lettre d'étudiants au sujet de l'occupation de la FGTB by étudiants de L'ULB Monday December 04, 2000 at 02:52 PM |
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Nous, étudiants ayant participé à l?occupation du siège national de la FGTB voulons réagir suite à l?article de Bénédicte Vaes paru dans Le Soir du mercredi 29 novembre avec comme titre « La FGTB ulcérée par les méthodes du PTB ». Nous tenons à rectifier et dénoncer la manière dont ont été relatés les faits et la prise de position effectuée par la journaliste.
Bruxelles, 1er décembre 2000
Lettre-réponse à l'article paru dans le journal Le Soir au sujet de l?occupation de la FGTB.
Nous, étudiants ayant participé à l'occupation du siège national de la FGTB voulons réagir suite à l'article de Bénédicte Vaes paru dans Le Soir du mercredi 29 novembre avec comme titre « La FGTB ulcérée par les méthodes du PTB ». Nous tenons à rectifier et dénoncer la manière dont ont été relatés les faits et la prise de position effectuée par la journaliste.
Le 22 novembre au matin, la Cour d'Appel de Bruxelles devait se prononcer sur la poursuite du procès intenté contre les « 13 de Clabecq ». Nous étions là pour marquer notre solidarité avec les travailleurs de Clabecq et le refus de l'utilisation du pouvoir judiciaire dans la répression des conflits sociaux. Ce n'est pas la première fois que l?on criminalise ainsi une lutte sociale et que l'on transforme un mouvement collectif en quelques faits individuels pour l'affaiblir. Ainsi, quelques jours plus tard (les 27 et 28 novembre) 8 ex-étudiants qui luttaient pour la défense d'un enseignement de qualité lors des manifestations de 1995-1996 étaient appelés à comparaître devant un tribunal bruxellois. Ces procès représentent donc pour nous une menace envers des libertés aussi fondamentales que la liberté d'expression, le droit de grève ou le droit de manifester.
Suite à la décision de la Cour d'Appel de redémarrer le procès, les manifestants sur place ont décidé de se diriger vers le siège central de la FGTB. Les travailleurs s'y rendaient en vue d'obtenir une position claire de la part de la direction syndicale par rapport à leur deux principales revendications : la prise en charge des frais de procès et la réintégration des six délégués exclus.
D'après Michel Nollet et l'article de Bénédicte Vaes, le mouvement aurait été « mené et organisé par le PTB » à la manière de « commandos fascistes ». Cette association systématique faite entre le mouvement d'occupation et le PTB est déplorable. Il y avait, en effet, des membres du PTB sympathisants du mouvement mais aussi de nombreuses autres mouvances politiques parmi les travailleurs, les artistes et les étudiants présents ce jour là. Ces personnes, loin d?être manipulées par le PTB ont participé à cet acte politique parce qu?elles refusent que l' on criminalise ainsi des délégués syndicaux qui se sont battus jusqu'au bout pour la défense des travailleurs et la réouverture de lentreprise. Il est trop facile de discréditer un mouvement en niant la compréhension de ses enjeux et actes par ses participants. La décision de l'occupation a par ailleurs été largement discutée sur place lors d'une assemblée démocratique où chacun s'est exprimé sur la pertinence et l'utilité de cette action. Il est donc complètement hors de propos et dangereux d'utiliser des termes comme « opération commando fasciste », « prise d'otage », (etc?) pour définir notre démarche. Bénédicte Vaes, en ne relayant que les propos simplistes et le discours émotionnel de Michel Nollet, échappe à son devoir d'analyse des causes profondes qui ont poussé 300 personnes à occuper le siège de la FGTB. C'est comme s'il n'y avait pas eu d'enjeux politiques et sociaux à l'origine de cette action et, qu'au lieu d'avoir affaire à des interlocuteurs politiques, la FGTB avait été confrontée à une bande d'excités ayant pour unique projet la déstabilisation et la destruction de la FGTB. L'action était portée, au contraire, par la volonté de renforcer la FGTB en lui amenant une remise en question de l'intérieur et en adoptant une position critique par rapport à son attitude face au procès Clabecq et son orientation politique et stratégique actuelle. Les occupants étaient donc des personnes qui veulent penser d'une autre manière le travail du syndicat et non des « fascistes » en proie à une folie destructrice.
Le mouvement des étudiants et des enseignants de 1995-1996 avait aussi subit des tentatives de décrédibilisation et de criminalisation. Le gouvernement d'alors utilisait déjà les mêmes arguments en traitant par exemple les étudiants de « socialo-fascistes » (Ph. Moureaux, 1er mai 1996) ou en démontrant une soit-disant manipulation systématique du PTB (par ex. Ph. Busquin, 1er mai 1996). D'une façon générale, les mouvements qui remettent en cause la politique gouvernementale subissent pressions et répression (sans-papiers, collectif sans ticket, étudiants, clabecq,...). Nous voulons dénoncer l'attitude de la FGTB qui participe ainsi à ce processus de criminalisation des mouvements sociaux alors que son fondement repose au contraire sur le soutien des luttes sociales et la défense des travailleurs et de leur libertés syndicales.
Face à la manière dont l'événement est traité à travers cet article, on ne peut que constater un manque total d'objectivité dans le travail journalistique de Bénédicte Vaes. Elle ne relaye on l'a vu, que le point de vue de la direction de la FGTB, à savoir un discours agressif éloigné de l?enjeu réel d?une situation qui remet en question la nature de rapports entre la direction syndicale et les travailleurs syndiqués de la base. De manière générale, il semble donc que les médias ont de grandes difficultés à s'éloigner du discours des groupes dominants et de ceux qui nous gouvernent.
Des étudiants et des étudiantes à l'Université Libre de Bruxelles
Rachel Carton
Gary Vargas
Boris Mallarme
Alain Lemaitre
Natalia Hirtz
Catherine Lemaitre
Contact : alemaitr@ulb.ac.be