Lettre de Marcos à Zedillo/ Letra de Marcos a Zedillo (fr/esp) by El sub-commandante insurgente Marcos (posted Monday December 04, 2000 at 02:51 PM |
À monsieur Ernesto Zedillo Ponce de León,En chemin vers nulle part, Planète terre Al señor Ernesto Zedillo Ponce de León, En tránsito a ninguna parte, Planeta Tierra.
EN FRANCAIS:
Le 30 novembre 2000, Mexique
À monsieur Ernesto Zedillo Ponce de León.
En chemin vers nulle part.
Planète terre.
M. Zedillo
Il y a 6 années je vous ai écrit au nom des Zapatistes pour vous souhaiter la bienvenue dans le cauchemar. Beaucoup pensent maintenant que nous avions raison. À la suite de ces six ans, votre mandat a été un cauchemar pour des millions de Mexicains et de Mexicaines : assassinats, crise économique, appauvrissement massif, enrichissement illicite et brutal de quelques-uns, vente de la souveraineté nationale, insécurité publique, renforcement des liens entre le gouvernement et le crime organisé, irresponsabilité, histoire affreuse et mal racontée...
À la suite de ces six années, vous vous êtes entêtés à détruire les indigènes qui ont tenté de vous défier et tout ce que vous représentez; vous vous êtes entêtés à nous détruire.
Quand vous avez pris le pouvoir, vous aviez la liberté de choisir comme faire face au soulèvement zapatiste. Ce que vous avez choisi de faire est déjà de l'histoire. Comme commandant suprême de l'armée fédérale et avec tout le pouvoir donné par la participation à l'exécutif vous auriez pu choisir le chemin de dialogue, de la négociation. Vous auriez pu donner des signaux de détente. Vous ayez pu réaliser ce qui avait été signé à San Andres. Vous auriez pu parvenir à la paix.
Mais vous ne l'avez pas fait.
Vous avez choisi le double stratégie de feindre le dialogue et de continuer sur chemin de la voie violente. Pour cela, vous avez tenté de répéter l'histoire de la trahison de Chinameca (le 9 février 1995), vous avez déversé des milliers de millions de pesos pour acheter la conscience de rebelles; vous avez militariser les communautés indigènes (et pas seulement le Chiapas); vous avez expulsé les observateurs internationaux ; vous avez entraîné, équipé, armé et financé les paramilitaires; vous avez continué d'emprisonner et d'exécuter sommairement des Zapatistes (rappelez-vous Union Progresso du 10 juin 1998)et des non-zapatistes. Vous avez détruit le tissu social de la campagne de Chiapaneco; et en suivant le mot d'ordre de votre fils putatif, le groupe paramilitaire "Mascara Rosa")("nous tuerons la semence zapatiste") vous avez ordonné de massacrer des enfants et des femmes enceintes à Acteal, le 22 décembre 1997.
Nous pouvons comprendre pourquoi, ne pouvant suivre le chemin des dialogues vous avez opté de faire la guerre. Vous pouvez l'avoir fait parce qu'on vous avait vendu l'idée que vous pouviez nous emprisonner, nous mener à la déroute militaire, que vous pouviez nous mener à nous rendre, que vous pouviez nous acheter, nous vous pouviez gagner, que vous pouviez amener les Mexicains à nous oublier, nous est notre lutte, que vous pouviez agir pour que les gens des autres pays renoncent à leur solidarité avec la cause indigène. En bref, que vous pouviez gagner la guerre. Cela nous pouvions le comprendre. Mais Monsieur Zedillo pourquoi Acteal ? Pourquoi avez-vous demandé d'assassiner des enfants? Pourquoi avez-vous demandé à vos sbires d'achever avec des machettes des femmes enceintes, blessées, à terre, qui ne pouvaient échapper aux massacres.
Enfin que n'avez-vous pas fait pour en finir avec les Zapatistes ?
Mais quelque chose s'achève ? Nous avons échappé à votre embuscade le 9 février 1995; nous nous sommes rebellés de nouveaux devant la non-réalisation des accords de San Andrés; nous avons échappé à l'encerclement militaire que vous avez tenté de réaliser à plusieurs reprises ; nos avons résisté à l'offensive conduite par Alborez contre nos municipalités autonomes; une autre fois, nous avons démontré avec nos mobilisations que nos revendications étaient soutenues par des millions Mexicains. Non les Zapatistes ne sont pas fini.
Et non seulement ils ne sont pas finis mais ils se sont multipliés partout dans le monde. Vous rappelez-vous les fois, où il a fallu utiliser des sorties d'urgence et cachées, les événements qui se sont produits dans les autres pays, alors que des comités de solidarité zapatistes protestaient contre votre politique au Chiapas ? N'y a-t-il pas eu des ambasseurs ou des consuls qui vous ont rapporté avec désespoir les actions que les Zapatistes internationaux réalisaient sur les édifices gouvernementaux mexicains étrangers ? Combien d'organismes internationaux ont-ils reçu vos services de relations extérieures pour la non-réalisation des accords de San Andrés, la militarisation du Chiapas et le manque de dialogue avec des Zapatistes ? Ou, quand vous avez ordonné l'expulsion de centaines observateurs internationaux? Les actions de solidarité à travers le monde ont-elles diminué?
Et que me dit-on de Mexico ? Au lieu de rester circonscrit à quatre villes chiapanecos, le pensée zapatiste s'est répandue dans les 32 États de la fédération. Elle s'est fait ouvrière, paysanne, indigène, maître, étudiante, employée, chauffeur, pêcheur, rocker, peintre, acteur, écrivain, moine, prêtre, déporté, personne au foyer, syndicaliste indépendant, homosexuel, lesbienne, transexuel, soldat, marin, petit et moyen propriétaire, vendeur ambulant, retraité, et pensionné…
Ainsi ont été ces six années monsieur Zedillo. Vous pouviez choisir entre la paix et la guerre. Vous avez choisi la guerre et les résultats de cette action le montrent, vous a perdu la guerre.
Vous avez tout fait pour nous détruire.
Nous, nous n'avons fait que résister.
Vous partez en exil.
Nous restons ici.
Nous, ici, nous continuerons.
M. Zedillo
Vous vous êtes parvenu au pouvoir par la voie du crime, et jusqu'à aujourd'hui vous êtes demeuré impuni. Vos six ans de pouvoirs sont pleines de crimes impunis. En plus de réaliser les politiques de privatisation de votre prédécesseur (et aujourd'hui de votre ennemi ouvert) Salinas de Gortori, vous vous vous avez caché derrière cet autre crime qui s'appelle FOBAPROA-IPAB et qui consiste grosso modo, non seulement à ce que les mexicains pauvres subventionnent les riches et les rendent plus riches encore, mais cette charge supplémentaire compromet les nombreuses générations futures.
Pour plus de 70 millions de Mexicains, la supposée solidité économique du pays signifie misère et chômage pendant que vous veillez soigneusement à l'invasion des capitaux étrangers, la frontière qui sépare le gouvernement et le crime organisé s'est estompée et les scandales continuaient à provoquer de sérieux problèmes dans la presse; il était impossible de séparer les nouvelles de la section politique de celle des notes rouges sur les suicides: ex-gouverneur en fuite, généraux emprisonnés, entrepreneurs prospères qui ne furent que torturés, police spéciale dans le combat au crime organisé occupantdes universités.
Aujourd'hui, comme votre prédécesseur, vous retrouvez avec ceux qui vous ont rendu un culte, qui vous ont servi et qui se sont servis, convertis aujourd'hui en vos pires ennemis et disposés à vous poursuivre. À partir de demain, vous saurez seigneur Zedillo ce que veut dire être poursuivi jour et nuit. Cela ne durera pas seulement six années. Parce qu'à partir de maintenant, elle sera très longue la file des gens qui voudront régler des comptes avec vous.
Et bien nous avions raison il y a 6 ans les Zapatistes vous ont dit bienvenue au pays des cauchemars. Maintenant, c'est vous y rendez. Ai-je terminé?
Oui et non. Oui parce que le cauchemar avec vous se termine aujourd'hui. On pourra en suivre un autre et leur fin pourra advenir.
Nous ferons tout ce qui est possible pour que demain soit florissant. Mais pour vous, M. Zedillo, le cauchemar ne pourra que continuer.
Partez et quelque soit l'endroit où vous vous caché il y aura des Zapatistes.
Depuis les montagnes du sud-est du Mexique
Sous commandant insurgé Marcos. Mexique, novembre 2000.
Post scriptum: il est certain avant que j'oublie il y a un an, en septembre 1999 vous nous avez envoyé une lettre ouverte par le secrétaire du gouvernement et aujourd'hui (précandidat à la présidence du PRI). Je crois que la lettre s'intitulait "un pas de plus vers l'abîme" ou "un pas vers les difficultés", "un pas plus cynique" ou quelque chose comme ça. Avec cette dernière, avec seulement trois années de retard, votre gouvernement supposément répondait, avec des mensonges, aux conditions que nous avions posés en 1996 pour renouer le dialogue. Le lettre ouverte prétendait plus que nous engager, à tromper l'opinion publique nationale et internationale. Ce qui n'est pas arrivé certainement. Quoi qu'elle ait été, il ne serait pas courtois de laisser sans réponse la dite lettre. Pardon pour le retard mais permettez-moi d'ajouter ces mots pour répondre. Notre réponse est: NON !
De rien.
(Traduction libre, La Gauche, http://www.lagauche.com/)
EN ESPAÑOL:
Noviembre del 2,000.
Al señor Ernesto Zedillo Ponce de León.
En tránsito a ninguna parte.
Planeta Tierra.
Señor Zedillo:
Hace 6 años le escribí a nombre de todos los zapatistas dándole la bienvenida a la pesadilla. Muchos piensan ahora que teníamos razón. A lo largo de este sexenio, su mandato ha sido una larga pesadilla para millones de mexicanos y mexicanas: magnicidios, crisis económica, empobrecimiento masivo, enriquecimiento ilícito y brutal de unos cuantos, venta de la soberanía nacional, inseguridad pública, estrechamiento de ligas entre el gobierno y el crimen organizado, corrupción, irresponsabilidad, guerra...y chistes malos y mal contados.
A lo largo de su sexenio, usted se empeñó en destruir a los indígenas que se alzaron desafiando todo lo que usted representa. Usted se empeñó en destruirnos.
Cuando usted llegó al poder, tenía la libertad de escoger cómo enfrentar el alzamiento zapatista. Lo que eligió e hizo ya es historia. En su carácter de comandante supremo del ejército federal y con todo el poder que da el ser titular del ejecutivo, podía haber escogido el camino del diálogo y la negociación. Podía haber dado señales de distensión. Podía haber cumplido lo que firmó en San Andrés. Podía haber llegado a la paz.
No lo hizo.
Escogió mejor la doble estrategia de fingir disposición al diálogo y continuar el camino de la vía violenta. Para ello intentó repetir la historia de la traición de Chinameca (el 9 de febrero de 1995), derrochó miles de millones de pesos tratando de comprar la conciencia de los rebeldes; militarizó las comunidades indígenas (y no sólo las de Chiapas); expulsó a observadores internacionales; entrenó, equipó, armó y financió paramilitares; persiguió, encarceló y ejecutó sumariamente a zapatistas ("remember" Unión Progreso, 10 de junio de 1998) y no zapatistas; destruyó el tejido social del campo chiapaneco; y siguiendo la consigna de su hijo putativo, el grupo paramilitar "Máscara Roja" ("mataremos la semilla zapatista"), mandó masacrar a niños y mujeres embarazadas en Acteal, el 22 de diciembre de 1997.
Podríamos entender por qué, pudiendo seguir el camino del diálogo, optó por hacernos la guerra. Pudo haber sido porque le vendieron la idea de que podía tomarnos presos, que podía derrotarnos militarmente, que podía lograr que nos rindiéramos, que podía comprarnos, que podía engañarnos, que podía conseguir que los mexicanos se olvidaran de nosotros y de nuestra lucha , que podía hacer que la gente de otros países renunciara a la solidaridad con la causa indígena. En suma, que podía ganarnos la guerra. Eso podríamos entenderlo. Pero, señor Zedillo, ¿por qué Acteal? ¿Por qué mandó usted asesinar niños? ¿Por qué mandó a sus esbirros a rematar con machetes a las mujeres embarazadas que, heridas o aterradas, no alcanzaron a escapar de la masacre?
En fin, ¿qué no hizo usted para acabar con los zapatistas?
Pero ¿acaso se acabaron? Se escabulleron de su emboscada del 9 de febrero de 1995; se rebelaron de nuevo ante su incumplimiento de los Acuerdos de San Andrés; se escaparon de su cerco militar cuantas veces quisieron ; resistieron a su feroz ofensiva, conducida por el "croquetas" Albores, contra los municipio autónomos; una y otra vez demostraron con movilizaciones que sus demandas cuentan con el respaldo de millones de mexicanos. No, los zapatistas no se acabaron.
Y no sólo no se acabaron. Además proliferaron por todo el mundo. ¿Recuerda usted las veces que tuvo que abandonar, por salidas de emergencia y en forma subrepticia, los eventos que en otros países se realizaban, mientras los comités de solidaridad zapatistas protestaban por su política frente a Chiapas? ¿Hay algún embajador o cónsul que no le haya reportado con desesperación las acciones que zapatistas internacionales realizaban en los actos y edificios del gobierno mexicano en el extranjero? ¿Cuántos extrañamientos de organismos internacionales no recibió su servicio de relaciones exteriores por el incumplimiento de los Acuerdos de San Andrés, la militarización de Chiapas y la falta de diálogo con los zapatistas? Y cuando usted ordenó la expulsión de cientos de observadores internacionales, ¿acaso disminuyeron las acciones de solidaridad en todo el mundo?
¿Y qué me dice de México? En lugar de quedarse "circunscrito a 4 municipios chiapanecos", el pensamiento zapatista se extendió a los 32 estados de la federación. Y se hizo obrero, campesino, indígena, maestro, estudiante, empleado, chofer, pescador, rockero, pintor, actor, escritor, monja, sacerdote, deportista, ama de casa, colono, sindicalista independiente, homosexual, lesbiana, transexual, soldado, marino, pequeño y mediano propietario, vendedor ambulante, discapacitado, jubilado y pensionado, gente.
Así fueron estos 6 años señor Zedillo. Pudiendo elegir entre la paz y la guerra, usted optó por la guerra. Los resultados de esta elección están a la vista: usted perdió la guerra.
Usted hizo todo lo que pudo para destruirnos.
Nosotros sólo resistimos.
Usted se va al exilio.
Nosotros aquí seguimos.
Señor Zedillo:
Usted llegó al poder por la vía del crimen que, a la fecha, sigue impune. Y de crímenes impunes se llenó su sexenio. Además de llevar adelante las políticas de privatización de su antecesor (y hoy abierto enemigo), Salinas de Gortari, usted disfrazó de legalidad ese otro crimen que se llama FOBAPROA-IPAB y que consiste, grosso modo, no sólo en que los mexicanos pobres "rescaten" a los ricos y los hagan más ricos, también en que esa pesada carga comprometa a varias generaciones futuras.
Para más de 70 millones de mexicanos, la supuesta solidez económica del país significó miseria y desempleo. Mientras usted cuidó encarecidamente la invasión de capitales extranjeros, en el mercado nacional las empresas medianas y pequeñas fueron desapareciendo. Durante su mandato, las fronteras que dividen gobierno y crimen organizado se borraron y los escándalos continuos provocaron serios problemas a la prensa: era imposible dilucidar qué noticas eran de la sección política y cuáles de la nota roja: "suicidados", ex gobernadores prófugos, generales presos, prósperos empresarios que "sólo" fueron torturadores, policía "especializada" en combate al crimen organizado tomando universidades.
Hoy, al igual que su antecesor, usted se marcha con quienes le rindieron culto, le sirvieron y se sirvieron, convertidos en sus peores enemigos y dispuestos a perseguirlo. Así que a partir de mañana sabrá usted, señor Zedillo, lo que es ser perseguido día y noche. Y no durará sólo 6 años. Porque a partir de ahora será muy larga la fila de quienes le quieran cobrar cuentas y agravios.
Es claro que teníamos razón cuando, hace 6 años, los zapatistas le dimos la bienvenidas a la pesadilla. Pero, ahora que usted se va, ¿ya terminó?
Sí y no.
Porque para nosotros la pesadilla con usted termina hoy. Podrá seguirle otra o podrá amanecer por fin, no lo sabemos, nosotros haremos todo lo posible para que sea el mañana lo que florezca. Pero para usted, señor Zedillo, la pesadilla no hará sino continuar...
Vale. Salud y no importa dónde se esconda, ahí también habrá zapatistas.
Desde las montañas del Sureste Mexicano.
México, Noviembre del 2,000.
P. D.- Por cierto, antes de que se me olvide: hace un año, en septiembre de 1999, usted nos mandó una carta abierta a través de su secretario de Gobernacioón (y hoy precandidato a la presidencia del PRI). Creo que la carta se llamaba "Un Paso Más al Abismo", "Un Paso Más Turbio", "Un Paso Más Cínico" o algo así. En ella, con tan sólo 3 años de retraso, su gobierno supuestamente respondía, con mentiras, a las condiciones que, ¡en septiembre de 1996!, habíamos puesto para reiniciar el diálogo. La carta abierta pretendía, más que engañarnos a nosotros, embaucar a la opinión pública nacional e internacional. Cosa que, por cierto, no logró. Como quiera que sea, la mentada carta nos decía que nos diéramos por satisfechos con lo que ahí se decía y nos invitaba a regresar al diálogo. Sería descortés de nuestra parte el dejarlo sin respuesta, sobre todo ahora que usted ya se va (¡por fin!). Perdón por el retraso, pero permítame aprovechar estas líneas para contestas. Nuestra respuesta es: ¡NO!
De nada.