arch/ive/ief (2000 - 2005)

Tunisie: Répression contre les défenseurs des droits de l'homme
by ASF, LDH,AI Friday February 16, 2001 at 04:05 PM

La situation s'est empirée ces derniers mois

Tunisie : aggravation de la répression

Depuis plusieurs mois, un durcissement de la politique intérieure tunisienne est observé.

Des informations alarmantes nous parviennent sur le harcèlement, les intimidations et les brutalités subies par de nombreux défenseurs des droits de l’Homme en Tunisie. Ainsi, la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’ Homme (LTDH), doyenne du genre en Afrique et dans le monde arabe, est en danger de mort.

Le déroulement de son dernier Congrès, en octobre 2000, s’est soldé par la victoire d’une ligne indépendante par rapport au pouvoir. Cette manifestation d’indépendance semble avoir déplu : quatre proches du RCD, candidats malheureux lors du Congrès, ont intenté une action visant à en annuler les résultats. Parallèlement, une action en référé a eu pour effet de geler totalement les activités du Comité Directeur, un administrateur provisoire a été nommé, et les locaux de la Ligue ont été mis sous scellés le 29 novembre 2000. Les dirigeants de la Ligue –et notamment son président, Me Mokhtar TRIFI, et ses vice-présidents, Slaheddine JOURCHI et Khemaïs KSILA- font l’objet de surveillances et de pressions incessantes.

Le Dr Moncef MARZOUKI, ancien président de la LTDH et porte-parole du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT) a été condamné, le 30 décembre 2000, à un an de prison ferme pour " maintien d’une association non reconnue " -à savoir, le CNLT- et pour " diffusion de fausses nouvelles de nature à troubler l’ordre public " -à savoir, la présentation d’un document au cours d’un séminaire consacré aux droits de l’Homme, au Maroc-.

L’avocat Nejib HOSNI, célèbre pour son engagement en faveur des droits de l’Homme, a été condamné, le 18 décembre 2000 et le 23 janvier 2001, à deux fois quinze jours d’ emprisonnement pour avoir exercé son métier d’avocat.

Ces condamnations ont constitué le prétexte pour que soit révoquée la mesure de libération conditionnelle dont il avait bénéficié en 1996, après un procès monté de toutes pièces, de sorte qu’il a été mis à l’ombre pour pas moins de cinq ans et demi.

Plus récemment encore, Jalel ZOGHLAMI, membre du CNLT, du RAID (section tunisienne d’ATTAC) et de la LTDH, et frère du célèbre journaliste Taoufik BEN BRIK, a été attaqué en pleine rue, le 3 février 2001, et une brutale intervention policière s’est déroulée à son domicile dans la soirée du 6 février. Arrêté, notamment, le 26 avril 2000 devant le domicile de son frère, alors en grève de la faim, il avait été condamné à trois mois de prison ferme pour " agression contre les agents de l’ordre ", puis libéré, le 1er mai 2000, à la suite d’une importante campagne internationale de soutien, et de l’appel qu’il avait interjeté contre le jugement de première instance.

A la suite de l’agression du samedi 3 février, la FIDH et l’OMCT ont lancé un appel urgent dénonçant " le harcèlement dont Jalel Zoghlami et son frère sont l’objet de façon récurrente, au seul motif de leur engagement en faveur des libertés fondamentales".

Suite à cette agression du 3 février, J. ZOGHLAMI a décidé d ’entreprendre une grève de la faim et son domicile a fait l’ objet d’une surveillance policière ponctuée de provocations qui ont débouché sur les graves incidents de la soirée du mardi 6 février.

D’autres éléments préoccupants concernent Mohamed MOUADDA. Cet ancien président du Mouvement des démocrates socialistes, principal parti d’opposition légal, a été incarcéré en 1995 pour avoir adressé une lettre ouverte au président Ben Ali, dans laquelle il condamnait les violations des droits humains et les obstacles à l’exercice des libertés publiques dont est responsable le régime tunisien.

Nous souhaitons également mentionner les risques sérieux qui pèsent sur la sécurité de Salah HAMZAOUI (président du Comité de soutien à Hamma Hammami). Le 12 janvier 2001, la police a encerclé la maison de Salah HAMZAOUI, et a empêché les membres d’entrer dans la maison ainsi que d’accéder à la chaussée. Une réunion des membres était supposée avoir lieu ce soir là.

D’autres défenseurs des droits de l’Homme continuent à être sous surveillance et harcelés par des agents de sécurité. La plupart des lignes téléphoniques ont été coupées ces dernières semaines, tout le temps ou à certains moments. Surveillance policière, écoutes téléphoniques, pressions sur l’entourage et la famille, asphyxie économique, privation de passeport, poursuites judiciaires vexatoires, intimidations morales et physiques, insultes relayées par une presse aux ordres, sont devenus le lot quotidien de ceux qui, en Tunisie, font entendre une voix discordante.

Nos associations, sensibles à l’aggravation de la situation, et en urgence, se rendront ce mardi 20 février 2001 à l’ ambassade de Tunisie à 10 heures du matin, pour communiquer à l’ambassadeur nos préoccupations, craintes et exigences. Différentes organisations seront représentées en solidarité, dont la CSC, la section arabe de la CSC de Bruxelles, Attac Bruxelles, ...

 

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Ligue des Droits de l’Homme- Section de Bruxelles
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