arch/ive/ief (2000 - 2005)

Pax Christi et l'extrême droite cubaine
by Hernando Calvo Ospina et Katlijn Declercq Wednesday February 14, 2001 at 06:23 PM

Lettre ouverte à Pax Christi International

Anvers, Belgique, 5 février 2001

De:
Hernando Calvo Ospina
Katlijn Declercq
Lange Pastoorstraat 25-27
2600 Anvers - Belgique

Pour:
Mr. Etienne De Jonghe
Pax Christi International
Oude Graanmarkt 21
1000 Bruxelles - Belgique



LETTRE OUVERTE


Cher Monsieur,


Nous sommes Hernando Calvo Ospina, un journaliste colombien et écrivain résident en France, et Katlijn Declercq, ex-membre de Pax Christi International et aujourd'hui coordinatrice de l'ECPAT Belgique, une organisation qui lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants. Comme vous devez le savoir, nous sommes les auteurs du livre "Dissidents ou Mercenaires ?", publié pour la première fois en 1998 (en français et en espagnol) et qui depuis a été traduit en sept langues.


Ceci est la deuxième fois que nous vous écrivons. La première fois fut le 30 novembre 1998. Signé par nous deux, Calvo Ospina vous a envoyé une lettre recommandée. A cette occasion, nous vous avions dit que Mme Lidwien Zumpolle, de Pax Christi Netherlands (Pax Christi Hollande - PCH), dans un quotidien colombien et d'une manière irresponsable et insultante, avait accusé Calvo Ospina d'avoir été un membre de la guérilla. De plus, Mme Zumpolle a aussi eu l'audace d'insinuer, presque mot pour mot, que le livre était l'oeuvre des Services Secrets Cubains et des guérillas colombiennes. Pour cette raison, Calvo Ospina déclara tenir Pax Christi international responsable pour tout ce qui
pourrait survenir à sa famille qui vit en Colombie, où l'Etat et les groupes paramilitaires mènent une sale guerre contre l'immense majorité de la population.


Malgré le caractère délicat du sujet, vous n'avez jamais répondu sous quelque forme que ce soit, ce qui n'est pas très logique pour un dirigeant d'une organisation catholique qui défend les droits de l'homme.


Mais pourquoi Mme Zumpolle a-t-elle porté de telles accusations ? Ce fut certainement en réaction à notre livre qui contenait une interview qu'elle nous avait accordée, dans laquelle elle démontra les liens étroits que PCH entretient avec les plans du gouvernement des Etats-Unis et des groupes d'extrême droite cubains pour déstabiliser le gouvernement cubain. Nous croyons que les informations précises, les sources indiscutables et les noms exposés dans ce livre n'ont pas laissé d'autres possibilités à Mme Zumpolle que l'usage de la diffamation par voie de presse.


Nous pouvons fournir à vous-même, ou à toute autre personne qui le désirerait, une copie de tout ce que nous avons dit. Nous ne mentionnerons pas nos soupçons lorsque nous n'avons pas de preuves.

Notre éthique en tant que professionnels et être humains passe avant tout.


M. De Jonghe, nous nous préoccupons toujours de la sécurité de la famille de Calvo Ospina à cause des suggestions émises par Mme Zumpolle. Il ne faut pas oublier que, dans l'interview que nous avons menée, elle proclame son admiration pour les frères Castaño, dirigeants des terribles et criminels gangs paramilitaires de l'Etat Colombien. Ce n'est pas pour rien qu'elle déclare que l'on devait dialoguer avec ces personnes pour arriver à une paix en Colombie, se plaçant ainsi parmi les rares ONG du monde à tenir une telle proposition. Nous ne pensons pas qu'il soit nécessaire de vous envoyer une copie, car il suffit simplement de lire ses propres documents.

Mais ses accusations sans fondements sont préoccupantes, nous sommes surpris de constater aujourd'hui que le travail qu'elle mène contre la stabilité du gouvernement cubain soit repris par l'ensemble de Pax Christi. Pourquoi disons-nous cela ? Parce que les documents qu'elle produit sont simplement signés "Pax Christi", sans préciser, comme cela était le cas jusqu'à récemment, qu'il ne s'agissait que du travail de la section hollandaise uniquement.

Il y a une autre préoccupation. M. De Jonghe, savez-vous d'où provient l'information que Pax Christi Hollande distribue sur Cuba et qui aujourd'hui semble être reprise par l'ensemble de l'Institution ? Dans notre livre, nous mentionnons plusieurs noms, dont certains sont reproduits ici, mais nous vous offrons aussi quelques éléments nouveaux. Si après avoir rendu cette lettre publique, certains membres de Pax Christi, influencés par Mme Zumpolle, continuent de croire que nous sommes membres des Services de Sécurité cubains ou militants de la guérilla colombienne, nous en serons désolés, mais c'est leur droit, tout comme notre vérité peut être prouvée à tout moment.


*****

  • En janvier 1997, M. Eizenstat déclara devant la Commission des Affaires Etrangères du Congrès que : "Plusieurs avancées ont déjà été accomplies dans le but de fomenter une société civile indépendante à Cuba (...) des Organisations Non Gouvernementales sous la direction de Pax Christi (dont le siège est en Hollande) ont augmenté leurs efforts pour renforcer le secteur indépendant (...)" (Diario de la Américas, Miami, 27 avril 1997). Ce n'est pas une coïncidence si le Miami Herald (28 décembre 1998) classe PCH parmi les alliés de la stratégie de l'Administration Clinton.

  • Entre le 28-29 novembre 1997, la deuxième rencontre de la Plate-Forme fut organisée à Rome. Nous savons que dès les premiers jours du mois d'octobre, lorsque PCH envoya les invitations, il y eut confrontation avec les autres sections de par le monde. Comme vous devez le savoir, celles d'Amérique Latine, d'Italie et des Etats-Unis étaient franchement opposées à la réunion et son caractère conspirateur. Selon les propos tenus au téléphone par Mme Zumpolle, il y avait environ quinze ONG européennes présentes. "Je ne peux vous dire leurs noms, précisa-t-elle, ce n'est pas publics. C'est parce que ces ONG ne veulent pas avoir des problèmes avec les autres". La seule action publique de la Plate-Forme fut une conférence de presse donnée par Dariel Alarcon, "Benigno", et le prêtre Miguel Loredo. Le premier fut un compagnon du Che en Bolivie en 1967, et il a définitivement quitté son pays il y a quelques années. A cette occasion, Benigno n'a pas dit que depuis septembre 1996 il maintenait une relation personnelle et étroite avec "ce vieux brisquard de la CIA, Felix Rodriguez, qui a un nombre impressionnant de missions à son actif, menées pendant trente ans à travers tous les continents". C'est ainsi que le journal français Le Monde le décrivit (10 octobre 1998), en précisant que Benigno avait passé 15 jours dans le bunker de Rodriguez à Miami. Souvenez-vous que Rodriguez est celui qui donna l'ordre d'assassiner Che Guevara. Il est difficile pour PCH d'ignorer cela, car à la fin de 1996 une chaîne de télévision de Miami avait filmé et diffusé la rencontre des deux hommes. Plus tard, de nombreux journaux et médias à travers le monde reprirent l'information. Loredo, l'autre invité spécial de Pax Christi Hollande, fut présenté comme un exemple de la "répression du gouvernement Cubain contre l'Eglise". Il est vrai que le prêtre passa dix ans en prison. La raison d'une telle peine est que Loredo avait tenté de cacher Angel Betancourt dans son couvent pendant deux semaines et tenta de le faire sortir en secret de Cuba. Betancourt avait assassiné deux membres d'équipage et blessé un autre en tentant de détourner un avion de Cubana de Aviación. Ce fut en mars 1996. Loredo, à sa sortie de prison, s'installa à New York où il se lia aux groupes émigrés d'extrême droite.

  • Un an plus tard, un livre, publié en Italien, rassembla les comptes-rendus de la Deuxième Rencontre de la Plate-Forme. Sous le titre de "Cuba, la realtà dietro il simbolo", il a pour auteur simplement "Pax Christi", ce qui, à notre sens, rend automatiquement l'Institution dans son ensemble responsable du contenu. Un des intervenants à la réunion était Frank Calzon, membre du Freedom House, ex-membre de l'organisation terroriste Abdala, et ex-directeur exécutif de la Cuban American National Foundation (CANF), une organisation d'extrême droite avec des bureaux à Miami et Washington. On peut lire dans les remerciements que Freedom House avait aidé à l'organisation du rencontre.

  • Dans l'après-midi du 3 décembre 1998, PCH organisa une table ronde dans les locaux du Parlement européen à Bruxelles. Le sujet était "les Investissements Etrangers à Cuba, Droits de l'Homme et Droit du Travail". Il y eut une très faible participation pour un sujet aussi important et complexe, et seulement quatre heures pour en faire l'étude, l'analyse et un débat. Malgré le fait que Amnesty International ait travaillé sur ce sujet depuis plusieurs années à un niveau mondial, seule la section hollandaise soutint l'initiative. Comme dans les cas précédents, on ne connaît pratiquement aucun nom des autres organisations participantes. Un des intervenants fut le Cubain Ernesto Díaz Rodríguez. Il fut présenté par PCH comme un représentant des syndicats indépendants à Cuba, et comme un enquêteur des cas de violations du droit du travail dans son pays. Mais ils oublièrent de préciser un point fondamental et troublant: Ernesto Díaz Rodríguez fut emprisonné à Cuba en 1967 pour avoir appartenu pendant des années au groupe terroriste ALPHA 66, basé à Miami. A sa libération, il s'en alla à Miami ou il a repris sa participation avec cette organisation et la CANF.

  • PCH organisa une tournée européenne avec, entre autres, des membres de l'organisation extrémiste de Miami Directorio Revolucionario Democratico, qui a des liens étroits avec la CANF, et qui est financé par US-AID et National Endowment for Democracy (NED).

  • En mai 2000, Mme Zumpolle participa à un "Séminaire de soutient à la Dissidence", organisé à Berlin, auquel participait, entre autres, le dirigeant du parti espagnol de droite Partido Popular, Guillermo Gortázar, président de la Hispanic Cuban Foundation, une section de la CANF à Madrid, ainsi que José Basulto, directeur de l'organisation extrémiste Brothers to the Rescue, ex-membre de la CIA, et ex-conseiller militaire de la Contra nicaraguayenne. Dans le communiqué de presse des organisateurs on peut lire "Avec Liduine [sic] Zumpolle, nous avons aussi eu la possibilité de dessiner de nouveaux plans pour qu'un nombre croissant de militants européens des Droits de l'Homme
    voyagent à Cuba et élargissent leurs contacts avec leurs collègues Cubains."
    Comme par hasard, ces mêmes organisateurs, en janvier 2000, dans la même ville de Berlin, montèrent un séminaire dans le but d'analyser "toutes sortes de contrevérités contre le Mouvement Pro Démocratie et des Droits de l'Homme qui luttent à l'intérieur de Cuba". Le livre "Dissidents ou Mercenaires ?" fut pris comme un "exemple type" de "cette guerre réellement pourrie menée par les services d'espionnage et par les conspirations de Castro".

  • A la fin de septembre 2000, l'organisation Center for a Free Cuba, basée à Washington, diffusa à travers le monde, via Internet, le rapport de Pax Christi : "L'Union Européenne et Cuba : Solidarité ou Complicité ?", un long texte rempli d'incohérences et d'exagérations contre le gouvernement Cubain. Le directeur exécutif de Centre est Frank Calzón, dont nous avons déjà mentionné la participation active dans les organisations extrémistes. Le Président est Manuel Cutillas, à la tête de la multinationale Rhum Bacardi, directeur de la CANF, et un des principaux instigateurs et soutiens de la loi Helms-Burton, rejetée unanimement. Nous nous sommes demandés pourquoi, pendant plusieurs mois, le rapport complet ne pouvait être trouvé que sur le site web de Center For a Free Cuba. Pourquoi n'y avait-il qu'un résumé sur la page de Pax Christi?

  • L'organisation Center For a Free Cuba et la CANF ont été les deux organisations qui ont ouvré pour maintenir aux Etats-Unis le garçon enlevé, Elián González, contre la volonté de son père qui avait demandé son rapatriement à Cuba. Comme par hasard, dans le journal hollandais Dagblad du 22 janvier 2000, Mme Zumpolle déclara que la demande de rapatriement du garçon était une "manouvre de Fidel Castro", usant des mêmes termes que la CANF, Center For a Free Cuba et d'autres organisations extrémistes opposées au gouvernement cubain. Nous savons à présent que l'Administration Clinton prit en compte la loi internationale et autorisa le retour du garçon.

*****

M. De Jonghe, nous pourrions énumérer d'autres coïncidences et liens entre Pax Christi Hollande et l'extrême droite cubaine, et la stratégie des Etats-Unis pour déstabiliser le gouvernement cubain, mais il n'est pas dans notre intention d'insister.
M. De Jonghe, croyez-vous qu'avec de telles relations politiques Pax Christi ait été impartiale et honnête dans les rapports qui ont été présentés, et ceux qu'elle se prépare à présenter, devant la Commission des Droits de l'Homme à l'ONU ? Croyez-vous qu'elle puisse être impartiale et honnête dans l'information qu'elle diffuse aux autres sections de l'institution et aux ONG à travers le monde ? Vous, en tant que catholique et humaniste, qui devez lire et approuver ces rapports qui sont distribués au nom de Pax Christi, croyez-vous qu'ils soient remplis de bonnes intentions?


En dernier, et pour que cela ne soit pas interprété comme une menace mais comme un droit que nous comptons exercer, nous voulons dire que si Pax Christi, par l'intermédiaire de Mme Zumpolle ou de tout autre membre, persiste à nous diffamer, nous traînerons votre institution devant les tribunaux.

Nous avons beaucoup de preuves et d'arguments pour cela. Nous espérons ne pas en arriver là. Bien que l'Institution Pax Christi nous doive une explication et des excuses publiques.
Enfin, nous vous rappelons : Vous, Pax Christi, organisation catholique de défense des droits de l'homme, sera responsable pour tout ce qui pourrait advenir à la famille de Hernando Calvo Ospina à la suite des suppositions irresponsables et fausses de Pax Christi.


Recevez nos salutations respectueuses, Hernando Calvo Ospina et Katlijn Declercq

Copie à :

Sections de Pax Christi dans le monde
Organisations de défense des Droits de l'Homme
Organisations Non Gouvernementales

Organes de Presse mondiaux