j’ai découvert que « sweatshop » est un mot de l’anglais normal, et pas du jargon.
Le mot signifie : « un atelier ou une fabrique dans lesquels les employés prestent de longues journées de travail pour de bas salaires, dans des conditions insalubres», et le mot a son origine en 1892.
C’est pourquoi mon identificateur personnel remplit les critères détaillés dans votre premier courrier életronique.
Je partage l’amour de Nike pour la liberté et l’expression personnel. J’étais enthousiasmé à pouvoir créer mes propres tennis, et mon identificateur personnel était une petite contribution aux travailleurs de la maquila qui ont aidé à ce que se réalise ma création. J’espère que vous prendrez en compte ma liberté et que vous reconsidèrerez votre décision.
Merci.
Nike :
Cher client Nike ID,
En vertu des règles de personnalisation, sur la page électronique de Nike, il est dit aussi que « Nike se réserve le droit d"annuler un quelconque identificateur personnel dans les 24 heures après sollicitation ». Il est déclaré également que « malgré notre respect pour la majorité des identificateurs personnels, cela ne peut être le cas pour tous ».
Merci, Nike ID
Client :
Cher Nike ID,
Merci pour le temps et l’énergie investie à ma sollicitude. J’ai décidé d’ajouter un autre logo à mes tennis, mais je voudrais vous demander une petite faveur. Pourriez-vous m’envoyer une photo en coleur de la fille vietnamienne de 10 ans qui a fait mes tennis ?
Merci.
Le client n’a plus reçu de réponse de l’entreprise Nike.
Cet article est paru dans le quotidien mexicain La Jornada, vous pouvez retrouver le texte original, en espagnol évidemment, sur
http://www.jornada.unam.mx/2001/mar01/010304/mas-cara.html