arch/ive/ief (2000 - 2005)

Asile: La situation de la minorité des Ouïghours du Kazakhstan
by L.D. / V.G. (posted by Fred) Tuesday December 12, 2000 at 01:45 PM
veroniquegoffe@swing.be

Des vents favorables m'ont informé qu'il y aurait probablement un charter pour des Kazakhs cette semaine.A suivre... Voici un document permettant de mieux comprendre la situation des Ouïghours venant du Kazakhstan. (Fred)

La situation de la minorité des Ouïghours du Kazakhstan

Laurent Dejardin ; Véronique Goffe - novembre 2000

Depuis environ une année, le nombre de ressortissants Kazakhs ayant demandé l’asile politique a explosé : il y a près de 2.500 demandeurs d’asile Kazakhs en Belgique - +/- 500 nouvelles demandes par mois.

Parmi ceux-ci figurent une cinquantaine de familles ouïghoures. Les Ouïghours sont des turcophones dont le pays d’origine est la province chinoise du Xinjiang, voisine du Kazakhstan, du Kirghizstan et du Tadjikistan. Si la majorité des Ouïghours vivent au Xinjiang, de 500.000 à 1 million d’entre eux habitent les ex-républiques soviétiques d’Asie centrale.

Suite à une mission au Kazakhstan en septembre-octobre 2000, le ministère de l’intérieur a réalisé un rapport, principalement basé sur des témoignages. Ce rapport a été transmis à la presse fin octobre. Il s’en dégage deux lignes majeures :

Le rapport conclut que seuls des motifs économiques motivent cet afflux de demandeurs d’asile.

Or, s’il est indéniable que des filières existent, il faut rappeler que ces filières peuvent constituer aussi, pour les personnes qui fuient des persécutions, une voie par laquelle y échapper (ce sont aussi des filières qu’empruntaient les Juifs allemands menacés après 1933, dans l’Allemagne nazie). C’est pourquoi une appréciation correcte suppose une compréhension nuancée de la situation intérieure du Kazakhstan. C’est l’objet de ce document, qui se focalise sur la minorité ouïghoure du Kazakhstan, officiellement 185.000 personnes (1989), vraisemblablement plus de 220.000, sur une population de 16,5 millions d’habitants.

Le climat politique au Kazakhstan

Au Kazakhstan, le pouvoir politique, l’administration et le monde des affaires sont intimement liés. Ils y sont caractérisés par une corruption généralisée. Le président Nazerbaïev et son clan règnent en maître absolus.

La famille du Président contrôle de larges part de l’industrie, du commerce et des médias. L’affaire Tractebel, bien connue en Belgique, n’est pas un cas isolé : la compagnie pétrolière Chevron par exemple a également été soupçonnée de corruption par les justices américaine et suisse (,).

La corruption ne se limite pas aux hautes sphères des rouages de l’état, mais est répandue à tous les niveaux, particulièrement au sein de la police.

Les médias sont sous surveillance étroite du pouvoir. La situation s’est sensiblement dégradée au cours des trois dernières années. La fille de M. Nazerbaïev est à la tête d’un important groupe de presse, qui a racheté nombre de périodiques et journaux. D’une manière générale, l’ensemble des médias est soumis à des pressions continuelles, par voies d’amendes ou de tracasseries administratives, voire en empêchant l’impression et la diffusion de tout matériel suspect aux yeux du pouvoir. Au cours de cette année, la situation s’est encore détériorée : les journaux d’opposition ou simplement ceux révélant les faits de corruption du président ou de son gouvernement subissent une offensive généralisée allant jusqu’à l’incendie des locaux ou les agressions de journalistes assorties de menaces (,,,).

La vie associative est aussi entravée par le biais de procédures d’enregistrement tatillonnes éliminant de fait des groupes soupçonnés de nuire au pouvoir, ainsi le bureau local d’une association Kazakhe de défense des droits de l’homme, de l’association russe Russkaia Obchtchina, du Movment for Honest Elections (), ou de l’ « Union de la Jeunesse Ouïghoure du Kazakhstan » et du « Centre National des Ouïghours du Kazakhstan », associations à objet pourtant clairement culturel (). En juillet 2000, la cour suprême confirma un règlement administratif autorisant les forces de polices à assister à toute réunion d’organisation non-gouvernementale sans avoir à fournir aucune justification, judiciaire ou autre ().

La vie politique est à l’image de ce contrôle exercé par le clan du président. L’élection présidentielle de janvier 1999 a été entachée de nombreuses irrégularités, telles que l’interdiction de candidatures d’opposants pour des raisons administratives, de partialité dans la couverture de la campagne par les médias, ainsi que d’irrégularités dans les procédures de vote (). La situation économique se dégrade, mais les dépenses publiques de prestige vont bon train : la construction d’une nouvelle capitale, Astana, à 1.000 km de Almaty a coûté plusieurs milliards de dollar ()...

Le népotisme, le clientélisme et le despotisme sont malheureusement répandus dans d’autres pays de l’Asie centrale ex-soviétique (). Ainsi les irrégularités de l’élection présidentielle au Kirghystan de cette année rappellent celles de l’élection kazakhe de 1999 (). Faut-il préciser que les liens entre les oligarchies au pouvoir dans les différents pays d’Asie Centrale sont parfois très étroits : la fille du Président Kazakh Nazerbaïev a épousé le fils du Président Kirghize Akaïev…

Un tel contexte politique et économique permet à tout le moins de douter du respect de l’Etat de droit au Kazahstan.

La « Kazakhisation » ou la politique de préférence ethnique

Depuis la fondation de la République du Kazakhstan en 1991, le gouvernement pratique une politique de traitement préférentiel des Kazakhs de souche.

Or, au Kazakhstan, seuls 50% de la population est de souche kazakhe. Les slaves (Russes, Ukrainiens, …) représentent 33% de la population. Environ la moitié des Kazakhs de souche parlent couramment la langue kazakhe. Néanmoins, dans la constitution, seule la langue kazakh est reconnue comme langue officielle. La loi linguistique de 1997 renforce encore le traitement préférentiel des Kazakhs de souche(). A partir de 2001, le kazakh sera la langue obligatoire dans toutes les institutions publiques.

Le pouvoir a pris des dispositions pour favoriser l’immigration de Kazakh de souche vivant en dehors du territoire de la république du Kazakhstan. Il s‘agit de 180.000 personnes venant de Turquie, de Chine, de Mongolie, d’Iran, d’Afghanistan qui, pour 90% d’entre eux, n’ont pas encore reçu la nationalité kazakhe, ce qui les empêche par exemple d’acheter des biens immobilier au Kazakhstan ou d’y ouvrir un commerce (). De plus, ces personnes ne parlent pas le russe, qui reste encore la langue vernaculaire comprise par tous, ce qui rend leur intégration difficile. Tout cela a coûté beaucoup d’argent à l’état. Ce type de mesure se place dans une philosophie de « rapatriement » des minorités dans « leur » pays. Malheur donc aux peuples qui ne disposent pas d’un état national pour les accueillir. Les Ouïghours, comme les Tchétchènes ou les Tatars font partie de ceux-ci. Lors de leurs contacts avec les autorités, les Ouïghours du Kazakhstan se voient souvent menacé d’être expulsés vers le Xinjiang sous administration chinoise, alors qu’aucune politique de ce type n’a été réellement mise en œuvre par le pouvoir. Ceci peut expliquer la crainte répandue dans la communauté ouïghoure d’être expulsés vers la Chine.

En raison des critiques que ces mesures ont déclenché à l’étranger, le président Nazerbaïev a déclaré que toutes les nationalités étaient bienvenues dans son pays. Néanmoins, dans l’attribution des emplois dans les services publics ou dans l’administration, dans l’allocation de crédits dans les secteurs de l’éducation et même dans l’attribution de logements, les Kazakhs bénéficient d’un traitement préférentiel et les autres nationalités sont discriminées. Les secteurs publics et privés sont aux mains des mêmes groupes d’intérêt. Il s’ensuit que même dans le secteur privé, les non-Kazakhs ont des difficultés à trouver un emploi. Or, dès 1994, l’OSCE avait émis des réserves sur cette politique pratiquée par les autorités kazakhes ().

Dans de nombreux cas, les organes de l’état refusent la protection et l’assistance aux citoyens kazakhs de souche ouïghoure victimes d’agissement de Kazakhs de souche. Il s’ensuit un sentiment toujours renforcé chez les Ouïghours de persécution indirecte de la part de l’état pour des raisons ethniques : les plaintes contre des Kazakhs de souche n’ont aucune suite et ne sont pas traitées ().

Cette situation induit un sentiment de détérioration des relations interethniques, ainsi que le montre une enquête publiée dans l’édition d’août 2000 du périodique « Kontinent » (Almaty) : seuls 4,2 % des personnes sondées estimaient que l’harmonie interethnique existe au Kazakhstan, alors que 30,7 % en doutaient et que 23,1 % affirmaient qu’elle n’existe pas. L’enquête montre également qu’il y a une perception différente de la situation entre les Kazakhs de souche et les autres groupes nationaux : 66 % des Kazakhs estiment que le kazakh devrait devenir la seule langue officielle du pays, alors que 73,9 % des non-Kazakhs pensent qu’il devrait y avoir au moins deux langues (). Cette politique menée sciemment par les autorités ne semblant pas devoir être revue, on peut s’attendre à ce que les relations interethniques au Kazakhstan se dégradent progressivement.

Les pressions exercées par la République populaire de Chine

Les Ouïghours en République Populaire de Chine

La gravité des violations systématiques des droits fondamentaux pratiquées par les autorités de la République Populaire de Chine à l’encontre des Ouïghours au Xinjiang est clairement établie : arrestations arbitraires, torture, exécutions extrajudiciaires, dans un contexte de dénis des droits sociaux, économique et culturels. Un rapport d’Amnesty International publié en avril 1999 traite de la situation intenable qui prévaut au Xijiang (). La politique menée par les autorités de la République Populaire de Chine est très semblable à celle menée au Tibet voisin : assimilation forcée, vagues d’immigration de colons chinois de souche Han, répression de toute tentative d’expression de particularisme ethnique sous le couvert de la « lutte contre le séparatisme, le terrorisme et l’extrémisme religieux ». La politique des autorités chinoises est clairement motivée par un souci d’éviter toute velléité autonomiste de ses « marches » occidentales, principalement en raison des richesses naturelles et/ou de l’intérêt stratégique de ces provinces.

La « menace » de la solidarité turque en Asie centrale

Les Ouïghours sont turcophones comme les Kazakhs, les Kirghizes, les Ouzbeks ou les Turkmènes. L’indépendance des cinq pays d’Asie centrale de l’ex-URSS a fait craindre aux autorités de la république Populaire de Chine que les tendances centrifuges des Ouïghours du Xinjiang puissent y trouver un écho favorable. En octobre 1995, le président kazakh Nazerbaïev et son homologue chinois Jiang Zemin avaient déjà signé un accord comportant une clause sur la lutte contre « le séparatisme », visant explicitement les Ouïghours. A partir de 1996, les autorités de la République populaire de Chine ont lancé une offensive diplomatique sur les pays susceptibles de servir de relais aux revendications des Ouïghours, du fait de la présence de membres de la diaspora ouïghoure sur leur territoire. Un décret du Comité Central du Parti Communiste Chinois adopté le 19 mars 1996 mentionne explicitement trois pays-cibles : le Kazakhstan, le Kirghizstan et la Turquie, en recommandant de renforcer les relations diplomatiques et économiques avec ceux-ci ou d’exercer des pressions si nécessaire ().

Pressions économiques

Les pays d’Asie centrale, enclavés entre la Russie, la Chine, l’Iran et l’Afghanistan, ont un besoin impératif de trouver pour leurs exportations de pétrole des voies d’accès au marché mondial. A partir de 1996, la république populaire de Chine a intensifié les contacts avec le Kazakhstan pour proposer une collaboration dans le domaine énergétique. Un pipe-line reliant les champs pétrolifères de la mer Caspienne à la Chine est prévu. Cette situation place le Kazakhstan dans une situation de dépendance vis à vis de la Chine, car les deux autres voies d’exportation du pétrole, la Russie et l’Iran, sont peu sures. Pékin a réussi à négocier des contrats commercialement et stratégiquement intéressants tout en se donnant un levier d’action sur un pays diplomatiquement assez faible (,,,).

 

Pressions diplomatiques

Le 26 avril 1996, la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan jettent les bases du « Groupe de Shanghai ». Il s’agissait au départ d’un groupe de travail ayant pour objectif de détendre la situation aux frontières entre la Chine d’une part et les autres signataires d’autre part (). Mais bien vite d’autres préoccupations vont prendre une importance de premier rang dans les accords entre les membres du groupe de Shanghai : il s’agit de la « lutte contre le séparatisme, le terrorisme et l’intégrisme religieux » (). La Chine est le principal instigateur de ce type de campagne, qui vise en premier lieu les Ouïghours (Quoique plus récemment la Russie y trouve un intérêt certain en raison de ses problèmes en Tchétchènie). La République Populaire de Chine ne fait aucune différence entre les militants indépendantistes, armés ou non, les fondamentalistes religieux musulmans (visiblement très peu nombreux) et la grande majorité des Ouïghours qui s’engagent pacifiquement pour la préservation de leur culture et de leur langue. La rhétorique de la « lutte contre le séparatisme, le terrorisme et l’intégrisme religieux » est reprise mot à mot par les autorités kazakhes (). Or le risque de séparatisme au Kazakhstan est pour ainsi dire nul.

Les 19-20 octobre 2000, l’OSCE et l’UN Office for Drug Control and Crime Prevention (UN ODCCP) ont mis sur pied à Tachkent (Ouzbékistan), en collaboration avec les cinq républiques ex-soviétiques d’Asie centrale, une plate forme de coopération pour la lutte contre « le trafic de drogue, le crime organisé et le terrorisme en Asie centrale », dû en partie au conflit en Afghanistan (). Les tendances à l’amalgame des autorités de certains états d’Asie centrale, comme le Kazakhstan, risquent encore une fois de toucher les Ouïghours, combattus jusqu’à présent pour « séparatisme, terrorisme et intégrisme religieux ». Ainsi, lors d’un voyage en Turquie en septembre 2000, Hu Jintao, vice-président de la république populaire de Chine, membre du bureau politique permanent et ancien secrétaire du Parti Communiste au Tibet, a publiquement appelé la Turquie à soutenir son pays dans la répression du « séparatisme, du terrorisme, de l’extrémisme religieux et du crime organisé », en mentionnant explicitement les Ouïghours. Par ailleurs, il a été convenu lors de cette visite que les importations chinoises de produits turcs seraient multipliés par 10. Le gouvernement turc a assuré M. Hu de son soutien dans la répression des séparatistes ouïghours sur son territoire ().

Un des élément les plus marquant de la coopération issue du groupe de Shanghai est un accord d’extradition entre les signataires : chaque état peut réclamer aux autres le renvoi automatique de n’importe lequel de ses nationaux. Cet accord a été utilisé pour renvoyer en Chine des Ouïghours du Xinjiang qui se trouvaient au Kazakhstan et au Kirghizstan. En février 1999, le Kazakhstan a livré aux autorités chinoises trois Ouïghours originaires du Xinjiang sans leur permettre de demander l’asile politique. Le UNHCR, les associations de défense des droits de l’homme et les militants ouïghours pensent que ces trois personnes l’auraient fait si elles en avaient eu la possibilité. D’après Amnesty International, des avis de recherche d’au moins une de ces trois personnes étaient placardés en Chine et indiquaient qu’elle était recherchée pour ses « activités séparatistes ». Le UNHCR et les associations de défense des droits de l’homme ont cherché en vain à rencontrer ces trois personnes durant les 6 mois précédant leur renvoi en Chine alors qu’elles étaient détenues au Kazakhstan (). Le Kazakhstan ne peut dès lors pas être considéré comme un pays tiers de transfert pour les réfugiés, du fait de cette union sacrée, pour raison d’état avérée, contre le « séparatisme, le terrorisme et l’intégrisme religieux » ; les plus grandes réserves peuvent être établies en terme de possibilité de retour. Suite à l’écho de ces affaires à l’étranger, ce type de pratique ne s’est pas répété, publiquement du moins. D’après des sources ouïghoures au Kazakhstan (), ces déportation se feraient secrètement, les réfugiés n’étant jamais enregistrés. Le Kazakhstan n’a jamais accordé le statut de réfugiés aux Ouïghours du Xinjiang. En agissant de la sorte, le Kazakhstan, qui a ratifié en janvier 1999 la Convention de Genève relative au Statut des Réfugiés de 1951, ne respecte pas ses engagements internationaux : l’article 33 de cette convention stipule qu’aucun réfugié ne sera refoulé dans un territoire ou sa vie ou sa liberté seraient menacé en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité ou de ses opinions politiques. La Chine a régulièrement condamné à mort des prisonniers politiques Ouïghours… ()

La dernière réunion du groupe de Shanghai s’est tenue le 5 juillet 2000. Il y a été convenu de la création d’un « centre anti-terroriste » dans la capitale kirghize Bichkek ainsi que d’une intensification de la coopération des forces de sécurité, des services secrets et des armées ().

Les conséquences pour les Ouïghours du Kazakhstan

Jusqu’aux années 1995-1996, la situation ne posait pas de problèmes aux Ouïghours. Le programme de télévision, les émissions radio et les journaux jouissaient d’une relative liberté. Il y a actuellement 15 écoles ouïghoures au Kazakhstan.

Néanmoins, dans le climat actuel du Kazakhstan, la restriction des budgets alloués par l’état kazakh au monde culturel et associatif ouïghour ne serait pas seulement le résultat du manque de moyens, mais également la conséquence des pressions chinoises : ainsi le programme de télévision en langue ouïghoure « Alatau » émettait quotidiennement pendant 2 heures. Peu après qu’il ait fait largement écho en février 1999 du rapatriement forcé de trois ouïghours du Xinjiang vers la Chine, ce programme a été ramené à 20 minutes, deux fois par semaine, officiellement pour des raisons budgétaires. De même l’Institut de la Civilisation Ouïghoure a été supprimé en 1996.

Régulièrement, les Ouïghours du Kazakhstan sont fustigés dans les médias. L’ensemble de la communauté est souvent assimilée aux « terroristes tchétchènes ». Au mois de septembre 2000, quatre personnes soupçonnés du meurtre de deux policiers, d’après les autorités des Ouïghours séparatistes venant du Xinjiang, ont été abattues à Almaty (). Suite à la couverture de l’événement par la télévision kazakhe, la communauté ouïghoure a critiqué vertement les médias, en déplorant que l’ensemble de la communauté avait été décrite comme un groupe de terroristes ().

Déjà au mois de juillet 2000, M. K. Kozhamberdi, responsable d’associations ouïghoures locales, avait adressé une lettre ouverte dans laquelle il déplorait la dégradation de la situation (). Les manifestations anti-chinoises sont interdites (). Aucune évocation dans la presse de la situation des Ouïghours en Chine n’est autorisée. Les nouvelles associations ne parviennent pas à se faire enregistrer auprès des autorités. Les autres associations font l’objet de contrôles pointilleux. L’organisation de rassemblements par des associations légalement enregistrées, sont régulièrement interdits par les forces de sécurité, même lorsque leurs objectifs sont purement culturels (,).

Les Ouïghours qui s ‘engagent dans la défense des droits de l’homme ou dans le soutien humanitaire des réfugiés en provenance du Xinjiang sont étroitement contrôlés par les forces de sécurité, notamment ceux qui ont des contacts avec l’étranger. Ils sont régulièrement interrogés et intimidés par la police. Ainsi l’avocate Gulinur Dzhanalova a été arrêtée à son retour d’Allemagne en octobre 1999 car elle avait informé des journalistes et des politiciens allemands de la situation des droits de l’homme au Kazakhstan. La diffusion de matériel d’information des organisations ouïghoures est interdite dans les faits par les forces de sécurité. Les défenseurs ouïghours des droits de l’homme sont régulièrement menacés de mort en raison de leur engagement. Des bandes mafieuses sont responsables d’assassinat de Ouïghours engagés – au Kazakhstan, les services d’un tueur à gage valent 200 US$. Les commanditaires sont jusqu’à présent restés inconnus. Les victimes de ces menaces de mort ne reçoivent jamais le moindre soutien des forces de l’ordre (). Ce type de pratiques n’est pas limitée au Kazakhstan. Pour preuve l’assassinat au Kirghizstan de M. Bazakov, responsable d’associations ouïghoures au Kirghizstan, abattu en plein jour sur un marché de Bichkek en mars 2000 ().

Conclusions

La convergence des trois phénomènes – corruption, « Kazakhization », pressions exercées par la République Populaire de Chine - fragilise la minorité ouïghoure face à des abus de toutes sortes.

Il ressort de tout ceci que la situation des Ouïghours du Kazakhstan, même si elle est moins dramatique que celle de ceux qui vivent au Xinjiang chinois, est précaire du point de vue de l’état de droit, du fait de leur appartenance ethnique et de leurs opinions politiques. Les discriminations au niveau du travail, les atteintes à la liberté d’expression et d’association, la réduction drastique de l’accès à l’enseignement dans leur langue et des activités à caractère culturel sont autant d’éléments de cette persécution.

Il paraît peu probable que les actions menées par les autorités belges conjointement avec l’O.I.M. puissent avoir un effet au niveau des mécanismes d’exclusion qui frappe cette minorité eu égard au poids de l’influence chinoise toujours croissante dans la région, que rien ne semble pouvoir contrebalancer.

La mise à jour de filières organisant le passage du Kazakhstan vers la Belgique ne saurait, en aucun cas, conduire à la conclusion que tout candidat à l’émigration vers la Belgique est poussé par des motifs purement économiques, indépendamment même de la légitimité qu’il faut parfois reconnaître à ces motifs expliquant la volonté d’émigrer (à partir de quand la privation des droits économiques et sociaux élémentaires est-elle à ce point grossière qu’elle constitue une forme de persécution envers celles et ceux qui la subissent ?). Parmi les bénéficiaires de ces filières, il y a des membres de minorités opprimées. Les modalités d’organisation de l’émigration ne permettent pas de présumer des raisons véritables de celle-ci.

Stratégie de l'OTAN : exacerber l'ethnicisme
by Baudouin Sunday January 07, 2001 at 10:52 AM
bdeckers@brutele.be - -

Je ne peux discuter de l'entièreté de l'article, ne connaissant pas le dossier. Mais une chose néanmoins me frappe : c'est l'absence de réflection critique quand à la signification de la montée de divers nationalismes dans le monde, et plus particulièrement dans les parties du monde convoitées par les grandes puissances.
Dans ses propres monopoles, l'Occident réprime sans la moindre hésitation tout mouvement nationaliste : les basques, les corses, etc.
Mais en Yougoslavie, en ex-URSS, etc., nous devrions non seulement applaudir mais même soutenir tous les mouvements séparatistes ? Je ne m'exprime pas quand à la justesse de certaines revendications, face à des discriminations réelles. Mais nous ne devons quand même pas fermer nos yeux devant ce fait certain: depuis la chute du Mur, l'Occident continue sa (re-)conquête des pays (ex-)socialistes et du Tiers-Monde en y poussant à l'éclatement. "Diviser pour règner", c'est pas nouveau. De nombreux mouvements séparatistes n'auraient pu voir le jour, pour ne pas parler de leur armement, moyens de communication, etc., sans l'intervention directe des Etats-Unis, de l'Allemagne, de l'UE, de l'OTAN, de la CIA ...(comme l'UCK albanais au Kosovo... et bien d'autres).
Cet occident impérialiste a depuis longue date mis une stratégie au point afin de contrôler les ressources énergétiques énormes (et dites "vitales"... pour l'Occident!) de la région des Balkans et de l'Asie Centrale. Tout comme elle vise à faire éclater les grands pays qui pourraient empêcher cet Occident impérialiste dans sa (re-)conquête du monde... Que les Etats-Unis et l'Union Européenne, l'OTAN et l'extrême droite s'enthousiasment tellement pour le sort des lamaïstes thibétains pré-féodaux, mais applaudisent aux massacres des Kourdes (pour ne citer qu'eux), devrait quand même nous faire réfléchir un peu plus. Je manque cet esprit critique dans l'article...
Dans la mesure ou l'éclatement de nombreux pays facilite énormément leur contrôle total par l'impérialisme occidental, le mouvement progressiste doit se demander si tout séparatisme est forcément une bonne chose ?! Ou si au contraire, c'est une des voies majeures vers la globalisation de la puissance des grands états et monopoles.

Impérialisme et séparatismes
by Baudouin Sunday January 07, 2001 at 10:55 AM
bdeckers@brutele.be

Je ne peux discuter de l'entièreté de l'article, ne connaissant pas le dossier. Mais une chose néanmoins me frappe : c'est l'absence de réflection critique quand à la signification de la montée de divers nationalismes dans le monde, et plus particulièrement dans les parties du monde convoitées par les grandes puissances.
Dans ses propres monopoles, l'Occident réprime sans la moindre hésitation tout mouvement nationaliste : les basques, les corses, etc.
Mais en Yougoslavie, en ex-URSS, etc., nous devrions non seulement applaudir mais même soutenir tous les mouvements séparatistes ? Je ne m'exprime pas quand à la justesse de certaines revendications, face à des discriminations réelles. Mais nous ne devons quand même pas fermer nos yeux devant ce fait certain: depuis la chute du Mur, l'Occident continue sa (re-)conquête des pays (ex-)socialistes et du Tiers-Monde en y poussant à l'éclatement. "Diviser pour règner", c'est pas nouveau. De nombreux mouvements séparatistes n'auraient pu voir le jour, pour ne pas parler de leur armement, moyens de communication, etc., sans l'intervention directe des Etats-Unis, de l'Allemagne, de l'UE, de l'OTAN, de la CIA ...(comme l'UCK albanais au Kosovo... et bien d'autres).
Cet occident impérialiste a depuis longue date mis une stratégie au point afin de contrôler les ressources énergétiques énormes (et dites "vitales"... pour l'Occident!) de la région des Balkans et de l'Asie Centrale. Tout comme elle vise à faire éclater les grands pays qui pourraient empêcher cet Occident impérialiste dans sa (re-)conquête du monde... Que les Etats-Unis et l'Union Européenne, l'OTAN et l'extrême droite s'enthousiasment tellement pour le sort des lamaïstes thibétains pré-féodaux, mais applaudisent aux massacres des Kourdes (pour ne citer qu'eux), devrait quand même nous faire réfléchir un peu plus. Je manque cet esprit critique dans l'article...
Dans la mesure ou l'éclatement de nombreux pays facilite énormément leur contrôle total par l'impérialisme occidental, le mouvement progressiste doit se demander si tout séparatisme est forcément une bonne chose ?! Ou si au contraire, c'est une des voies majeures vers la globalisation de la puissance des grands états et monopoles.

A propos des Ouighours
by Mao Ning Monday January 08, 2001 at 01:10 PM
mao.ning@caramail.com 32 - 02/5040 154

A propos des Ouïghours, peuple de l'Asie centrale. Il semble que les réfugiés d'origine ouïghours soient l'objet de convoitises politique. Qui sont-ils ?
Bonjour,
j'ai lu récemment un rapport préparé par Véronique Goffe et Larent Dejardin (novembre 2000) à propos de la situation des Ouïghours.
Cet article porte non seulement des ambigüités , mais aussi une confusion volontaire. En effet, si les Ouïghours sont effectivement une minorité nationale présente dans plusieurs pays, leur situation diffère énormément d'un pays à l'autre.

Au Kazakhstan, il est de notoriété publique que les autorités n'ont même pas les moyens de prendre en charge les soins les plus élémentaires de la population, qu'elle soit kazakhe, khirgize, ouïghoure ou allemande (minorité aussi). Aussi, le pays est livré tout entier aux multinationales, belges notamment en la personne de Tractebel et consorts.

La minorité ouïghoure est aussi présente en Chine, dans la région autonome du XingJiang. Et c'est sans doute cette situation qui intéresse certains gouvernements occidentaux. Une dépêche de "Reuters" (avec ce que cela comporte de doutes, mais tout de même) datée du 06/12/1999, explique que "depuis 13 années, la CIA mène une campagne importante de déstabilisation en Asie Centrale". Le professuer Fuller, de l'Université de Hawaii, a avec l'aide de son "team", expliqué en long et en large la tactique de la CIA "en vue d'une déstabilisation à la yougoslave ou à la soviétique en Chine".

Voilà sans doute pourquoi, le sort de cette minorité nationale intéresse tant le gouvernement belge; Il y a du pèze et du bizz à se faire. On sait que l'Islam est peu répandu, même dans cette province, mais il est fort militant.

Pour ne pas nous éloigner du sujet, revenons-en aux réfugiés. La question principale qui devrait ressortir, est-elle une revendication territoriale lointaine et sans doute étrangère aux véritables besoins des réfugiés eux-mêmes, ou bien le fait que la Belgique qui n'est pas une inconnue au Kazakhstan, doit accepter d'accueillir les réfugiés ? Je pense que la réponse est évidente. S'il y a réfugiés, c'est qu'il y a pauvreté, et s'il y a pauvreté c'est parce que le partage des richesses est inégal.

La Belgique, qui a déjà profité des richesses du Congo, doit aussi avoir "un devoir de mémoire". S'il n'y a pas de barrières pour les richesses minières et autres, il ne peut pas y en avoir pour ceux qui ont été spoliés !
Je pense que c'est cela qui devrait être notre revendication.

Quant à l'article de Véronique Goffe, et Larent Dejardin, je pense qu'il jette la confusion, et volontairement; car après avoir revendiqué le retour de la monarchie féodale lamaïste au Tibet, il est question de plus en plus d'un état théocratique en Asie centrale, pour les raisons que l'on connaît un peu mieux.
C'est l'occident qui a tenu à rapatrier Khomenyi en Iran en 1979, en croyant s'approprier le pétrole local. "Certains" sont prêts à commettre la même folie pour le gaz du turkménistan et pour les richesses du XingJiang chinois.

Salutations.
Mao Ning, Bruxelles.

...
by Fred Monday January 08, 2001 at 01:12 PM
fredolev

Halala, dogmes maoistes, quand tu nous tiens...

Is dat een debat ??
by qwerty Monday January 08, 2001 at 01:14 PM

Het verbaasd me dat men hier zo laag valt.
Alsof het voldoende is om emand die Mao noemt (zoals trouwens miljoenen andere Chinezen) dogmatisch Maoist te noemen om niet meer op een argumentatie te moeten antwoorden.

Dat de CIA, de Brusselse politie, ... dergelijk tactieken gebruikt lijkt me vanzelfsprekend.
Ik had gehoopt dat Indymedia zich daar niet door zou laten vangen.

Ik bergijp het volgende uit de argumentatie van Ning.

Enerzijds zijn het de Westerse regeringen die verantwoordelijk zijn voor de destabilisering van de Regio, en voor de verarming van die volkeren. Dat is niets nieuws natuurlijk,...
Anderzijds wijgeren die regeringen die mensen op te vangen die de miserie ontvluchten op te vangen.

Of heb ik het verkeerd begrepen ??

Des gentils et des méchants...
by Fred Monday January 08, 2001 at 01:39 PM
fredolev@hotmail.com

Je traite Mao Ning de maoiste parce qu'il l'est, je le connais. je l'ai déjà vu intervenir dans des débats sur le Tibet.
Je ne suis pas d'accord avec lui, c'est une chose. Il n'empêche, son article a de l'intérêt. Je ne dirai pas le contraire. Mais le raisonnement m'énerve.
Si, par exemple, je soutiens le peuple tibétain, je fais le jeu de la CIA, de l'impérialisme, de Richard Gere et de la monarchie théocratique du Dalai Lama. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas mon intention. Je ne suis pas bouddhiste. Je me fous de l'indépendance du Tibet. Ce qui m'intéresse c'est que l'on respecte les droits de ce peuple. Autonomie, indépendance? Je ne sais pas et ce n'est pas à moi de choisir...
Même chose pour les Ouighours: d'abord, je ne crois pas qu'il réclame leur indépendance, ils veulent juste préserver leur culture et c'est leur droit. Ils sont opprimés en Chine et au Kazakhstan. Il n'y a pas de raison de mettre en doute la parole des réfugiés ouighours que j'ai rencontré, entre autres, à la manif au 127bis ce samedi 6 janvier.
Autre exemple: au Mexique (et particuliètrement au Chiapas), les indigènes réclament qu'on respecte leur culture, leurs traditions, ils ne demandent pas l'indépendance. Face à cela, le pouvoir tient souvent le discours que l'unité nationale est en danger,... La Chine réagit de la même manière avec les peuples tibétains et ouighours. Protester c'est du séparatisme. Comme si tout allait comme dans le meilleur des monde en Chine. Comme si il n'y avait pas de quoi se révolter...

A propos des libertés démocratiques au Kazakh
by Guy Van Sinoy Thursday January 11, 2001 at 01:33 AM

Peu de Belges connaissent le Kazakhstan, ce pays d'Asie qui semble tellement loin de nos frontières. Beaucoup d'habitants de notre pays ignorent tout de la situation économique, politique et sociale du Kazakhstan et des nombreuses violations des Droits de l'Homme qui s'y déroulent.
Il y a quelques semaines, Katarina Smits, de l'Office belge des Étrangers remettait, un rapport de complaisance sur la situation au Kazakhstan. Son principal souci n'était pas l'objectivité mais de fabriquer de toutes pièces un dossier en béton permettant d'expulser les demandeurs d'asile en Belgique de nationalité kazakhe..
Le journaliste belge Alain Lallemand a prêté son concours à cette campagne d'intoxication en publiant un large rapport sur les filières belges du Kazakhstan (Le Soir du 20 décembre). La question essentielle n'est en effet pas de savoir si des filières existent ou non (si elles existent il est logique que ceux qui fuient la répression les utilisent s'ils en ont les moyens) mais de faire la lumière sur les nombreuses violations des libertés démocratiques au Kazakhstan et sur la répression. Manifestement, les rapports et articles de complaisance sur le Kazakhstan avaient pour objectif de légitimer aux yeux de l'opinion publique de notre pays la déportation massive des citoyens kazakhs. C'est pourquoi il est urgent de rassembler tous les matériaux possibles sur le Kazakhstan afin de faire connaître la situation réelle dans ce pays.
Vous trouverez ci-dessous une série d'articles, parfois brefs, sur le Kazakhstan. Ces articles ont été publiés dans le mensuel Le Militant entre septembre 1997 et juillet 2000. Ces quelques articles n'ont pas la prétention de donner une image exhaustive de la situation dans ce pays. Il permettent cependant de se rendre compte de la situation terrible que doivent affronter ceux qui élèvent la moindre protestation et aussi de montrer que la solidarité est toujours payante: des victimes des persécutions policières ont libérées à la suite de manifestations internationales de solidarité devant les ambassades.
Guy Van Sinoy
Collaborateur au Militant
10 janvier 2001
P.S.
Si vous souhaitez plus d'infos, voici quelques adresses:
- Militant: http://surf.to/militant
- Committe for a Worker's International (CWI): http://www.worldsocialist-cwi.org/
A partir de ce site, vous trouverez les adresses des sites correspondants en Russie et en Ukhraine (en anglais) où l'on peut trouver des informations sur le CWI au Kazakhstan..

Réfugiés : La honte sur qui ?
by Mao Ning Tuesday January 16, 2001 at 02:32 PM
mao.ning@caramail.com

Coup de gueule de Bénédicte Vaes dans "le Soir", ou détournement générale de l'info vers l'intox ?

Les différents articles parus dans la presse révèlent un état d'esprit bien claire. Le gouvernement belge est l'Exemple même de la soi-disant et prétendue citoyenneté-dignité-responsabilité. En effet, s'il y a expulsion, gentille d'ailleurs, c'est la faute aux autres! Les...Chinois par exemple.
Le dossier présenté dans toute la presse officielle serait hilarant, si l'affaire n'était pas triste. Le jour où les réfugiés seront belges (par exemple), on les appellera "Flamands occupés par les Wallons", ou "Allemands occupés par les Belges", que sais-je encore.

Ce qui ne transparait et qui ne peut pas transparaître dans la presse, c'est que ce sont bien les multinationales qui extorquent les richesses du Kzakhstan (et du tiers monde en général) qui jettent la population au chômage, et accessoirement sur les routes de l'exode. C'est la guerre provoquée par les forces superpuissantes de l'OTAN, dont on connaît aujourd'hui les manoeuvres au Kazakhstan, qui jette la population locale comme des citrons pressés.

Bien sûr, s'il y a eu accord des autorités locales, ces derniers portent une responsabilité assez claire. Mais jusqu'où va la portée de leurs décisions, sinon jusqu'à la limite de leurs porte-feuilles ?

Le magazine "Newsweek" du 08 janvier 2001 consacre un dossier sur la femme dans la mondialisation. On peut y lire des histoires à l'eau de rose, mais comme les Américains aiment les discours plutôt simplistes, on vous stipule aussi la situation des femmes de l'ex-URSS.
Celles-ci préfèrent se prostituer en occident, ^plutôt que de travailler en ex-URSS où il n'y a plus rien. Et en plus de cela, celles que vous entre-apercevez sont celles qui ne se sont pas déjà suicidées (sic!!!). Et tout cela nous vient d'un magazine américano-centriste. C'est pour dire que la réalité est certainement pire.

On pourrait se poser la question de savoir : "Mais que vient faire la Chine dans cette histoire ? N'y a-t-il point de Ouïghours oppressés qui fuient ?" C'est un anachronisme ! La réalité est tout autre. Lors du conflit sino-soviétique de la fin des années '60, on a recencé en effet, des départs de plusieurs milliers de personnes (de toutes nationalités confondues) vers les républiques de l'Asie centrale soviétique.
Ce courant s'est inversé depuis les années '80, et cela simplement, nous disent les monographies de l'armée américaine "parce que la stabilité économique de la Chine est croissante. L'économie régionale en dépend" (U.S. Army War College Conference about China-US Realtions, 24 March 1999).

Le discours simpliste et irresponsable présenté dans la presse officielle, dont Bénédicte Vaes est le symbole, "oublie" que la Chine accueille des dizaines de milliers de réfugiés depuis la guerre du Vietnam. Beaucoup plus que la Belgique, alors que les entreprises belges pillent le monde aux côtés de ses homologues occidentales, en toute dignité devrait-on ajouter.

Enfin, je signale à ceux qui s'intéressent au sujet, que la Région autonome du XingJiang est une province "riche" de Chine en ce sens que le niveau de vie est en croissance plus forte que la moyenne chinoise. Aussi, il est intéressant de constater que diverses émissions produites par "France 2" (TV par vraiment favorable aux communistes), notamment "des racines et des ailes", et "un train pas comme les autres" ont enquêter au XingJiang. On voit notamment que les Chinois habitant le XingJiang s'orientent souvent vers le commerce en Asie centrale, que ce sont ces ouïghours chinois qui arrosent les souks d'Almaty, de Bichkek.

Le XingJiang est peuplé de plus de 10 nationalités, c'est à dire plus que ce que contait la Yougoslavie fédérale en 1987. Le rêve de Madame Vaes et de ses amis est de yougoslaviser la région. Mais les forces progressistes et les communistes sont bien décidés à s'y opposer, et il se pourrait fort bien que l'impérialisme soulève une pierre pour la laisser tomber sur ses pieds.

Mao Ning, Bruxelles.
32-02/ 504 01 54

Ouïghours : The Turkish Connection
by Mao Ning Tuesday January 16, 2001 at 02:39 PM
mao.ning@caramail.com 32-02-5040154

Région autonome du nord ouest de la Chine, le XingJiang s'est avéré être un nouvel enjeu, sans doute depuis sa mise en valeur récente par les communistes chinois. Les accusations mensongères portées contre la Chine pour " oppression à l'égard de la minorité ouïghoure " renferment d'autres secrets. Partons à leur découverte.
L'expulsion scandaleuse par le gouvernement belge de 33 demandeurs d'asile issus du Kazakhstan a été le prétexte invoqué par certains journalistes pour une nouvelle campagne antichinoise.

Région riche et stratégique

Le XingJiang a acquis un statut autonome en Chine dès le début des années 60. Dans ce contexte, cette mosaïque de nationalités dispose d'avantages particuliers. L'éducation se donne en chinois, en kazakhe et en langue ouïghoure. L'administration locale s'est au fil des années adaptée au multilinguisme, et la vie en générale est modelée suivant la religion pratiquée. Les obligations civiques sont nettement moindre que dans l'est de la Chine. Par exemple, la réduction des naissances n'est pas appliquée, et le service militaire inexistant.

Le XingJiang, sous-développé et arriéré voilà seulement vingt ans, est en passe de refaire son retard sur les provinces " riches " de Chine. La présence de ressources naturelles abondantes et les nouveaux liens commerciaux avec l'Asie centrale font de la région le futur carrefour de liens commerciaux terrestres entre l'Europe et l'extrême orient. (1) En fait, il faut encore signaler que toutes les républiques d'Asie Centrale disposent d'un sous-sol comparable, mais le démembrement de l'Union soviétique a embrasé les conflits régionaux, n'épargnant que le XingJiang encore socialiste.

Toujours les mêmes

La récente campagne, ouverte dans les colonnes du quotidien " Le Soir " a immédiatement annoncé la couleur. La Chine est accusée " d'avoir annexé la patrie des Ouïghours, son histoire, sa musique et ses richesses " (2). La seule référence citée par le quotidien à propos des prétendues exactions à l'égard de cette minorité est à l'actif de Véronique Goffe, responsable de l'association " Les Amis du Tibet ", organisation amie du Dalaï-lama, que nous connaissons déjà (3). Inutile de préciser que Madame Goffe demeure une ennemie déclarée de la Chine et vient revendiquer l'indépendance du XingJiang, pour obtenir à terme un démembrement de la Chine comme le veulent les Etats-Unis. Donnons donc la parole à Big Brother.

Turkish Connection...

Le centre névralgique des indépendantistes ouïghours se trouve à Istambul, en Turquie la presse officielle bat le rappel en hissant le drapeau de la 'Grande Turquie'. C'est la Fondation " East Turkestan ", avec à sa tête Mehmet Riza Bekin, qui ne cache pas être… un général de l'armée turque ! (4) C'est cette même armée qui fait passer de vie à trépas les minorités nationales de Turquie qui osent affirmer une identité culturelle spécifique, comme les Kurdes, les Allévis et les Tcherkesses. On apprenait récemment les manœuvres de cette armée dans le Caucase, et on ne croyait pas si bien dire lorsqu'on affirmait qu'elle avait des prétentions mégalomanes.
En marge de cette fondation indépendantiste, existe une " Association des Réfugiés du East Turkestan ", dirigée par Arslan Alptekin. Ce autre monsieur n'est pas non plus un inconnu. C'est le propre fils de Yusuf Alptekin, secrétaire général de la province du XingJiang jusqu'en 1949, c'est à dire lorsque la Chine était encore sous la botte de Tchang Kaï-Chek !(5)Voilà qui nous éclaire encore un peu plus sur leur motivation. Sous le couvert de vagues revendications indépendantistes, l'OTAN couve des organisations anticommunistes par l'intermédiaire d'un de ses membres les plus sadiques.

for Lethal Intoxication

Cependant, une intervention militaire future de l'OTAN en Asie Centrale doit se justifier. Cela nécessite donc une préparation minutieuse, sous la forme la plus efficace : le matraquage médiatique. Haci Anat, (ancien ?) fonctionnaire de l'Etat turc explique la tactique mise en œuvre : " Les jeunes ouïghours apprennent le modèle tibétain, c'est à dire comment enrôler des gouvernements, obtenir leur soutien et populariser cette cause par Internet. "(6) Cette phrase se révèle très éclairante, et nous montre pourquoi Madame Véronique Goffe de l'association " Les Amis du Tibet " a pu déverser ses mensonges dans les colonnes du quotidien " Le Soir ". C'est clair comme de l'eau de roche.

Les appels à l'indépendance du XingJiang servent donc des intérêts bien loin des préoccupation de la population. Toujours dans " Le Soir ", on trouvait récemment une carte blanche signée par le dissident préféré des impérialistes, Wei Jingsheng, qui nous rapporte que " Le cas particulier du XingJiang tient aux activités terroristes des séparatistes ouïghours… C'est ce terrorisme qui renforce la répression. D'ailleurs, les musulmans ouïghours de ces régions n'ont pas manifesté de revendications indépendantiste… " (7) Ainsi, si l'on en croit le chef de file des dissidents chinois, toute cette agitation menée à propos du XingJiang sont destinées à soutenir des actions terroristes isolées. Et pour une fois, nous lui donnons raison. Sans doute, Wei Jingsheng espère-t-il encore un jour retourner au pays, et préfère ne pas mentir sur une question qu'il juge lui-même " secondaire ". Enfin notons que les pays d'Asie centrale, ainsi que la Chine et la Russie unissent leurs efforts pour traquer les terroristes qui cherchent à pousser la région dans le fondamentalisme religieux.


Mythe et réalité

La réalité du XingJiang est toute différente. Les historiens sont formels à ce sujet. La Chine compte le XingJiang dans ses frontières depuis l'époque des Hàn, ce qui nous ramène au Ier siècle de notre ère.(8) La présence de l'administration chinoise dans cette région trouve son explication dans le fait qu'il s'agit simplement de l'ancienne " Route de la Soie ", jalonnée d'oasis comme Kachgar et Turfan. L'invasion de l'Eurasie par les troupes de Gengis Khan quelques siècles plus tard consacrera l'unification.
Depuis l'avènement de la Chine nouvelle en 1949, la religion et l'Etat sont strictement séparés. Néanmoins, c'est le gouvernement qui finance les écoles coraniques, dont les instructeurs ont la possibilité de suivre une formation à l'étranger dans le pays de leur choix. La perspective de l'ouverture de la région a vu un nouveau dynamisme s'installer dans la région.
Pour éviter une " balkanisation " de la Chine, le système demeure rigoureux à propos des questions ayant trait aux minorités nationales. La conscience socialiste en Chine a permis de mettre en avant l'union de la classe des ouvriers et des paysans, au lieu de mettre en avant une quelconque identité ethnique étroite, qui sans aucun doute embraserait la mosaïque des nationalités.

Notes :
1. The Nikkei Weekly, 17/05/1999
2. Le Soir, 08/01/2001
3. Solidaire n°48, 20/12/2000
4. Far Eastern Economic Review, 13/05/2000
5. Idem
6. Idem
7. Le Soir, 22/12/1999
8. Franz Hayt, Atlas d'histoire universelle et de Belgique, éd. Wesmael-Charlier, 1985, p.14