Echaudées par Seattle les multinationales ripostent by posted by Ata Friday January 05, 2001 at 03:55 PM |
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Les groupes de réflexion conservateurs ont retenu la leçon du contre-sommet de l'OMC, il y a un an. Ils tentent de créer un réseau de surveillance des organisations écologistes et antimondialisation, et de réduire leurs sources de financement.
En réponse à la montée en puissance et à la vigilance du mouvement antimondialisation, les multinationales et les groupes de réflexion concervateurs commencent à riposter. Si l'on en croit un document cité parla lettre Inside EPA, Sony prépare « un plan d'action afin de contrecarrer l'activité de plusieurs organisations internationales - dont Friends of the Earth (les Amis de la Terre), Greenpeace et la Silicon Valey Toxics Coalition ». Tous ces groupes sont impliqués dans une campagne visant à rendre les fabricants d'électronique responsables de leurs déchets toxiques.
L'été dernier, à Bruxelles, des représentants de Sony ont présenté un projet intitulé NGO Strategy (Stratégie ONG) lors d'une conférence sur la politique de l'environnement organisée par l'Association des industries de l'information, de la communication et des technologies. Parmi les propositions stratégiques de Sony figuraient «l'intervention avant financement », destinée à réduire le soutien accordé par les fondations progressistes aux organisations de protection de l'environnement ; une recommandation encourageant les entreprises à réagir plus rapidement aux critiques des défenseurs de l'environnement et à anticiper les législations à venir ; et le développement « d'un réseau efficace de surveillance et de contact » permettant d'avoir l'oeil sur ces organisations.
« Nous sommes bien sûrs préoccupés par notre image », a déclaré Mark Small, directeur de la sécurité, de la santé et de l'environnement chez Sony, dans un entretien accordé à l'agence de presse InterPress. «Si Greenpeace prépare quelque chose, nous ne voulons pas être dépassés ». L'intérêt de Sony pour « l'intervention avant financement » coïncide avec la publication de Who Props Up the Protesters (qui soutient les contestataires), un rapport très détaillé de Truth About Trade. Cette officine du secteur agricole américain est dirigé par Dean Kleckner, ex-président de l'American Farm Bureau Federation, l'un des principaux groupes de pression agro-industriel
Des vision divergentes de l'intérêt public
Selon M. Kleckner, la mission de Truth About Trade consiste à « stimuler les exportations agricoles et les progrès des biotechnologies fondées sur des recherches scientifiques saines ». Son but est aussi d'empêcher les écologistes extrémistes et les mouvements de contestation radicaux de limiter le potentiel économique et technologique des Etats-Unis. Le rapport Who Propos Up the Protesters dresse le portrait de plus de 50 « organisations écologistes qui s'opposent activement au commerce » et détaille la façon dont elles ont participé aux manifestations de Seattle.
Un seul exemple : Truth About Trade assure que la Ruckus Society dont le siège est à Berkeley (Californie), se cache derrière le paravent de la désobéissance civique non violente pour poursuivre son véritable objectif, qui serait « d'enfreindre la loi par la violence ». Et ce, sous la conduite de « dirigeants qui ne sont pas étrangers eux-mêmes à la violence et qui s'attendaient peut-être à la flambée de vandalisme des membres anarchistes de leur mouvement contestataire ».
L'une des plus importantes contribution de Truth About Trade à la collecte de renseignements figure dans les documents expliquant que les réseaux de commerce équitable sont financés par des « fondations qui fournissent de grosses sommes d'argent aux organisations écologistes ». Plusieurs autres institutions conservatrices s'en prennent désormais aux fondations qui apportent un soutien financier vital au mouvement écologiste. (...)
Bill Berkowitz, « In These Times » (Chicago), repris du «Courrier International» n°529-530.