arch/ive/ief (2000 - 2005)

Uranium Appauvri - Vision scientifique de la problématique.
by Arnaud Leblanc (IMC Belgium) Tuesday February 27, 2001 at 06:13 PM
arnaudleblanc@swing.be

Les organisateurs et des participants à la conférence de jeudi soir sur l'Uranium appauvri ont rencontré la presse ce mardi matin. Par la suite, la dizaine de victimes, les quelques journalistes et scientifiques de plusieurs pays du monde se réunnissaient cette après-midi pour partager leurs expériences concernant ces armes innofensives dans les communiqués officiels mais qui posent bien des questions dans les faits.

Les conséquences de l’Uranium appauvri sont encore très méconnus. Cette arme est très utilisée en raison de sa grande efficacité. En effet, ce métal lourd est d’une résistance incomparable en comparaison à d’autres, un missile équipé d’une tête à l’Uranium appauvri est capable de toucher deux cibles différentes en un seul tire. Cette réalité donne une grande valeur militaire à ce matériel. Mais est-ce que cette stratégie militaire tient debout face au conséquences humaines de cette utilisation ?

Il est ainsi bon de s’interroger sur les motivations réelles des institutions nationales et internationales à ne pas prendre toutes les précautions en la matières.

« Sous la forme de métal compact, l"Uranium Appauvri ne présente pas de danger sérieux vu que la couche kératinisée de la peau arrête les alpha. Par contre, après pulvérisation sous formes de petites particules d"un micron cube, ces dernières sont piégées dans les alvéoles pulmonaires et le réseau lymphatique. Il suffit de 20 mg inhalés pour constituer dans les poumons des centres d"émission de 250 radiations alpha par seconde. »

« Après pulvérisation, l"UA devient une arme chimique interdite par la convention de 1993 en tant que métal lourd toxique comparable au plomb ou au cadnium.(…) l’UA est également une arme incendiaire interdite par le protocole 3 de la Convention de 1980 sur certaines armes conventionnelles. (…) l’UA inhalé devient une arme radiologique dangereuse et cancérigéne. » Il est dés lors étonnant que les différentes instances responsables ne s’inquiètent pas au point d’user des arguments comme celui que la radioactivité est naturelle et que nous la subissons tous autant que nous sommes pour légitimer leurs utilisations. Mais, comme le précise le professeur Pierart, ne devrions nous pas limiter au maximum les risquent, par conséquent les périodes d’exposition et l’utilisation même d’un tel matériel ?

Les retombées radioactives de ces armes touchent les militaires présents lors des impacts des missiles. Mais ces derniers ne sont certainement pas les plus à plaindre. Exposés pendant quelques mois seulement, ils n’encourent pas autant de risques que les populations locales. Les résidus restés présents après le départ des troupes armées représentent un risque majeur de formation de cancer au sein de la population locale. « Au Kosovo, des enfants jouent dans les carcaces de blindés detruit pendant le conflit. » Mais une simple zone de sécurité d’une centaine de mètres autour de chaque impact n’est pas prête à être mise en place là où la santé est en danger. D’une certaine façon, admettre la radioactivité de ces sites voudrait dire admettre celle des armes elles-mêmes.

Les régions touchées par les bombardements ont connu dans les années qui les ont précédées, une augmentation significative du taux de mortalité. En Bosnie, la mortalité n’a fait qu’augmenter entre 1996 et 2000. Des malades qui alliaient diverses formes de cancer à la fois se sont présentés dans les hopitaux. Cette addition des différentes maladies n’était pas prévue dans la littérature médicale. Et le seul dénominateur commun est la proximité des patients lors des bombardements ou leur fréquentation des sites exposées aux bombardements. Le Dr. Trifko Guzina de Sarajevo raconte l’histoire d’un de ces patients à l’arrivée dans son hôpital. L’homme agé d’une trentaine d’année souffrait de perte de cheveux et d’ongles, de cancers et un de ses doigts était gangréné. A l’époque, le docteur fait de nombreuses recherches afin de découvrir un précédent mais sans succès. C’est dés lors qu’il interroge son malade quant à sa proximité vis-à-vis des bombardements et découvre qu’il a été exposé à une explosion et que de plus, il passait ses journées à arpenter les bois où s’additionent de nombreux cratères d’obus… Il a donc été largement contaminé par de nombreuses sources de radioactivité sans en être conscient.

De plus, les populations locales sont loin d’être à l’abri à l’avenir, les particules radioactives s’infiltrant par temps de pluie jusqu’au nappes fréatiques et il est plus que probable que cela rendent l’eau impropre à la consomation dans les prochaines années.

Les autorités officielles se cachent derrière le fait que « Rien ne prouve la toxicité de ces armes et que les scientifiques avancent des hypothèses différentes sur le sujet. » Il serait dés lors logique de prendre le maximum de précautions afin d’éviter le maximum de dégâts au sein de la population et des militaires. L’attitude la plus logique serait d’entreprendre le maximum d’enquêtes sur le sujet. Les autorités officielles et particulièrement l’OTAN ne semblent pas intéressées par de nouvelles recherches. Celles qui ont été entreprises précédemment les satisfont dés lors où leurs résultats affirment que le taux de radioactivité et les cas de Leucémie n’augmentaient pas dans les régions bombardées. Mais de nombreux scientifiques mettent en cause les techniques utilisées pour arriver à ces résultats. Les médecins des régions concernées sont mis face à des cas de cancers et de leucémies de plus en plus couramment. Les mesures de la radioactivité sont elles-aussi mises en causes par des scientifiques qui par d’autres moyens parviennent à des résultats totalement différents.

Le retrait des armes à Uranium appauvri causeraient de nombreuses pertes financières aux forces militaires qui l’utilisent et aux entreprises qui les produisent. Les organisateurs de la conférence semblent convaincus que c’est cette réalité qui poussent les autorités militaires à refuser d’affronter la réalité. Cette aveuglement causera la mort pendant encore longtemps tant que l’Uranium appauvri sera utilisé.

C’est pour cette raison que les participants à la conférence se réunissent pour partager leurs expériences et participer à la création d’une association pour l’abolition des armes à Uranium appauvri.

Arnaud Leblanc (IMC-Belgium)

Conférence sur l’Uranium appauvri, auditoire Janson, av. F. Roosevelt

Jeudi 01/03/2001 à 19h00