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De Donnéa: des rapports de police pour justifier tous les mensonges
by david pestieau Thursday June 29, 2000 at 05:11 PM

De Donnéa persiste et signe dans Télé-Moustique dans son amalgame entre PTB et hooligans. Il utilise pour ses propos diffamatoires à cet effet des rapports de police tenus secrets confidentiels. Une méthode qui permet toutes les dérives antidémocratiques...

Des rapports de police pour justifier tous les mensonges

De Donnéa lance, une nouvelle fois, des accusations graves contre le PTB au sujet des incidents après le match Belgique-Suède le 10 juin.
Le bourgmestre de Bruxelles, affirme, dans un interview à Télé-Moustique(1), sur base « de rapports de police confidentiels que des noyaux durs de supporters et des militants du PTB s’étaient réunis dans un café par le Vlaams Blok, chaussée de Ninove, pour s’organiser. Ils allaient arriver à la Bourse vers 16 heures. » Des propos scandaleux qui doivent interpeller tous les démocrates.

Le grand chevalier de Bruxelles, fin limier, précise « attention, je n’ai pas dit que des gens du Vlaams Blok étaient présents dans ce café ». Il peut ainsi rajouter à l’amalgame « hooligans-PTB », celui du « Vlaams Blok-PTB », sans craindre un procès. Les fins de limiers de Solidaire ont, eux, découvert que le PTB s’est bien retrouvé devant ce café chaussée de Ninove, mais c’était aux côtés du Front antifasciste contre les réunions tenues régulièrement à l’intérieur par Demol et sa bande.
Et ce 10 juin, tout le monde a pu voir, y compris le président du PS Di Rupo, que les incidents furent créés ce soir-là par le déploiement de hooligans bleus, avec matraques, boucliers, gaz lacrymos et combinaison Robocops empêchant l’accès à la Grand-Place.

Faut-il en rire ? Peut-être si François-Xavier De Donnéa (FXDD) n’était qu’un inoffensif maréchal de salon mais il est à la tête du deuxième corps de police de Belgique après la gendarmerie. Et un mensonge répété à plusieurs reprises peut vite sembler une vérité pour une grande partie de la population.

C’est la démarche qui nous a amenés, en compagnie de membres d’ATTAC-Bruxelles, à remettre à tous les conseillers bruxellois une motion de protestation signé par plus de 100 personnalités contre les propos tenus par le chevalier-bourgmestre. Et qui nous amènera à interpeller en séance publique FXDD en septembre prochain.

Henri Simons, l’échevin Ecolo de la ville de Bruxelles, a estimé ne pas devoir réagir car le PTB est de toute manière un parti antidémocratique, reprenant la rengaine (pas apprécié par tous dans son parti) de Jacques Bauduin.
Yvan Mayeur, président du CPAS de Bruxelles (PS), ne veut pas non plus intervenir car « de toute façon le PTB dit tellement d’absurdités sur les autres partis que quand quelqu’un d’autre en dit sur son compte, on laisse aussi passer… »

Or, ici, il ne s’agit pas de polémique ou d’interprétations politiques d’événements donnés.
Un contre-exemple. Le PTB a révélé l’existence, durant le conflit à Renault –Vilvorde, de réunions secrètes des membres éminents du SP et des dirigeants syndicaux pour empêcher que le conflit ne s’étende à d’autres usines automobiles. Il s’agit de faits qui n’ont jamais été démentis et sur lesquels nous avons donné nos conclusions politiques, sur lesquelles un débat politique est tout à fait possible.

Ici, il s’agit de faits inventés de toute pièce, diffamatoires et ceci devrait interpeller tous les démocrates. Il s’agit de criminaliser l’action d’un parti politique. Car De Donnéa s’appuie sur des rapports de police confidentiels. Il utilise l’autorité de rapports qu’il ne rend pas (ne peut pas rendre, selon la loi) publics. Cela veut dire que la police ou la gendarmerie ont le pouvoir de manipuler n’importe quel politicien en place sur base de rapports sur lesquels ils ne doivent rendre des comptes à personne. Rappelons les paroles du chef du syndicat des gendarmes Van Keer, au moment de l’affaire des enfants disparus, affirmant qu’il avait des dossiers sur tous les hommes politiques. La menace était à peine voilée.
Ce qu’aujourd’hui De Donnéa emploie contre le PTB, on peut demain l’employer contre un groupe d’ATTAC, des syndicalistes en grève, un député trop remuant critiquant les excès de la police.

La banalisation des propos de Donnéa par Mayeur et Simons(« on ne vas pas réagir car c’est le PTB ») est dangereuse. Car, c’est le même aveuglement, qui a amené dans les années 20 et 30 la sociale-démocratie en Allemagne à justifier certaines mesures répressives contre les communistes avant la prise de pouvoir d’Hitler. Jamais les paroles du pasteur Niëmoller ne m’avaient semblé autant d’actualité que ce lundi au conseil communal de Bruxelles:
« D’abord, ils sont venus chercher les communistes et je n’ai rien dit parce que je n’étais pas un communiste ; ensuite, ils sont venus chercher les juifs et je n’ai rien dit car je n’étais pas juif ;… et quand ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour me venir en aide».


(1) Télé Moustique, 28.06.2000