arch/ive/ief (2000 - 2005)

Prague 2000 (BM et FMI)
by David POISSONNEAU Wednesday August 23, 2000 at 11:36 AM

En partenariat avec l'antenne bruxelloise de ATTAC, de jeunes militants se sont réunis autour d'un projet ambitieux et immédiat : contacter toutes les associations citoyennes concernées en Belgique afin d'organiser un voyage collectif de Bruxelles à Prague en vue de participer aux événements qui s'y dérouleront du 19 au 28 septembre 2000, parallèlement à la réunion annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.

D’importantes manifestations auront lieu durant toute la durée de la Réunion. Des rencontres entre les militants venus du monde entier sont également programmées. Les manifestations et activités seront non-violentes et ouvertes à tous.

LE PROJET EN QUATRE ELEMENTS

Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale sont des institutions financières dont le rôle consiste à équilibrer la finance internationale et à organiser l’aide aux pays pauvres. D’ influences néolibérale, elles contribuent activement au processus de mondialisation économique. Leur travail est aujourd’hui vigoureusement remit en question, autant par des mouvements citoyens que par des spécialistes.
 Un grand nombre d’organisations non-gouvernementales et d’ associations de citoyens se sont réunies afin d’organiser, à l’instar des événements de Seattle, Washington et, récemment, Millau, un rendez-vous mondial des opposants à la mondialisation néolibérale.
 A Bruxelles, en partenariat avec diverses associations (voir page 5) un programme d’unification des mouvements opposés à la mondialisation à été mit en place. Il comprend la sollicitation des associations, l’ organisation du voyage et la publication d’un site Internet destiné à diffuser l’information et à faciliter l’accessibilité au voyage.
 Le 28 août, une réunion publique se tiendra au Cinéma NOVA à Bruxelles. Le projet y sera exposé et débattu en présence de personnalités.

Vous trouverez ci-après un exposé détaillé des bases et enjeux des manifestations de Prague ainsi qu’un plan de faisabilité du projet. Suite à ceux-ci, la liste des structures et personnes à contacter. En annexe, des extraits d’un rapport officiel adressé aux gouvernements et aux responsables du FMI.
1.PRAGUE 2000
La 55ème réunion annuelle du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale se tiendra à Prague du 19 au 28 septembre 2000. Cet événement prestigieux regroupera plus de 20.000 investisseurs, économistes, managers et journalistes du monde entier et à pour objectif la confirmation de la mondialisation du commerce international et de l’aide aux pays pauvres selon les principes économiques du libre-échange. La mondialisation financière est définie par les institutions internationales qui assurent sa pérennité - le FMI et la Banque mondiale mais aussi l’Organisation pour la coopération et le développement (OCDE) et surtout l’Organisation mondiale du commerce (OMC) - comme un extraordinaire moteur de croissance économique. Cette globalisation contribuerait donc à la réduction des inégalités dans le monde, créant des emplois dans les pays industrialisés et permettant aux pays en voie de développement d’ améliorer leur condition en s’ouvrant au commerce international.
Depuis l’aube du néolibéralisme, un certain nombre d’économistes et d’ intellectuels s’ingénient à récuser les précédentes affirmations et à démontrer que cette mondialisation implique des effets pervers à plus d’un titre dont les plus évidents sont précisément la croissance des inégalités ainsi que de lourds problèmes environnementaux. De nombreuses organisations non-gouvernementales (ONG) se sont aujourd’ hui ralliées à la position définissant la mondialisation néolibérale comme la source même des maux de la planète. Des associations de citoyens aux revendications similaires sont également apparues en grand nombre et leurs listes de militants et sympathisants ne cessent de s’accroître. En novembre 1999, le sommet organisé à Seattle (Etats-Unis) par l’OMC fut littéralement mis en échec par des manifestations organisées par les organismes susvisés. Le congrès du FMI à Washington, en mai 2000, fut également troublé par de larges mouvements d’opposition. Enfin, le procès de José Bové et des autres membres de la Confédération paysanne (association française militante contre la surtaxe des produits régionaux à l’étranger), s’étant déroulé à Millau (Cantal) en juin dernier, rassembla plus de 70 000 personnes venues soutenir ceux qui représentent déjà un emblème de la lutte des particuliers contre des puissances financières se croyant intangibles.
Ainsi, le prochain rendez-vous mondial des opposants à la mondialisation néolibérale trouve naturellement sa place à Prague. Les principales revendications des manifestations auront attrait à l’ annulation de la dette des pays en voie de développement, au respect de l’environnement, à l’arrêt des programmes d’ajustement structurel du FMI et, globalement, à l’opposition à la mondialisation néolibérale. La richesse de cette opposition commune se défini par l’ unification de mouvements aux racines diverses, se retrouvant au sein d’un combat collectif et brassant ainsi des influences culturelles et politiques variées. Durant tout le congrès, de multiples activités se dérouleront parallèlement à celui-ci. Manifestations bien sur, mais aussi des conférences, forums, débats et spectacles qui feront de cet événement une rencontre internationale créative et enrichissante pour tous ceux qui souhaitent s’opposer au totalitarisme économique. Naturellement, les points de vue diffèrent quant aux propositions exposées en vue d’améliorer la situation du monde. Mais c’est sur le terrain de la lutte que naissent les alternatives concrètes et réalisables, développées collectivement et démocratiquement.
2.PROGRAMME DES EVENEMENTS
Les manifestations et activités sont prévues exactement aux dates de la réunion officielle, du 19 au 28 septembre 2000. Toutefois, la Réunion à proprement parler du FMI et de la Banque mondiale se déroulera du 26 au 28 septembre, les dates précédentes servant à la tenue de réunions internationales du même type et aux conférences de presse. Le 26 septembre à donc été choisi par la majeure partie des ONG organisatrices des manifestations comme « Journée mondiale d’ opposition ». Des manifestations auront lieu dans le monde entier à cette date, les associations locales ne pouvant se rendre à Prague sont invitées à organiser des actions collectives non-violentes dans leur propre ville.
PROGRAMME OFFICIEL DE LA REUNION
 19 septembre : Accueil des participants. Ouverture officielle du congrès.
 20 septembre : Conférences de presse .
 du 22 au 25 septembre : Sessions de séminaires dirigés par le FMI et la BM : « Réaliser une économie globale pour tous (Making the Global Economy Work for Everyone) ». De nombreux investisseurs et managers du domaine privé seront présents.
 23 septembre : Réunion des représentants des G8 et G24 concernant la collaboration avec les institutions.
 24 septembre : Meeting du Comité de Développement (Developpment Comitee).
 25 septembre : Réunion des représentants du FMI et du G10
 du 26 au 28 septembre : Séances plénières du Conseil des gouverneurs du FMI et de la Banque Mondiale. Le Conseil des gouverneurs est composé des ministres de l’économie des pays membres
 29 septembre : Conférences de presse et conclusions de la Réunion par les directeurs généraux du FMI et de la BM.

Les informations officielles sont disponibles sur http://www.imf.org et
http://www.worldbank.org
A partir du 22 septembre et jusqu’à la fin de la Réunion, des manifestations auront lieu tous les jours dans les rues de Prague et à proximité des lieux de travail des institutions et de leurs invités. Des dizaines de milliers de personnes sont dores et déjà attendue au vu du considérable succès du travail de diffusion orchestré par les ONG locales.
La créativité des manifestations constitue l’une des bases de l’ initiative. Du théâtre de rue, des animations, des performances artistiques multiples, des concerts, l’objectif est d’afficher une opposition non-violente et créatrice, une dimension festive est naturellement au cour du programme.. Toutes les manifestations seront non-violentes. Les organismes coordinateurs sont actuellement en pourparlers avec les autorités locales de manière à ce que l’événement se déroule dans de bonnes conditions pour tous.
3.MANIFESTATIONS ET ACTIVITES
¨Forums publics : Du 22 au 27 septembre, de nombreuses sessions de discussions et d’allocutions se tiendront à Prague. Elles porteront sur la dette des pays en voie de développement, le rôle du FMI et de la Banque mondiale dans la mondialisation économique et la lutte contre le totalitarisme. Les militants des associations et organisations et les personnalités présentes seront invités à évoquer les alternatives qu’ils envisagent pour contrer le néolibéralisme sous toutes ses formes. Les débats seront organisés de façon à ce que chacun puisse librement s’exprimer.
¨Festival de films vidéos : Les 25 et 26 septembre, des réalisateurs indépendants de toute la planète exposeront leur travail. Les films projetés sont tous conçus à propos des effets du travail du FMI et de la Banque Mondiale.
¨Séminaires des ONG : Les organisations non-gouvernementales présentes à Prague pour les manifestations exposeront publiquement les problèmes rencontrés dans leur travail en rapport avec le FMI et la BM. Des propositions concrètes d’amélioration seront débattues et soumises aux dirigeants des institutions. Seront soulevés naturellement les conséquences des programmes d’ajustement structurel et les problèmes environnementaux.
¨Festival culturel : L’ensemble des disciplines artistiques seront représentées pour l’événement. Du cirque aux arts plastiques, de la musique à la poésie, d’innombrables artistes participeront aux manifestations avec la lutte contre le néolibéralisme pour thème général.
PRINCIPALES ONG ORGANISATRICES
 CEE BANKWATCH NETWORK : l’une des plus importantes ONG d’Europe centrale. Son travail consiste principalement à négocier avec les institutions financières et les investisseurs privés pour que soient respectées les règles nationales et internationales en matière d’ environnement. Contact : energy@bankwatch.org et http://www.bankwatch.org
 INPEG (Initiative against economic globalisation) : organisation non-gouvernementale dont le siège est à Prague même. L’INPEG se charge de la communication internationale permettant de rassembler tous les mouvements d’opposition à la mondialisation néolibérale à l’occasion de la Réunion. Contact : Prague2000_cz@hotmail.com et http://www.inpeg.ecn.cz
 JUBILE2000 : mouvement international créé en 1996, militant pour l’ annulation de la dette des pays en voie de développement. Contact : mail@jubilee2000uk.org et http://www.jubile2000uk.org

4.BRUXELLES-PRAGUE
Les associations belges réunies actuellement autour du projet sont :
 ATTAC-BRUXELLES
 ATTAC-LIEGE
 La Ligue des Droits de l’Homme-Bruxelles
 Le Réseau des Marches Européennes
 Frontières Ouvertes
 L’Independant Média Center (INDIMEDIA)

Des pourparlers sont en cours avec d’autres associations néérlandophones.
Cette liste n’est nullement définitive et continue de s’accroître.
OXFAM-SOLIDARITE organise un voyage de Bruxelles à Prague du 22 au 25 septembre. La raison pour laquelle un autre voyage est organisé est la suivante : comme nous l’avons évoqué plus haut, la majorité des ONG organisatrices de l’événement ont collectivement choisi le 26 septembre 2000 comme « Journée Mondiale d’Opposition à la mondialisation néolibérale ».
Le Comité Bruxelles-Prague et ses partenaires ne disposent pas actuellement de moyens suffisants pour prendre en charge la totalité du voyage et de l’hébergement. Un budget global avoisinant 200.000 FB (5000 Euros) est nécessaire à la réalisation d’un séjour pour 50 personnes, voyage aller-retour en autocar avec air conditionné et logement sur place en camping compris.
Si les crédits susvisés ne sont pas obtenus avant début septembre, une participation d’à peu près 5000 FB (125 Euros) sera demandée aux personnes désirant participer au voyage.
REUNION PUBLIQUE :
Le 28 août 2000, à 20h00 une soirée gratuite sera consacrée à la
présentation publique du projet au Cinéma NOVA. Les paramètres
fondamentaux de l’initiative y seront exposés et débattus en présence
de personnalités et d’orateurs des mouvements concernés. Le programme
complet de la soirée est à confirmer. Cinéma NOVA : 3 rue d’Aremberg
1000 BXL. e-mail : novacinema@village.uunet.be
CONTACTS :
 BRUXELLES -PRAGUE : rue Gilbert Combaz 22 1060 BRUXELLES. Tél/fax :
02 539 15 70. e-mail : praha2000@technologist.com . Site Internet
http://membres.tripod.fr/praha2000
 ATTAC-BRUXELLES : rue d’Espagne 66 1060 BRUXELLES. Tél : 02 537 49 58
Fax : 02 534 11 74. e-mail : bxl@attac.org
 David POISSONNEAU (coordination-Attac-Bxl) : rue Georges Lorand 31 1050 BRUXELLES Tél : 02 511 95 28 Portable : 0477 71 36 47 e-mail : dpoissonneau@ibelgique.com

ANNEXE : EXTRAITS D’UN DOCUMENT OFFICIEL
Les extraits suivants sont tirés d’un rapport de l’OCDE intitulé « La faisabilité politique d’un ajustement ». Destiné aux gouvernements et aux responsables des programmes d’ajustement du FMI, ce document à été rédigé en 1996 par M. Christian Morrisson. Il à ensuite été relevé par Eric Toussaint dans son livre « La bourse ou la vie » (éd. Luc Pire 1998). Le texte intégral du document est disponible sur http://www.oecd.org.
« Les politiques de stabilisation économique et d’ajustement peuvent provoquer des troubles sociaux, voire mettre en péril la stabilité des pays. Les coûts politiques en termes de grèves, de manifestations ou d ‘émeutes sont très différents d’une mesure de stabilisation à l’autre. Ces recherches ont permis de définir et de préciser les caractéristiques d’un programme de stabilisation politiquement optimal qui, pour un même résultat, minimise les risques politiques. » (Morrisson, 1996, p. 3)
« Une politique monétaire restrictive, des coupures brutales de l’ investissement public ou une réduction des dépenses de fonctionnement ne font prendre aucun risque à un gouvernement. Cela ne signifie pas que ces mesures n’ont pas des conséquences économiques ou sociales négatives mais nous raisonnons ici en fonction d’un seul critère : minimiser les risques de troubles. » (ibidem, p. 16)
« Un programme qui toucherait de façon égale tous les groupes (c’ est-à-dire qui serait neutre du point de vue social) serait plus difficile à appliquer qu’un programme discriminatoire, faisant supporter l’ajustement à certains groupes et épargnant les autres pour qu’ils soutiennent le gouvernement. » (ibidem, p.18)
« La grève des enseignants n’est pas, en tant que telle, une gêne pour le gouvernement mais elle est indirectement dangereuse puisqu’ elle libère la jeunesse pour manifester. » (ibidem, p. 29)
« Le gouvernement peut expliquer que, le FMI imposant par exemple une baisse de 20% de la masse salariale, le seul choix possible est de licencier ou de réduire les salaires et qu’il préfère la seconde solution dans l’intérêt de tous. » (ibidem, p. 29)
« Beaucoup d’habitants des bidonvilles ou des quartiers pauvres ressentent un sentiment de frustration et d’exclusion par rapport au reste de la population urbaine. Dès lors le saccage et le pillage des magasins dans les quartiers aisés leur permet d’exprimer ce sentiment. Si une mesure de stabilisation - la coupure des subventions par exemple - entraîne une hausse soudaine des prix des denrées courantes, ces populations vont réagir en manifestant avec violence leur désespoir. En effet, cette mesure réduit brutalement leur niveau de vie déjà très bas et arrivés à ce point, les pauvres n’ont plus rien à perdre. » (ibidem, p. 26)
« Il faut, comme au Maroc en 1983-1984, relever d’abord les prix des produits intermédiaires et non pas ceux des produits de base consommés par les ménages pauvres. Si les prix des produits de base sont augmentés, il faut procéder par hausses modérées (moins de 20%) et étalées dans le temps. » (ibidem, p. 27)
« On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’ on évite un mécontentement général de la population. » (ibidem, p. 30)