@den : Edition du 18/06/2000 N°15 by Gilles Martin, Monday June 19, 2000 at 01:31 PM |
@den-Mailing-List. News de contre info culturelle. Edition du 18/06/2000 N°15 Nous voilà, lèvres lisses des éternelles soifs. Tristan Tzara, le bœuf sur la langue.
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den-Mailing-List.News de contre info culturelle.
Edition du 18/06/2000 N°15
Nous voilà, lèvres lisses des éternelles soifs.
Tristan Tzara, le bœuf sur la langue.
Les brèves.
Arno sur l'euro2000: "On est baisé par ce bazar."
Le quotidien Libération a offert au chanteur belge Arno une petite chronique pour qu'il puisse exprimer ce qu'il pense de l'incontournable Euro2000. L'entretien d'Arno vaut le détour cependant nous tenons à nous dissocier de l'exotisme des journalistes de Libération qui reprennent le texte d'Arno en laissant toutes les fautes de français pour donner un cachet plus 'belge' à l'article ! Extraits: "Je suis un fou de foot, oui, oui, mais ça m'énerve trop ce qui se passe autour de tout ça. Quand un des organisateurs a dit ça va être une fête populaire bien pour les commerçants, pour l'image de la Belgique, j'ai l'impression qu'il lave ses pieds avec ses chaussettes. A Bruxelles, je ne vois rien de cette fête populaire. (…) Comme tous les flics de Belgique sont occupés pour le foot, c'est le bon moment de faire un hold-up. Même on a fermé des écoles à midi, donc toutes les écoles qui sont prêts du stade.(2) Vive la fête ! Mais comme les tickets cela coûte 6000 FB même une pute à Bruxelles, c'est moins cher.(…) Le Ministre de l'intérieur pour le moment il dort pas bien. Une Belshite Nous autres les Belges, on est baisé par ce bazar. Comme l'Etat a investi avec nos sous une fortune, où va tout cet argent ? On est terrorisé par ce football ici."
(1) Libération 15 juin 2000. (2) Les écoles secondaires à proximité du Stade Roi Baudouin interdisent à leurs élèves de se promener à plus de quatre dans la rue en quittant l'école. Histoire de faciliter le travail de la police…
Les journalistes et l'Euro2000.
On est en droit d'être étonné de l'efficacité de nos journalistes en matière d'information. La guerre en Erythrée, le Sierra Leone, la faim dans le monde, rien à foutre ! C'est l'heure de l'Euro ! Non content de nous matraquer de nouvelles footballistiques, il est intéressant de souligner à quel point nos journalistes nous feraient presque aimer la police. Et oui ! Les hooligans sont tellement méchants qu'heureusement qu'il y a des investissements aussi colossaux dans les forces de l'ordre. Bah ! Ne pensons pas encore à l'après euro pour savoir ce à quoi va servir ce beau matériel ! Cela risquerait de gâcher la fête du football. Face à cette quasi unanimité journalistique, il est très brûlant de saisir les mécanismes de fonctionnement du journalisme. C'est justement l'objet d'un article superbe d'Alain Accardo: " Derrière la subjectivité des journalistes." Extraits: "POURQUOI le discours médiatique semble-t-il converger spontanément vers la légitimation de l'ordre établi et apporter ainsi une contribution indispensable à la pérennité du système social ? Nul complot là-dedans. L'aspect concerté semble en effet minoritaire. Le recrutement social des journalistes et leur capacité à s'imprégner de l'idéologie des classes dirigeantes créent entre eux une communauté d'inspiration. Il leur suffit souvent de travailler " comme ils sentent " pour travailler " comme ils doivent ". C'est-à-dire comme ils ne devraient pas."
Source: Le Monde Diplomatique, Mai 2000. Disponible directement sur Internet:
http://www.monde-diplomatique.fr/2000/05/ACCARDO/13807.htmlIsabelle Adjani
L'actrice française, dont le père était algérien, a refusé d'assister au dîné donné par le président Chirac en l'honneur de la visite officielle en France du président algérien Bouteflika. " Je refuse d'être complice, j'ai appris qu'il n'y avait toujours pas de justice digne de ce nom rendue là-bas et qu'il y a 10000 'disparus'. Les autorités déclarent que les coupables ont été abattus ou sont introuvables, et des familles entières assistent à des simulacres de procès. Et pendant ce temps, M. Bouteflika est reçu à Paris avec tous les honneurs. ( …) On ne cesse d'empêcher les Algériens de lire leur histoire. La colonisation a tout fait pour les 'déculturer.' Après l'indépendance, les militaires au pouvoir ont décidé de rayer de l'histoire du pays ceux de ses dirigeants ou de ses combattants anonymes qui les dérangeaient ou qui leur donnaient trop mauvaise conscience. Aujourd'hui, on continue à faire la guerre à ce peuple, en lui demandant d'oublier purement et simplement qui le tue et comment on arrive à l'humilier, une fois encore, en l'obligeant par misère, à mendier, à ne plus envoyer ses enfants à l'école dans un pays riche de tant de pétrole. Et moi, je devrais aller à l'Elysée ?"
Source: Libération 15/06/2000
Labels au bois dormant.
Dans le monde de la production musicale, la floraison de petits labels posent une nouvelle question. Ces labels sont incontestablement à la base d'une créativité énorme dans la musique actuelle. Il y a 25 ans, la majorité du marché du disque américain était contrôlé par les majors. Aujourd'hui, les labels "indépendants" tendent de plus en plus à se tailler la part belle du marché. Certains considèrent que cela traduit un changement de direction esthétique, d'autres une modification structurelle, voire une croisade sociopolitique. Pour ceux qui croient en cette croisade, ces labels permettraient une plus grande liberté artistique ainsi qu'une plus grande marge de manoeuvre quant au contenu idéologique. Cependant certaines associations d'artistes aux USA comme la NAC estiment que la prolifération de labels correspond à la naissance de ce qu'on appelle un "capitalisme flexible" dans le domaine culturel: en clair, la multitude de petits labels créerait un système qui vise à généraliser la sous-traitance des secteurs d'une entreprise, dans le but de protéger son capital. Si la distribution reste sous contrôle des majors, le produit tend à ne plus être fabriqué sous le même toit et les sociétés indépendantes prétextent leur taille réduite et des ressources financières limitées pour justifier de maigres rémunérations. Les "indépendants" ne respectent quasiment jamais les acquis sociaux obtenus par les syndicats de musiciens outre atlantique. Par exemple les barèmes salariaux ne sont quasi jamais respectés dans ces petites boites. Alors liberté idéologique, créativité oui ! Mais pas un nom de la décomposition des droits des artistes.
Source: Libération du 3 juin 2000.
Mon HLM
Une nouvelle politique urbaine en France consiste à dynamiter le maximum de tours HLM et reloger ses habitants à gauche à droite. Les nombreux habitants de ses quartiers populaires vivent cela comme une blessure. Même si le HLM véhicule une idée assez noire de la banlieue, les gens se souviennent des solidarités entre voisins, des rencontre entre immigrées de différentes cultures, d'un passé commun qui est aussi la base d'une véritable culture populaire. ( Par exemple le Hip Hop en France est un des nombreux fruits de cette culture.) Aussi ces paysages urbains qu'ont mutilent font des sceptiques dans un pays où des centaines de milliers de gens sont mal logés. Il faut aussi souligner que la dynamite qui fera s'écrouler les " barres" ( les tours HLM dans le jargon urbain) fait partir en fumée de l'argent public qui avait été investi par milliards dans ces logements dans les années 70. Un jeune qui vivait dans une de ces tours qu'on a rasé a décidé de réaliser un site pour rendre hommage à son HLM qu'on a dynamité. Il nous parle de ce qu'il aime mais surtout de son quartier: "C'est de la tristesse, bien des vies s'y sont déroulées, des solidarités se sont développées jusque dans la détresse. En effet, un bâtiment, un quartier, ce sont des murs mais ce sont aussi des hommes, des femmes, des jeunes, des enfants qui l'habitent et le font vivre, on ne détruit pas cela sans un pincement au cœur. Mais la démolition c'est aussi l'ouverture, l'espoir d'être mieux logé dans un quartier plus agréable."
http://www.geocities.com/ma93/C'est pas d'la culture ?
USA:
73,5% des entreprises installées aux USA surveillent les communications de leurs salariés. ( Charlie Hebdo, 24 mai 2000.)Angleterre: espoir républicain ?
Selon un récent sondage, près de trois quart des jeunes Britanniques de 16 à 24 ans préféreraient la République à la monarchie. Il leur faudrait une bonne Mathilde pour remettre de l'ordre dans ce ramassis de subversifs ! ( Le Monde, 16 juin 2000)Manage:
Le patron Duferco va-t-il se mettre à pirater les serveurs qui diffusent certains sites ? Allez-vous faire une idée par vous même en allant visiter le site des travailleursde Bombardier Manage. Le journal Le Soir explique bien l'enjeu du site: "Lautresite.com, site belge se veut citoyen. Pour ce faire, il zoome sur les gens, sur l'histoire, sur la mémoire, sur les attentes et les promesses. Dans sa première "édition", lautresite nous interpelle sur le sort de Bombardier Manage(...). Lautresite donne la parole à quelques-uns des travailleurs; les anciens et ceux d'aujourd'hui. Ils racontent l'histoire de la région, de l'usine (...). Ce site est une belle utilisation du net. Proche des priorités humaines, le site sensibilise aux ressources de la Wallonie, à son essor économique et aux raisons de son déclin. Sa mise en ligne animée est à la hauteur de l'ambition".Source: Le Soir, 9 juin 2000
Cliquez !
http://www.lautresite.com/Le courrier des lecteurs.
Encouragements ?
Salut Gilles,
En lisant tes "news" j'en arrive à me remémorer cette
citation de Sacha Guitry ( je crois ) : Il y a des gens qui parlent, qui
parlent....... jusqu'à ce qu'ils aient enfin trouvé quelque chose à dire. Sans
doute ne suis-je pas branché sur la même culture que toi; notre différence d'âge
peut sûrement expliqué cela. Néanmoins(comme disait Cléopatre) c'est avec
beaucoup de plaisir que je parcours tes "divagations culturelles" Mais ne
pourrais-tu aussi penser aux "amortis" quant tu sélectionnes des textes ! Quant
à la rubrique "Bête et méchant" je puis t'en suggérer de meilleures et plus
décoiffantes. Au plaisir de te lire, de t'entendre et même peut-être de te
revoir.
Emile.
Les archives.
"La bête intellectuelle est dangereuse." Bertolt Brecht
Croit-on pouvoir combattre la barbarie en faisant l'ange ? Ce serait vouloir parer un coup de sabre avec son poignet nu. Il faut s'en pénétrer: la bonté aussi doit blesser. Blesser la sauvagerie. (…) Comprenez-moi, je ne dis pas que nous devons aller tuer Hitler. Ce serait bestial, mais pas intelligent. Cependant, il faut employer des armes meurtrières sinon la pègre vivra jusqu'à la fin des temps, du moins de notre temps. Comment avoir nous écrivains, une écriture qui tue ?"
Pour conclure.
Cette semaine, si vous vivez Bruxelles, @den sera sur les ondes de Radio Panik à 18h. (105.4 FM) Aussi, vous recevrez certainement un message spécial de ma part cette semaine pour annoncer la naissance du site d'@den ainsi que son forum. L'adresse tombera dans votre boîte sous peu…
A dimanche, prochain.
Gilles Martin,
gilamaison@skynet.be