Mayeur voit des fascistes... by ? Wednesday November 29, 2000 at 05:26 PM |
Le soir du 29-11-00
De l'autel à l'hôtel, le périple des sans-papiers
Mardi, les sans-papiers du Béguinage ont erré dans Bruxelles à la recherche d'un toit. Ils l'ont trouvé à l'auberge de jeunesse « Chab ».
Les sans-papiers de l'église du Béguinage, incendiée samedi soir, ont finalement passé la nuit de lundi à mardi au commissariat de police. Devant leur volonté d'occuper de force l'hospice Pachéco, qui les avait accueillis en urgence pour deux nuits, Yvan Mayeur, le président du CPAS, a dû faire appel aux forces de l'ordre pour les évacuer.
Nous avons atteint le point de rupture, commentait ce dernier, mardi matin. Durant toute la journée de lundi, nous avons proposé différentes solutions de relogement aux sans-papiers, avec le Cire, puis avec la Stib. Toutes ont été refusées. Ces gens se font manifestement manipuler, notamment par des membres du PTB. Lundi soir, après avoir manifesté devant les grilles de Pachéco, ils n'ont pas hésité à s'en prendre à mon domicile privé. Ce sont des procédés dignes de méthodes fascistes
Yvan Mayeur digère d'autant plus mal la pilule que le CPAS de Bruxelles a toujours fait montre d'une tradition d'accueil. Dès les premiers jours d'occupation de l'église par les sans-papiers, le CPAS leur a fourni des repas, en les adaptant aux différentes coutumes religieuses. Et, dès le soir de l'incendie, nous leur avons offert un lit à Pachéco. Des membres du personnel ont interrompu leur week-end pour venir donner un coup de main.
RELÂCHÉS AU COMPTE-GOUTTES
Pour le président du CPAS, si la procédure de régularisation était plus rapide, on n'en serait pas là. Ce mardi, il a écrit au président de la Commission de régularisation pour tenter de faire accélérer les dossiers et au directeur-général de l'Office des étrangers pour tenter de résoudre le cas de ceux qui n'ont pu introduire une demande d'asile ni une demande de régularisation. Le rôle du CPAS s'arrête ici, conclut Yvan Mayeur.
La Ville de Bruxelles a fait tout ce qui était en son pouvoir, complète Marion Lemesre, la bourgmestre ff. Le dossier dépasse désormais notre compétence. Dans le groupe des sans-papiers et de leurs sympathisants, il y a manifestement des gens qui refusent d'être aidés, qui veulent tout bonnement déstabiliser le système.
Mardi, les sans-papiers avaient manifesté un moment leur intention de regagner l'église du Béguinage mais, vu les risques d'effondrement de la voûte, elle leur est désormais interdite. L'église est fermée, confirme Marion Lemesre. Par ailleurs, j'ai fait savoir aux autorités ecclésiastiques que nous ne tolérerions plus d'occupation d'autres églises bruxelloises. Mais elles ne prennent guère leurs responsabilités, arguant que le curé reste maître de son église. Des œuvres ont été vandalisées et volées dans l'église du Béguinage, nous ne voulons pas qu'un tel scénario se reproduise.
Mardi, les sans-papiers ont été relâchés au compte-gouttes par la police. Dans l'après-midi, ils se sont rendus au siège de la Ligue des droits de l'homme, afin de trouver une solution collective d'hébergement. Des contacts ont été pris avec le Samu social.
Nous avons été contactés par la Ligue, confirmait, mardi soir, Pascale Pereita, directrice du Samu social. Mais il faut savoir que depuis 16 h, nous sommes déjà à moitié complets. Nous accueillons déjà trois familles et une quinzaine de personnes en provenance d'une maison d'accueil de Forest, qui a été fermée par la police.
Devant cette situation, le Samu social a proposé d'accueillir pour la nuit les femmes et les enfants et d'orienter les hommes seuls vers Pierre d'Angle. Mercredi matin, nous aurions pu envisager des solutions individuelles et des réorientations pour chacun des sans-papiers. Une fois encore, ceux-ci ont refusé cette alternative, parce qu'ils ne veulent pas être séparés. Nous ne gérons pas un minibus mais des individus, s'insurge Pascale Pereita. Il faut qu'ils acceptent de jouer le jeu.
Les sans-papiers ont finalement atterri au siège de la Régionale bruxelloise d'Ecolo, rue Charles VI, à Saint-Josse. De multiples contacts ont été pris, notamment avec une mosquée de Saint-Gilles. Finalement c'est l'auberge de jeunesse, « Chab », rue Traversière, qui les abritera pour la nuit, aux frais d'Ecolo.
MARTINE DUPREZ
Le Soir du mercredi 29 novembre 2000
© Rossel et Cie SA, Le Soir en ligne, Bruxelles, 2000
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