COMMUNIQUÉ: Le G20 lave plus blanc (et cogne plus fort) by Graine d'ananar(chiste) Friday October 27, 2000 at 02:00 AM |
COMMUNIQUÉ DE PRESSE. Ce communiqué de la coalition "comité d'accueil du G20" fait suite à la répression de l'état contre les centaines de manifestants assemblés devant le Sheraton de Montréal afin de dénoncer les criminels en cols blancs et leurs chiens de garde. A noter que 2 médias ("Le Devoir" et 1 station radio de Radio Canada) ont fait un peu moins pire que les autres dans la couverture médiatique. Solid@rité, Révolution, @utogestion.
Comuniqué du comité d'accueil du G-20
Comité d'accueil du G-20
Montréal, 24 octobre 2000
Pour diffusion immédiate
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Répression et brutalité policières contre la manifestation anti-G-20
Le but: empêcher la mobilisation contre la mondialisation des riches
Le Comité d'accueil du G-20, le regroupement d'individus qui a convoqué la manifestation d'opposition au G-20 hier, lundi le 23 octobre, veut dénoncer publiquement les multiples actes de brutalité policière qui ont été perpétrés contre des dizaines de manifestants et de manifestantes. Il apparaît clairement que cette augmentation de la répression politique vise à écraser par la violence les mouvements d'opposition à la mondialisation des riches symbolisée par le G-20. Le but est d'empêcher la mobilisation contre le Sommet des Amériques d'avril 2001 à Québec où sera discutée la Zone de libre-exploitation des Amériques. Mais la violence des inégalités sociales et de la répression politique ne peuvent que contribuer à provoquer une plus grande mobilisation et radicalisation des mouvements sociaux au Québec et ailleurs dans les pays du Nord comme c'est le cas dans les pays du Sud (Argentine, Inde, Bolivie, Equateur, Zambie, etc.).
C'est une émeute policière que nous avons vécu hier et non une émeute des manifestants malgré ce qu'affirment de nombreux médias qui reprennent sans discernement le point de vue de la police. En plus de les matraquer et souvent sur la tête ou au visage, de leur donner des coups de pied sur le corps et de les pourchasser à cheval, les policiers anti-émeute ont utilisé du poivre de cayenne ainsi que des gaz lacrymogènes contre les manifestants. Alors que ces derniers voulaient se disperser, les policiers les en ont empêché en leur lançant d'abord des gaz lacrymogènes puis en les pourchassant à cheval dans les rues de Montréal afin de les encercler avec l'escouade anti-émeute. Une quarantaine de personnes ont été arrêtées et dans plusieurs cas, elles ne faisaient qu'aider des personnes blessées par les policiers. Deux membres du Comité d'accueil du G-20 ciblés et arrêtés par des policiers en civil risquent de se voir imposer demain des conditions et une caution très élevées en échange de leur libération et des manifestants de la Colombie-Britannique doivent payer une caution de 500$.
Nous avons aussi recueilli le témoignage de nombreuses personnes victimes de brutalité policière et d'autres nous parviennent au fil des heures. Voici un résumé de ce que nous savons à date :
- des personnes qui n'avaient rien à voir avec la manifestation, des passants, se sont fait bousculer, pourchasser à cheval et même matraquer dans certains cas ;
- des manifestants et des manifestantes qui se sauvaient et étaient hors de la manif, dans les rues et dans les terrains de stationnement se sont fait matraquer très durement et arrêter par les policiers;
- des personnes n'offrant aucune résistance se faisaient enfoncer la matraque dans le cou et tordre le bras par les policiers;
- un manifestant a été acculé à un mur et battu extrêmement violemment par 5 policiers dont deux à cheval;
- des personnes acculées au mur par la police montée ou étendues par terre dans la rue se sont fait matraquer dans le dos et sur les flancs et donner des coups de pied;
- une équipe de secouristes du Comité d'accueil du G-20 s'est fait matraquer pendant qu'elle tentait de soulager les brûlures d'un manifestant aspergé de poivre de cayenne;
- un manifestant ayant reçu un coup de matraque dans le front avait une blessure de plusieurs pouces de long et, ne pouvant plus se déplacer, s'est fait arrêter;
- une quinzaine de personnes qui venaient en aide à un manifestant matraqué se sont fait encercler et arrêter;
- une femme qui aidait quelqu'un aspergé de poivre de cayenne s'est fait donner des coups de pied dans le dos et de matraque de la part des policiers pendant qu'ils l'immobilisaient par terre, puis ils l'ont traîné par terre au point de la blesser aux genoux;
- une femme assise par terre a reçu de nombreux de coups de matraque à la tête et avait le visage ensanglanté. Elle a été amenée par d'autres manifestants pour recevoir des soins d'urgence;
- une manifestante tombée par terre a été piétinée volontairement par le policier à cheval puis elle a tenté de fuir et deux polices montées l'ont chargée en lui proférant des menaces;
- des journalistes se sont fait asperger de poivre de cayenne, ils étaient visés directement dans certains cas;
- un manifestant qui a voulu intervenir alors que cinq policiers tenaient une personne par terre s'est fait pointer vers lui une arme de type fusil à lance qui pourrait contenir du gaz lacrymogène, des balles de caoutchouc ou un autre projectile;
- des manifestants qui tendaient des fleurs aux policiers ont reçu des coups de matraque sur les mains;
- un manifestant pourchassé par les policiers qui a échappé sa pancarte se l'est fait lancé par ceux-ci;
- en prison, les femmes se sont fait fouiller par des hommes policiers;
- en prison, une femme à qui un policier a touché au sein lui a dit qu'il n'avait pas le droit et s'est fait répondre par le policier qu'il avait plein droit de faire cela. Elle a fondu en larmes;
- lors des interrogatoires, les policiers ont usé d'intimidation en prétendant que les personnes arrêtées sont des organisateurs, qu'ils les connaissent;
- après la manifestation, un manifestant a été suivi par des autos de police dans la rue;
- des policiers en civil ayant l'allure de journalistes et de photographes de presse ont procédé à des arrestations.
La manifestation pour dénoncer le G-20, valet des exploiteurs capitalistes transnationaux, n'est pas un acte isolé. Cette manifestation s'inscrit dans le cadre des luttes sociales contre la misère organisée qui connaissent un regain au Québec depuis cinq ans, dans les secteurs plus marginalisés de la société. Il y a un lien évident entre ces luttes et les coupures massives effectuées dans le domaine des services publics de santé et d'éducation, dans l'aide sociale, dans la dans l'assurance-chômage, dans la fonction publique, au nom de la lutte au déficit et de la sacro-sainte compétitivité internationale. Pendant ce temps, les grandes entreprises privées et les investisseurs québécois et étrangers profitent plus que jamais des faveurs de l'État par l'entremise de subventions, de crédits d'impôts, d'abris fiscaux, d'élimination de normes de protection sociale et environnementale.
Ce n'est pas un hasard si la criminalisation des mouvements sociaux et des pauvres s'accentue dans ce contexte. La brutalité policière et la répression politique perpétrées hier ne constituent pas non plus un acte isolé. Depuis cinq ans, plus de 1500 arrestations à caractère politique sont survenues au Québec. Le mouvement international contre la mondialisation capitaliste se voit aussi criminalisé comme ce fut le cas fin septembre durant les manifs contre le FMI et la Banque mondiale à Prague où des brutalités policières incroyables ont été perpétrées contre les manifestants (certains sont toujours en prison).
Le Comité d'accueil du G-20 exige donc :
- la libération de tous les manifestants et manifestantes emprisonnés le 23 octobre et l'annulation de toutes les accusations contre eux et elles;
- l'annulation de la réunion du G-20 parce qu'il y a une collusion évidente entre cette organisation au service des exploiteurs transnationaux et la violence policière contre les manifestants et les manifestantes qui ont usé de leur légitime droit de manifester et d'exprimer leur opinion.
Le Comité d'accueil du G-20 invite toutes les organisations progressistes du Québec et d'ailleurs à appuyer ces demandes et à dénoncer les brutalités policières et la répression politique perpétrées le 23 octobre 2000 ainsi que le non-respect du droit de manifester et de la liberté d'expression. Il n'est pas dans l'intérêt des organisations progressistes qui luttent vraiment pour la justice sociale de se taire devant la brutalité policière et la répression politique car celles-ci s'amplifient et sont dirigées vers de plus en plus de secteurs de la société.
Comité d'accueil du G-20