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Réchauffement climatique : le compte à rebours
by Eric Lecluyse (transfert.net) Wednesday February 21, 2001 at 09:20 AM

Inondations, montées des eaux, cyclones, épidémies, sécheresses : des experts de l'ONU dressent un bilan alarmant des conséquences du réchauffement climatique. Le pire, c'est qu'il est sans doute trop tard pour réagir.

 


 

Réchauffement climatique : le compte à rebours

 

 

 

par Eric Lecluyse
mis en ligne le 20 février 2001

Inondations, montées des eaux, cyclones, épidémies, sécheresses : des experts de l’ONU dressent un bilan alarmant des conséquences du réchauffement climatique. Le pire, c’est qu’il est sans doute trop tard pour réagir.


Qui s’en inquiète encore vraiment ? Le réchauffement de la planète s’accélère (la température devrait augmenter, selon les estimations, de 1,4 à 5,8 degrés Celsius en moyenne d’ici à 2100) et provoque de multiples catastrophes : inondations, montées du niveau des océans (entre 9 et 88 cm d’ici à 2100), cyclones, épidémies, sécheresses, disparitions d’espèces, etc. Ce constat effrayant est dressé dans un rapport de l’ONU du groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC) présenté lundi 19 février. On peut toutefois douter qu’il change fondamentalement la politique environnementale des pays de la planète. Cette estimation des impacts du réchauffement climatique est le deuxième volet d’un rapport de l’ONU, le premier ayant dressé un constat des phénomènes climatiques fin janvier 2001 et le troisième devant énumérer une série de proposition pour limiter les dégâts la semaine prochaine.

Principales menaces : l’Inde et la Chine
Depuis 1995, date du précédent rapport de l’ONU, s'est tenu le sommet de Kyoto, en décembre 1997, au cours duquel des gouvernements s’étaient engagés à réduire leur production de gaz à effet de serre (le gaz carbonique, notamment) responsables du réchauffement. "Mais seuls les pays développés se sont engagés, sur une période limitée qui plus est, rappelle Michel Petit, l’expert français du groupe II de l’IPCC. Alors que le problème aujourd’hui est de savoir comment vont se comporter les pays en voie de développement, comme la Chine et l’Inde. Vont-ils se développer en consommant leur charbon ? C’est un problème essentiel." Le bilan de 2001 n’est pas plus catastrophiste que celui de 1995. Mais il est peut-être plus précis. On sait désormais, par exemple, que 95 % des glaciers dans le monde se retirent, et les neiges du Kilimandjaro ne seront bientôt plus qu’un souvenir. Les végétaux sont aussi plus précoces, et les oiseaux pondent de plus en plus tôt. En France, les glaciers alpins fondent inexorablement, la montée des eaux en Camargue menace l’environnement local et la sécheresse sur le pourtour méditerranéen est de plus en plus marquée. "Mais le problème n’est pas en France, estime Michel Petit. Le vrai problème, c’est que des pays vont devenir invivables à cause des sécheresses ou des épidémies. La donne géopolitique va changer. Il y aura des flux migratoires. Et il faudra apprendre à vivre avec ça."

Aucune raison d’être optimiste
Pour l’expert français, il n’y a aucune raison d’être optimiste. "Aujourd’hui, la démocratie et l’économie, qui gouvernent le monde, ne voient qu’à court terme : les politiques sont élus pour cinq ans, la Bourse réagit du matin pour l’après-midi. Alors comment voulez-vous faire face au réchauffement climatique ?" Lui qui a vu les représentants des pays producteurs de pétrole, l’Arabie Saoudite en tête, "combattre pied à pied" pour édulcorer le bilan de l’IPCC ne se fait aucune illusion. Les solutions techniques ou économiques (les fameuses éco-taxes) qui pourraient être prises n’y changeront rien. C’est trop tard : l’homme va devoir apprendre à vivre avec quelques degrés de plus...