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Reportage photo sur la journée du 27 janvier entre Zurich et Davos
by Arnaud Leblanc (IMC-Belgium) Wednesday February 14, 2001 at 05:36 PM
arnaudleblanc@swing.be

Le 27 janvier dernier, une manifestation contre le World Economic Forum était annoncée. Les autorités officielles ont rapidemment interdit le rassemblement et transformé les montagnes suisses en un bunker policier et militaire. Face à cela, les manifestants ont décidé d'aller le plus près possible de Davos...

reportage photo réalisé par Arnaud Leblanc (IMC-Belgium)

 

27 janvier à Landquart (50 km de Davos)

Le 27 janvier dernier, une manifestation contre le World Economic Forum était annoncée. Les autorités officielles ont rapidemment interdit le rassemblement et transformé les montagnes suisses en un bunker policier et militaire. Face à cela, les manifestants ont décidé d'aller le plus près possible de Davos...

Le World Economic Forum regroupe les décideurs du monde économique actuel, des politiques et des représentants des grandes institutions économiques comme le F.M.I. ou la Banque Mondiale. Loin de tout aspect officiel, de nombreuses décisions naissent à l'intérieur de ses murs. Les lobbyes financiers viennent parler de l'avenir du monde, on y prend le maximum de contacts et bien loin de la masse citoyenne, on redirige le monde à sa guise et principalement selon son propre profit personnel et sa propre vision du monde. Malheureusement les choix entrepris par cette bureaucratie touchent bien plus de personnes que celles qui ont le privilège d'être acceptées entre ses murs.

De nombreux citoyens clament chaque année leur opposition à cette nouvelle nomenklatura. Le nouvel ordre mondial doit passer par eux. La démocratie si durement gagnée dans certains pays ne doit pas s'effacer pour une poignée de bureaucrates au pouvoir. Au contraire même, l'uniformisation des Droits devient leur leidmotif, sur chaque continent, chaque humain doit avoir les même chances de vivre dignement.

voir le dossier "Davos" : http://archive.indymedia.be/theme/index_Davos.php3

Ici, les manifestants, partis en train, bloqués à la gare de Landquart qui par la suite bloqueront cette même gare, arrêteront leur train pour rejoindre le blocage de l'autoroute et finiront leur journée dans les rues de Zurich entre gaz lacrymogènes, autopompes et barages de fortune.


La journée du 27 janvier a commencé dans la pluie. Une légère bruine accompagnait les manifestants de la Rote Fabrik à la gare de Zurich. Une légère tension était perceptible au sein de l'assemblée, la police suisse n'avait, jusque-là, pas lésiné sur la répression et chacun s'attendait à voir l'accès à la gare protégé par la police. Ainsi, le rendez-vous était donné à plusieurs centaines de mètres de celle-là.

Dés le point de rendez-vous rejoint, le groupe "Rythms Of Resistance" accompagné par plusieurs volontaires musicaux a commencé à battre le rythme et la marche vers la gare pouvait commencer...

Avec grand plaisir, les prévisions concernant la répression matinale se sont révèlées fausses et les manifestants ont investi la gare et le train qui les amènera à Landquart. Le tout en musique et sous le regard étonné des usagers des transports férovières ce jour-là.

Le voyage fut marqué encore et toujours par la musique. Le train lui-même devenait un instrument de musique, porte-bagages, rampes, appuies de fenêtres... Tout servait la cause musicale. Des autochtones se sont même joints à la fête quand il s'est agit de chanter un "Let My People Go" à la sauce anti-Davos.

A l'approche du moment fatidique du changement de train, la tension a recommencé à monter. Combien de policiers seront à Landquart pour accueillir le convoi ? Vont-ils charger le train ? ... Que va-t-il se passer ?

 

Landquart. (petite gare au millieu des montagnes suisses)

... A quelques villages montagnards de chez Heidi...

L'arrivée des manifestants par le train Zurich/Landquart était, évidemment prévue à l'avance par les forces de l'ordre. Les rails étaient jallonnés de barbelés sur plusieurs centaines de mètres en aval de la gare. Cette dernière était entourée par le même dispositif. Il avait été question le soir précédent de cet état de guerre dans lequel la police avait jeté la gare. Les manifestants s'attendaient donc à êtres confrontés à une forte présence policière qui les obligeraient à se souder en un seul bloc compact et solidaire.

Heureusement, ces prévisions se sont révèlées trop péssimistes et la police s'est faite discrète pour l'arrivée de la masse protestataire et la musique a pu recommencer...

Ainsi, les manifestants ont investit la gare et rejoint le train qui s'apprêtait à partir pour Davos.

Après plusieurs minutes à l'intérieur du train à destination de Davos, les activistes ont du se rendre à l'évidence. Le train ne partira pas... Les manifestants s'attendaient évidemment à ce blocage. Il fut alors temps de bloquer cette gare "Si nous ne partons pas, personne ne partira...". Cette action était un maillon des actions qui se menaient un peu partout aux alentours de Lanquart. En effet, l'autoroute était aussi en proie à l'action d'autres activistes.

Pendant près de deux heures et demi, la gare a été bloquée pacifiquement. Le blocage d'un tel lieu est très simple, il suffit de maintenir les portes des différents trains ouvertes. Cette seule action suffit a paralyser le lieu et elle ne nécessite que très peu de personnes qui devront fournir un effort plus que raisonnable.

Pendant ce temps, le gros de la foule se divertit comme il peut... Musique, Dance, Chants... Le soleil lui-même est revenu et la fête continue.

La police s'est montrée discrète mais bien présente, un barrage s'est ainsi formé pour dissuader les manifestants de joindre Davos à pied... 50 km de montagne plus loin.

Avant le départ des manifestants, une poignée d'entre-eux investissent une prairie juste à côté des voies. Ils souhaitaient agir alors que d'autres activistes sur l'autoroutes entamaient son blocage. En effet, elle était situé à moins de cinquante mètres des rails. Mais les barbelés, les balles en caoutchoucs et le départ imminent du train les a dissuadé de continuer l'action.

Ce que la police n'avait pas l'air d'avoir prévu est pourtant arrivé. Après avoir tiré avec des balles en caoutchouc et ainsi repoussé les manifestants, ils n'ont pas pu s'empêcher de tirer avec des grenades lacrymogènes. L'autoroute était à moins de trois mètres derrière le barage et une grenades a évidemment terminé sa course au millieu de l'embouteillage. Les gaz n'avaient pas beaucoup d'effet sur les manifestant qui se mouvaient avec aisance dans la large prairie mais les "civils" gazés et bloqués dans leur voiture ont surement peu apprécié...

L'action de blocage de la gare terminée, les manifestants ont décidé de repartir vers Zurich.

Après quelques centaines de mètres, ils arrêtent le train pour rejoindre leurs amis qui entamment une action de blocage de l'autoroute. Cette dernière causera des dizaines de kilomètres de bouchons dans les deux sens.

Peu de manifestants avait pu rejoindre et se manifester à Davos (entre 300 et 400 personnes). Mais ce n'est pas pour cela que la journée fut vaine, les activistes avait bloqué les voies ferrovières et autoroutières de la vallée. Malgré le dispositif policier et militaire déployé contre eux, ils avaient montré que la répression n'empêche pas de donner de la voix...

Après encore une heure passée à faire la fête entre autoroute et rails, les manifestants acceptent de reprendre le train vers Zurich. La fête fait place à la fatigue. Les machines reprennent leur élan et chacun se repose pour être prêt à affronter la soirée et la street party, initialement prévue dans le centre administratif de Zurich.

Les cars eux-aussi s'apprêtent à partir et rejoindre Zurich et les petit camarades venus en train.

Mais les naveteurs n'hésitent pas à arrêter le train de temps en temps pour saluer les cars d'activistes quand ils passent à la hauteur d'un pont (ici, des italiens en principe...). Le train a beau rouler a une bonne allure, les embouteillages visibles ne seront plus visibles que près de trente à quarante minutes plus tard...

 

Zurich.

Les autorités n'ont évidemment pas permis aux manifestants de descendre dans la grande gare de zurich. Ils ont donc entammé une marche vers le centre à partir d'une gare en périphérie.

Malheureusement des échaufourées ont commencé entre les forces de l'ordre et les manifestants à hauteurs de l'avenue "des banques". Les policiers étaient bien décidés à ne pas laisser s'approcher un quelquonque activiste. Balles en caoutchouc, lacrymogènes et auto-pompes... Tout est bon pour écarter la foule.

Les forces de l'ordre iront même jusqu'à poursuivre le cortège dans les rues de Zurich. Enragé dans les quartiers financiers, ils se montreront beaucoup plus docile quand la manifestation rejoindra le centre touristique et culturel de la ville. En effet, la protection virulente de la police se limitait aux quartiers où les magazins de luxe et les banques occupaient le plus de place. Ces quartiers, un samedi soir, étaient vides et la police se souciait bien peu de la protection des "civils" qui passaient du bon temps dans les quartier touristiques où les manifestants furent repoussés...

Cette course poursuite dans les rues de Zurich fut éprouvante pour tous et chacun était heureux de rejoindre le camion sono des italiens et la masse de manifestants qui venaient d'arriver avec les cars. La musique aurait pu commencer et la fête prendre place mais la police ne le voyait pas ainsi, et la musique et son camion fût même une des cibles principales des tirs de gaz.

Malgré cela, certains manifestants (difficilement perturbable par les charges de la police) ont choisis la détente musicale pendant que d'autres montaient des barricades.

Mais la tension ne faisait que monter et le camion sono lui-même dut renoncer à la street party. Le mot d'ordre à 20h30 était clair, chacun rejoint la Rote Fabrik pour terminer la fête dans un lieu plus tranquille...

 

Photos et commentaires : Arnaud Leblanc pour Indymedia-Belgium ( arnaudleblanc@swing.be )