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Lettre ouverte du POS à la FGTB
by BP-POS Thursday November 30, 2000 at 03:31 PM
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Nous tenons à vous faire part de notre désapprobation et de notre inquiétude quant à la manière dont le secrétariat fédéral a géré l'occupation des locaux de l'organisation syndicale par les « 13 de Clabecq » et leurs sympathisants ce mercredi 22 novembre dernier.

Camarades,

Nous tenons à vous faire part de notre désapprobation et de notre inquiétude quant à la manière dont le secrétariat fédéral a géré l'occupation des locaux de l'organisation syndicale par les « 13 de Clabecq » et leurs sympathisants ce mercredi 22 novembre dernier.

L'appel à la police de Bruxelles pour faire évacuer les lieux constitue une erreur profonde et un acte irresponsable qui entache gravement l'image et la réputation de la FGTB. Ce qui, dans le cadre des rapports de forces actuel, ne peut que déforcer son combat et celui de tous ses militants de base.

L'intervention policière a été brutale: les occupants, menottés, ont été embarqués au commissariat où ils ont été contraints de rester assis par terre dans une position humiliante. Plusieurs d'entre eux ont été blessés, alors qu'ils n'opposaient pas de résistance.

Ainsi, quelle crédibilité peut désormais avoir la FGTB à l'encontre des interventions de la justice et des forces de l'ordre dans les conflits sociaux si sa direction applique les mêmes méthodes que le patronat?

Cet acte démontre également l'absence de toute ouverture au dialogue de la part du sommet syndical. Il est inquiétant de constater que, faute d'arguments sérieux, face à la détresse de travailleurs aux prises avec la justice de classe, on préfère utiliser la force brutale de la répression, ajoutant ainsi à cette détresse l'humiliation d'être arrêtés dans le siège national du syndicat socialiste.

Volontairement ou non, cet acte constitue aussi un signal clair en direction de la justice de classe: les 13 de Clabecq sont désormais livrés en pâture à cette justice puisque par ce geste le syndicat les criminalise encore plus.

Les tentatives de justification de la part du secrétariat fédéral pour expliquer cette décision irresponsable nous semblent tendancieuses, voir même fallacieuses.

Le secrétariat fédéral prétend avoir démasqué à travers cette occupation une tentative de « déstabilisation » et de « provocation » dans le seul but de faire intervenir les forces de l'ordre. Si tel avait été le cas dans le chef des occupants, le secrétariat fédéral est donc, de son propre aveu, tombé dans le panneau !

En outre, dans ses communiqués, le secrétariat parle «d'occupation brutale » menée « à la manière de commandos fascisants ». Michel Nollet parle même de "méthodes à la Goebbels". Cette nouvelle escalade verbale est inacceptable et donne de la FGTB une image déplorable.

Le secrétariat parle aussi «d'intimidations et de menaces » à l'encontre du employés ainsi que de « dégradation » des locaux et du matériel. Certains articles de presse font même état de violences physiques. Comment y croire, alors que des cameramen et des photographes de presse étaient sur place et n'ont rien vu? La FGTB n'est pas crédible quand elle publie sur son site internet quelques photos d'un paillasson retourné et d'une poubelle renversée.

Des témoignages fiables et concordants soulignent que l'occupation s'est déroulée dans le calme et avec un souci de dialogue et de respect envers les employés, les locaux et le matériel de la FGTB. S'il s'avère que des actes répréhensibles ont effectivement eu lieu, ils ne sauraient être que le fait d'individus ne respectant pas ce souci clairement exprimé par la majorité des occupants. Ceux qui profèrent de telles accusations doivent en apporter la preuve, ou se rétracter.

Sur le fond de l'affaire, quel que soit le jugement que l'on peut avoir sur la manière dont fut mené le combat des délégués de Clabecq, il reste que ces derniers subissent aujourd'hui l'acharnement d'une justice de classe inique pour la lutte qu'ils ont menée dans le cadre de leur mandat syndical. C'est sur ce terrain qu'il faut se placer et agir. La direction de la FGTB ne l'a pas fait, parce qu'elle veut régler ses comptes.

La FGTB dit que ce procès est une "mascarade". Mais pourquoi ne fait-elle rien pour y mettre fin? En réalité, le procès n'est pas une "mascarade": c'est une attaque gravissime contre le droit de grève et les libertés syndicales. Il vise à criminaliser la résistance sociale avec une loi du XIXème siècle. La reprise du procès exprime la volonté de la magistrature de condamner les inculpés après avoir cassé leur existence à travers une procédure interminable. Ce n'est pas par hasard que d'autres procès, sur d'autres terrains, pointent dans la même direction.

La passivité du sommet syndical face au procès pave donc la voie pour la répression patronale et la justice de classe. L'expulsion par la police aggrave encore le danger. Il faut un changement de cap radical, dans l'intérêt de tous les travailleurs et des autres mouvements sociaux. Face à l'appareil FGTB qui serre les coudes autour de son chef, ce tournant dépend entièrement de l'intervention et de la mobilisation de la gauche syndicale.

Tous à Bruxelles le 8 janvier contre le procès!
Arrêt du procès!
Non à la criminalisation des luttes sociales!
La solidarité d'abord!

Le Bureau Politique du Parti Ouvrier Socialiste, le 30/11/2000.

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Ce qui se cache derrière l'offensive contre le PTB

Se sentant sur la défensive de par sa gestion désastreuse de l'occupation de ses locaux, la direction de la FGTB se lance dans une offensive en règle contre la pseudo infliltration-déstabilisation menée par le PTB. Le mamouth FGTB aurait-il peur du moustique PTB? Plus sérieusement, l'utilisation du PTB comme d'un épouvantail et d'un bouc émissaire facile pour masquer ses propres faiblesse et/ou discréditer un combat est une pratique inacceptable.

Cette désignation d'un bouc émissaire fait peser une menace sur tout le syndicalisme de combat. En effet, tout militant syndical combatif, anticapitaliste et qui refuse les compromissions de l'appareil, risque désormais de se faire accuser « d'agent du PTB », et de ce seul fait, il risquera de se voir isolé, voir exclu par les appareils. On voit clairement dès aujourd'hui où peut mener ce genre de logique puisque certains bureaucrates syndicaux tentent de faire croire que la détermination exemplaire des TEC-Charleroi était le résultat de "l'infiltration PTB"!