Marseille: l'autre sommet Euromed by Correspondant - Rouge, hebdo de la LCR Friday November 10, 2000 at 05:14 PM |
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Le chemin des luttes contre la mondialisation capitaliste passe à nouveau cette année par la cité phocéenne, à l'occasion du contre-sommet euroméditerranéen.
Seattle, Millau, Nice, Porto Alegre... et Marseille
"L'autre sommet" Euromed
Le chemin des luttes contre la mondialisation capitaliste passe à nouveau cette année par la cité phocéenne, à l'occasion du contre-sommet euroméditerranéen.
A Marseille, le collectif "Le monde n'est pas une marchandise", qui avait mis sur pied au printemps dernier, avec la librairie Païdos, le meeting avec José Bové et François Dufour, organise, en liaison avec une vingtaine d'organisations du Sud et du Nord de la Méditerranée, un "contre-sommet méditerranéen", alternatif au sommet officiel qui se réunira les 16 et 17 novembre prochains à Marseille. Cette initiative, qui se conclura par une manifestation unitaire en présence de délégués du Sud, s'inscrit pleinement à son échelle dans la dynamique actuelle des résistances internationales à l'ordre marchand.
Rappels
En 1995, la déclaration de Barcelone, signée entre l'Union européenne et 13 Etats du Sud de la Méditerranée, inaugurait un "partenariat euro-méditerranéen", censé instaurer à terme une zone de libre-échange dans la région, au prétexte notamment d'assurer "la paix et la stabilité" en Méditerranée. Plusieurs conférences internationales ont eu lieu depuis Barcelone autour des trois axes définis par la déclaration initiale: sécurité commune, politiques des échanges et développement. Mais entre temps, la révolte palestinienne est venue rappeler dramatiquement et avec force qu'il n'y aura pas de "paix" et de "stabilité" dans la région qui puissent être acquises sur le dos des peuples, de leurs droits et de leurs besoins vitaux.
Ce conflit bien concret est l'un des nombreux éléments qui apportent aujourd'hui un démenti cinglant à tous ceux qui peuvent encore entretenir quelque illusion sur la nature, les enjeux et les possibilités inscrites dans le processus de Barcelone. Il apparaît aujourd'hui nettement que l'Europe cherche avant tout à s'assurer dans la région de son influence et de ses intérêts politiques et économiques face aux Etats-Unis.
Sur le plan économique, c'est la politique d'ajustements structurels qui forme le coeur du processus de Barcelone, qui sous cet angle ne diffère pas beaucoup des politiques conduites sous l'égide du FMI et de la Banque mondiale. D'ailleurs, les inégalités de développement sont telles entre les deux rives de la Méditerranée que, derrière la vitrine clinquante du "libre-échange", apparaît nettement, pour ceux et celles qui veulent la voir, la réalité plus crue de l'échange inégal. D'autant que les clauses mêmes des accords commerciaux en discussion excluent le plus souvent les secteurs où les pays du Sud sont susceptibles d'exercer une certaine concurrence. Il en va ainsi par exemple des productions agricoles. En définitive, c'est au maintien, voire au renforcement, de l'inégalité des termes de l'échange entre Nord et Sud de la Méditerranée que le processus doit aboutir.
Le "libre-échange" dont il est question se limite bien entendu exclusivement aux biens, aux capitaux et aux services, et exclut les femmes et les hommes. Enfin, loin d'apporter avec lui la démocratie, fût-elle bourgeoise, il s'organise d'ores et déjà sur le dos des revendications démocratiques, en Tunisie, au Maroc, en Algérie, en Turquie...
Convergences
Or, avec des différences d'intensité, la globalisation capitaliste s'applique partout et entraîne les mêmes conséquences: dégradation - voire destruction - des services publics, privatisations, déréglementation du travail, atteintes graves à l'environnement, etc. Ce qui est vrai à l'échelle planétaire l'est aussi à l'échelle régionale. Et de même qu'à Seattle, des convergences Sud-Nord importantes et significatives ont pu se manifester, c'est sur la base d'un constat et d'un bilan communs qu'une vingtaine d'organisations du Nord et du Sud de la Méditerranée - dont les réseaux d'Attac, des syndicats démocratiques, des associations de solidarité et d'entraide, la coordination des sans-papiers, etc. - se sont regroupées sur un appel pour un autre partenariat euro-méditerranéen. C'est dans ce cadre que s'inscrit l'initiative marseillaise organisée les 9 et 11 novembre par le collectif "Le monde n'est pas une marchandise".
C'est sur la conviction qu'une alternative au partenariat actuel est nécessaire que sont organisées les rencontres de Marseille le 9 novembre, et la manifestation nationale qui les suivra le 11. Elles permettront de réaliser la convergence de ceux qui luttent au Nord et au Sud de la Méditerranée contre la mondialisation capitaliste.
Correspondant