arch/ive/ief (2000 - 2005)

Témoignage des Ouïgours (suite)
by (posted by Arnaud) Monday January 29, 2001 at 12:48 PM
arnaudleblanc@swing.be

L

Question n°1 :
Les noms et prénoms des témoins parmi les personnes déportées vers le kazakhctane.
1.Ikvin Vladimir,
2.Gueja Dimitri,
3.Ygaï Alexandre,
4.Diocengualiev Valérie
Tous originaires d’Almata

Question n°2 :
Quand est ce qu’on vous a menottés ?

Réponse :
Le 04 janvier 2001 vers les 14h selon l’horaire belge, on nous a regroupés (05 personnes) dans une pièce, y compris les femmes qui étaient dans le Centre Fermé de Brugges. Après un moment un représentant du Centre est venu nous annoncer que dans 02 heures l’avion sera prêt pour nous rapatrier. Malgré toutes nos supplications et nos explications, concernant notre peur des conséquences de ce rapatriement, le représentant a haussé les épaules.
Ainsi nous décidions que nous ne retournerons pas et qu’on restera dans nos chambres fermées à clé. La première fois on nous a sommé d’ouvrir la porte, ensuite ils (les représentants du Centre) nous ont fait croire que les avocats sont arrivés alors que c’était faux ; ensuite ils nous ont menacés de forcer la porte par les forces de l’ordre ; en dernier lieu ils ont appelés leurs gardes pour casser la porte.
Comme les lits barricadaient la porte, ils n’arrivaient pas à passer, à ce moment les policiers menaçaient de lâcher les chiens sur nous, en nous insultant « chien » en russe.
Un jeune homme ne tenant pas sous la pression policière a essayé de se couper les veines avec une lame de fer sortant de la porte brisée, c’était une situation dramatique. On était obligés de déplacer les lits pour libérer un passage en criant en anglais et en russe qu’on est pacifique.
A ce moment la force de l’ordre s’est abattue sur nous armée de matraques et d’autres armes : ils ont commencé à nous extirper avec violence vers une autre pièce ( ils ont tourné le bras aux femmes, tiré des cheveux, d’où les cris lancinants de douleur).
Deux membres de cette force nous ont fouillés jusqu’aux organes génitaux, on nous a dévêtus jusqu’à la nudité, et même les femmes pour nous minimiser. Ensuite on nous a menottés vers les 18heures, ils nous ont accompagnés dans l’autobus aux vitres sombres vers l’aéroport, donc on ne pouvait voir ce qui se passait de l’extérieur, sauf les flashs des appareils photo, devant chacun de nous était se tenait un garde en tenue civile, mais avant à l’avant et à l’arrière il y ‘ avait des policiers en tenue.
Arrivés à l’aéroport nous a littéralement parqués dans une pièce chaude et étouffante, il était interdit de fumer, il n ’ y’ avait pas de toilettes et le téléphone duquel je te téléphone. Vers les minuits, on nous a embarqué dans l’avion, deux personnes se sentaient mal et ne pouvaient marcher et comme même on les a traîné jusqu’au salon de l’avion.
Le 05/01/01 à 1 heure du matin l’avion a pris son envol, au courant du vol j’ai demandé de desserrer
Les menottes (en plastique), en réponse on m’a montré des menottes en fer, c’était une menace claire et nette. Le vol a duré 07 heures et l’avion est revenu vers Bruxelles à 08h00, ils nous ont remis dans le même autobus et nous ont ramenés vers le Centre Fermé, et enlevés les menottes vers 11h00, alors qu’on était menottés 17-18 heures d’affilé.
Encore ils nous ont mis par petits groupes dans des pièces isolées, il nous était interdit de téléphoner, on est resté ainsi jusqu’à 2h00 du matin 06/01/01. Et la procédure du départ se répéta avec la même précision déconcertante que la première fois, la seul différence, on nous a directement embarqué dans la « trappe » de l’avion.
A 05h00 du matin l’avion pris son envol, on a atterri à Almata d’après l’horaire belge vers les 12h00-13h00. On est restés menottés cette fois-ci 30 heures d’affilé, beaucoup de personnes ont gardé des traces. Pour ce qui concerne les bagages, beaucoup d’effets personnels manquaient. Lorsqu’on a demandé nos documents ils nous remis des Négatifs. Ceux qui ont vécu 2 ans ont reçu 2 Négatifs, ils percevaient des aides financières du CPAS et avaient des appartements : ils les ont emmenés de force au Centre Fermé, leur faisant abandonner une situation et digne de leur intégrité familiale en attente de l’aboutissement de leurs démarches administratives.
Le jour de l’atterrissage il y ‘ avait des représentants du pouvoirs Kasaques. Malgré l’injustice et l’humiliation, on voulait retourner en Belgique, on l’a bien dit ouvertement : on n’a pas rencontré ni des avocats, ni des juristes, et autres défendeurs des droits de l’Homme.
Je suis prêt à donner plus de détails sur cette déportation tragique, qui aura des conséquences fatales pour nous et nos proches.
Voilà comment on nous a « empaquetés » et remis aux mains de ceux qu’on fuyait ce qui va se passer ? je n’en sais rien et j’ai PEUR !