arch/ive/ief (2000 - 2005)

2001 : Festival du film gay et ... less and less-bien de Bruxelles?
by Sapho'l dire (posted by protesta) Sunday January 21, 2001 at 09:05 PM
sapholdire@bust.com

Il se passe de drôles de choses au Tels Quels, association homosexuelle francophone belge qui est aussi l¹organisatrice du Festival du Film Gay et Lesbien de Bruxelles. Alors que ce Festival nous avait habituées ces dernières années à une programmation de grande qualité, variée autant dans les styles que les thèmes abordés et remarquablement équilibrée, cette année, en compulsant le programme, on en est tombées sur le derrière.

A première vue, ça a l¹air bien : 24 films gays et 24 films lesbiens au programme,
plus une série de films étiquetés Œmixtes¹. C¹est quand on va voir dans les détails que ça cloche : si l¹on
dénombre 18 longs métrages gays, on n¹en trouve que 9 lesbiens, parmi lesquels 2 films des années 70
réalisés par des hommes et aux thématiques complètement dépassées, et un déjà sorti en salles. Le
reste de la programmation Œlesbienne¹ étant constituée de courts, et parfois très courts, métrages.
Pardon? On déraille et c¹est pas des manières de tenir ces comptes d¹apothicaire? A priori pourquoi pas,
mais là où c¹est vraiment inquiétant, c¹est que quand on demande des explications à l¹équipe
organisatrice, on sent qu¹il y a bel et bien un malaise.
³La programmation reflète en exacte proportion la participation des lesbiennes au Festival,et vous savez
que dans les associations mixtes il y a toujours beaucoup moins de filles que de garçons²
Tels Quels se revendique d¹être une association mixte, en effet, et à ce titre elle perçoit des subsides de la
part de pas mal de pouvoirs publics, qu¹elle est censée utiliser à l¹intention d¹un public mixte. Ces
dernières années, le public de lesbiennes se pressant dans les couloirs du Botanique pour aller regarder
des images qui leur parlent sur grand écran est impressionnant : on se demande où se cachent toutes ces
femmes le reste du temps! Quand à l¹équipe organisatrice, il semble qu¹elle dispose d¹une technique
infaillible pour faire fuir toutes les lesbiennes souhaitant participer : cette année encore, on nous rapporte
l¹histoire d¹une défection de ce genre. Et les filles qui se sont proposées pour aider n¹ont pas été invitées.
Pourquoi?
En fait, cette année, l¹équipe ne compte plus aucune lesbienne. La Présidente de Tels Quels, si vous le lui
demandez, vous répondra qu¹elle est ³gay². Son appartenance au sexe féminin sert-elle donc d¹alibi à
l¹organisation? Et puis qu¹est-ce que c¹est que ces manières? Est-ce que les lesbiennes qui militaient
dans les associations de sensibilisation à la souffrance des malades du Sida dans les années 80 ont tenu
des discours du style ³Bon, OK, je travaille, mais seulement à proportion du nombre de lesbiennes
atteintes²???
³C¹est normal, c¹est parce que la production de films lesbiens est beaucoup plus faible que la production
gaie²
Ca ça fait mal, parce que ce sont les lesbiennes elles-mêmes qui nous le disent. Il s¹agit de la Parole du
Père Bien Apprise, et récitée automatiquement chaque fois que l¹occasion s¹en présente (³Filles, n¹oubliez
jamais que vous ne valez pas grand chose, qu¹à ce titre vous ne méritez pas grand chose, et
contentez-vous de ce qu¹on veut bien vous donner - ou il vous en coûtera.²) Il s¹organise des festivals de
films lesbiens partout dans le monde, notamment à Paris à l¹automne, et dans la longue histoire de ce
Festival, ça n¹est jamais arrivé qu¹on doive supprimer des journées de projection par manque de films!
Des films lesbiens de qualité, il y en a. Il suffit de bien vouloir les chercher.

Le pire, c¹est qu¹alors qu¹un des thèmes retenus par Tels Quels pour ce Festival est celui de la mémoire
de la déportation des homosexuels lors de la deuxième guerre mondiale, l¹équipe organisatrice utilise des
méthodes de flics dignes de toute structure de philosophie autoritaire. Ainsi, alors que nous distribuions
pacifiquement des tracts aux lesbiennes venues voir des films au Botanique pour les informer de la
situation, on nous a accusées de troubler l¹ordre, on nous a envoyé de vilains sbires de sécurité, on nous a
arraché nos tracts... c¹est tout juste si on n¹a pas tenté de nous tabasser, pour nous faire la leçon.

Vraiment, ça ne tourne plus rond au Tels Quels. Et les lesbiennes en colère que nous sommes sont bien
décidées à le faire savoir. A la mesure de notre frustration de voir sombrer un des évènements festifs les
plus agréables au sein de la communauté gay et lesbienne de Bruxelles (et probablement celui qui
favorisait le mieux les rencontres et échanges entre ces deux communautés) dans la médiocrité
mercantile.