Occupation de la FGTB: communiqué du comité artistique by C²13C – Comité Culturel pour les 13 de Clabec Monday November 27, 2000 at 06:35 PM |
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Nous étions ce mercredi 22 Novembre au Palais de Justice de Bruxelles et à l'occupation de la FGTB. Nous tenons à raconter ce qui pendant cette journée nous est arrivé et nous a animé.
9h00- Quatre cent personnes attendent devant le palais de justice, Nous, membres du C²13C, étions parmi de nombreux travailleurs syndiqués, tant néerlandophones que francophones, de la FGTB-CGSP-SETCA... des membres de différentes associations ( collectif sans nom (s)...) et les délégués étudiants poursuivis pour les manifestations de 1995, sous le coup de l'article 66§4, eux aussi. Curieux et Inquiets. Tous en attente de la décision de la Cour d'Appel de Bruxelles: Allait-elle reconnaître son incompétence dans cette affaire, comme à Nivelles, ou reconduire le procès en balayant les arguments de la défense?
9H30- Les inculpés et leurs avocats sortent de la salle d'audience. Abasourdis, nous apprenons que le procès continue, sur les même bases.
10H00- L'effervescence est grande. Sur les marches du palais, Roberto D' Orazio rappelle qu'à l'origine
du procès il y a aussi l' exclusion de tous les délégués des Forges de Clabecq de et par leur syndicat: la FGTB. Pour les membres de la FGTB comme pour les autres, il apparaît que ce syndicat n'a pas pris et ne prend pas ses responsabilités dans cette affaire, le débat est donc à réouvrir: comme le 17 décembre 1998, nous nous rendons au siège national, rue Haute pour demander la réintégration des délégués.
10H30- Nous entrons massivement et pacifiquement dans les locaux, il est question ici de demander une rencontre avec les responsables, dont, en premier lieu monsieur Nollet. Parmi nous, nombreux sont les affiliés à la FGTB, il ne s'agit donc pas pour nous d'un acte de violence mais d'une demande de dialogue légitime puisque nous sommes aussi la base.
Notre manière d'exiger: être là tout simplement dans les locaux, de manière joyeuse et sereine. Dans la cage d'escalier, des chants et des pancartes. Et plus tard, les discussions en assemblée.
En effet, puisque la réponse des dirigeants tarde à venir ( M. Nollet serait absent ), nous décidons d'attendre que le dialogue s'entame.
Nous montons alors au 6ème étage de la FGTB, et le débat s'ouvre. Faut-il rester? Combien de temps devrons nous rester que pour que la demande soit prise en compte? Devrons-nous occuper les lieux à long terme en cas de silence prolongé? Comment mener l' occupation? Qu'est-ce que cela implique? Chacun est appelé à se prononcer sur l' utilité d'un tel geste. Puisque nous sommes nombreux, d'horizons divers, il nous semble que le moment est sans doute venu de poser les questions qui font débat depuis longtemps. La discussion est longue et, à 12H00, la décision est prise d'occuper les lieux.
Les revendications s'énoncent clairement:
- Prise en charge des frais du procès par la FGTB.
- Réintégration des 6 délégués exclus.
Des groupes se forment: Il s'agit de communiquer au monde extérieur les raisons de cette occupation et de l'organiser concrètement. ( dans le groupe du comité culturel, on prépare un communiqué de presse, des mails aux signataires et imaginons comment rester activement en ces lieux )
14H00- Nous remarquons que le personnel a quitté les locaux, nous supposons une consigne de la direction.
16H00- Aucune réponse tangible ne nous est donnée malgré l'entrevue de monsieur Nollet et de deux autres responsables de la FGTB avec Roberto D' Orazio et Antonio Cocciolo ( représentant syndical de Caterpillar à Charleroi ) . Assistaient à cette rencontre 3 gradés de la police de Bruxelles.
A ce moment là, les délégués des différents syndicats présents s'organisent pour rencontrer leurs présidents nationaux et entamer une discussion.
17H45- La police de Bruxelles en "tenue de combat" entre dans la FGTB pour évacuer les lieux sans sommations. A la question d'Olindo Bolzan: " Pourquoi suis-je arrêté? ", un policier répond:
"Vous êtes au mauvais endroit, au mauvais moment, avec la mauvaise personne"
Nous sommes tous parqués, jeunes et vieux, assis par terre, emboîtés les uns dans les autres, menottés dans le dos et cela sans aucun ménagement. Nous sommes emmenés par fourgons entiers au commissariat de Bruxelles. Dans l'un de ces fourgons Lorent, Laurence et Antoine entendent à la radio un policier annoncer à monsieur Nollet que "la maison est vide".
Au commissariat, chacun vivra l'attente dans les garages, la prise d'identité, et les pellicules seront confisquées à tous ceux possédant un appareil photo, avant d'être relâchés, par groupes de cinq ou six, entre 19H00 et 20H00.
Nous voulons souligner ici et nous voulons aussi témoigner que nous membres présents ce mercredi 22 n'avons assisté ou participé à aucun acte de menace, de violence physique ou de dégradation de matériel, même les mégots étaient dans les cendriers.
Voilà comment s'est déroulée cette journée pour nous, arrivés tôt le matin sous les jupes de pierre de la justice, Voilà comment ce geste qui nous semble toujours juste nous a mené à rencontrer les méthodes d'humiliation dont dispose l'Etat, voila pourquoi nous avons ressenti à quel point le soutien à ceux de Clabecq dépasse amplement les limites de cette affaire, et nous voulions vous en faire part, à vous qui n'avez pu savourer avec nous la vue imprenable que l'on a sur Bruxelles du sixième étage et le surréalisme toujours vaillant dans notre belle Belgique.
Enfin nous continuons d'attendre une réponse des instances de la FGTB et sommes déterminés à nous mobiliser encore contre ce procès honteux.
1. Nous appelons les membres de la FGTB-CGSP-SETCA qui participent à notre comité culturel et aux autres qui liront ce courrier, à demander d’urgence à leur délégué et à leur permanent syndical la tenue d’une assemblée générale régionale, puis nationale, secteur culture, pour débattre et prendre position sur les faits énoncés plus haut. Si vous ne pouvez les joindre directement, merci de remplir le coupon-réponse ci-joint que nous leur feront parvenir.
2. Nous vous rappelons qu’il se tiendra au Théâtre Varia le 11 décembre 2000 à 19h30, une assemblée générale de notre comité sur la question fondamentale de la reprise du procès et des actions à mener pour donner toute la visibilité artistique à ce qui s’est passé et à ce qui se passera.