arch/ive/ief (2000 - 2005)

Criminalisation des mouvements sociaux dans l'Etat espagnol
by Ataulfo Riera Monday November 20, 2000 at 07:26 PM
cap_nemo1@caramail.com

Sous prétexte de lutte anti-ETA, le gouvernement du Parti Populaire de josé Maria Aznar, les forces de l'ordre et les grands médias, multiplient les amalgames entre le terrorisme et les mouvements sociaux radicaux ou nationalistes

En ce 20 novembre, L'Etat espagnol célèbre la mort du général Franco (20 novembre 1975).

C'est l'occasion rêvée, médias et gouvernement en tête, pour encenser la monarchie et son rôle soi-disant exemplaire dans la Transition entre le régime proto-fasciste de Franco et la "démocratie". En occultant soigneusement le passé douteux du roi Juan Carlos, élevé et nourri par le régime franquiste.

En occultant le fait qu'il n'y eu aucune "épuration" de l'appareil d'Etat franquiste, ni procès du régime.

En occultant le fait que le seul régime historiquement légitime de l'Etat espagnol est celui de la République, écrasée par un soulèvement militaire en 1936.

Pour le gouvernement d'Aznar, dont son parti - le Parti Populaire (PP) - est directement issu du franquisme (son fondateur est Manuel Fraga, ex-ministre sous la dictature), l'occasion est également propice pour se parer hypocritement de toutes les vertus "démocratiques".

La reprise, depuis quelques mois, des attentats aveugles, criminels et irresponsables de l'organisation séparatiste basque ETA (Euzkadi Ta Askatasuna, Pays-Basque et Liberté) lui fourni de plus le cadre idéal.

On en arrive ainsi au paradoxe d'un parti au pouvoir aux origines douteuses taxer l'ETA de "fascisme". Et de se poser en victime de cette organisation et en défendeur des libertés "chèrements acquises il y a 25 ans"! - le pouvoir masque évidemment le fait que le PP a fait tout ce qu'il fallait faire pour pousser l'ETA à rompre la trève unilatérale qu'elle avait décrété il y a un peu plus d'un an.

Pourtant, dans la pratique, le PP a du mal a se débarasser de mesures dignes des temps du Caudillo. Ainsi, profitant du climat d'une opinion publique - à juste titre - révoltée contre les crimes de l'ETA, le PP multiplie les atteintes aux droits et libertés démocratiques et d'expression.

Soutenu par les grands médias, le gouvernement prône sans vergogne une idéologie nationaliste espagnoliste et tente d'isoler et de discréditer tous les nationalismes (catalans, galiciens, asturiens et... basque évidemment) en ramenant le tout à une équation douteuse qui peut se résumer par "être pour la démocratie, c'est être pour l'Etat Espagnol tel qu'il est et donc pour le PP".

A Madrid, ces derniers jours, l'offensive du pouvoir s'est déplacée vers les nombreux mouvements sociaux et radicaux que compte la ville (mouvements libertaires, autonomes, d'Okupa, d'extrême gauche, écolos radicaux, etc.).

Tout a commencé par une campagne de presse mené par le vieux journal de la bourgeoisie "libérale", "La Razon". Dans un article, publié le 7 novembre dernier, ce journal affirmait qu'il y avait des liens étroits entre les mouvements "Okupa" (de squatters, de centres sociaux) et anarchistes de Madrid avec les jeunes de l'organisation de jeunesse "Jarrai" (de Euskal Herritarok, formation de la gauche radicale nationaliste basque) - accusée de fomenter les "kale Borroka", sorte guérilla urbaine des jeunes nationalistes radicaux basques.

Deux jours plus tard, la police mettait sous les verrous deux jeunes activistes des mouvements sociaux de la capitale (Eduardo Garcia Macias et Estefania Maurette) sous accusation d'avoir envoyé des colis piégés et d'être en relation avec l'ETA. On a appliqué à ces deux personnes la Loi antiterrosiste, véritable loi scélérate et liberticide. Les deux jeunes n'ont pu ainsi communiquer avec l'extérieur, ni même prévenir un avocat.

Mais, faute de preuves, Estefania Maurette a été relâchée deux jours plus tard. De même que Macias, mais sous caution. Rebelote le 16 novembre. La Razon publie un nouvel article à sensation. Eduardo Garcia Macias est alors de nouveau arrêté sur décision d'un juge estimant qu'il pouvait profiter de sa liberté pour s'enfuir à l'étranger!

La seule preuve de cette nouvelle arrestation est l'appartenance confirmée (et assumée par Macias) aux mouvements radicaux de la capitale. Ce qui semble suffir au pouvoir pour en faire un dangereux terroriste. Avec les articles de presse précités, on voit où veux en venir le pouvoir: criminaliser les contestataires en les amalgamant avec le terrorisme haï et les isoler ainsi dans la société pour mieux les réprimer.

Cela c'est confirmé quelques jours plus tard avec la manifestation antifasciste du dimanche 19 novembre à Madrid. Appelée par une vingtaine de collectifs de la capitale, la manifestation - prévue de longue date et quasi traditionnelle car elle a lieu pour "commémorer" comme il se doit la mort du tyran Franco - a fait l'ojet d'une répression brutale de la part de la police.

Il y eu d'abord l'incident de l'itinéraire. Le délégué du gouvernement pour Madrid avat refusé à la manif le droit de se clôturer à la Puerta Del Sol. Les arguments qui accompagnent ce refus sont édifiants et révélent bien la véritable nature de ce régime: "considérant que le thème de la manifestation est "contre le fascisme, le racisme et la xénophobie", elle représente une provocation et une intimidation caractérisée à l'égard du 20-N organisé par la Fraternité des ex-combattants franquistes; en plus d'une incitation à la discrimination et à la haine, ce qui constitue une violence morale."

Oui, vous avez bien lu. Dans un régime qui se dit démocratique, 25 ans après la chute de la dictarue, on refuse un itinéraire à une manif antifasciste sous prétexte qu'elle constitue une menace intolérable pour une manif fasciste!

Le jour de la manif, comme il fallait s'y attendre, les forces de l'ordre étaient en nombre. Elles ont dès le départ créé un climat de tension extrême en encadrant physiquement les manifestants (au nombre de 4.000), en les insultant. Les flics étaient équipés à la robocops pointaient en permanence leurs fusils anti-émeute en direction des manifestants.

Arrivé sur une place, les organisateurs ont stoppé la manif pour permettre la tenue d'un meeting. La police a alors chargé sans raison et avec une brutalité inouïe. Plusieurs personnes ont été sérieusement blessés par des balles en caoutchouc.

La réaction de la presse a été quasi nulle face à ces faits répressifs. Que du contraire. Le lendemain, les titres des grands médias indiquaient leur parfaite soumission au pouvoir en accusant les manifestants "de faire de la Kale Borroka" en plein Madrid. et en dénonçant de pseudo-agitateurs basques parmi eux.

C'est clair, une campagne de criminalisation extrême contre les mouvements sociaux espagnols est en cours. Premiers visés: les mouvements autonomes, anarchistes, Okupa, radicaux... Et ensuite?

Ataulfo Riera

A las baricadas
by Fred Tuesday November 21, 2000 at 09:46 AM
fredolev@hotmail.com

NO Pasaran!