arch/ive/ief (2000 - 2005)

La criminalisation des participants aux manifestations utilisée par la police
by Arnaud et Fred Leblanc Thursday January 25, 2001 at 05:36 PM
arnaudleblanc@swing.be

Une manifestante bloquée à la frontière a envoyé la lettre d'interdiction d'entrée que les autorités policières font signer aux personnes qu'elles refoulent.

La grande nouvelle de ces rencontres du sommet économique mondial en Suisse est sans aucun doute la disproportion entre le nombre des manifestants et les moyens autant matériels que moraux qui sont utilisés par la police suisse.
Pour le seul bourg de Davos, plus de 3000 policiers sont chargés de rendre le lieu totalement inaccessible pour tous les indésirables. Les frontières, comme on le sait, sont rendues les plus filtrantes possibles, et la présence policière est plus qu'importante dans les grandes villes.
Mais ce ne sont qu'une part des moyens mis en place pour assurer la réussite du forum.
Face à ces dispositifs sécuritaires, le nombre de manifestants ce jeudi est largement insignifiant. L'attitude policière alliée à un pays peu accessible a ralentit largement l'arrivée des manifestants.A Zurich, pas plus de 250 personnes se répartissent les actions à l'encontre du WEF.
Pour donner une comparaison, c'est un peu comme une rencontre de football qui réunirait 10.000 supporters dans le stade et quelques 100.000 agents de l'ordre pour prévenir et contrôler les éventuels hooligans !


Mais cela n'empêche pas les policiers de transformer leur pays en un haut lieu de la répression organisée (rappelant tristement les années 30). Sous couvert de protection des participants au sommet et de la population, ils se permettent d'user des pires procédés pour effrayer les manifestants et les transformer en terroristes-casseurs. La criminalisation de tous les participants au mouvement de lutte contre le néolibéralisme économique n'est pas un procédé nouveau, il existe depuis longtemps mais la technique atteint un taux d'efficacité impressionnant.

Il a déjà été question de la liste mondiale des activistes qui regroupe les noms des personnes qui ont soit été interpellées par la police, soit les noms repris dans l'agenda d'une personne interpellée, soit un militant qui s'est fait connaître d'une façon ou d'une autre pour ses positions à l'encontre des institutions économiques. Cette liste s'agrandit évidemment de sommet en sommet, et elle justifie le maximum de répression envers ceux qui souhaitent marquer leur désaccord lors de ces rencontres.
A l'occasion du forum de Davos, les autorités policières ont usé de cette liste pour justifier l'interdiction d'entrée de nombreuses personnes. La seule présence des noms dans ce document les classaient comme dangereux activistes. La police est même allée jusqu'à exiger la signature des " dangereux activistes " d'un document d'interdiction d'entrée qui justifie cette dernière. Les motifs repris sont (texto) " X a été activement engagé dans une démonstration violente organisée contre la séance de la Banque Mondiale et du FMI au mois de Septembre à Prague, blessant des personnes et créant des dégâts matériels importants. Ces dernières années, il y a eu tentation d'importuner le World Economic Forum (WEF) par des actions similaires. C'est pour cette raison que les autorités compétentes ont rejeté la demande en autorisation de démonstration lors du WEF 2001 à Davos. Malgré tout, les appels pour la démonstration du 27 janvier 2001 à Davos s'intensifient. En effet, il faut empêcher que des activistes prêts à la violence puissent compromettre le bon déroulement du WEF ainsi que la sécurité des participants et de la Suisse.
… ". Si la personne interpellée outrepasse l'interdiction, elle encourt une amende de 10.000 Fr. suisses et l'emprisonnement jusqu'à six mois et le refoulement.
Ce document outrepasse largement ses droits, il donne officiellement à toutes personnes interpellées, pour une raison ou une autre à Prague (souvent sans raison), le statut de casseur violent. Ce n'est évidemment pas le cas, de nombreuses personnes ont été interpellées à Prague alors qu'elle se trouvaient à des lieux des manifestations violentes, donc sans qu'elles soient nécessairement impliquées dans ces heurts.

(document receillis par Nicolas)