arch/ive/ief (2000 - 2005)

Le succès des manifestations des 6 et 7 décembre à Nice confirme le déficit social, environnemental et démocratique de la construction européenne. A l'appel de la Confédération européenne des syndicats (CES) et d'associations de la société civile en Europe, plus de cent mille manifestants ont défilé dans les rues de Nice pour réclamer des droits démocratiques nouveaux, une rupture avec les orientations néolibérales de la Commission européenne et de l'Union européenne. Cette convergence entre mouvement syndical et mouvement civique est riche de promesses pour l'avenir. Elle dessine les contours d'une autre Europe, tournée vers le plein emploi, une protection sociale solidaire, des services publics de qualité.

Les incidents regrettables qui ont accompagné l'encerclement pacifique du centre des congrès - et que les militants d'Attac ont tout fait pour prévenir - sont, dans une large mesure, imputables à l'attitude des pouvoirs publics français. Après avoir refusé jusqu'au dernier moment de libérer des espaces de débats et de rencontres pour les manifestants, après avoir refoulé brutalement les chômeurs qui souhaitaient prendre le train pour se rendre à Nice, le gouvernement français a pris la responsabilité de bloquer à la frontière, un train de manifestants italiens parfaitement en règle.

Cette décision, exorbitante dans l'Europe de la libre circulation des personnes, a largement contribué à créer un état de tension, avivé par des provocations et menaces multiples du Front national. Elle rend inacceptables les arrestations qui sont intervenues et contre lesquelles Attac proteste vivement.

Ces provocations et ces incidents ne sauraient cependant faire perdre de vue l'extraordinaire succès de mobilisation de ces deux journées, non plus que celui de la manifestation conduite par Attac sur la principauté de Monaco. Le 7 décembre, près de trois cents militantes et militants de l'association se sont déplacés à la frontière pour exiger des autorités monégasques qu'elles se rendent à la loi commune en matière bancaire, comme l'a récemment exigé la Mission d'information commune sur les obstacles au contrôle et à la répression de la délinquance financière et du blanchiment des capitaux en Europe animée par les députés Arnaud Montebourg et Vincent Peillon. Afin de protester contre le paradis fiscal monégasque, les militants d'Attac ont offert un requin de la finance à l'aquarium de la Principauté.

Attac appelle l'ensemble de ses militantes et militants à poursuivre leur combat pour une autre Europe : une Europe sociale, démocratique, écologique et solidaire.

Paris, le 7 décembre 2000