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A.T.T.A.C : Les illusions radicales du réformisme.
by A-Infos Wednesday November 22, 2000 at 05:50 AM

ATTAC - Association pour la Taxation des Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens. Créée en décembre 1997, milite pour la mise en place d'une taxe dite -Taxe TOBIN- -sur tous les mouvements de capitaux. Elle pourfend l'ultra libéralisme capitaliste.

A.T.T.A.C : Les illusions radicales du réformisme.

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Date Tue, 21 Nov 2000 12:13:15 -0500 (EST)

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A - I N F O S N E W S S E R V I C E
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[Extrait du Chat Noir, journal communiste libertaire
et d'écologie sociale publié à Reims par l'OCL.
ocl_relex@hotmail.com]

ATTAC - Association pour la Taxation des Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens. Créée en
décembre 1997, milite pour la mise en place d'une taxe dite -Taxe TOBIN- -sur tous les mouvements de
capitaux. Elle pourfend l'ultra libéralisme capitaliste.

TOBIN : Max Tobin, professeur à l'université de Yale (USA.) Prix Nobel d'économie en 1981, propose depuis
1978 de prélever sur chaque opération financière effectuée sur le marché des changes, une taxe modique
proportionnelle au montant de l'opération effectuée.

UNE NOUVELLE INTERNATIONALE ... REFORMISTE.

Certains l'érigent en nouvelle internationale ?

Au-delà de l'hexagone s'est constituée une vingtaine de comités: Brésil, Espagne, Portugal ... etc.

Déjà, le Canada et la Finlande ont voté le principe d'une telle taxe. Proposée au parlement européen à la
mi-janvier 2000 , votée par la gauche et quelques parlementaires de droite (4 voix du Parti Populaire
Européen), elle n'en a pas moins été rejetée à peu de voix près.

Notons le refus de A.Laguiller (Lutte Ouvrière ) qui a voté contre : "le capitalisme ne se réforme pas il se
détruit", et l'abstention d'A. Krivine alors que la L.C.R. est investie dans ATTAC !!.

En France, ATTAC revendique un millier de personnalités morales et plus de 27 000 adhérents dans
145 groupes locaux. Elle se dit représentée à l'assemblée nationale (120 membres), au sénat (50
membres), ainsi qu'au parlement européen (40 membres).

L'association traverse le champ politico-économique au delà des clivages Droite/Gauche traditionnels.
On y retrouve pêle-mêle Centristes, Socialistes, Verts, Communistes ainsi que des organisations de la
mouvance trotskiste (LCR, Carré Rouge ... ), des structures syndicales: CFDT, CGT, SUD et le groupe des
10-Solidaire, des associatifs : AC (agir contre le chômage) etc.

Elle a ses média: Le Monde Diplomatique qui a été son creuset mais aussi Libération, le Canard enchaîné etc.
A son université d'été de La Ciotat en août 2000 elle annonçait 700 participants. ATTAC se veut "un
mouvement d'éducation populaire tourné vers l'action", d'où ses thèmes : -Pourquoi la taxe Tobin, -Mieux
comprendre le marché du travail, -Economie et énergie ... etc.

La taxe Tobin, à déjà fait l'objet de nombreux débats au sein de la gauche plurielle. Le 23 octobre 1999, un
amendement inspiré de l'idée Tobin, prévoyant d'instaurer une taxe de 0,5% sur les opérations
portant sur les devises, avait été rejetée par l'assemblé

Drôles d'adhérents ou partisans

Le vice-président de la banque mondiale J Stiglitz.

"Nouvelles solidarités" parti de L Larouche, ex trotskiste qui a viré à l'extrême droite puis s'est
rapproché du Vatican.

Ou encore un certain Wannepain transfuge du PCN. (extrême droite) passé au Chevenementisme ( MDC jeunes
) avec des responsabilités avant d'en être exclu ; est aujourd'hui adhérent d'ATTAC.

LES VOIES REFORMISTES DE LA PETITE GAUCHE.

En 1998, le volume des transactions sur le marché des changes s'est élevé en moyenne à 1 587 milliards de
dollars par jours ouvrables.

Les échanges de marchandises et de services, s'élevaient à 6 000 milliards de dollars; soit à peine
4 jours de ces transactions, les investissements à l'étranger seulement 15 jours.

Le reste représente donc les capitaux déplacés uniquement pour la spéculation monétaire dont le
volume ne cesse d'augmenter (source: la BRI, banque des règlements internationaux).

Au stade de développement actuel du capitalisme, la masse des capitaux se détourne de ses fonctions
d'investissements préférant des profits immédiats et plus avantageux. Ces mouvements de capitaux flottants,
fragilisent le système monétaire international et désavantagent par une hausse du taux de rémunération
les capitaux destinés à l'investissement. Cette réalité spéculative, ainsi que les dernières crises en
Asie, Russie, Brésil, etc. inquiètent de plus en plus nos gestionnaires et managers d'état, voire de la
finance et de l'économie mondiale.

Pour l'année 2000, la B.R.1. a publié ses chiffres, pointant les dangers d'une financiarisation excessive
de l'économie mondiale. Les banques des pays industrialisés ont effectué pour le compte de leurs
clients investisseurs ou boursicoteurs : 42 000 milliards de francs soit 80 fois plus que ce que
représente dans des pays concernés la production de biens et de services.

Face à cette dérive ultra libérale, une frange de la bourgeoisie tente de freiner cet emballement
spéculatif et de le réguler. Septembre 1999, Jospin exprimait cette crainte. Il déclarait "L'état doit se
doter de nouveaux instruments de régulation adaptés à la réalité du capitalisme". Le gouvernement français
pense davantage à des réformes d'institutions internationales (F.M.I., etc.). Cette orientation est
partagée par d'autres : ainsi en Italie, l'organisation non gouvernementale MANITESE (milieux
chrétiens démocrates) appuyée par une partie de la CGIL (la plus importante centrale syndicale).
L'instauration de nouvelles règles de sécurité agirait à titre préventif contre certaines opérations
spéculatives sur les marchés des changes internationaux. Ces nouveaux garde-fous préserveraient
les monnaies -et les états- contre des attaques déstabilisatrices pour des économies nationales.
Notons que nos dirigeants et managers qui redoutent tant les méfaits de ce capitalisme de casino, ont
durant ces vingt dernières années, accompagné cet état de fait spéculatif. Par l'abolition du contrôle des
changes, la création de zones franches, la tolérance et la création de paradis fiscaux, ils ont favorisé
l'expansion des thèses libérales voire ultra libérales.

Le principe de la taxe Tobin a été voté et accepté par le Canada en mars 1999. Paul Martin, ministre canadien
des finances, a transféré en septembre la " Canadian Steam Ship " aux Bermudes (paradis fiscal) afin
d'échapper à l'impôt et d'embaucher des marins à bas prix (Alternatives Economiques Nov.99).

Pour d'autres dont les représentants d'ATTAC, un de ces garde-fous est de reprendre la proposition Tobin
énoncée voici déjà vingt ans. L'application de cette proposition "permettrait de réduire la dimension du
marché, de diminuer la volatilité des transactions et de pénaliser les opérations les plus étroitement
spéculatives". "La taxe Tobin jouerait un rôle utile en réduisant les profits que peuvent espérer les
opérations spéculatives journalières et hebdomadaires, sans pénaliser les opérations financières de longs
termes qui sont les contreparties des opérations liées au commerce international et à l'investissement
productif à l'étranger... ". (P.51 54:Tobin or not Tobin- F.Chesnais, Ed. L'esprit frappeur.).

La dynamique d'ATTAC n'est pas de dénoncer " l'ordre mondial capitaliste " subi par des milliards
d'individus, mais d'éviter que la tendance ultra libérale de la bourgeoisie, impliquée avec les
transnationales, ne déstabilise trop le système en place.

UNE PETITE BOURGEOISIE RADICALEMENT … REFORMISTE.

L'association ATTAC propulsée à la suite d'articles de journalistes économiques du Monde Diplomatique a
rapidement trouvé un écho favorable dans nombres de média qui accompagnent sa démarche. La campagne
initiée par des économistes keynésiens en attente d'une revanche sur les ultra libéraux à rapidement vu
se rallier à elle les débris du gauchisme et les déçus de la gauche au pouvoir, en attente d'un recyclage
politiquement correct.

Ainsi cette petite gauche frileuse extra parlementaire a pu lui offrir un LOOK RADICAL.

Ce n'est pas anodin si cette campagne s'orchestre dans un contexte de vide politique et syndical. A un moment
où les salariés, affaiblis par un manque de repères de classe et las d'être cantonnés dans l'idéologie
consensuelle, reprennent le chemin des luttes sociales.

ATTAC, AU SERVICE DE LA GAUCHE PLURIELLE

Hier, nos managers et intellectuels de service ne parlaient pas de société de classe. Nous étions sensés
vivre dans une société duale. Aujourd'hui il n'y aurait plus d'exploiteurs ni d'exploités. ATTAC ne
veut voir que des citoyens réveillés et en action.
Semant la confusion, les membres de l'association dénoncent l'ultra libéralisme spéculatif (capitalisme
parasitaire et oisif ) cause de tous nos maux sociaux et prônent un capitalisme de production,
d'investissement actif. Cela n'est pas sans rappeler les incantations passées d'un P.C.F. qui durant des
années n'a cessé de dénoncer les 100 familles en voulant faire payer les riches : exutoire aux problèmes des salariés français.

La démarche d'ATTAC peut rassurer la gauche plurielle au pouvoir. Il s'agit de mobilisation d'une opinion
citoyenne que l'on doit réveiller et faire réfléchir pour contrecarrer les méfaits des excès du libéralisme. ---" "Que les citoyens reconquièrent du pouvoir que la sphère financière exerce sur tous les aspects de la vie" (art. 1 des statuts). "Notre action vise tous les aspects de la vie de chacun d'entre nous, et sur la manière de les contrecarrer".( B. Cassen président d'ATTAC ). De mettre un grain de sable dans les rouages de la spéculation" (id.). Ainsi nos gouvernants peuvent être rassurés ; ils peuvent continuer à prendre des mesures antisociales contre les salariés, les chômeurs et autres précaires ou exclus ; ils peuvent rajouter des CSG, des RDS sur les
fiches de paye des salariés ... là n'est pas la réalité d'ATTAC.

A aucun moment, l'association n'emploie d'ailleurs le mot CAPITALISME. Elle lui préfère les termes de
-dictature de marchés, de -libéralisme économique, de -spéculation ou sphères financières ... etc. Elle
gomme les conflits de classe, les contradictions capital /travail. Doit-on s'en étonner puisque sous sa
houlette citoyenne, elle engage et met sur un même pied d'égalité de soit disant intérêts communs : Les
peuples, les états, les institutions démocratiques ... etc.

ATTAC, entretient l'idée que les états auraient en charge "l'intérêt général" mais que, de plus en plus
dépossédés de leurs pouvoirs de décisions par ce libéralisme débridé dans le cadre de la
mondialisation; ils seraient acculés à une course éperdue en faveurs de gros investisseurs, etc.

Etats et gouvernements n'ont jamais été neutres. De tout temps ces gestionnaires ont accompagné les
intérêts du capital. L'état s'est toujours révélé être un instrument d'assujettissement et d'oppression pour
les peuples. Aujourd'hui, c'est avec l'aval de ces états, de ces gouvernements, que les transnationales
façonnent le devenir de toutes les activités humaines et ressources naturelles de la planète. Et les états
jouent à merveille leur rôle de chien de garde du capital contre toute explosion sociale.

ATTAC tisse au profit de la gauche extra parlementaire la toile électorale des prochaines échéances
françaises qui verront nombre de ses animateurs concourir sur des thèmes et étiquettes politiques
aussi divers que variés, mais sans se départir de la sociale démocratie...

La perte des repères politiques de classe permet à ATTAC de semer des illusions réformistes parmi tous
ceux et celles qui s'interrogent et cherchent des débouchés collectifs pouvant remettre en cause le
système capitaliste dans sa globalité. Elle renforce la bourgeoisie qui est menacée de perte de pouvoirs
par les libéraux à l'offensive et tente de lui redonner une assise populaire qui lui fait de plus en
plus défaut... Il est donc logique que la petite bourgeoisie, cantonnée dans la fonction publique
aujourd'hui menacée par les restructurations et la casse du service publie, lui fournisse le gros de ses
adhérents ATTAC une association au service de la bourgeoisie et de la gauche plurielle...

Le 15 09 2000


Lettre ouverte à M. Ramonet

Habituellement, je n'écris jamais à un journaliste. À 50 ans passés, j'ai appris depuis longtemps que la
condition du journaliste était avant tout celle d'un salarié (fut il de luxe) consentant et obéissant aux
ordres d'un patron de presse tirant ses profits pour moitié des subsides accordés par les politiciens (nos
maîtres) et pour l'autre du marché par l'intermédiaire de la publicité. Un journaliste n'est qu'un
illusionniste appointé, chargé de transformer la vie en faits divers, l'indignation en résignation, et la
vérité en silence. Non, je n'écris jamais à un journaliste, ni à un juge, ni à un flic. Mais il m'est de plus en plus pénible de supporter le spectacle d'ATTAC (cette gauche virtuelle), et les litanies pleureuses quotidiennes de votre disciple Daniel Mermet-on-n'y-peut-rien sur France Inter et surtout les multiples interventions de vos collègues du Monde diplomatique et d'ATTAC dans tout ce que les villes de province comptent comme soirées bourgeoises et polies, où l'on débat en de prétentieux monologues sur l'avenir du peuple ou de l'humanité, cette fange
miséreuse incapable de démocratie (le chômage, le Nord-Sud, le racisme, les OGM, les banlieues...). Nous
pourrions vous ignorer, vous laisser faire salon, lectures et causeries, entre vous, entre gens biens, parvenus et assis. Mais le succès médiatique aidant, le "concept" du citoyen (cet extrémiste du consensus qui n'a d'opinion ferme et précise sur rien d'essentiel et n'en tire par conséquent aucune conclusion sur quoi que ce soit qui puisse l'engager) se révélant porteur politiquement et financièrement (à propos, comment va le Diplo ?), voilà que vous venez vendre votre boniment dans la rue. Il n'y a plus de manifestation sans que l'on voit pointer un tract
d'ATTAC ou une banderole glorifiant le citoyen, plus un problème social sans que l'on voit un de vos disciples ânonner vos propos sur un écran de télévision entre un écrivain d'un jour et un économiste "propre". On vous présente comme la belle gôche, la pure, la responsable, l'honnête, celle qui parle de l'Afrique et des banlieues, qui dénonce la misère, qui fustige la corruption politique et financière... La nouvelle gôche ! Quelle tristesse,
quel mensonge, quelle duperie, monsieur Ramonet !
Ah certes, vous avez du talent pour compter les cadavres, peser les fortunes, mesurer les profits, énumérer les dictateurs, estimer les morts, les mourants et les mortels. Vous et vos disciples êtes les champions de l'économie de la souffrance et de la misère. Vos livres de compte sont à jour. C'est votre première fonction. Enumérer le chaos, la douleur, l'injustice, le vol et le pillage. Faire peur ! Il faut que le message passe : Le monde est un vaste
chaos cruel et sanguinaire, et l'Europe de l'Ouest est un maigre havre de paix, vert et fragile, parfois blessé mais préservé jusqu'à ce jour des pires avanies venues de ces démons éternels qui hantent la nature humaine.
Votre seconde fonction, c'est d'éviter le désordre, de contenir la révolte, de calmer les troupes. Pire encore, de policer la contestation. À grands cris de Citoyens, aux urnes citoyens, vous défendez tout ce qui participe au pillage de ce monde et à son aliénation.
Les élections d'abord. À chaque fois, c'est le même refrain. Face au détournement de la démocratie et des
biens publics par les clans de politiciens, vous en appelez aux urnes et au contrôle citoyen. Vous rêvez
même d'un contrôle citoyen de l'OMC, les volés négociant avec leurs voleurs pour que le vol soit
moins cruel. Quelle foutaise ! De la démocratie plein la bouche, vous n'avez de cesse que de vanter les
mérites des élections, de l'élu et de la représentativité. Comme tout bourgeois installé, vous avez peur de la colère de ceux qui triment, de ceux qui en bavent, de ceux qui paient de leur vie leur combat pour un monde de classe.

La marchandise ensuite, pierre angulaire du système capitaliste. Avec votre taxe Tobin, Monsieur Ramonet,
vous me faites penser à ces dames de charité qui, le dimanche après la messe, vont jeter du mauvais pain à
leurs bons pauvres. La semaine, ces maudits pauvres travaillent dans l'usine de leur banquier de mari. La
taxe Tobin, c'est ça et pire encore. Car, aussi infime que soit le taux de taxation des profits boursiers,
leur coût finira toujours par être répercuté sur le citoyen consommateur... pardon... sur le citoyen marchandise. Vous parlez de la mondialisation avec résignation, du profit avec résignation, de l'exploitation avec résignation. Mais dites-moi, Monsieur Ramonet, le soleil a t il besoin de tant de fric pour briller ?

C'est pour tout cela que je vous écris. Pour vous dire haut et fort que vous êtes, vous et vos disciples, les
plus précieux alliés du capitalisme. Dénoncer l'exploitation, c'est bien. Expliquer que c'est inexorable, c'est défendre le capitalisme. Appeler aux urnes, c'est participer activement au maintien de ce système, c'est en assurer la sécurité, la pérennité.
Vous n'êtes pas un progressiste, ni un contestataire, pas même un réformiste, vous êtes un serviteur du
capitalisme, un illusionniste... un journaliste.
Vive la Sociale, Monsieur Ramonet, vous pourrez toujours compter nos morts !

Étienne D. - CNT/AIT


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Bêtise et dogmatisme
by Juan Domingo Wednesday November 22, 2000 at 10:47 AM
tsanchez@be.packardbell.org Bruxelles

Désolé qu'il y ait encore des gens qui possèdent des formules miracle: le socialisme, l'anarchie. Des formules toutes faites. S'opposer au capitalisme aujourd'hui demande une large expérience de masse qui nous vaccinera contre les vérités révélées par les maîtres à penser anarchistes ou staliniens, fauteurs de défaites et de cauchemars. Il faut avoir l' esprit libre et moins crier à la liberté tout en en condamnant la forme politique: la démocratie, la citoyenneté. Si nous combattons aujourd'hui le néolibéralisme c'est parce que nous avons pu créer un large consensus autour de ce thème de mobilisation à partir de l'expérience de groupes très divers coalisés dans Attac ou dans le vaste mouvement mondial au sein duquel Attac est intégré. L'opposition au capitalisme, pour beaucoup de gens dans ce monde, signifie encore qu'on leur propose une formule toute faite pour remplacer ce système en faisant l'économie du débat et de la décision démocratique qui sont à notre sens indispensables. L'expérience historique de certains anticapitalismes totalitaires (stalinisme, nazisme, maoïsme) exige de nous une rigueur et une intransigeance démocratique sans failles.
Le but du prolétaire n'est pas de le rester, mais de devenir citoyen. C'est donc au nom de la citoyenneté et de la démocratie et non en celui d'une avant-garde éclairée que nous agissons. Vous risquez donc de nous rencontrer dans toutes les occasions où des gens luttent pour la liberté et pour leur dignité citoyenne et contre la dictature de l'économique (capitaliste ou autre) que ce soit au Chiapas, à Seattle, à Prague ou à Porto Alegre. Je ne crois pas particulièrement à la gauche et moins encore à l'anticapitalisme professionnel, mais j'essaie de proposer des formules pour s'en sortir sans la moindre intention de sauver le système capitaliste. Nuance importante: le choix du système économique doit être laissé aux citoyens. Ceci n'est pas aujourd'hui le cas, ce ne l'était pas non plus dans les pays socialistes. Toute la lutte d'Attac consiste à développer dans la réflexion collective et dans l'action cette citoyenneté active indispensable à tout dépasement du capitalisme qui se respecte. Le capitalisme ne se dépasse vraiment que dans la démocratie, dans l'hégémonie du politique et l'exercice par les majorités sociales de leur pouvoir constituant.

Juan Domingo Sánchez
ATTAC-Bruxelles

hum...
by roberto Wednesday November 22, 2000 at 09:01 PM

Ce qui est tragi-comique dans ton commentaire c'est que tu dis répondre à un dogmatique cad un discours figé, mécaniste et lisse, par un autre dogmatisme.
Bref le stalinisme, l'élitisme et la langue de bois font des ravages et particulièrement dans les groupes
d'aménagement du capitalisme de type attac (mais aussi jusqu'aux milieux anars).

roberto

ATTAC et le dogmatisme
by Juan Domingo Thursday November 23, 2000 at 10:03 AM
tsanchez@be.packardbell.org BXL

Le dogmatisme énonce les réponses sans se poser des questions et ce parce qu'il possède une clef universelle d'interprétation. Je ne vois pas comment le mouvement anti-globalisation dans lequel Attac s'inscrit pourrait être taxé de dogmatisme. Il ne s'agit a priori ni de réformer le capitalisme ni de l'abolir, mais d'instaurer une démocratie vraiment participative capable de faire valoir les intérêts des majorités sociales. La bataille pour la Taxe Tobin ne serait qu'un premier moment de la lutte pour une démocratie participative; elle suppose de vastes campagnes d'information (et de formation) et une large mobilisation. Je ne crois pas personnellement que le capitalisme soit le meilleur environnement pour la démocratie. Je tiens même capitalisme et démocratie pour foncièrement contradictoires, surtout dans la période où nous vivons. Mais il ne suffit pas de proposer un autre modèle: il faut permettre aux majorités sociales de l'inventer. Il faut qu'elles se reconnaissent comme pouvoir constituant.

Je ne crois pas qu'il vaille la peine de se battre pour un régime non démocratique: que ce soit la gouvernance néolibérale prônée par les institutions financières internationales et l'OMC -ainsi que la Commission européenne- ou le régime stalinien qui a encore ses nostalgiques. Après tant de défaites, il faut changer de terrain: c'est quelque chose qu'on a bien compris au Chiapas, à Porto Alegre ou à Seattle, mais qui est plus difficilement assimilé par une gauche européenne moulée par ses bureaucraties social-démocrates (ou néo-libérales de gauche) et staliniennes et ses sectes anarchisantes.
Si une défense intransigeante de la démocratie contre le néolibéralisme et certains projets socialistes également anti-démocratiques c'est du dogmatisme...je m'avoue très dogmatique. Mais c'est un bien étrange dogmatisme que celui qui ne consiste qu'à toujours pouvoir se remettre en question.

Amitiés

Juan Domingo