arch/ive/ief (2000 - 2005)

"Quant aux accusations de la Cour à mon encontre - avoir lutté pour la sécession du Kosovo et l'annexion par l'Albanie, je répète: mon pays est là où mes amis se trouvent et où mes poèmes sont lus. Mes poèmes sont lus en Suisse, en Inde, au Brésil, en Pologne, dans les pays de l'ex-Yougoslavie et à travers le monde entier. Dans chacun de ces pays, je me sens chez moi."
Flora Brovina (lors de son procès, en 1999)

L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme (1), nous informe de la situation que vit l'une des courageuses militantes des droits de l'Homme en Serbie, Flora Brovina.

Flora Brovina, défenseuse des droits de l'Homme kosovar, Présidente de la League of Albanian Women, médecin et poète, a été arrêtée à Pristina le 20 avril 1999 et accusée d'" activités terroristes à l'encontre de l'État ". Elle a ensuite été condamnée le 9 décembre 1999, à 12 ans d'emprisonnement pour " association en vue d'activités hostiles liées au terrorisme, menées pendant l'état de guerre ".

Selon l'acte d'accusation, Flora Brovina se serait jointe au mouvement de guérilla séparatiste, l'Armée de Libération du Kosovo (UCK). Cette allégation se basait sur une photographie où elle figurait aux côtés d'un membre de l'UCK et sur une déclaration qu'elle avait signée peu après son arrestation, indiquant que l'UCK était liée à son organisation et que des femmes membres de celle-ci avaient confectionné des uniformes pour les soldats.

Flora Brovina a nié ces faits, indiquant qu'elle a signé cette déclaration après des heures d'interrogatoire par les policiers. Lors de sa déposition, Flora Brovina a également indiqué que la clinique dans laquelle elle avait travaillé était enregistrée légalement et que ses activités ont consisté à venir en aide aux femmes et enfants réfugiés, qui avaient fui Pristina. Elle avait ajouté qu'elle n'était pas membre du " gouvernement du Kosovo " mais membre du " Conseil sur la situation urgente au Kosovo ", en tant que conseillère médicale.

Flora Brovina aurait été victime d'une attaque cardiaque pendant sa détention et son mari a notamment indiqué qu'il lui était difficile d'obtenir des médicaments pour ses problèmes cardiaques.

L'Observatoire précise que Flora Brovina figure parmi les défenseurs des droits de l'Homme au sujet desquels la Sous-commission des droits de l'Homme des Nations unies a prié la Haute commissaire des droits de l'Homme de mener des enquêtes (2).

Le 7 juin 2000, la Cour Suprême de Serbie a annulé la décision judiciaire condamnant Flora Brovina à 12 ans d'emprisonnement, et renvoyé l'affaire devant la Cour de District de Nis. La Cour Suprême a, par ailleurs, recommandé qu'elle soit libérée sous caution. Le 21 janvier 2000, l'avocat de Mme Brovina, Rajko Danilovic, a fait appel de la condamnation à 12 ans d'emprisonnement de sa cliente. L'audience en appel a été fixée au 16 mai 2000 et visait à demander à la Cour Suprême d'acquitter Flora Brovina ou que l'affaire soit rejugée et ordonner sa libération sous caution. Le pourvoi se fondait sur des irrégularités de procédures, notamment des violations du Code serbe de Procédure Civile.

La section de Bruxelles de la Ligue des Droits de l'Homme se joint à l'Observatoire et exige des autorités serbes que Flora Brovina soit libérée sous caution et que la procédure de révision du procès soit mise en route sur le champ.

(1) L'Observatoire, programme de la FIDH et de l'OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l'Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. L'Observatoire est lauréat 1998 du prix des Droits de l'Homme de la République Française. Pour contacter l'Observatoire, appeler La Ligne d'Urgence : Fax : 33 (0)1 40 39 22 42 Tel FIDH 33 (0) 1 48 05 82 46 OMCT + 41 22 733 31 40 E-Mail : observatoire@iprolink.ch

(2) Cf. Résolution sur " les violations des droits des défenseurs des droits de l'Homme " adoptée par la Sous-commission des droits de l'Homme des Nations unies - 25e session, 20 août 1999. Le prix Tucholsky du PEN Suédois, décerné annuellement à un écrivain persécuté, menacé, ou en exil, a été octroyé a Flora Brovina en 1999.