L'économie mondiale menacée par le changement climatique, selon l'ONU by BELGA Tuesday February 13, 2001 at 05:38 PM |
Le changement climatique risque d'avoir des conséquences "significatives et irréversibles" pour l'économie, la santé publique et les paysages de nombreuses régions du globe, estime un groupe d'experts de l'ONU chargé d'étudier le réchauffement de la planète.
Dans un nouveau rapport de 1.000 pages, intitulé "Changement climatique 2001: impacts, adaptation et vulnérabilité", l'IPCC (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat, GIEC en français) confirme que les deltas, les petits Etats insulaires et les régions arides seront les plus frappés.
Le réchauffement diminuerait les approvisionnements en eau en Asie centrale, en Afrique australe et dans les pays méditerranéens. Dans les pays arides du Tiers-monde, sécheresses et pénuries d'eau, déjà en augmentation avec la croissance démographique, deviendront endémiques.
Dans la plupart des régions, y compris en Europe, la fréquence et l'ampleur des inondations augmenteront et la qualité des eaux se dégradera. Sur les côtes, le nombre de personnes inondées par les tempêtes augmentera considérablement d'ici les années 2080, même en supposant que la hausse du niveau de la mer soit alors limitée à 40 centimètres.
En matière agricole, le rendement des cultures pourrait augmenter dans les régions septentrionales mais il diminuera en zone tropicale.
Le réchauffement climatique accroîtra les maladies parasitaires comme la malaria et la dengue. En ville, les populations sensibles souffriront de l'humidité croissante ainsi que de la fréquence accrue des vagues de chaleur et des pics de pollution.
Le changement climatique risque de faire disparaître des espaces naturels, aussi bien à basse altitude en raison de la montée du niveau de la mer (coraux, mangroves, marais côtiers) qu'à très haute altitude en raison de la fonte des glaciers.
Même limité à 2øC, il pourrait entraîner l'extinction de nombreuses espèces d'animaux (oiseaux des forêts de Tanzanie, gorille africain de montagne, ours des Andes, tigre du Bengale par exemple).
Les ours polaires et certains pingouins perdront progressivement leurs habitats.
Une hausse du thermomètre supérieure à 4-5øC d'ici 2100 pourrait également provoquer des "évènements singuliers de large échelle" à "conséquences catastrophiques" pour les espaces et les populations concernées, même si la probabilité de tels évènements est "mal comprise".
Un affaiblissement du Gulf Stream modifierait par exemple du tout au tout les conditions de vie d'une partie de l'Europe.
Les auteurs du rapport s'appuient sur le travail de leurs collègues d'un autre groupe de travail de l'IPCC, publié le 22 janvier à Shanghaï, selon lequel d'ici 2100 la température moyenne de la planète augmentera de 1,4øC à 5,8øC et le niveau de la mer s'élèvera de 9 cm à 88 cm.
Le rapport, dont un projet a été communiqué à l'AFP, devait être adopté lors d'une réunion groupant scientifiques et diplomates d'une centaine de pays qui a débuté mardi à Genève. Il doit être officiellement publié lundi prochain.