arch/ive/ief (2000 - 2005)

Fric, foot, big business...
by Jipi De Ley, LA GAUCHE - Parti Ouvrier Social Thursday, Jun. 01, 2000 at 4:59 PM

Du 9 au 11 juin, l'UNICE, la fédération européenne des organisations patronales (telles que la FEB) , organise son premier European Business Summit.

Pour 2000 euro (80.000 BEF) par personne, quelque 1500 représentant du monde ‘business-oriented’, participeront à des causeries, des banquets, au match d’ouverture de l’Euro (!) 2000, à des parties de golfe et d’autres plaisirs mondaines. Mais il n’y aura pas que du plaisir: ces messieurs viennent pour travailler aussi, pour addresser, à la Commission Européenne, leur demandes d’approfondissement du cours européen néolibéral.

L’UNICE (l'Union des Confédérations de l'Industrie et des Employeurs d'Europe), la plus grande fédération patronale européenne, organise, six mois après Seattle, un European Business Summit. But de l'UNICE? Relancer, sur le plan européen, la machine néolibérale qui a piétiné à Seattle grâce à une mobilisation internationale sans précédent. l'UNICE compte recevoir, sous le patronage du Roi et des plus hautes autorité belges, onze Commissaires européens, Mike Moore (le président de l'OMC), Morris Tabaksblat (le président de La Table ronde européenne des industriels-ERT), les plus importants responsables de l'OCDE, ainsi que la fine fleur du monde industriel -tels que Steve Ballmer (président de Microsoft), Pascal Brandy (dirigeant de la société Genset impliquée dans l'hyper-développement des OGM) ou Etienne Davignon, destructeur de 300.000 emplois dans la sidérurgie européenne. Le monde des affaires espère, à cette occasion, se livrer à une grand-messe médiatique destinée à relancer la machine à privatiser le monde entier et à le soumettre aux non-règles d'une économie libérale sans freins ni frontières.

L’Europe se porte très bien, et vous?

Si à première vue ce European Business Summit sera avant tout une grande messe de propagande néolibérale, en réalité il y a bel et bien des enjeux importants.
Depuis le Sommet d’Amsterdam en 1997 et celui de Luxembourg en 1998, plusieurs batteries de mesures (législatives et structurelles) ultralibérales ont été mises en oeuvre pour acompagner le lancement de l’Euro et pour renforcer tous azimuts et à tout prix la compétitivité de l’UE face aux Etas Unis et au Japon, mesures que les patrons jugent toujours insuffisantes...d’où ce sommet . Une des références en matière des mesures législatives est le document de la Commission Européenne intitulé ‘Croissance et emploi dans le cadre de la stabilité de l’UEM’ (25/42/98) où on lit: « Pour obtenir les résultats voulus, un élargissement de l’échelle des salaires vers le bas suppose une réduction de 20 à 30% des salaires du coût salarial des activités peu qualifiées, comme cela a été le cas par exemple aux Etats-Unis dans les années 1970 et 1980. En outre, pour être efficace, une telle mesure nécessiterait en Europe une réduction équivalente des allocations de chômage et des prestations soiales afin d’éviter le piège de la pauvreté ». Parmi les autres mechanismes: le processus de Luxembourg (lignes directrices pour l’emploi) centré sur inemployabilité des chômeurs et l’inadaptabilité des travailleurs moins qualifiés; la privatisation des sevices publics; le soutien financier à la création d’entreprises sans conditions contraignantes concernant les emplois; démanteèlement des systèmes de protection sociale au nom de leur ‘modernisation’...

Cette politique est d’application et depuis lors, le résultat ‘visible’ largement répercuté dans les média est une baisse substantielle de la courbe de chômage. Le Sommet européen de Lisbonne en a encore ajouté: grâce à l’économie on-line en plein développement, le plein emploi revient à l’horizon pour 2010...
Mais la courbe est en baisse grâce à une masse d’emplois bon-marché (en Belgique les patrons pourront embaucher quelqu’un pour 35.000 fr. par mois...), précaires et à bas salaires (on tient ses promesses!). L’Etat social actif, donc, (une invention de Clinton/Blair) qui prend forme dans l’ensemble des pays-membre de l’UE et qui sera la forme du futur Etat européen supra-national.



Menu du European Business Summit,
demandes à la CE (un exercice en euphémismes)

- renforcement tous azimuts et à tout prix (notamment au prix des salaires et des systèmes de protection sociale) de la compétitivité
- parachèvement du marché unique (selon leurs propres dires « au bénéfice des 370.000.000 consommateurs » dont on oublie de dire que la majorité d’entre eux est en perte systématique de pouvoir d’achat)
- stabilité de l’UEM avec un Euro fort et en bonne santé (au profit du capital financier et de la spéculation...)
- Une politique de concurrence ouverte au sein de l’UE « offrant à tous un plus grand choix et des prix plus bas »...
- libéralisation totale du commerce mondial, ce qui signifie, on le sait, soumission et exploitation du tiers monde
- élargissement de l’UE afin d’accroître la prospérité sur l’ensemble du continent (prospérité de qui?): cela veut dire « embrigadement » de nouvelles régions entières au marché unique intérieur européen, au grand profit des multinationales
- amélioration (lire: rabaissement) des législations (réductions des coûts et des contraintes pour les entreprises, atteintes aux droits et aux libertés syndicales,...)
- revalorisation de l’esprit d’entreprise, définition de politiques sociales fondées sur les réalités économiques (= mettre fin aux systèmes de protection sociale dits ‘passifs’, sans contrepartie ‘active’ des allocataires sociaux) et des réformes structurelles (fiscalité allégée, flexibilisation des marchés de l’emploi,...)
- « développement durable », conciliant protection de l’environnement et dynamisme des opérateurs industriels (par exemple développement d’aéropoles en zone habitées? Ou - pourquoi pas - dépôts de feux d’artifices en zone habitées?...)
- innovation et apprentissage tout au long de la vie par des politiques de recherche et de formation adaptées (aux besoins du marché et des intérêts du business et de la finance)


LA SOCIETE CONTRE l’UNICE !
Cahier de revendications de la coordination anti-UNICE

- un revenu minimum décent garanti à tous (droit individuel - salaire minimum, pension légale, revenu de remplacement permettant de vivre dignement) et la reconnaissance du principe: un emploi, c’ est un droit, un revenu, c’est un dû
- une réglementation du travail basée sur les législations les plus avancées pour les salariés et le respect des droits syndicaux
- des dispositions qui découragent la flexibilité (suppression des emplois précaires, des horaires saccadés et des conditions de travail stressantes) et respectent la vie privée des salariés
- des mesures anti-délocalisation, empêchant les multinationales de fermer les entreprises et de quitter le pays comme bon leur semble
- l'arrêt des privatisations et le renforcement des services publics
- une réforme des impôts au profit des salariés et des revenus modestes; impôt sur la fortune; suppression du secrèt bancaire; la suppression des paradis fiscaux
- la défense du système de pension légale et l'arrêt du recours aux fonds de pension -qui crée un système de retraite à deux vitesse favorisant les plus riches
- l'application de mesures contre la spéculation, notamment par l'application de la taxe Tobin
- l'annulation de la dette du Tiers-Monde et un commerce équitable
- la liberté de circulation et d'installation de toute personne dans l'espace européen;
- le respect de la souveraineté alimentaire et le droit, pour chaque pays, de refuser de se plier aux diktats des firmes transnationales, de la Banque mondiale et du FMI
- l'application du principe de précaution, visant notamment à interdire les OGM tant que leur non-nocivité n'aura pas été scientifiquement démontrée;
- le développement durable de la planète, comme critère prioritaire par rapport aux notions de concurrence, de compétitivité, de mondialisation et de «liberté» des entreprises

Adherez à la Coordination anti-UNICE.
serge.cols@skynet.be Tel.: 02/537.49.58. 66, Rue d’Espagne 106 Bruxelles. Associations participantes à la coordination: Attac Bruxelles, Attac Liège, Réseau des Marches Européennes contre le chômage et les exclusions, Ligue des Droits de l’Homme, Appel des 600, Droits Devant (France), Observatoire de la Mondialisation (France), Fédération Paysanne (France), Jeune Garde Socialiste, PTB, PC, POS,...





Sommet UNICE (II)
Un revenu minimum garanti individuel, partout en Europe !

Le réseau des Marches Européennes, une des composantes actives de la Coordination des Citoyens contre l'UNICE, a réuni sa coordination européenne les 27 et 28 mai à Paris et a été lancé une proposition de revendication chiffrée unifiée pour dresser un rampart à la pauvreté et la précarité dans tous les Etats-membres de l'Union Européenne. Cette revendication sera proposée à tous les mouvements sociaux en lutte contre la mondialisation capitaliste, aux organisations syndicales, aux forces politiques de gauche, pour qu'elle puisse être portée, par tous les moyens possibles, sous le nez de ceux qui décident de l'avenir (social) de l'Europe.

(Jipi De Ley)

Le sommet de la fédération des patrons européens (UNICE) à Bruxelles (9-11 juin) qui coincide avec l'ouverture de l'Euro 2000 ne se fara pas sans mobilisation, sans contre sommet citoyen. A l'initiative de quelques organisations (Attac Bruxelles et Liège, les Marches Européennes, Kairos,...) une coordination anti-UNICE a été mise sur pied en avril qui s'est entretemps élargie à une série importante d'associations, d'organisations, de secteurs syndicaux: FGTB et CSC Liège-Huy-Waremme, FGTB Brxelles, CGSP Liège, CGSP Charleroi, OXFAM Magasins du Monde, Uilekot, Appel des 600, Droits Devant!, ATTAC France, Observatoire de la Mondialisation, Fédération Paysanne de José Bové, Coordination Citoyenne de Contrôle de l'OMC, PTB, PC, Militant, POS, etc. Face à l'UNICE, qui revendique (encore) plus de dérégulation, la première revendication de cette coordination est le droit pour tout(e) citoyen(ne) à un revenu minimum garanti individuel qui permet de vivre dignement, qu'on ait oui ou non un emploi, qu'on soit en âge de travailler ou à la retraite (30 millions de personnes âgées en Europe ont une pension en dessous ou balançant sur le seuil de pauvreté !). Cette revendication n'épuise évidemment pas toutes les autres, mais c'est la plus urgente por les dizaines de milions de citoyens qui vivent dans la pauvreté en Europe.

Trois digues contre la pauvreté

La " politique sociale " de la Commission Eropéenne consiste à revoir vers le bas, à aligner sur les systèmes les plus faibles l'ensemble des systèmes de protection sociale en Europe. Quelques chiffres pourront clarifier...
En Belgique, le revenu minimum (minimex) d'un isolé est de 21.334 fr., celui d'un cohabitant 14.223 fr., celui d'un chef de ménage 28.445 fr. Plusieurs études universitaires ont démontré que ces montants sont très largement en dessous d'un seuil de pauvreté objectif chiffrable en fonction du coût de la vie (loyer, énergie, alimentation, soins de santé, etc.). Or, le système belge (entre autres la durée relativement longue du droit aux allocations de chômage) est relativement 'avantageux', comparé à d'autres pays de l'UE, vers lesquels les patrons et la Commission Européenne voudraient aligner la protection sociale partout.
En Italie, par exemple, à part un système de pensions relativement avantageux, il n'y a tout simplement pas de protection sociale. Il y a un système d'allocations de chômage (environ 15.000 BEF par mois) auquel on a droit pendant 6 mois, et puis il n'ya plus rien. Un revenu minimum d'insertion (environ 12.000 BEF) est actuellement expérimenté pour 35.000 jeunes dans 29 communes. En France le RMI, le Revenu Minimum d'Insertion est de 2260 FF (environ 13.000 BEF) pour un isolé + un forfait logement de 540 FF (environ 3200 BEF). Les jeunes de moins de 25 ans, dont 25% est au chômage n'ont droit à rien. Toute personne vivant avec une personne ayant un revenu de 3400 FF ou plus (environ 20.000 BEF) perd le droit au RMI. En Allemagne on a droit à un an d'allocation de chômage à 63% du dernier salaire, après quoi on est renvoyé à l'aide sociale: 647 DM (13.000 BEF) pour un isolé, 1164 DM (22.000 BEF) pour un couple, 1488 DM (28.000 BEF) pour un couple ave 1 enfant... NB: dans tout ça le mot 'relatif' est très important: dans aucun pays de l'UE la protection sociale est à la hauteur des besoins sociaux en montants absolus.
Face à une protection alignée vers le bas à l'avenir appliquée à l'ensemble de l'UE il faut une revendication unifiée et appliquable, elle aussi, à l'ensemble de l'UE. Le Réseau des Marches Européennes propose une méthode commune pour évaluer le revenu garanti, applicaple dans chaqe pays, en tenant compte de la spécificité et en intégrant plusieurs paramètres déterminant le seuil minimum: un pourcentage significatif du PIB (Produit Intérieur Brut, c.à.d. l'ensemble de la richesse produite en une année dans un pays) par tête d'abitant (proposition de fixer ce pourebntage à 50 %); l'inventarisation des besoins essentiels permettant de vivre (et non survivre); les acquis sociaux de chaque pays (cela donne les montants qu'on trouve dans le tableau ailleurs sur cette page). La démagogie patronale oppose à cette revendication le 'piège au chômage', 'qu'il est plus avantageux de rester au chômage ou dans le minimex que d'aller travailler' (qu'ils commencent d'abord par créer des emplois à statut convenable). Pour cela, il faut revendiquer avec le revenu minimum individuel garanti de 50% du PIB par habitant: 1) une hausse substantielle du salaire minimum et un rattrapage salarial en général 2) la défense du système de pension légale et une hausse substantielle des petites pensions.

Il y a urgence !
Pourquoi cette revendication, et pourquoi est-elle urgente? Premièrement, évidemment, parce qu'il est inacceptable que (selon les statistiques officielles, la réalité est plus importante) 60 millions de personnes vivent dans la pauvreté dans une Europe qui s'enrichit de plus en plus. Deuxièmement, parce que l'approfondissement de l'inégalité sociale, la création d'un véritable deuxième marché du travail parallèle et précaire dans lequel les travailleurs sont sans défense, la création d'une vaste couche soiale de 'working poor' (travailleurs pauvres) sont tant de menaces pour le mouvement ouvrier organisé de plus en plus en proie à la fragmentation et la division en secteurs, sous-secteurs etc. qui n'auront pour finir plus beaucoup à voir les uns avec les autres. Pour cette raison il est vital que le mouvement syndical partout en Europe fasse siennes les revendications des chômeurs et des précaires et mobilise avec eux pour une convergence entre 'actifs' et 'inactifs' à l'échelle européenne. La revendication 'des trois digues' (revenu garanti, salaire, pension) proposée par les Marches Européennes peut et doit contribuer à cette convergence.


En Marche !

Les mobilisations citoyennes contre la mondialisation capitaliste à Seattle, Washington, Davos ont donné une nouvelle dynamique et une nouvelle dimension radicale à la résistance contre le néolibéralisme. Plus aucun sommet européen, sommet G7, somet patronal, intergouvernemental etc. ne se fera dorénavant sans mobilisation et contre-sommet citoyen pour perturber la machine infernale. En 2000 et en 2001 plusieurs rendez-vous sont déjà à noter dans les agenda: le 10 juin manifestation et meeting contre l'UNICE, le 17 juin à Paris et le 14 otobre à Bruxelles la Marche Mondiale des Femmes, le 19 juin manifestation syndicale avec une délégation internationale des Marches Européennes à Porto pendant le sommet européen clôturant la présidence portugaise, du 26 au 30 juin contre-sommet et manifestation de masse internationale à Genève contre la mondialisation capitaliste à l'ocasion du sommet social de l'ONU, du 2 au 4 décembre assemblée/parlement européen des chômeurs et précaires suiivi de caravanes internationales en direction de Nice pour une nouvelle manifestation du type Amsterdam (1997) et Cologne (1999), cette fois avec la participation des organisations syndicales européennes (CES), à l'occasion du sommet européen des 5 et 6 décembre. A ce sommet sera notamment adoptée la 'Charte des Droits Fondamentaux', de la quelle seront soigneusement écartés tous les droits sociaux et économiques pour les quelles des mouvements sociaux et des réseaux citoyens sont mobilisés depuis 1996.


Encadré


Colloque international " Un minimum social pour tous en Europe: pourquoi, comment, combien? "
Colloque organisé par le Réseau des Marches Européennes Samedi 10 juin à la Salle de la Madeleine de
10.30h à 15.30 h.(suivi de départ collectif à la manifestation anti-UNICE).
Avec la participation de:
Marie-Paule Connan (Marches Européennes), Wolfram Otto (Bundesarbeits- gemeinschaft Sozialhilfeinitiative, Allemagne), Catherine Levy (sociologue, France), Georges Debunne (FERPA), Jacques Yerna (ancien syndicaliste FGTB) (demandé), Angela Klein (Mouvement des chômeurs, Euromarsch, Allemagne), Christophe Aguiton (Marches Européennes).

Samedi 10 juin 16 heures Manifestation anti-UNICE.
18 heures Meeting des résistances, salle de la Madeleine, rue Duquesnoy (métro gare Centrale): José Bové, Albert Faust, Christiane Maigre (Marches Européennes), Dan Van Raemdonck (Président Ligue Belge des Droits de l'Homme), JC Amara (Droits Devant!), P. Tartakovsky (Secr. Gén. Attac France), Grand Théâtre Royal de Luxe de Nantes, et beaucoup d'autres.