arch/ive/ief (2000 - 2005)

Des étudiants de l'Académie devant le tribunal.
by timothée Monday November 27, 2000 at 06:09 PM
thimothy@hotmail.com 0479 86 44 70

Procès ubuesques et kafkaïens, une habitude belge ou un vrai scandale ? Des anciens étudiants de l'Académie de Liège ainsi qu'un de leurs professeurs se sont retrouvé ce matin (27 novembre) devant un tribunal correctionnel, au palais de justice de Bruxelles.

Leurs crimes: avoir, le 25 novembre 1995 (!) manifesté à Bruxelles, pour réclamer le refinancement de l'enseignement et inscrit à la peinture latex des slogans sur le sol, sur les bâtiments du Parti Socialiste, et également avoir appliqué de la peinture sur les chevaux de frise (barrières de barbelés) de la gendarmerie. Un professeur de l'Aca est accusé d'avoir transporté des pots de peinture dans sa voiture, en sachant à quoi ils allaient servir et un étudiant de l'université de Liège (et aujourd'hui professeur) est accusé d'avoir incité les manifestants à faire usage de la peinture.

L'état Belge réclame 73.741 (!) francs pour des dommages sur les tenues et les gants des gendarmes et plus de 26.000 (!) francs pour les dégradations commises sur des véhicules. Par la suite, un avocat de la défense lira les témoignages des gendarmes qui expliquent avoir tâché leurs uniformes en démontant les chevaux de frises souillés, l'un d'eux explique même avoir abimé ses gants lui-même en tentant de les nettoyer au white spirit! Les gendarmes ont donc, de leur propre aveux, endommagé eux-même leur matériel. Mais c'est aux étudiants que l'ont réclame près de 100.000 francs.

Les avocats de la défense feront remarquer tour à tour que:
- l'affaire aurait du être traitée au tribunal civil, puisqu'il ne s'agit que de 100.000 francs, mais que le jugement coutera largement plus à l'état belge, qui monopolise untribunal, une dizaine d'avocats, des enquêteurs, un service d'ordre (des dizaines de policiers qui fouillaient à l'entrée de la salle d'audience).
- que les accusés ne pourront de toute manière pas payer la somme réclamée, puisqu'ils sont pour la plupart au chômage.
- que par le passé ils s'étaient déclaré près à payer les dommages mais que rien ne leur a été proposé
- que juger des faits si peu graves cinq ans plus tard ne constitue pas un délai raisonnable, prévu par le droit.
- que la peinture au latex est lavable à l'eau, qu'après les manifestations des balayeuses nettoyent le sol de toute manière.
- que l'on accuse sans preuve ces étudiants d'avoir jeté de la peinture directement sur les gendarmes

Et de donc de mettre en évidence que dès lors ce procès grotesque est une tentative d'intimidation, c'est la volonté de faire des exemples et des précédents.

Alors, procès ubuesques et kafkaïens, une habitude belge ou un exemple supplémentaire de la criminalisation des mouvements sociaux, à ajouter aux procès contre le Collectif Sans Ticket, contre les délégués des Forges de Clabecq, contre des militants anti-OMG, etc...

Prochaines audiences:
mardi 28 novembre, 9h, palais de justice
(prononcé du jugement) mardi 12 décembre