A REBONDIR, DE SEATLLE A DAVOS, LES «ANTI-MONDIALISTES PRIMAIRES » S'ESSOUFLERON by les anti-kangourous Wednesday November 29, 2000 at 07:35 PM |
A rebondir, de Seattle à Davos (janvier 2001), les «anti-mondialistes primaires » s'essoufleront. On leur accordera la spontanéité du geste et la beauté de l'élan. Parfois même la joie dans la solidarité retrouvée et la collectivité active qui afflue. Mais c'est tout!
A REBONDIR, DE SEATLLE A DAVOS, LES «ANTI-MONDIALISTES PRIMAIRES » S’ESSOUFLERONT.
A rebondir, de Seattle à Davos (janvier 2001), les «anti-mondialistes primaires » s’essoufleront. On leur accordera la spontanéité du geste et la beauté de l’élan. Parfois même la joie dans la solidarité retrouvée et la collectivité active qui afflue.
Quand l’OMC «manche du millenium » échoua à Seattle, les activistes fêtèrent ça comme une victoire. A juste titre mais parce que comparée aux précédentes campagnes contre la mondialisation, locales et isolées ! !
Depuis, les contre-sommets de Washington, Cologne ou Prague n’ont pas rassuré. Tout du contraire même : les marchés sont toujours aussi libres et les forces de l’ordre ont aiguisé leur arsenal répressif. Autant par la création de fichiers d’indésirables refoulés aux frontières qu’en pratiquant l’arrestation à tour de clé de bras. Les chiffres en disent long : Amsterdam (97) 700 arrestations, Genève (98) 700, Cologne (99) plus de 1000, Seattle (99) 600, Washington (2000) 1300, Prague (2000) 900.
A la lumière de ces événements, pourquoi chercher l’affrontement attendu par les forces de l’ordre au lieu d’agir là où on ne nous attend pas ? Il s’agit bien entendu de faire acte de présence aux contre-sommets mais surtout d’intervenir près de chez soi. Puisque les multinationales sont présentes au quotidien, réagissons au quotidien. Les cibles ne manquent pas. La coordination suisse anti-OMC s’en prendra par exemple à Genève, à un des piliers du World Economic Forum peu avant le Forum de Davos. Pour tout savoir sur la mobilisation de Davos : http://www.under.ch/davos/index.htm
Au sujet des cibles potentielles, voyez sur ce site la liste des multinationales membres du WEF :http://www.goecities.com/pwdyson/wef_orgs.htm
Le but avoué de cette action est de provoquer l’extension des actions directes au niveau local et de créer de multiples foyers de résistance à la marchandisation du monde.
C’EST QUE LA SONO DU SPECTACLE COUVRE LA MUSIQUE DE LA LUCIDITE
Les formes de contestation actuelles ont bien entendu dépassé le cadre poussiéreux des cortèges tracés au cordon syndical! On y trouve de la musique, de la couleur, des sourires et de la joie. Trotskisme, marxisme, maoïsme, communisme, socialisme par le bas ou par le haut et autres ismes idéologiques se sont autorisé leurs propres déroutes. Ces modèles théoriques étaient une réponse donnée à un contexte socio-économique et politique à un moment donné de l’Histoire. En préservant une interprétation politique d’un autre temps, ces modèles, que seules poursuivent une élite de «dinosaures » et quelques égarés en mal d’autorité, ont été dépassés. Ils se sont vus relégués au rang d’utiles instruments de lecture pour comprendre les erreurs du passé et les politiques de gauche en général. Echafauder à l’heure actuelle des alternatives de société à partir de ces modèles-là, c’est le suicide de la planète : chez eux, la surconsommation est à l’ordre du jour mais dans le frigo, pas d’un point de vue critique. Alors qu’elle est à la base de la plupart des dégradations sociales, culturelles et environnementales. A ce sujet voir l’excellent communiqué de presse de la «journée sans achat du 25 novembre 2000 » sur http://www.archive.indymedia.be/ dans les « latest news ».
Le spectacle intervient là où on l’attend le moins.
Les contre-sommets charrient diverses tendances et positions et les désaccords ne manquent pas. Créer un programme commun où chacun s’y retrouverait serait prématuré. Il serait utile cependant de rappeler que la fête et les tensions ne doivent pas masquer l’importance de l’enjeu politique en cours. Communier à Nice ou à Davos comme on le ferait à la techno-parade de Berlin, c’est le sabotage du mouvement à cours terme. Pire, il semblerait que ces rendez-vous internationaux dominent les actions nationales, voire même permettrait à la bonne conscience «engagée » de jouer les martyrs sous les bombes lacrymos.
COMMENT LE «GOUVERNEMENT MONDIAL » RECUPERE LA CONTESTATION REFORMISTE POUR S’AUTO-LEGITIMER !
Personne ne s’étonnera de voir l’OMC, le FMI ou le WEF intégrer ONG et autres représentants de la société civile. Tandis que ces réformistes s’évertuent à condamner ce qui «est déjà majoritairement condamné » –pollution, famines dans le tiers-monde, mal-bouffe– le «gouvernement mondial » se refait une crédibilité social-démocrate à moindre frais. Ces ONG et autres syndicats dévoilent ainsi leurs limites en recourant à l’arbitrage de l’ «ennemi» pour réguler les inégalités. En luttant non plus contre le néolibéralisme mais contre ses plus scandaleux errements, ils ne font qu’exercer sur le «gouvernement mondial », une pression –insuffisante d’ailleurs– pour qu’il renonce à se faire plus totalitaire encore.
A ce titre, on peut voir comment les médias discréditent et criminalisent d’une manière générale les mouvements sociaux.
Limiter le pouvoir des multinationales ne peut se faire par l’intermédiaire de structures institutionnalisées et/ou cogestionnaires qui font la contestation cooptable.
Aux professionnels du doute, on conseillera de jeter un coup d’œil au programme officiel du Forum de Davos 2000 organisé par le WEF ; mondialisation responsable, prospérité inclusive plutôt qu’exclusive et développement durable. Le WEF lui-même prit l’initiative de créer un prix de $ 1 million destiné à un entrepreneur social, prévenant ainsi toute objection critique. Cette année-là, Amis de la Terre, Greenpeace et Oxfam acceptèrent l’invitation au Forum. A coup sûr de bonnes intentions motivent ces mobilisations-là, mais on ne saurait se référer à la vertu des uns pour forcer celle des autres. « Il est des conditions où le salut de l’homme impose des attitudes de chirurgiens. »
Tous les réformistes, y compris ceux qui rejettent les invitations officielles et la participation aux contre-forums spécialement organisés pour eux devraient méditer sur ce que dit Mike Moore, directeur de l’OMC, en conclusion d’un débat qu’il tenait avec Bové en novembre 1999 :
Bové : « On aura peut-être l’occasion de se voir à Seattle. Ce sera peut-être un grand bazar. »
Moore : « Il y aura peut-être une centaine de milliers de manifestants, certains pour protester contre l’OMC, d’autres pour souhaiter qu’elle fonctionne mieux. Je pense que vous faites partie de la seconde catégorie ! Je vois en vous un allié, nous sommes d’accord sur au moins 40% des sujets ! »
DROIT DANS LE MUR ?
L’engouement et l’investissement collectif, le succès de la coordination internationale des actions, prouvent la maturation du mouvement en cours. Cela ne signifie toutefois pas qu’on ait trouvé la panacée sociale. Nous n’en sommes qu’au début et si nous voulons rester cohérents, il est des points essentiels que nous nous devons d’aborder afin d’établir une stratégie porteuse. Entre autres, nous proposons ceux-ci tout en connaissant les divergences politiques et affinités de chacun. Il ne s’agit pas ici d’hurler d’une seule voix mais d’établir une plate-forme politique de base:
–l’analyse stratégique de la force et de la faiblesse du mouvement actuel,
–le rôle des médias, d’indymedia et notre relation avec eux,
–le rôle du «gouvernement mondial », de ses chiens de garde du politique et notre relation avec eux,
–le rôle des mouvements cooptables (Oxfam, Greenpeace, Attac, PTB, Confédération Paysanne en France…) et notre relation avec eux,
–la criminalisation généralisée des mouvements sociaux et la répression qui suit,
–violence ou non-violence,
–la durée éphémère des squats représente-t-elle une alternative viable au système ?
Pour maintenir la dynamique en cours, nous pensons qu’il faut passer par ces deux caps :
1. Organiser une mobilisation déterminée à combattre sur le terrain l’idéologie et les institutions néo-libérales, publiquement mais aussi là où on ne l’attend pas.
2. Créer les liens nécessaires à l’ouverture du mouvement afin de discuter, confronter et concrétiser d’autres modèles de société.
Si nous ne passons pas par là, à rebondir de sommets en sommets nous nous essoufflerons.