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Ce que Milosevic a vraiment dit!
by Eliazar MARIO-VINCENT Monday October 23, 2000 at 03:30 PM
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Que croire de ce qu'on dit sur Milosevic? Peut-être pouvons-nous (pour une fois) lire ce que Milosevic a vraiment dit! Voici le discours du Président Slobodam Milosevic prononcé à la nation Yougoslave le 2 octobre 2000 (après le premier tour des élections) sur les ondes de la radio-télévision serbe.

Le Président Slobodam Milosevic s'adresse à a nation le 2 octobre- discours entier

BELGRADE, 2 octobre 2000 - (Tanjug) - Le président Slobodan Milosevic s'est adressé lundi à la nation, sur les ondes de la radio-télévision serbe.

"Chers concitoyens, dans l'attente du second tour des élections je profite de l'occasion pour vous exposer mon opinion sur la situation politique et électorale dans notre pays, et spécialement en Serbie.
Comme vous le savez, des efforts ont été accomplis depuis dix ans pour placer la péninsule des Balkans toute entière sous le contrôle de quelques puissances occidentales.
Une grande partie de ce travail a été faite en installant des gouvernements fantoches dans quelques pays, pour les transformer en pays à souveraineté limitée, voire tout à fait dépourvus de souveraineté. À cause de la résistance opposée par notre pays à un tel sort, nous avons été soumis à toutes les formes de pression auxquelles un peuple peut
être soumis dans le monde contemporain. La quantité et l'intensité de ces pressions n'a cessé d'augmenter au cours du temps. Toute l'expérience accumulée par les grandes puissances pendant la seconde moitié du XXème siècle dans l'art de renverser les gouvernements, de fomenter des désordres, de susciter des guerres civiles, de discréditer
ou de liquider ceux qui se battent pour la liberté nationale, d'amener les nations et les états au bord de la misère - tout cela a été appliqué à notre pays et à notre peuple. Tout ce qui a été organisé autour de ces élections fait aussi partie de la persécution organisée de notre pays et de notre peuple, parce que notre pays et notre peuple constituent un rempart contre l'établissement d'une domination totale dans la péninsule balkanique. Un roupement est présent depuis longtemps au milieu de nous, lequel (et sous le prétexte d'orienter les partis politiques d'opposition) représente les intérêts
des gouvernements qui ont été les protagonistes des ressions contre la Yougoslavie, et spécialement contre la Serbie. Ce groupement s'est présenté à ces élections sous le nom d'Opposition Démocratique de Serbie (D.O.S.). Sa véritable tête n'est pas son candidat à la présidence.
Depuis des années, sa tête est le président du Parti Démocratique - collaborateur de l'alliance militaire qui a déclenché la guerre contre notre pays. Il n'a même pas pu cacher sa collaboration avec cette alliance. En fait, tout notre peuple est au courant de son appel à l'OTAN pour qu'elle bombarde la Serbie pendant autant de semaines qu'il
serait nécessaire pour briser sa résistance. Le groupement ainsi organisé en vue de ces élections représente les armées et les gouvernements qui ont récemment mené la guerre contre la Yougoslavie.
Représentant de leurs intérêts, ce groupement a lancé dans le public des messages aux termes desquels la Yougoslavie serait hors de tout danger de guerre ou de violence avec eux à sa tête - la prospérité économique reviendrait, le niveau de vie s'améliorerait visiblement et rapidement,
la Yougoslavie serait réintégrée dans les institutions internationales, et ainsi de suite.
Chers concitoyens, c'est mon devoir de vous avertir publiquement et en temps utile que ces promesses sont fausses et que la situation est tout à fait différente. C'est précisément notre politique qui garantit la paix - et la leur, des conflits incessants et de la violence; et je vais vous dire pourquoi.

Avec l'établissement d'une administration soutenue ou installée par la communauté des pays réunis dans l'OTAN, la Yougoslavie deviendrait inévitablement un pays dont le territoire serait rapidement démembré. Ce ne sont pas seulement les intentions de l'OTAN. Ce sont les promesses
pré-électorales de l'Opposition Démocratique de Serbie. Nous l'avons entendu de la bouche de ses propres représentants: Sandzak obtiendrait l'autonomie qu'un membre de la coalition, leader d'une organisation séparatiste usulmane, Suleïman Ugljanin réclame depuis dix ans - et qui signifierait en fait la séparation définitive de Sandzak de la Serbie. Leurs promesses comprennent l'accession de la Vojvodine à une autonomie qui non seulement la séparerait de la Serbie et de la Yougoslavie, mais en ferait en fait une partie intégrale de la Hongrie voisine.
De la même manière, d'autres régions seraient séparées de la Serbie - et aussi quelques zones frontalières. Leur annexion par les États voisins a constitué depuis longtemps un objectif impérieux pour ces pays, qui continuent à inciter leurs minorités en Yougoslavie à contribuer à l'intégration de ces parties de notre pays dans les États
voisins. Dans le cadre de cette politique de démembrement de la Yougoslavie, le Kosovo serait la première victime. Son statut actuel serait déclaré légal et définitif. Ce serait la première partie de son territoire à laquelle la Serbie aurait à dire adieu, sans pouvoir même espérer que
cette partie de sa terre puisse jamais lui être rendue.
Le surplus du territoire qui porterait le nom de Serbie serait occupé par les forces militaires internationales, étasuniennes ou autres, qui traiteraient ce territoire comme leur terrain d'exercice militaire et comme leur propriété, à contrôler selon les intérêts de la puissance
dont l'armée serait sur place. Nous avons observé des cas de contrôle similaires (et leurs conséquences) depuis des décades et plus spécialement en ces dernières dix années dans de nombreux pays à travers le monde et alheureusement, depuis peu, même en Europe - par exemple, dans notre environnement immédiat, au Kosovo, en République Serbe et en Macédoine. Le peuple de Serbie connaîtrait le sort des Kurdes, avec la perspective d'être exterminé bien plus rapidement que les Kurdes parce qu'il est moins nombreux et que ses mouvements seraient limités à une zone bien plus exiguë que celle dans laquelle les Kurdes se maintiennent
depuis des décades. Quant au Monténégro, son sort serait abandonné entre les mains de la Mafia, dont les règles seraient vite connues des citoyens: toute infraction à la discipline et spécialement toute opposition aux intérêts
mafieux est punissable de mort, sans aucun droit d'appel.

Je vous ai représenté le sort qui serait celui de la Yougoslavie (en cas d'acceptation des options de l'OTAN pour notre pays) dans le but de vous avertir qu'en plus de la perte de nos terres et de l'humiliation de notre peuple, nous aurions tous à vivre dans un état continu de violence. Les nouveaux propriétaires d'anciens territoires de l'État de Yougoslavie et les occupants du restant du territoire serbe terroriseraient, comme c'est dans la nature des choses, la population du territoire qu'ils auraient à occuper. Dans le même temps, le peuple serbe lui-même se battrait continuellement pour le rétablissement d'un
État serbe dans lequel il puisse se rassembler. Ces gens ne veulent pas la paix et la prospérité dans les Balkans. Ils veulent que ce soit une zone de conflits permanents et de guerres qui servent d'alibi pour faire durer leur présence. Un gouvernement fantoche est une garantie de violences, peut-être même de plusieurs années de guerre - de tout, sauf de paix. Seule notre propre administration peut garantir la paix.

Par ailleurs, tous les pays qui se trouvent dans un statut de souveraineté limitée, et de gouvernement sous l'influence de pays étrangers, ont été rapidement appauvris - de manière à faire perdre tout espoir de relations plus justes ou plus humaines. Une grande division
entre une majorité de pauvres et une minorité de riches - tel est le tableau de l'Europe de l'Est que nous pouvons tous constater depuis quelques années. Ce tableau serait aussi le nôtre. Nous aussi, sous les ordres et le contrôle des maîtres de notre pays, aurions rapidement une immense majorité de très pauvres, dont l'espoir de sortir de leur
pauvreté serait très, très incertain et éloigné. La minorité des riches serait composée par l'élite du marché noir, qui serait autorisée à s'enrichir à condition d'être pleinement loyale au pouvoir qui décide du sort de son pays. La propriété sociale et publique serait rapidement
transformée en propriété privée, mais avec cette règle - comme le démontre l'expérience de nos voisins - que ses possesseurs soient essentiellement des étrangers. Parmi les rares exceptions ne figureront que ceux qui auront acheté leur droit à la propriété par leur obéissance et leur soumission - ce qui mènerait à l'élimination de la plus
élémentaire dignité nationale et humaine. Dans ce genre de circonstances, les principaux avoirs de la nation deviennent la propriété de l'étranger, ceux qui les administraient d'ordinaire continuent à le faire dans la nouvelle situation, mais comme employés de sociétés étrangères dans leur propre pays.

L'humiliation nationale, la fragmentation de l'État et la pauvreté sociale conduiraient nécessairement à toutes sortes de formes de pathologie sociale - dont le crime serait la première. Cela n'est pas une supposition : c'est l'expérience de tous les pays qui ont pris le chemin que nous essayons d'éviter à tout prix. Les centres du crime ne
sont plus en Europe de l'Ouest, ils se sont déplacés vers l'Europe de l'Est depuis une dizaine d'années. Notre peuple a déjà du mal à supporter l'incidence criminelle actuelle, car nous avons vécu longtemps (de la Seconde Guerre mondiale aux années '90) dans une société qui ne
connaissait pour ainsi dire pas le crime. La criminalité à grande échelle, qui ne pourrait pas être évitée dans le type de société qui serait le nôtre en cas de perte de notre souveraineté et d'une grande partie de notre territoire, serait aussi dangereuse pour notre petit
peuple (qui n'est pas habitué à la criminalité) que la guerre peut l'être pour la société et les citoyens.

L'une des tâches essentielles d'un gouvernement fantoche, dans n'importe quel pays y compris le nôtre si nous devions avoir un tel gouvernement, est la perte de l'identité nationale. Les pays sous commandement étranger se séparent très vite de leur histoire, de leur passé, de leurs
traditions, de leur manière de vivre, et souvent même de leur langue littéraire. Cela serait invisible au début, mais une sélection très efficace et sans pitié de l'identité nationale la réduirait à quelques
plats locaux, quelques chansons et danses folkloriques, et le nom de quelques héros nationaux utilisés comme marques de cosmétiques ou de produits alimentaires. Au XXème siècle, l'une des plus évidentes conséquences de la prise en main de territoires nationaux par les grandes puissances est l'annihilation de l'identité du peuple de ces pays. L'expérience des autres nations montre que les gens peuvent
difficilement supporter la vitesse à laquelle ils doivent commencer à se servir d'une langue étrangère comme étant la leur, à s'identifier avec des figures historiques étrangères en oubliant les leurs, à être plus familiers avec la littérature de leurs occupants qu'avec la leur, à
glorifier l'histoire des autres en se moquant de la leur, à ressembler aux autres et non à eux-mêmes. La perte de l'identité nationale est la plus grande défaite qu'une nation puisse connaître, et elle est inévitable dans la forme moderne de la colonisation. De plus, cette
nouvelle forme de colonisation met hors normes, de par sa nature même, toute possibilité de libre parole ou de libre vouloir, et plus spécialement encore toute forme de créativité. Lorsqu'un pays n'est pas libre, il refuse aux peuples qui vivent en son sein le droit d'exprimer
librement leurs opinions, car ces opinions risquent de se trouver en conflit avec l'absence de liberté.
C'est pour cela que la torture de la pensée est la forme la plus essentielle et efficace de torture dans un pays qui a perdu sa liberté.
Quant à exercer son libre arbitre, c'est naturellement hors de question.
La liberté de volonté n'est permise que par dérision. Elle n'est accordée qu'aux laquais des maîtres étrangers, parce que leur soi-disant " volonté libre" sert aux occupants à se justifier d'avoir établi la démocratie au nom de laquelle ils avaient pris possession du pays d'un
autre peuple. Je voudrais le souligner particulièrement à l'intention des jeunes, intellectuels ou savants : il est de règle que les pays privés de souveraineté nationale soient privés du droit au travail créatif, et spécialement du travail créatif dans le domaine scientifique. Ce sont les centres importants et les grandes puissances
qui financent le travail scientifique, contrôlent ses résultats et décident de leur mise en application.
Dans les États dépendants, les laboratoires de recherche et les instituts scientifiques ne sont pas indépendants mais opèrent en qualité de branches contrôlées par un centre. Leurs réalisations doivent rester dans des limites qui ne risquent pas d'introduire dans les pays occupés et les peuples occupés une semence de rébellion ou d'émancipation.
Au moment où je vous parle, parce que l'Opposition Démocratique de Serbie n'est pas assurée d'atteindre les résultats qui lui sont nécessaires, les leaders de la DOS sont en train d'acheter (avec de l'argent introduit dans le pays), de faire chanter et de harceler les citoyens, d'organiser des grèves, de l'insécurité et des violences dans le but d'arrêter la production, tout travail et toute activité. Tout ceci a pour but, bien sûr, d'arrêter la vie en Serbie et d'expliquer que cette vie reprendra avec succès et bien-être quand elle sera organisée par ceux qui représentent chez nous les intentions, les plans et les
intérêts des occupants. Notre pays est un État souverain. Il a ses lois, sa Constitution, ses institutions. La Serbie a le devoir et le droit de se défendre elle-même de l'invasion qui a été préparée contre elle au moyen de diverses formes de subversion.
Et les citoyens doivent savoir qu'en participant à une subversion dont l'objectif est la domination étrangère sur leur pays ou l'occupation de leur pays, ils portent la responsabilité historique de priver leur pays
du droit à l'existence - et aussi la responsabilité de perdre le contrôle de leur propre vie. En abandonnant leur pays à d'autres, à des étrangers, ils vont aussi remettre entre les mains de l'étranger leur propre vie et la vie de leurs enfants et de beaucoup d'autres personnes.

J'ai considéré comme étant mon devoir d'avertir les citoyens de notre patrie des conséquences de ces activités, financées et soutenues par les gouvernements des pays de l'OTAN. Les citoyens peuvent me croire, mais ils n'y sont pas obligés. Mon vœu est seulement qu'ils ne réalisent pas
tout cela quand il sera trop tard, qu'ils ne le réalisent pas quand il sera devenu difficile de redresser les fautes commises naïvement, par erreur ou indifférence - car ces fautes vont être difficiles à rectifier et certaines ne seront jamais réparées.
Mon but, en exprimant mon opinion de cette manière, n'est pas du tout de nature personnelle. J'ai été élu deux fois Président de Serbie et une fois Président de Yougoslavie. Il devrait être clair pour tous, après ces dix ans, qu'ils n'attaquent pas la Serbie à cause de Milosevic, mais Milosevic à cause de la Serbie. Ma conscience est bsolument nette à ce sujet. Mais cependant ma conscience ne serait pas nette du tout si je n'avais pas dit à mon peuple, après toutes ces années passées à sa tête, ce que je pense de son sort si ce sort lui est imposé par quelqu'un d'autre, même si cela signifie expliquer aux gens qu'ils ont choisi ce
sort eux-mêmes. L'erreur de jugement qui consiste à choisir ce qui a été choisi par quelqu'un d'autre est la plus dangereuse de toutes les erreurs de jugement - et c'est la raison essentielle de ma décision de m'adresser publiquement aux citoyens de Yougoslavie. Je vous remercie.
Président Slobodan MILOSEVIC

[Traduit par Eliazar MARIO-VINCENT]


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