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Nice - Témoignages
by AC Reims - Posted by protesta Sunday January 07, 2001 at 09:53 PM
protesta@wol.be

Contre la mondialisation et la dégradation des acquis sociaux, ci-dessous un recueil de témoignages vécus par le collectif rémois (Reims/France) pour illustrer ce qui s'est passé à Nice. Les témoignages sont précédés (pas toujours) par les initiales des auteurs. Franca.

Mardi 5 décembre - Voyage à Nice
A: "La manifestation de Nice des 6-7 Décembre 2000,c’est d’abord pour moi
mon premier vrai acte militant. Sans trop savoir à quoi m’attendre, je me
rendis dans le train plongé entre espoir et appréhension quant à la suite
des événements. Les visages souriants et enthousiastes des différents
militants qui partaient aussi de Reims me rassura."
L: "Nous savons que des citoyens européens doivent nous rejoindre à Dijon.
L'ambiance est bonne, et tout le monde est motivé, c'est la fête. Et puis,
vers 1h, après que le train ait été immobilisé dans une gare de tri pendant
une grosse demi heure, le train arrive à Dijon. Fin de la fête, c'est le
début du cauchemar."
V: "Sur le quai d'en face, des CRS!?! Entourent le groupe de voyageurs; nous
descendons dans l'objectif de connaître la situation. Des représentants de
la FORCE publique nous envoie du gaz lacrymo dans la figure!!! P, An, F.
étouffent; je ravale ma colère, mais ce n'était rien car les représentants
de la loi se mettent à tabasser les copains de Dijon, ils frappent, ils
frappent, ils frappent et ils réussissent à se calmer, deux blessés. Nous
appelons le SAMU…"
J: "Comme le train était quand même bloqué (on n'était pas remontés) et que
tout ça faisait désordre sur le quai, la SNCF a fait des tarifs. Une partie
des militants seulement pu payer, aidés par la CNT; les autres occupèrent au
choix : un autre train, le commissariat ou l'hôpital. Un petit mot au
passage aux militants syndicaux (en particulier la CGT) qui ne sont pas
descendus du train (malgré nos appels) et ont laissé les camarades se faire
taper et gazer sans bouger le moindre petit doigt, tranquilles assis au
chaud, à boire leur bière (dans leur wagon juste en face)! Ils ont une
notion un peu particulière de la solidarité il me semble! "

Mercredi 6 décembre - Manifestations
F: "Nous arrivâmes à Nice pour voir la fin du petit bain très médiatisé des
ATTACienNEs ; nous avons traversé le centre de Nice avec des troubadours
colorés; leurs rythmes annonçaient la fête et les Niçois nous trouvaient
bien sympathique, contrairement à ce qui leur avait été annoncé. Nous avons
remonté la manifestation, plus importante qu'à Amsterdam (où la marche
européenne contre le chômage et la précarité avait rassemblé 50000
manifestants, sans la CES). Très fortes représentations italiennes et
françaises, nombreuses délégations (hors CES): COBAS (comités de base
italiens), syndicalistes Turcs cagoulés, ETA avec les portraits des
prisonniers politiques, puis au bout, attendant sous la pluie, la FSU,
ATTAC, Marches européennes, AC! , le groupe des dix, la CNT, No Pasaran,…
(organisations qui ont préparé ensemble l'organisation du contre sommet),
cortèges très animés et colorés."
V: "Des cars et des gens arrivent en permanence, mais aussi des témoignages
accablants dans toute les villes les forces de l'ordre ont sévi alors que
les trains étaient à moitié vides!? On apprend que nous sommes 60 milles ou
120 milles; ils ont compté à 14h, il est 16h30, nous n'avons pas démarré et
ça continue d'arriver; faudrait peut-être recompter? Bon, pour nous ça
démarre entre Ya Basta et les Anarchistes qui font des spectacles de feux en
habits multicolores (les niçois applaudissent des balcons et les spectateurs
sont joyeux) loin des cortèges syndicalistes stéréotypés."
An: "En queue de la manifestation, des policiers ont provoqué les
manifestants à maintes reprises, à coup d'insultes et de bousculades. C'est
seulement lorsqu'ils ont été entourés par les manifestants croyant qu'il
s'agissait de membres du FN qu'ils ont sorti leurs brassards de policier."
B: "La journée finit par un discours très enthousiasment de Suzanne Georges
,qui se finit par un "tous ensemble contre la mondialisation", repris
aussitôt par la salle."
L: "Une annonce est faite au mégaphone, relative à nos collègues citoyens
italiens de Ya Basta, bloqués à la frontière par la douane française,
bafouant et piétinant les accords de Schengen sur la libre circulation des
citoyens. Un cortège est reformé pour aller à la gare, en faisant le grand
tour, pour réclamer un train pour nos collègues italiens."
V: "Ya Basta, les anars, mais aussi des tas de personnes d'horizons divers
nous accompagnent; les gens nous soutiennent de leurs balcons; c'est
magique; je suis heureux de voir une telle solidarité. Arrivés à la gare, un
cordon de CRS nous empêche de passer "police partout, justice nulle part"
c'est un slogan qui me paraît assez vrai. Mais il est très vite remplacé par
« libérez nos camarades ».
L: "Un groupe de manifestants réussit à déborder une rangée de CRS qui du
coup se retrouvent coincés au milieu des manifestants. Nous sommes
pacifiques et n'avons pas fait usage de la force... Tous les CRS se
regroupent ou plutôt se replient sur le perron de la gare et la foule avance
sans violence. La tension monte et tout bascule. Charges de CRS et gaz
lacrymos à tir larigot."
F: « Nous allions vers la gare, des personnes regroupées, silencieuses,
regardent. D'un coup, sans prévenir, les CRS chargent. Nous voulons entrer
dans un café mais il refuse d'ouvrir ses portes. Une bombe explose devant
nous sur notre droite et dégage une fumée blanche. Nous voyons très mal, les
yeux et la gorge brûlent, nous nous engageons en masse dans un escalier. Des
voix autour disent de rester calme, de se couvrir la bouche, surtout d'être
calme. Il y a de la fumée devant aussi, partout… nous nous trouvons devant
un hôtel qui finit par ouvrir ses portes pour 6 personnes... Un manifestant
entre à son tour, met du sérum physiologique dans les yeux de la militante
CGT qui avait des difficultés à respirer et ressort. Je prends son pouls qui
est très rapide. Je la fais asseoir à terre. Elle se calme peu à peu… »
P: «Nous avons repris des slogans de la manifestation, jusqu’à ce que les
forces de l’ordre (CRS, gendarmes ?) nous courent après. Nous nous sommes
précipités dans les petites rues montantes du vieux Nice, courant aussi vite
qu’on le pouvait, pressés par les flics qui s’étaient mis à tirer des balles
en caoutchouc. C’est alors que notre groupe s’est scindé en deux,
involontairement. Nous nous sommes arrêtés quelques temps après, nous étions
une quarantaine, tout en haut de Nice ; nous ne savions trop que faire,
sachant que les flics pouvaient être à chaque coin de rue et que si on
continuait à courir, on finirait bien par les croiser. Nous avons alors
décidé de nous disperser, en descendant par groupes de 2 ou 3 dans les
petites rues et en attendant dans un bar. Chacun a ensuite retrouvé le lieu
qu’il avait choisi pour passer la nuit."
J : "Arrivés à Nice, il fut hors de question d'aller à la manif syndicale,
d'autant plus que 1400 Italiens étaient bloqués à Vintimille.
Malheureusement, les groupes ayant du mal à se coordonner dès leur arrivée,
très peu de militants occupèrent des trains jusqu'à la frontière (où des
affrontements violents eurent lieu). En fin d'après midi, une manif
rassembla plein de groupes (trotskistes, anars, autonomes, écolos, basques…)
à la gare pour soutenir les Italiens… La route fut longue (il fallait
contourner le dispositif policier) jusqu'aux lieux "d'habitat" collectifs (1
gymnase prêté par la mairie et 1 parking occupé illégalement). La soirée fut
en partie consacrée à la préparation des actions du lendemain, mais
rapidement les gens discutaient par petits groupes."

Jeudi 7 décembre - L'Acropolis
"Le RDV est donné à 6h45 devant la gare Nice Ville. Objectif :
L'encerclement pacifique de"Nécropolis". Nous nous mettons en route avec
Sud, Attac…, direction l'Acropolis pour faire un cordon humain autour, pour
qu'ils acceptent une délégation …" "cortège très dynamique, scandant "Le
monde n'est pas une marchandise". La ville est coupée en deux. Notre petit
groupe (400 personnes) se serre derrière la banderole Marches européennes et
avance."
"il y avait deux groupes de manifestants, le nôtre, qui se situait aux
alentours de l’avenue St Jean-Baptiste et le second constitué certainement
des personnes qui avaient squatté dans le gymnase près de la Gare St-Roch,
groupe qui d’après les rumeurs se situait Avenue Gallieni."
"Devant, le comité d'accueil semble un peu à la bourre (pas très matinaux
les CRS!)Pas moyen d'approcher "Nécropolis". Alors les slogans fusent comme
des feux de bangale « l'Europe n'est pas une marchandise »; "CRS avec nous";
"un monde meilleurs est possible" . La seule réponse, la seule considération
à laquelle on a droit est l'arrivée d'un monstrueux canon à eau. Merci
l'Europe. Petite précision, quelques garde mobiles sont équipés du FAMAS
(pistolet mitrailleur) qui n'est pas chargé mais dont un chargeur de balles
réelles est à portée de main dixit le gendarme mobile."
« Devant les CRS, nous leur parlons et leur expliquons que nous sommes là
pour défendre des droits qui nous sont communs; ceux-la ne chargeront pas.
Les turcs et les anars nous ont rejoints. Nous faisons le tour; rebarrage.
On s'est tous mis à frapper des mains sur les palissades. Ca résonne, le
bruit s'élève et remplit l'atmosphère ; ils ne doivent pas aimer car on se
fait "lacrymogéner "; ça va, on commence à avoir l'habitude. Il y a un
passage sous le parking. » "On s'y engouffre (100 ou 150 personnes) mais un
mur de CRS se précipite face à nous, matraque à la main. On s'arrête et on
lève les bras. Et les CRS nous rentrent dedans. On est quelques uns à
s'allonger. Je reçois des coups de pied et de matraque dans la jambe gauche,
sur la cuisse et sur le mollet. Je suis saisi par les cheveux, enlevé et
balancé. Le CRS me tutoie « dégage »... Petite question, toute grande ville
qui se respecte et qui est soucieuse de la sécurité de ses contribuables est
munie, notamment dans certains parking, de caméras de vidéo surveillance,
qu'en est-il alors des images. On doit sûrement pouvoir distinguer et
identifier l'agresseur, le casseur, en un mot, le CRS ».
"Parfois on ne voit même pas les CRS et ils nous bombardent! nous avancions
groupés sans agressivité ,et voilà la réponse de la "démocratie"! Pourtant
on est là, le mouvement anti-mondialisation se construit. Ce jour là ,on
leur a montré notre force en marchant soudés vers eux, les Blair et les
Jospin…"
"Nous sommes au courant que d'autres groupes, à l'approche de "Nécropolis"
se heurtent à la même violence policière. Nous entendons et voyons les
grenades lacrymo voler, exploser, et puis gazer nos collègues citoyens.
Après l'assaut du parking, nous montons vers la gare avec slogans et
banderoles. Des gens applaudissent à leurs balcons. Certains passants lèvent
même le poing à notre passage. Nous faisons une courte pause à la gare puis
nous nous rendons en camionnette avec des collègues citoyens turcs au
gymnase où se tient le Contre-sommet. La ville est remplie de CRS. "

De l’autre côté : "Le 7 décembre, le RDV était donné gare Riquier pour
bloquer le sommet, mais le dispositif policier ne nous en laissait pas la
possibilité. Une autre manif partait de l'autre côté pour encercler le
sommet. La matinée fut noyée dans les lacrymos (la routine…), avec parfois
les explosions énormes de grenades assourdissantes - pour varier les
plaisirs…- Les groupes de manifestants occupaient plusieurs rues, comme ils
le pouvaient, tentant de renvoyer les lacrymos, de lancer des objets, ils se
disloquaient, se reconstituaient et changeaient rapidement de rue au gré
des charges de CRS". "Le paysage s'arrêtait souvent à une dizaine de mètres,
obstrué par les gaz…".

"En repartant vers la salle Leyrit, au niveau de la Place Masséna, nous nous
sommes trouvés face à Peyrat, maire de Toulon. Nous avons eu affaire à sa
police et les CRS nous ont coursés dans la ville"

Le Gymnase ou Salle Leyrit
"Le midi, on se rend sur un des lieux de meeting; là on apprend qu'il y a eu
l'arrestation d'un militant. Nous allons protester contre cette arrestation
qui nous parait arbitraire devant le commissariat à côté; manifestation
pacifique, chaîne humaine et bras levés; ils acceptent de recevoir l'avocat
mais il faut que l'on se disperse." "Les renforts (CRS) arrivés quelques
minutes avant pointent de leur matraque certains manifestants. Puis ils
s'éloignent, disparaissent, laissant la place au canon à eau. Nous levons
les bras. C'est le retour des renforts qui nous ont contournés et qui nous
balancent une volée massive de gaz lacrymogènes. Le cordon de CRS qui nous
fait face lance l'assaut. Les grenades lacrymogènes tombent là où on est
obligés de passer pour se replier et s'enfuir…" "…voilà le schéma habituel;
ils attaquent pour provoquer des affrontements; faut croire qu'ils aiment
bien ça, et puis ça les arrange pour l'opinion publique; ils pourront
classer ceux qui se sont défendus d'extrémistes; la situation se
calme-t-elle, qu'un canon à eau arrive d'un côté, des CRS et une énorme
grille de l'autre, et feux d'artifice en face… Et tout cela aux pieds de la
salle de conférence."
Dans le même temps: F: " Nous entrons dans le gymnase pour suivre les débats
et où les militants d'AC! se proposent d'organiser une réunion concernant
les évènements…Dans les 5 minutes qui suivent, des cris dehors "Ils
chargent". Je vais dans la cuisine attenante pour sortir mais c'est trop
tard, les lacrymos sont lâchés. J'ai peur. Les personnes du secours
catholique dont une dame de 76 ans résistent tant bien que mal aux affres
des lacrymo…"
V: "A l'extérieur, le canon à eau fait du nettoyage, nous restons groupés et
nous nous replions vers une avenue, des manifestants tentent de retourner
une voiture, nous les en empêchons (car nous sommes dans un quartier
populaire). A ce moment des gaz jaunes sont envoyés; ce sont des gaz au
chlore! Ils paralysent et sont extrêmement nocifs. En apnée, je protège
quelqu'un. Excédés, nous descendons l'avenue. Des poubelles sont déversées
sur la route pour ralentir l'énorme déploiement de CRS; quand ils chargent,
nous reculons. Plus aucun self contrôle n'est possible; répression pure et
dure; des manifestants s'en prennent aux symboles : banque, concessionnaire
jaguar, ce ne sont que des vitrines qui explosent. Certains qualifieront
cela de vandalisme, mais je vous le demande, qu'est-ce que quelques vitrines
face aux énormes suites à 30 000 F!! la nuit que les centaines de seigneurs
nécropoliciens se tapent aux frais de qui! Les forces de l'ordre ont chargé
de tous côtés sur des adolescents qui n'ont pas su se disperser à temps; des
arrestations ont été faites : Fin.
Je suis fatigué et malgré les coups, c'est mon esprit qui a mal et nous nous
interrogeons.
- Qui a incendié la BNP suite aux charges des Comités de Répression Sociale
? - Manifester où? - Qui a provoqué les affrontements? - A-t-on une valeur
autre que commerciale pour ces gens là? - Dois-je continuer à être
pacifiste?
- Quels droits avons-nous? - SOMMES NOUS LIBRES ? Liberté de répression -
Egalité virtuelle - Fraternité financière "
L: - "… J'ai été gazé, matraqué, insulté et j'ai la haine. Mais je ne suis
pas ici pour casser. Je me dirige donc vers le gymnase croyant y être à
l'abris ... C'est la panique générale. En bas, sur une des portes de côté,
un CRS réussit à franchir la porte avec un drôle de fusil et tire 2 ou 3
fois" - "avec des copains d'AC! nous nous retrouvons coincés dans une cour,
à l'arrière de la salle; une habitante ouvre le portail; nous pouvons alors
nous réfugier dans l'immeuble grâce à la compréhension des habitants." -
"L'atmosphère est pesante, oppressante… Que reste-t-il des droits
fondamentaux, de respect des droits et de respect tout court que se doit
d'avoir une république démocratique digne de ce nom? Il me faudra plusieurs
paires de minutes (et non de menottes) pour me déparalyser l'esprit, oser
bouger, oser sortir; j'ai l'impression d'errer au milieu d'une foule de
zombies. J'ai perdu mes potes, aucun n'est là. Comment ça s'est passé pour
eux? Grosse inquiétude. Rester lucide à tout prix, me réactiver peu à peu.
Une mère et sa fille s'approchent de moi et me demandent de quel pays je
viens. Je leur réponds que je suis français, européen, citoyen du monde. On
discute de ce qu'il se passe. Elle me raconte que bien avant le début du
sommet, quand les habitants du quartier ont su que le Contre-sommet était
parqué (c'est leur mot) au cœur de ce quartier populaire, ils ont été
choqués par ce manque de respect. Elle me dit que 2 ou 300 m plus haut, en
remontant la rue, c'est Chicago, territoires du "non droit et du danger".
C'est dans cette direction que le canon à eau a repoussé les manifestants.
Elles sont écœurées mais pas étonnées de ce qui vient de se passer au cœur
de Nice. Je suis inquiet pour mes frangins, où sont-ils? Et puis V. apparaît
dans mon champ de vision, je me lève et me précipite vers lui; grosse
accolade. Tout le monde va bien. Tout va bien, même si tout va mal. Contents
de se retrouver. On fume une clope et on commence à se raconter l'histoire
du commissariat."

Salle Pathé Masséna, rue Jean Médecin
F et Pa : - "Aspirant à des lieux plus calmes, nous revenons vers le centre
ville. Un hélico tourne longuement et se déplace parallèlement à la rue Jean
Médecin, effeuillant les arbres au passage, grand vent.
Nous entrons au Pathé Masséna pour suivre l'intervention des parlementaires
européens favorables à ce Contre-sommet. Des personnes entrent en courant
"ils chargent". Nous allons vers le hall d'entrée. La grille est baissée.
Les lacrymos agressent jusqu'à l'intérieur. Les avocats de la LDH constatent
les comportements dévoyés de la police et des CRS.
(Extrait du témoignage d'un niçois sur Indymédia): "…Un sit-in d'à peine 100
personnes dans cette rue a grossi jusqu'à rassembler 400 camarades, dont de
nombreux italiens (…). Derrière les rangs de la police qui avance vers les
manifestants, de nombreux niçois. Une femme avec son mari et leur petit
enfant refuse de s'en aller comme le lui ordonnent les policiers, disant
qu'elle tenait à assister comme témoin à ce qui lui semblait être une
injustice. Devant cette "instance" la femme est bousculée et son mari jeté à
terre. La foule de passants se met à siffler et à huer leur indignation.
Entendant cette clameur les manifestants se sont levés... Les grenades
lacrymogènes sont lancées immédiatement, et repoussent les manifestants un
peu plus loin dans la ville. "
"Que faisait l'hélico au dessus de la rue? Les pouvoirs ont-ils vraiment
voulu pousser les manifestants à se rebeller et à casser des vitrines en
filmant l'état avant (et après) ?"

Retour, encore un procès
P: - "Quand je suis monté dans le train pour rentrer sur Reims, j’ai
rencontré un Marseillais qui retournait chez lui, dégoûté qu’il était par sa
nuit passée au poste : il était seul lorsque, bougeant une barrière pour
continuer son chemin sur un boulevard, il s’est fait arrêter par les flics,
menotter et embarquer dans un véhicule, direction le poste. Il s’est fait
fouiller ; il avait sur lui un cran d’arrêt, pour lequel il devra retourner
à Nice pour être jugé. Il a passé la nuit seul, en caleçon, dans une cellule
où le froid l’empêchait de dormir. Après être sorti du poste, en rejoignant
la gare pour quitter cette ville trop fliquée, des CRS l’ont interpellé,
prétextant qu’ils l’avaient vu faire je ne sais quoi pendant la nuit; il
leur a alors montré un papier prouvant qu’il " venait de chez eux ", et leur
montrant ainsi, s’il le fallait, leur malhonnêteté ! Ils ne se sont pas
dégonflés pour autant, et l’ont fouillé, trouvant sur lui un foulard rouge
qu’il n’avait pas quand il s’était fait arrêter la première fois (ce sont
les flics qui lui ont mis) et dont les CRS se sont servi pour l’accuser de
provoquer les forces de l’ordre (…)".

Le 8, ceux qui sont restés ont participé avec AC! à l’occupation des ASSEDIC
et la négociation pour les trains gratuits du retour.

Quelques conclusions personnelles…
-"Même la répression la plus forte n’empêchera pas la lutte de vivre. L’
aventure de Nice m’a permis de mieux comprendre certaines choses mais
au-delà du plan de la réflexion pure sur le système, ce voyage m’a donné
énormément de sensations fortes et m’a également permis de rencontrer le
milieu militant, divers, hétéroclite mais solidaire, essentiellement
vivant."
- « Nous avons rencontré des niçoises qui regardaient les banderoles d’AC !
en disant « c’est vrai ce que vous dénoncez»
- « Nice, fut encore un de ces rendez-vous de la contestation radicale de la
mondialisation néolibérale pour les uns, du capitalisme pour les autres,
avec des gens déterminés à bloquer le sommet par la désobéissance civile. A
cela s'est opposé le gazage systématique, les arrestations, le matraquage,
les condamnations de 2 basques à un mois ferme en comparution immédiate pour
port d’un couteau "suisse", les convocations d’autres militants au tribunal,
poursuite et tabassage de Niçois « innocents ». Tout a été fait par la
mairie et la préfecture pour dissuader les militants de s'exprimer : pas de
salle disponible pour le couchage, manifs interdites, blocage de trains aux
frontières et de trains occupés gratuitement. Les 6000 personnes participant
au sommet n'ont eu à souffrir que des gaz intempestifs lâchés par ceux qui
entendaient les "protéger".
Et si des niçois pensaient déserter la ville ou se trouvaient reclus dans
leurs appart. (où les gaz lacrymo arrivaient aussi ), beaucoup furent
solidaires (encouragements, musique et drapeau rouge au balcon, ça motive
terriblement !)".

AC! REIMS