arch/ive/ief (2000 - 2005)

La crise asiatique est-elle derrière ou devant nous ?
by Attac Diffusion : Le Grain de sable Tuesday September 12, 2000 at 05:11 PM
journal@attac.org

On entend souvent dire que la crise financière, qui a ruiné les économies asiatiques en 1997, est aujourd'hui derrière nous. (FMI, Banque asiatique de Développement...) Quelles sont donc ces "améliorations" miraculeuses qui se sont produites au cours des derniers mois ?

Tout d'abord, loin de s'éloigner, la perspective d'une nouvelle crise financière dans la région fait à nouveau parler d'elle. Au 24 Juillet dernier, jour de la 33e Conférence annuelle de l'Asean (Association
des Nations du Sud-Est Asiatique), on constatait une baisse du baht thaïlandais depuis 9 mois, du peso philippin depuis 20 mois et de la roupie indonésienne depuis 21 mois. Le Pdt de la BDA (Banque de Développement Asiatique, filiale de la Banque Mondiale) a été obligé de le reconnaître dans un discours récent :

"En dépit d'un rétablissement remarquable opéré après la crise financière asiatique, l'Asie continue d'être affectée par "des taux inacceptables de privation, d'analphabétisme, de malnutrition enfantine, de disparité sexo-économique et de "dégradation de l' environnement. Même de nos jours, près de 30 % de sa population n'a pas accès à l'au potable, "environ 70 % aux services de santé. Presque
50 % d'asiatiques demeurent illettrés. 900 millions d'habitants de la "région vivent encore en situation de pauvreté. La crise asiatique a démontré comment ceux qui ont pu récemment "échapper à cette pauvreté peuvent y retomber rapidement" (Remarques sur le rétablissement
économique Août 2000)

Aucun effort sérieux n'a été fait pour mettre en application les accords permettant aux pays de la région (avec la participation du Japon, de la Corée et de la Chine) de faire appel à une réserve de change pour faire face à une attaque spéculative contre une de leurs monnaies., accord cependant pris pendant la réunion annuelle de la Banque asiatique de Développement en mai dernier. C'était pourtant le moment d'en démontrer son efficacité.

.Autre point négatif : l'Afta (Zone de Libre-échange asiatique) sombre également. Le libre-échange aurait du devenir effectif à compter de 2002 pour les 6 membres fondateurs. Or, avant même le déclenchement de la crise financière, leurs gouvernements avaient prévu l'exemption de
produits agricoles "sensibles". Mais le coup le plus dur pour l'Afta a été l'opposition déterminée de la Malaisie de libéraliser son industrie automobile. En conséquence de quoi, les autres Etats ont réclamé l'extension de la date d'application, que certains ont prévu de reporter à 2010.

Ce désir de repousser la date d'entrée en application du libre-échange prend évidemment sa source dans la crise de 97 qui a fragilisé les économies nationales et qui a pour but de continuer à les protéger.
Mais ce n'est probablement pas la seule et unique raison. L' établissement de l'Afta avait été décidé pour répondre à la concurrence de l'APEC (Coopération Economique Asie-Pacifique) qui devait couvrir la zone allant de San Francisco à Auckland. La pression de ce groupement, comme concurrent sérieux de l'Afta, a aujourd'hui disparu.

Ses différents gouvernements ont des visions différentes sur l'accord de libre-échange régional. Certains (Philippines et Singapour) considèrent la réduction tarifaire comme un pas vers l'intégration de la région dans un système de globalisation du libre-échange. D'autres
(l'Indonésie et d'une certaine manière, la Malaisie) considèrent le commerce préférentiel régional comme un moyen de créer un vaste marché protégé ayant pour but de stimuler l'industrialisation régionale en se substituant aux importations hors-zone.

Comme on le voit, la globalisation chère à notre Quad, (USA,EU, Canada, Japon) risque encore d'attendre pas mal de temps !

Le texte de Walden Bello, DG de Focus, a servi à la réalisation de cet article.
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