Comment les États-Unis ont créé une opposition corrompue en Serbie by Chossudovsky, Israël, Maher, Sinclair, Talbot Thursday December 14, 2000 at 01:08 PM |
Alors que les résultats des élections en Yougoslavie défraient la manchette, nous publions des extraits d'un texte sur l'opposition serbe écrit par Michel Chossudovsky (Canada), Jared Israël (États-Unis), Peter Maher (États-Unis), Max Sinclair (États-Unis), Karen Talbot (Covert Action Quarterly des États-Unis) et Niko Varkevisser (Global Reflexion, Pays-Bas). 15-09-2000
URL est http://emperors-clothes.com/french/articles/cent-f.htm Cent millions
pour la démocratie ? Alors que les résultats des élections en
Yougoslavie défraient la manchette, nous publions des extraits dun
texte sur lopposition serbe écrit par Michel Chossudovsky
(Canada), Jared Israël (États-Unis), Peter Maher (États-Unis),
Max Sinclair (États-Unis), Karen Talbot (Covert Action Quarterly
des États-Unis) et Niko Varkevisser (Global Reflexion, Pays-Bas).
15-09-2000 www.tenc.net La coalition de lopposition yougoslave se
proclame « démocratique et indépendante ». Toutefois, nos
recherches démontrent quelle est contrôlée par
Washington, par les mêmes personnes qui sont intervenues au
cours des dix dernières années pour tenter de disloquer la
Yougoslavie. En juillet 1999, le Sénat américain a tenu
des audiences sur la Serbie. Lenvoyé spécial des États-Unis
dans les Balkans, Robert Gelbard, son assistant, James Pardew, et
le sénateur Joseph Biden ont témoigné. Ils ont affirmé
ouvertement que les États-Unis finançaient et contrôlaient la
soi-disant opposition « indépendante et démocratique ». La journée qui a précédé les audiences, le
Sénat américain a voté cent millions de dollars pour cette
opposition. Lenvoyé spécial Gelbard a déclaré : « Au
cours des deux années qui ont mené à la crise du Kosovo, nous
avons dépensé 16,5 millions $ dans différents programmes pour
soutenir la démocratisation de la Serbie. » Il a ajouté que
plus de 20 millions $ ont été octroyés à Milo Djukanovic qui
dirige le gouvernement de la République yougoslave du Montenegro. Cet argent a servi à financer, voire même créer,
des partis politiques, des stations de radio et même des
syndicats. Si une puissance étrangère avait agi de la sorte aux
États-Unis, leurs agents locaux auraient été jetés en prison. Pardew : « Nous sommes intervenus par le biais
dorganisations non gouvernementales. Nous avons établi un
anneau autour de la Serbie démissions internationales,
mais nous loffrons également aux voix indépendantes de
Serbie qui utilisent les installations internationales. » (Remarquez
lutilisation peu usuelle de lexpression « indépendante
» qui signifie « indépendantes deux mais dépendantes
des États-Unis ».) Le sénateur Joseph Biden ne semble pas croire
que les mesures décrites par Pardew soient suffisantes. Biden : « Nous pouvons rendre des
installations disponibles. Mais sommes-nous prêts à fermer les
installations qui répandent de la propagande ? » Gelbard essaya de défendre la politique du
gouvernement américain, en soulignant que durant la guerre, lan
dernier, contre la Yougoslavie, les États-Unis avaient
effectivement « fermé » les installations de la télévision
serbe en les bombardant. Gelbard : « Eh bien, nous avons, sénateur, au
cours du conflit du Kosovo, avec nos alliés... » Le sénateur Biden linterrompt, craignant
que Gelbard en dise trop. Biden : « Non, je sais cela. Je veux savoir ce
qui se fait maintenant. » Gelbard : « Eh bien, en autant que je sache,
les communications nont pas été rétablies entre la télévision
serbe et les installations Eutelsat et nous nous sommes assurés
quelles seraient interrompues si on essayait de les rétablir.
» Le sénateur Biden et lenvoyé spécial
Gelbard ont eu cet échange au sujet de l« opposition démocratique
en Serbie ». Biden : « Que pouvons-nous faire en Serbie même
? Par exemple, Vuk Draskovic continue à nier laccès à
Studio B, qui est supposément... » Gelbard : « Non, il vient de donner accès à
Studio B à la Radio B-92, qui vient de rouvrir sous le nom de
Radio B-292. Nous voulons que Draskovic ouvre Studio B au reste
de lopposition et cest le message que nous lui
acheminerons au cours des prochains jours. » Rappelons que Gelbard était le principal
conseiller de Clinton à propos de la Yougoslavie et que Biden
fait partie des principaux sénateurs américains engagés dans lopposition
contre la Serbie. Ces deux hommes sont tellement impliqués dans
le contrôle de lopposition « indépendante » de la
Serbie quils savent à la minute près si
Draskovic, Djindjic et Djukanovic se partagent équitablement
espace et temps dantenne au Studio B à Belgrade. LAgence France-Presse rapportait le 2 août
dernier quune délégation de « lopposition démocratique
» avait rencontré les dirigeants du Montenegro pour les
convaincre de soutenir le candidat de l« opposition démocratique
» à la présidence. « La délégation serbe comprenait Zoran
Djindjic du Parti démocratique et Vojislav Kostunica du
Mouvement démocratique pour la Serbie, le candidat pressenti
pour faire face à Milosevic. » « La rencontre eut lieu le lendemain de la
rencontre de la secrétaire dÉtat Madeleine Albright avec
le président monténégrin Milo Djukanovic à Rome, au cours de
laquelle elle pressa de façon urgente les groupes dopposition
à abandonner leurs menaces de boycott des élections et de sunir
pour vaincre Milosevic. » Dautres informations nous sont parvenues
sur le voyage de Albright à Rome et sur sa rencontre avec
Djukanovic. « En plus des échéances électorales,
Albright a déclaré quelle avait discuté avec Djukanovic
des moyens daccroître laide au Montenegro qui est en
proie à une crise économique » (Agence France-Presse, 1er août
2000). Ainsi, Albright a offert des fonds à Milo Djukanovic sil
acceptait dapporter son soutien à la soi-disant opposition
« indépendante ». Au début, Djukanovic refusa. Kostunica le
critiqua publiquement de ne pas se joindre à son équipe. Puis,
le 11 septembre, Djukanovic endossa la candidature de Kostunica.
Albright en a eu pour son argent. Cest un coup de chance pour les agents américains
en Yougoslavie davoir réussi, en travaillant avec les gens
du National Endowment for Democracy, de manuvrer Kostunica
dans une alliance avec Djindjic et Djukanovic et plusieurs autres
sous le parapluie américain. Lorganisation de Kostunica est très
faible. Sa campagne électorale dépend des partis, groupes et médias
contrôlés par les États-Unis. Sil remporte la victoire,
les marionnettes locales des États-Unis lui fourniront le
personnel étatique requis. L« opposition démocratique » a fait
sienne un programme rédigé par le G-17, un groupe déconomistes
néolibéraux de Belgrade, financé par le National Endowment for
Democracy. Ce programme est disponible sur les sites web du G-17
et du « groupe étudiant » Otpor. Il comprend un certain nombre
ditems que l« opposition démocratique » sest
engagée à mettre en uvre dans le cas dune victoire
aux élections présidentielles ou dans dautres élections.
Les principaux points du programme sont les suivants : Ladoption du mark allemand comme monnaie
pour lensemble de la Yougoslavie, suivant en cela ce qui sest
fait en Bosnie, au Kosovo et au Montenegro. Cela aurait pour effet dappauvrir immédiatement
le peuple yougoslave en transformant le pays en dépendance économique
de lAllemagne. La fin du contrôle des prix. La fin des
subventions pour la nourriture, la fin des protections sociales. Le peuple travailleur, y compris le million de
réfugiés dont les conditions sont déjà difficiles, devra
acheter la nourriture aux prix occidentaux, mais sans les
salaires occidentaux. Un traitement de choc pour transformer la
Yougoslavie en pays capitaliste sans dabord accorder aux
Yougoslaves les moyens financiers nécessaires pour participer à
une telle économie. Il en résultera la transfert en des mains
étrangères du contrôle de lensemble de léconomie
yougoslave. De telles applications de la soi-disant « idéologie
économique moderne » ont déjà réussi à détruire léconomie
russe. Curieusement, le programme ne mentionne pas lagression
criminelle de lOTAN contre la Yougoslavie. Le programme appelle à réduire les dépenses
publiques, démilitariser et apporter de radicales
transformations au système de taxation. Toutes ces mesures
permettront à la Yougoslavie dêtre contrôlée de lextérieur. Le programme accepte le diktat américain selon
lequel la Yougoslavie nexiste plus et que la Serbie devra
se mettre à genoux devant Washington pour être reconnue à
nouveau sur la scène internationale. Cela signifie la reddition immédiate de tous
les actifs et des droits historiques de lÉtat yougoslave.
Ces actifs incluent des milliards de dollars en ambassades,
navires, avions, comptes de banque gelés à travers le monde,
actifs à létranger et propriétés accumulés par le
peuple yougoslave depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Dans son témoignage, Gelbard a affirmé que le
gouvernement américain avait distribué de largent en
Yougoslavie par lintermédiaire dune soi-disant «
organisation non-gouvernementale », le National Endowment for
Democracy (Fonds national pour la démocratie). Mais il ne sagit
pas dun organisme non-gouvernemental. Il est financé par
le Congrès américain ! Le National Endowment for Democracy a été créé
en 1983 pour un but bien précis. Tout le monde savait à ce
moment-là que la CIA poursuivait les objectifs de la politique
américaine en soudoyant des gens et en mettant sur pied des
groupes bidons. Comme le souligne le Washington Post : « Lorsque
ces activités étaient révélées (ce qui était inévitable),
leffet était dévastateur. » (22 septembre 1991) Le Congrès américain a alors mis sur pied le
National Endowment for Democracy dans le but de faire ouvertement
ce que la CIA avait lhabitude de faire clandestinement. Il
y avait là un grand avantage. La subversion nétant plus
secrète, elle ne pouvait plus faire lobjet de révélations
! Bénéficiant de fonds considérables, le
National Endowment for Democracy et ses filières ont commencé
à recruter dans les pays ciblés des « activistes pour la démocratie
», des « activistes pour la paix » et des « économistes indépendants
». Ces gens furent invités à festoyer dans les plus grands
restaurants et reçurent beaucoup dargent pour leurs
comptes de dépense. On leur octroya des bourses détudes
et des stages à létranger. On cultiva chez eux lidée
quils étaient les leaders de demain de lempire américain. Ces « activistes » créèrent des «
organisations indépendantes » dans leur propre pays et sollicitèrent
des fonds auprès du National Endowment for Democracy qui,
rappelons-le, les avait lui-même recrutés ! Et le National
Endowment for Democracy leur octroya les fonds demandés ! www.tenc.net Comment les États-Unis ont créé une opposition corrompue
en Serbie
[Les nouveaux Habits de l'Empereur]Des audiences révélatrices devant le Sénat
américain
Le témoignage de James Pardew, lassistant
de Gelbard
Soutenir un seul candidat
Le programme de l«
opposition démocratique »
Le National Endowment for
Democracy et le mécanisme de la subversion
[Les nouveaux Habits de l'Empereur]