Marche Zapatiste: De Puebla au Congrès National Indigène by Fred Sunday March 04, 2001 at 01:57 PM |
fredolev@hotmail.com |
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Ce jeudi, la caravane a repris son petit bonhomme de chemin pour
faire escale dans l'Etat du Queretaro, dans l'entre du gouverneur Loyola,
membre du PAN comme Vincente Fox mais opposé à sa dite politique
de pacification. Mais,
avant d'arriver, dans la capitale de l'Etat, la caravane a eu un accident
impliquant neuf de ses véhicules et causant la mort d'un policier.
Dès que les chocs ont été ressentis, des dizaines
de militants ont entouré le car des délégués
zapatistes craignant une attaque étant donné les menaces
et l'atmosphère d'hostilité aux zapatistes qu'a tenté
de semer le gouverneur de l'Etat. Malgré
le "contre-temps", la caravane est donc arrivée dans
la ville de Queretaro où, à nouveau, des milliers de gens
l'attendaient et où Marcos s'est lancé dans un discours
historico-politico-satyrique
contre le gouverneur parce que celui-ci avait, entre autres, déclaré:
"Nous n'avons qu'une armée...s'il y en a une autre... ils
sont des traîtres à la patrie, ils méritent la peine
de mort". Marcos a ironiquement remercié le gouverneur
qui, par toute ses déclarations, a permis que la venue de la caravane
soit connue de toute la population de Queretaro. (Pour
l'anecdote, la radio locale a interrompu sa retransmission de l'événement
quand Marcos a commencé à parler.) Le
gouverneur Loyola, entrepreneur de 46 ans , est un ex-dirigeant de la
confédération patronale de la république mexicaine
(COPARMEX). Réac parmi les réacs, la répression est
sa méthode pour règler les conflits politiques et sociaux. Il
détient, dans les geôles de son Etat, deux leaders du Front
Zapatiste de Libération Nationale et refuse de les libérer
pour permettre la reprise du dialogue entre le gouvernement fédéral
et l'EZLN. Cet
insupportable ultraconservateur de Loyola est aussi un grand défendeur
de l'ordre moral sur son territoire. Pour exemple, deux jeunes punks,
présents au meeting de la délégation zapatiste, se
sont plaints de ne pas trouver de préservatifs dans les pharmacies
de la ville. Loyola
n'aime pas non plus les marchands de rue. D'habitude ses policiers leur
font la chasse. Mais, ce jeudi, la ville était vide de ses policiers.
Le gouverneur, qui avait décidé de passer la journée
en dehors de la ville, avait ordonné à ses troupes de ne
pas sortir des casernes pour ne pas participer à la sécurité
de la caravane. -
Selon un récent sondage, 70% des Mexicains sont favorables à
la paix, mais la majorité croit qu'elle ne sera signée.
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Ce jeudi 1er mars, deux cents personnes ont manifesté devant la
demeure du président de la république (Los Pinos) pour exiger,
entre autres choses, que Vincente Fox tienne ses promesses de paix. Les
manifestants ont dénoncé que la paix qu'offre le nouveau
gouvernement n'est pas la même que cherchent les Zapatistes, celle
du président n'étant que publicitaire. -
Au même endroit, des membres du gouvernement se sont réunis
pour analyser un possible accomplissement des conditions exigées
par l'armée indigène pour retourner à la table de
dialogue. -
Ce jeudi 1er mars, Vincente Fox a déclaré que dans le gouvernement,
"nous sommes prêts pour avancer dans l'accomplissement des
conditions des Zapatistes." Encore de bonnes paroles mais peu
de faits... -
La Commision de Concorde et de Pacification (COCOPA), quant à elle,
a exprimé
une certaine "préoccupation" pour le ton des discours
du subcommandante Marcos qui marque "un claire éloignement
de la position qu'a adopté le président". -
L'Union européenne a exhorté ce jeudi 1er mars l'Armée
Zapatiste "à ne pas laisser sans réponse les efforts
réalisés par le gouvernement". Cette prise de position
a eu lieu dans le cadre de la tournée du secrétaire d'Etat
mexicain aux affaires extérieures, Mr Castañeda, sur le
vieux continent. Voyage diplomatique où, outre les tractactions
commerciales, le représentant du gouvernement mexicain a mené
une opération de charme pour convaincre ses interlocuteurs que
le Mexique est devenu un pays démocratique. Un pays si démocratique,
que de nombreux Etats sont militarisés, que des prisonniers d'opinion
croupissent dans les prisons, que la majorité de la population
est pauvre, que les groupes paramilitaires agissent encore dans une totale
impunité,... démocratique, le Mexique, donc!!! -
Et pourtant, Fox semble vouloir faire des efforts pour redorer l'image
du Mexique. Il a notamment annoncé que quelques 1.000 indigènes
dans tout le pays seront libérés prochainement car ils ont
été mis en taule sur base d'irrégularités
ou parce qu'ils n'avaient pas d'argent pour assumer les frais de justice.
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"Marcos donne au monde une leçon de bon usage des symboles
politiques", tels furent les mots de Fidel Castro sur la marche
zapatiste, lui qui ne s'était jamais exprimé sur l'EZLN.
Mercredi
28 février - Jeudi 1er mars - Vendredi 2 mars
Photos: La Jornada
- Ce mercredi 28 février, la caravane zapatiste, toujours
composée de 3.000 participants, a quitté Puebla pour se
rendre dans l'Etat d'Hidalgo.
A Tlaxcala, les représentants zapatistes ont affirmé que
le Plan Puebla-Panama (pour en savoir plus, clickez [ici])
du président Fox devait changer de nom et s'appeler Guatemala-Panama,
parce que du Chiapas (frontalier avec le Guatemala) à Puebla (proche
de la capitale), il n'y aurait rien de semblable aux projets néolibéraux
de président mexicain.
Lors de la longue journée de mercredi durant laquelle six arrêts
étaient prévus, le chef militaire des Zapatistes a redemandé
à la foule quelle paix elle voulait réellement en faisant
référence aux frères d'Acteal (Chiapas) qui avaient
signé la paix avec des groupes paramilitaires deux semaines avant
le 22 décembre 1997, jour où 45 personnes de cette communauté
furent lâchement assassinés...
A Ixmilquilpan, ville située dans un région de forte émigration,
les délégués zapatistes ont recueilli une fois de
plus les faveurs de la foule toute acquise à la cause indigène.
Et tout cela sous des torrents d'eau dans une ville dont le nom veut dire
"nuages stériles". Un signe...?!
Ce mercredi, aussi, les Zapatistes ont annoncé formellement le
début des contacts avec les législateurs fédéraux.
D'ailleurs, la caravane a pu remarquer cet Etat est dépourvu des
traditionnelles pancartes publicitaires "Dites oui à la paix"
du gouvernement fédéral en fonction.
A
cause de l'accident, la caravane a décidé d'annuler la suite
des activités pour la journée et de les reporter au vendredi
matin.
S.J.Sanchéz et A.P.Robles furent immédiatement arrêtés
le 5 février 1998 pour avoir participé à une manifestation
tumultueuse dans laquelle fut détruit l'autobus du président
de la république de l'époque, Ernesto Zedillo.
Evidemment, les marchands de rue ont saisi l'occasion pour profiter des
5.000 personnes présentes.
A la question d'un journaliste de La Jornada voulant savoir ce
qu'il pensait des Zapatistes, un vendeur de cacahuètes a répondu
qu'aujourd'hui, grâce à Marcos, ses enfants auraient du beurre,
...c'est joli, n'est-ce pas?
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Hier, vendredi 2 mars, la délégation a continué
sa tournée et est passée notamment par Guanajuato, ville
originaire du président Fox. Durant leurs escales, les délégués
zapatistes ont rencontré notamment des pêcheurs qui souffraient
de la répression gouvernementale. Ils sont arrivés finalement,
dans l'après-midi, à Nurio où, dans une ambiance
festive, ils furent accueillis par quelques 3.000 délégués
indigènes, représentant les 57 ethnies du pays, pour entamer
les discussions du 3ème Congrès National Indigène
(CNI). Celui-ci concentrera ses travaux sur la loi "COCOPA"
("Pourquoi
la Marche Zapatiste?").
Et il a raison le leader maximo, Marcos montre sa grande habilité
à discourir lors des meetings de la caravane zapatiste. Mieux qu'un
José Bové menotté devant un palais de justice, Marcos
fait preuve à chacune de ses interventions d'une verve oratoire
digne du maître de la communication politique, à savoir Fidel
Castro.
[Lisez les discours des délégués zapatistes
sur EZLNalDF ou IMC-Chiapas]