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Petites réflexions et commentaires tactiques suite à la manif de jeudi à Nice...
by Le Pitit Robot Monday December 11, 2000 at 10:00 PM
pititrobot@caramail.com

Petites réflexions et commentaires tactiques suite à la manif de jeudi à Nice…

Tout d’abord, on a pu remarqué l’inexpérience des policiers à Nice (en tout cas ceux qui nous bloquaient autour de l’Acropolis) : peu d’équipement personnel comparé aux " Robocops " que l’on peut croiser dans les banlieues lors d’émeutes ou maintenant dans toutes les manifestations en Belgique. Les systemes de blocage des manifestants étaient ridicules : quelques barrières Nadar non-attachées, parfois même une seule rangée ! Etait-ce volontaire, la police espérant bloquer les manifestants plus loin, avec un dispositif plus important, et les prendre ensuite par derrière ? Ou alors avions-nous vraiment l’avantage ?

Pourquoi alors ne sommes-nous pas passés ?
Visiblement, une bonne partie des manifestants n’avaient pas particulièrement peur d’en découdre (vu ce qu’il s’est passé ensuite, tout au long de la journée). Mais il y a eu une seule tentative de passage, de quelques manifestants qui ont poussé les barrières en direction des quelques flics placés à une vingtaine de metres. Cela n’a pas fonctionné, parce que, je pense, les autres manifestants n’ont pas suivi, et les renforts policiers arrivés très rapidement ont découragés les premiers (était-ce prévu intentionnelement qu’ils ne soient pas visibles ?).
Il n’y a eu, depuis le début du contre-sommet, quasiment aucune organisation du blocage, peu de contacts entre les différents groupes, et pas de plan d’action clair. Ce qui fait que la majorité des manifestants n’ont pas compris l’opportunité de cette action et n’ont pas suivi, ce qui fait aussi que le blocage n’a pas été particulièrement organisé, et quasiment abandonné dès que les flics ont balancé les lacrymos.

A propos des lacrymos…
Les flics français ont l’habitude d’utiliser assez rapidement les lacrymos, au contraire des belges qui utilisent plutôt les canons à eau. Ont est donc habitué et on aurait peut-être pu s’organiser plus pour contrer les lacrymos. Je fait un petit récapitulatif de ce que j’ai pu voir à la manif comme moyen d‘action anti-lacrymo :
- Les foulards. Presque tout le monde en avait, très bien ! et heureusement qu’on avait une fontaine à proximité pour les mouiller.
- Le citron, à appliquer partout sur le visage, et fonctionne très bien en prévention des gazs sur les foulards
- J’ai aussi rencontré des gens qui avaient un petite bouteille avec un liquide à base de plantes qui calmait très bien les effets des lacrymos sur le visage, si quelqu’un peu en dire plus (la recette ?)…
- Le serum physiologique ou le collyre, tous les deux vendus en pharmacie, aide à évacuer les lacrymos qui sont dans les yeux.
- Evacuer les lacrymos. On à essayé de les foutre dans les bouches d’égout, mais le trou était très petit et les lacrymos trop difficile à diriger, il faudrait avoir des gants pour les prendre et peut être ouvrir une des bouches d’égout (mais attention à pas tomber dedans). Les manifestants essayaient de les rebalancer vers les flics, mais ça ne règle pas vraiment le problème… ils ont des masques à gaz et les lacrymos se ramenaient vers nous avec le vent.
- Les masques à gaz. Ca il faut absolument que tout le monde en ait. Ca permet aussi de pas se faire reconnaître sur les photos ou les vidéos.
- L’eau : il a commencé à pleuvoir, et donc les gazs sont retombés un petit peu. Peut-être pourait-on imaginer d’utiliser des bouches incendies ou d’autres moyens pour balancer de l’eau en l’air et supprimer les gaz ?

Et si on était rentrés ?
Qu’est-ce qu’on aurait fait ? Il y a des petites actions dans certains lieux : distributeurs d’argent, grands magasins, … des gens ont mis des boules particulièrement puantes mais totalement innofensives dans ces lieux. Pourrait-on prévoir cette forme d’action non-violente à l’avenir. Il suffirait d’entrer dans le batiment ou de les mettre aux entrées des bouches d’aération (les lacrymos lancées à l’extérieur ont fait pleurer Chirac et Jospin) et le déroulement du sommet serait impossible. Je pense qu’il aurait été illusoire de vouloir rester dans le batiment, on aurait été chassé rapidement, la solution des boules puantes est infiiniment plus efficace et plus symbolique " Il faut montrer aux gens de façon concrète qu’il y a des choses qui puent dans le monde " était le titre de leur communiqué.

Au niveau des squatts, il y a eu aussi une très mauvaise organisation, des lieux qui auraient pu héberger beaucoup de monde ont été fermés sans l’aide de la police, laissant dans la merde des dizaines de manifestants sans logements.
En réalité, énormément de problèmes viennent du fait qu’il n’y avait pas d’organisation générale comme l’Inpeg à Prague.

De l’utilité de casser des vitrines…
Les casses effectuées à Nice diffèrent beaucoup des expériences que j’ai vécues dans d’autres mouvement où c’était plutôt de la casse pour de la casse, que j’ " explique " par le dépit, la vengeance, l’envie de se faire remarquer,… mais que je condamne car elles ne servent, ni médiatiquement, ni symboliquement, les interêts du mouvement. Dans ce cas-ci, par contre, j’ai été très impressionné par le côté politique de la casse, toutes les vitrines cassées étaient des objectifs clairement identifiables, des symboles du capitalisme. Malgré tout, je me pose des questions. N’est-ce pas plus facile de casser une vitrine loin des flics, que de les affronter en essayant de passer ? Quel retentissement cela a-t-il eu ? En quoi cela a-t-il aider à bloquer ou à perturber le sommet ?

La dernière leçon de ces actions, et peut-être la plus importante, nous est donnée par l’Etat : Les Italiens, les espagnols et des allemands, ainsi que de nombreux français ont été bloqués aux frontières ou aux gares. J’en tirerais deux conclusions : premièrement, il faut que nous arrivions par nos propres moyens. Deuxièmement, c’est que si ils nous ont bloqués au départ, nous pourrions aussi les bloquer au départ. Essayons d’organiser des actions, chacun dans son pays, pour bloquer les congressistes chez eux, qu’ils ne puissent arriver aux sommets. Evidemment, cela demande d’avoir beaucoup plus d’informations et d’organisation mais permet aussi aux gens qui ne peuvent pas passer de sommet en sommet de participer eux aussi aux actions.

Faites circuler, j’attends vos commentaires, réappropriez vous ces idées, il faut que le mouvement évolue et s’organise.