arch/ive/ief (2000 - 2005)

L'idéologie néolibérale, force dévastatrice du vingt et unième siècle ?
by Par Daniel SPOEL Sunday, May. 28, 2000 at 7:48 PM

Le néolibéralisme, le tout-marchand, nous entraîne inéluctablement dans ce que beaucoup appellent la guerre économique, avec son lot de victimes, de morts, de réfugiés économiques. En période de guerre, il n'est plus temps de dire le bien et le mal, il devient urgent de dire l'inacceptable. L'inacceptable est là, à notre porte. Le moment est venu de l'identifier et de le dénoncer, de faire savoir à tous ce qui participe à cette dérive de l'inacceptable.

On peut se demander si l'évolution de l'Europe ne présente pas les symptômes de cette terrible maladie de l'idéologie qui affecte et qui aveugle l'ordre politique, le seul qui soit capable de résister à la naissance et au développement de l'inacceptable ?

Toutes les caractéristiques d’une nouvelle dérive de l’idéologie sont réunies pour combattre les valeurs fondamentales de l’humanité ; l’aveuglement semble se renforcer au nom d’une soi-disant rationalité et de la poursuite des recettes qui ont conduit à la création européenne au nom du combat contre le retour des horreurs de la guerre. Mais depuis 1945, et surtout depuis la chute des autres idéologies (1989 avec la chute du mur de Berlin), les circonstances ont tellement changé qu’il serait temps d’analyser les dérives possibles de la nouvelle idéologie qui ne veut pas se nommer : peu en effet osent vraiment s’afficher libéraux, en politique à tout le moins, mais tous adoptent dans une très large mesure les principes de cette nouvelle idéologie.

Les groupes de pression des entreprises et des détenteurs de capitaux s’emploient activement à promouvoir cette idéologie aux conséquences tragiques sans que les politiques, qui devraient être les garants de la régulation sociale et de la cohésion sociale, ne jouent leur rôle et ne défendent ce qu’il est convenu d’appeler la démocratie. L’UNICE contribue activement à la promotion à cette idéologie néolibérale qui se présente parfois masquée sous l’appellation de "troisième voie" chère aux deux Anthonys Blair et son mentor Giddens. Cette "troisième voie" prétend faire la synthèse entre le capitalisme, le socialisme et la modernité. Elle n’est en fait qu’une ruse à laquelle se laissent prendre certains hommes publics qui en oublient leur rôle politique. Faute de ce rôle politique, la déliquescence de la cohésion sociale, qui résulte de l’idéologie néolibérale (ou de la "troisième voie") ne peut conduire qu’à la guerre économique, c’est-à-dire à l’inacceptable.

Il est donc temps de se plonger dans l’étude des raisons qui peuvent conduire aux dérives idéologiques et d’en dénoncer les stigmates et les indices avant coureurs.

1. Un rapport au savoir. Idée simplificatrice à valeur universelle.

1.1. l’idéologie est fondée sur des idées abstraites qui simplifient la réalité.

Le néoliberalisme :

Le marché est le meilleur système de régulation de la société. Devenir actionnaire est une preuve de démocratie.

L’Europe :

Les nations, c’est la guerre. Et "l’union (européenne), c’est la force" face aux USA.

L’Euro, la stabilité monétaire. L’inflation zéro, l’instrument pour obtenir la stabilité monétaire.

Ceux, qui défendaient l’Euro avant sa dépréciation par rapport au dollar, prétendaient que la monnaie unique rendrait à coup sûr l’ensemble de l’économie européenne plus compétitive au sein des marchés mondiaux. Ils prétendaient aussi que l’Euro provoquerait un surcroît de dynamisme considérable : plus d’emplois, plus de profits, de plus grandes espérances (voir 3.2. l’idéologie promet des lendemains qui chantent), un Etat social revigoré et actif.

Depuis le sommet de Lisbonne, ce n’est plus l’Euro qui est le "Veau d’Or" mais "la nouvelle économie". Le plein emploi est au bout de la route, même pour les handicapés (voir "Une société de l’information pour tous", COM 1999, 687 et COM 2000, 48). Les paris sont ouverts.

L’UNICE :

Elle déclare dans son texte "Priorités de L’UNICE pour la nouvelle commission européenne" (1er octobre 1999) : "Le monde des affaires européen doit pouvoir agir, au niveau de l’UE, dans un environnement législatif et réglementaire stable, cohérent et logique."

Et elle poursuit dans ce texte en utilisant la valeur symbolique des mots proscrits dans le langage néolibéral, à savoir "les performances médiocres, la faible croissance, bas niveaux d’emploi, manque d’incitants à l’investissement et à l’innovation" (à opposer à compétitivité, croissance soutenue, hauts niveaux d’emploi, incitants à l’investissement et à l’innovation).

 

 

1.2. l’idéologie affirme le primat de la science. Mais à l’inverse de la science qui peut être démentie par l’expérience, l’idéologie ne peut souffrir d’être démentie, c’est une tautologie.

Le néolibéralisme :

L’économique prime sur les autres disciplines, le politique, le social, le moral, elle autoproclame sa supériorité scientifique. "J’ai démontré mathématiquement la supériorité du libéralisme" (Gérard Debreu).

L’Europe :

Faire l’Europe au nom des Lumières et de la lutte contre la guerre. Le libre-échange est l’instrument de lutte contre le nationalisme, le démon responsable des guerres et la monnaie unique sert de symbole pseudo-scientifique pour faire l’Europe.

L’UNICE :

"La toute première priorité de l’UNICE est de promouvoir la compétitivité de l’environnement économique et d’investissement à l’échelle européenne, la seule voie (c’est nous qui soulignons) pour atteindre une croissance plus élevée et un emploi durable".

 

1.3. l’idéologie est logique. Jusqu’au boutiste dans sa logique.

Le néolibéralisme :

L’OMC (Organisation mondiale du commerce) réclame la dérégulation totale, le démantèlement de toutes les entraves au commerce international : les biens, les services, l’agriculture, le vivant, la santé, la culture, l’éducation, la propriété intellectuelle, etc...

L’Europe :

L’Acte Unique, les traités de Maastricht et d’Amsterdam n’ont pas fait l’objet d’adoption selon des principes démocratiques mais l’inverse avec modification de constitutions et de législations. L’Europe a une logique technocratique et non pas politique.

Récemment, Fritz Bolkenstein, commissaire européen chargé du marché intérieur, a estimé que les restrictions à l’importation d’alcool en vigueur en Suède devaient être levées. Elles sont, selon lui et ses collègues commissaires, une véritable agression contre "les droits fondamentaux du marché intérieur de liberté de mouvement des marchandises et des personnes". Exit donc la décision politique du gouvernement suédois de protéger la santé de ses concitoyens. Les autorités suédoises sont invitées à "combattre la consommation excessive d’alcool, par exemple par des campagnes d’information sur les risques pour la santé".

Fritz Bolkenstein va-t-il aussi obliger la Belgique ou la France à pratiquer la vente de certaines drogues comme cela se fait aux Pays-Bas au nom "des droits fondamentaux du marché intérieur de liberté de mouvement des marchandises et des personnes" ?

L’UNICE :

"A l’avenir, il sera important pour le monde des affaires européen que la Commission veille à la mise en œuvre des nouvelles obligations du Traité en ce qui concerne :

- le respect, sur une base vérifiable et objective, des principes de subsidiarité et de proportionalité, dès les premières étapes de la définition de nouvelles propositions. Quand une legislation UE sera nécessaire, elle devra être mieux rédigée et développée au travers d’un système de réglementation plus ouvert et plus transparent, basé sur une évaluation d’impact et une analyse coûts/bénéfices indépendants."

 

 

1.4 l’idéologie est une prétention universelle.

Le néolibéralisme :

La mondialisation est l’objectif clairement déclaré. Les lois du marché sont universelles.

L’Europe :

Universalisme par son élargissement à l’Est et au-delà de l’Europe (Turquie), le Maroc frappe à la porte. Participation à la mondialisation.

L’UNICE :

"L'Union Européenne devrait être en position de leader à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) : l'UE représente près d'un cinquième du commerce mondial de marchandises et d’un quart des échanges du secteur services. Les marchés européens sont très largement ouverts aux marchandises, aux services et aux investissements des pays extérieurs à l'UE. L'UE est destinataire de presque 20 % des importations mondiales. L'UNICE soutient activement cette politique d'ouverture. En échange, elle attend un accès comparable aux marchés de ses partenaires commerciaux.

Pour atteindre cet objectif, l'UNICE appuie sans réserve la poursuite de l'ouverture des marchés dans le cadre de règles définies et acceptées collectivement à l'OMC. Elle soutient activement le lancement d'un nouveau cycle global de négociations pendant l'année 2000. Ce cycle doit regarder vers l’avenir et chercher à renforcer et approfondir le système commercial multilatéral. Il doit entre autres s'attaquer à tous les obstacles qui freinent le développement des activités économiques tout en veillant à ce que d'autres objectifs d'intérêt général soient atteints, en particulier dans les domaines de l'environnement, des normes sociales, de la santé et du développement. L'établissement de règles de l'OMC pour les investissements internationaux est dans l'intérêt de tous les membres de l’OMC."

 

 

1.5 l’idéologie fabrique une langue de bois. La langue de bois est un signe de reconnaissance des adeptes d’une idéologie. Contenu culturel appauvri.

Le néolibéralisme :

Croissance, compétition, confiance, transparence, ouvert, flexible, dynamique, individu, authenticité et même démocratique sont autant de mots dont les contenus contextuels sont pauvres.

L’Europe :

Euroland, Euro, Acte Unique, les traités de Maastricht et d’Amsterdam, droit européen, directives, etc... des jargons, des textes difficilement compréhensible par le commun des mortels.

L’UNICE :

"Dans le contexte de l’UEM, un cadre plus efficace pour la coopération en matière de politique économique serait souhaitable, en particulier dans le contexte de l’Euro-11, mais ce cadre n’est qu’un moyen qui ne devrait pas être poursuivi pour lui-même. La Commission devra cependant faire en sorte que les dispositions actuelles du Traité sur la convergence, la stabilité et la surveillance multilatérale soient effectivement mises en oeuvre par les Etats membres. De même, il sera important que le monde des affaires puisse communiquer efficacement les besoins de l’économie réelle aux autorités économiques et monétaires européennes. L’UNICE veut être un partenaire actif du nouveau Dialogue Macroéconomique avec la Commission, le Conseil et la Banque Centrale Européenne."

Comprenne qui pourra !

2. Un rapport au pouvoir

2.1. l’idéologie est anti démocratique. Il y a des savants, les initiés, discrédit des ignorants.

Le néoliberalisme :

L’OMC, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale (BM), l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ne sont pas des organisations démocratiques. Leurs savants de référence s’appellent Pareto, Walras, Merton, Scholes, Stiglers, etc ...

L’Europe :

L’opposition entre les peuples, les nations et l’Europe est évidente, à tel point que les fondateurs de l’Europe ont voulu se passer de leur consentement. La bataille entre la Commission et le Parlement n’est qu’une toute petite partie visible de l’iceberg. Les primats de l’économie et du technique sont là pour prouver que la démocratie et la construction politique sont laissées pour compte.

L’UNICE :

"La Commission aura aussi un rôle central dans la phase à l’introduction physique de l’euro le 1er janvier 2002. Ceci demandera une préparation minutieuse tant au niveau technique que psychologique et l’implication de tous les opérateurs économiques concernés dans les Etats membres. Au niveau de l’UE, l’UNICE est disposée à contribuer à toutes initiatives appropriées d’information et de communication afin d’assurer une introduction sans difficultés de l’euro." N’oublions pas que la Commission n’est pas une institution démocratique, mais qu’à cela ne tienne, l’UNICE préconise la propagande et même une participation active à cette propagande.

 

2.2. l’idéologie est intolérante et refuse le débat. Pas de pluralité lorsqu’il y a vérité scientifique, pas de discussion des décisions. Il faut une formation idéologique.

Le néoliberalisme :

Camdessus, ancien directeur du FMI, rejetais les critiques après les crises financières asiatiques

(la Thaïlande, l’Indonésie, la Corée du Sud et la Malaisie) en 1997 : "nous avons les meilleurs économistes du monde". Milton Friedman (prix Nobel 1976) a prétendu qu’une théorie ne devait pas être testée par le réalisme de ses hypothèses, mais par celui de ses conséquences (1).

L’Europe :

Le traité de Maastricht n’a pas fit l’objet de débat dans de nombreux pays, Amsterdam dans aucun. Au sommet de Davos de février 1998, le chancelier allemand Helmut Kohl est venu dire que l’Union monétaire européenne était un fait acquis, à propos duquel il ne voulait plus entendre de protestation (2).

L’UNICE :

"L’UNICE -Union des Confédérations Industrielles et d’Employeurs d’Europe- est la voix du monde des affaires vis-à-vis des institutions de l’Union Européenne. Ses 39 membres sont les organisations industrielles multi-sectorielles et les organisations d’employeurs de 31 pays européens, représentant plus de 16 millions d’entreprises."

(1) Essays in positive Economics, The University of Chicago Press 1953.

(2) La montagne des vanités, Lewis Lapham, 2000.

2.3. l’idéologie recherche l’anéantissement de l’adversaire. Propension à l’excommunication, à priori (vipères lubriques, poubelles de l’histoire).

Le néoliberalisme :

Si vous êtes contre la mondialisation, vous êtes contre l’international, vous êtes contre l’abolition des frontières, à la limite contre l’humanité, les peuples du monde. Telle est la dialectique utilisée pour anéantir l’adversaire. La pensée unique ne tolère qu’elle-même, elle se doit donc de discréditer, d’excommunier comme la Sainte Inquisition.

L’Europe :

L’excommunication est celle des nations ou des peuples. Lorsque la Commission Santer a fait l’objet d’attaques, Santer dénonce un "complot d’extrême droite". Tout adversaire de l’Europe est traité de "ringard", de "rétrograde", "d’archaïque", de refuser le sens de l’histoire.

 

 

2.4. l’idéologie s’incarne dans des structures centralisées. Le pluralisme n’y a pas sa place.

Le néoliberalisme :

L’OMC est toute puissante, elle condamne les Etats ou les groupes d’Etats (l’UE et le boeuf américain aux hormones), ses décisions sont sans appel, il n’y ni cours d’arbitrage, ni recours possible. Les décisions du FMI et de la BM sont de la même nature vis-à-vis des pays en voie de développement ou des pays émergents.

L’Europe :

Les institutions européennes se veulent toutes puissantes, poursuivant les Etats, sans aucune légitimité démocratique. La Commission a le monopole des initiatives, y compris en matière de réforme des institutions, le Parlement européen, seule instance démocratique n’a qu’un pouvoir de sanction global. Depuis le traité d’Amsterdam le pouvoir du président de la Commission est renforcé. La Banque centrale européenne ne rend des comptes à personne.

L’UNICE :

"L’UNICE –Union des Confédérations Industrielles et d’Employeurs d’Europe- est la voix du monde des affaires vis-à-vis des institutions de l’Union Européenne."

 

 

2.5. l’idéologie sécrète la bureaucratie. Hiérarchie rigide.

Le néoliberalisme :

Banque mondiale, FMI, OCDE, BRI, OMC... autant d’organisations bureaucratiques, remplies de fonctionnaires grassement payés.

L’Europe :

La bureaucratie européenne ressemble furieusement à celle du régime soviétique, ce sont des "sages", des "groupes de haut niveau". Plus de 200 directives, près de 25.000 règlements, etc ...

L’UNICE :

L’UNICE a constitué 60 groupes de travail, dans lesquels travaillent 1.500 experts.

 

 

2.6. l’idéologie s’oppose à la séparation des pouvoirs. Si la séparation des pouvoirs existe, elle n’est qu’apparente.

Le néoliberalisme :

L’OMC est à la fois exécutif et judiciaire, il n’y a aucun recours possible contre ses décisions.

L’Europe :

Le principe de subsidiarité n’est d’application que pour autant que la Cour de Justice n’y trouve rien à redire : en effet, le droit communautaire prévaut sur le droit national.

L’UNICE :

Elle agit au niveau "du pouvoir" : "Ce document de caractère général (Priorités de l'UNICE pour la nouvelle Commission Européenne) brosse à grands traits les principaux objectifs de politique et les principes d’orientation que l'UNICE désire adresser à la Commission dans son ensemble. Des documents distincts seront envoyés aux commissaires, concernant leurs domaines spécifiques de responsabilité."

 

2.7. l’idéologie refuse la distinction du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. Divinisation du pouvoir.

Le néoliberalisme :

Les médias divinisent le pouvoir en général, William Clinton, président des Etats-Unis première puissance néolibérale, a eu les égards des médias jusqu’à ce qu’il perde le pouvoir de fait à la suite de ses frasques sexuelles avec Monica Lewinski et sa conséquence le Monicagate (3). Il ne faut pas s’y tromper, les attaques sont venues du parti républicain, plus néolibéral que Clinton s’il est possible, au travers du procureur Starr. En effet, pour les plus ardents défenseurs des valeurs néolibérales, il est inacceptable que la fonction symbolique de la présidence ne puisse pas exercer à la fois son pouvoir spirituel et temporel (voir aussi 4.2 La perfection et la pureté), d’où la volonté de le destituer.

L’Europe :

Les médias ont presque divinisé Jacques Delors, la médiocrité de Santer lui a évité ce traitement, mais Prodi sera peut-être canonisé. Les magasines comme Eurinfo, porte-parole nationale de la Commission, manie l’encensoir à tout crin (Philippe Busquin s’en accommode fort bien, voir Eurinfo 242 de février 2000).

L’UNICE :

 

(3) Stratégie de la déception, Paul Virilio, 1999 et La tyrannie de la communication, Ignacio Ramonet, 1999

 

3. Un rapport au temps. Le temps est orienté dans les idéologies, vers la promesse d’un meilleurs, vers un progrès. Il n’y a pas de place pour le cyclique, le recommencement.

3.1. l’idéologie se fonde sur le sens de l’histoire. Son caractère utopique = excellence et volonté humaine. Les principes de progressivité et d’irréversibilité de la construction viennent prouver la vision historique de la construction.

Le néoliberalisme :

Dans son dernier discours sur l’Etat de l’Union, William Clinton, le président de Mc World Inc., saluait avec un optimisme de rigueur, l’historique bien-être de son pays, le développement bienfaisant, le progrès inéluctable. La mondialisation est inévitable, irréversible.

L’Europe :

L’Europe représente la "marche en avant". L’Europe "c’est l’avenir". Malgré le vieillissement de sa population, l’Europe est à la mode, elle se veut porteuse des valeurs émergentes, elle utilise tous les cosmétiques, y compris celui de la nouvelle économie pour affirmer sa modernité.

L’UNICE :

"Une forte compétitivité globale de l'économie sera une des conditions essentielles pour construire et élargir une société européenne prospère dans le prochain millénaire.

L'UNICE est prête à tenir son rôle pour aider les institutions de l'UE à progresser vers la réalisation de cet objectif."

 

3.2. l’idéologie promet des lendemains qui chantent. L’avenir, l’au-delà.

Le néoliberalisme :

La concurrence profite à tous. Moins d’Etat, la réduction du coût du travail, plus de croissance, plus de richesses sont les slogans du néolibéralisme qui promet des lendemains qui chantent, de Newt Gingrich à Serge Dassault, en passant par Tony Blair, Guy Verhofstadt et bien d’autres.

Un produit des marchés financiers dérivés s’appelle des "futures", une promesse en soi.

L’Europe :

L’Europe est une chance pour tous, toutes les nations qui la constituent. La nouvelle économie est une nouvelle chance pour l’Europe. L’Europe serait aussi la voie royale (depuis le Livre blanc) de la lutte contre le chômage, tout comme la nouvelle économie.

L’UNICE :

"Une forte compétitivité globale de l'économie sera une des conditions essentielles pour construire et élargir une société européenne prospère dans le prochain millénaire.

L'UNICE est prête à tenir son rôle pour aider les institutions de l'UE à progresser vers la réalisation de cet objectif."

 

3.3. l’idéologie demande des sacrifices dans l’immédiat. Faim, travail forcé, discipline de fer.

Le néoliberalisme :

Les changements ne s’effectuent, bien entendu, pas du jour au lendemain. Dans l’intervalle, il pourrait y avoir quelques moments "d’inconfort", quelques nécessités "d’austérité", peut-être de la "désorganisation"... dans les thérapies suggérées par la BM ou le FMI. Mais après... le paradis... ou l’au-delà (voir 3.2.).

Au sommet de Davos de 1998, Monsieur Li Lanquing, Vice-premier ministre de la République populaire de Chine, déclare que la Chine était prête à accepter les défis qu’imposaient "la restructuration économique et la réforme des entreprises (87.000 entreprises d’Etat concernées, dont la conséquence probable serait le licenciement de 112 millions de travailleurs). Il faut bien s’y résoudre à en passer par là." (2) voir auparavant

L’Europe :

L’Euro a imposé une discipline de fer, des sacrifices, la Belgique a eu la politique du sinistre Dehaene conformément à la politique de convergence, la France a eu celle du sinistre Juppé,... mais les résultats en matière de chômage n’étaient pas au rendez-vous. Par contre la fracture sociale y était. Y aura-t-il une vie après l’Euro ?

En matière de travail forcé, et Blair en Grande Bretagne et Schüssel en Autriche obligent les chômeurs de longue durée d’accepter des emplois d’utilité publique, ils n’ont pas innové, les gouvernements réactionnaires n’avaient pas procédé autrement avant la seconde guerre mondiale, après les crises des années 1920 et 1930.

L’UNICE :

"L'UNICE soutient une stratégie d'emploi intégrée, cohérente par rapport à la stabilité monétaire et à la discipline budgétaire. Néanmoins, en ce qui concerne le processus "de Luxembourg" pour l'emploi, elle s'inquiète de voir les États membres portés à se concentrer sur les recommandations moins exigeantes et ne pas enregistrer de progrès sur les questions essentielles, telles que la réduction de la charge fiscale globale sur l’activité économique et des coûts indirects du travail. A l'avenir, la Commission devra donner la priorité à garantir une mise en oeuvre équilibrée des lignes directrices pour l'emploi existantes, plutôt que d'en proposer de nouvelles.

Pendant bien trop longtemps les politiques de l'emploi ont été essentiellement ramenées à des approches de politique sociale, y compris au niveau de l'UE. Le moment est venu d'adopter une approche économique plus large, respectant les principes de subsidiarité et proportionalité."

 

3.4. l’idéologie est basée sur le mouvement perpétuel. Constante marche en avant, l’équilibre en avançant, vitesse croissante, accélération.

Le néoliberalisme :

Le marché obéit à sa dynamique propre, celle du mouvement. Georges Soros reconnaît qu’il n’obéit pas à la loi de la raison, qu’il est peut-être dans sa nature de s’auto-détruire, si personne ne le remettait pas parfois sur pieds (Réserve Fédérale américaine, FMI, BM ?).

Le montant des transactions effectués sur le marché des changes a été multiplié par cinq depuis 1980 pour atteindre 1.500 milliards de dollars par jour. Ce montant n’a rien à voir avec le financement des échanges internationaux qui, d’après la Banque des règlements internationaux (BRI), ne représente que 1/50ème de ce montant.

L’Europe :

L’Europe est en mouvement, c’est un mouvement continu, chaque étape appelle l’étape suivante, c’est le signe d’une dialectique de l’idéal.

L’UNICE :

"Les principales conditions (Faire de l'élargissement à d’autres pays un succès) économiques pour réussir sont les suivantes :

- l'adoption complète de l'acquis communautaire et sa mise en œuvre. Les deux points sont nécessaires pour garantir le bon fonctionnement du marché unique élargi. La date d'accession de chaque pays candidat doit être liée au moment où ces conditions seront remplies. Il faudra, pour un certain nombre de questions particulièrement délicates, négocier des périodes de transition d’une portée aussi limitée que possible et d’une durée aussi courte que possible. L'aide de l'UE devrait faciliter les réformes et adaptations rendues nécessaires par l'adoption de l'acquis dans ces domaines ;

- une consultation étroite, dans toute l'Europe, des entreprises et de leurs organisations professionnelles tout au long du processus d'élargissement (notre commentaire : une consultation des populations n’est pas évoquée). Le succès des réformes dépendra d'un soutien total de leur part au processus. Les actions de l'UNICE et de ses fédérations membres visent à renforcer les organisations représentatives dans les pays candidats pour qu'elles puissent jouer à plein leur rôle au niveau national et aider leurs membres à s’adapter à l'acquis communautaire et à faire face à la concurrence accrue."

 

3.5. l’idéologie se veut irréversible et irrésistible. Irrésistible parce que l’histoire est à sens unique.

Le néoliberalisme :

L’irréversibilité se traduit dans les faits. Après douze ans de libéralisation par Ronald Reagan et Georges Bush, le retour au pouvoir du parti démocrate aux Etats-Unis n’a rien changé en ce qui concerne l’idéologie libérale. Après dix huit ans de libéralisation par Margaret Tatcher et John Major, le retour des travaillistes au Royaume Uni n’a rien changé non plus. Bien au contraire toutes les références "anti-business" ont été gommés dans les discours de William Clinton et de Tony Blair, et tous deux ont plutôt rajouté une couche de libéralisme à la politique qu’ils mènent. Il aura fallu attendre le sommet de l’OMC à Seattle pour faire douter de l’irréversibilité du processus en cours.

L’Europe :

Tellement unique, malgré ses échecs (CED, intégration politique,...) qu’elle ne peut pas réformer la PAC, dont la finalité actuelle n’a plus rien à voir avec celle de sa création. Qu’elle choisit des systèmes irréversibles (perception de la TVA à la source et non à l’arrivée) ?

L’UNICE :

"L'intégration dans l'Union Européenne des candidats à l'accession est un des plus grands défis pour l'Europe dans la prochaine décennie. Le processus est complexe, mais l'enjeu est vital pour la sécurité et la prospérité en Europe. L'élargissement, basé sur les principes de la démocratie et de l'économie de marché, représente une opportunité unique d'améliorer la compétitivité des entreprises de l'UE et des pays candidats, source de croissance et d'emplois."

 

4. Un rapport au réel. Négation de la réalité humaine : nature, culture, morale, politique.

4.1. l’idéologie est révolutionnaire. Homme nouveau, nouvelle économie, construire l’avenir.

Le néoliberalisme :

Le libéralisme a engendré la révolution industrielle, le néolibéralisme engendre la révolution de l’informatique ou de la soi-disant communication. "Les machines créent des emplois" écrivait Alfred Sauvy (4), aujourd’hui on nous dit de toute part "Internet crée de l’emploi, des emplois dans l’information, la communication, le multimédia". Benjamin Barber écrit (5) "je l’appelle le secteur de l’info-spectacle, il comprend ceux qui créent et contrôlent le monde des signes et des symboles, qui médiatisent l’ensemble de l’information, de la communication et des programmes, incluant les créateurs de mots, d’images comme les publicitaires, incluant les cinéastes, les journalistes, les intellectuels, les écrivains et même les créateurs de logiciels, ainsi que-dans la mesure où ils sont également dans la création des signes et des images- les professeurs, les prédicateurs, les hommes politiques et les experts qui sont au service de l’âme humaine individuelle et collective."

L’Europe :

Monnaie nouvelle, l’Euro détruit une valeur symbolique essentielle, l’identité nationale, c’est une révolution préméditée. Les résultats sont encore incertains.

L’Europe ne veut pas rater le train de la révolution de la nouvelle économie (voir les conclusions du sommet de Lisbonne des 23 et 24 mars 2000).

 

 

(4) L’économie du diable ou Malthus et les deux Marx, 1966.

(5) Djihad versus Mc World, 1996.

4.2. l’idéologie s’assigne pour objectif la perfection et la pureté. Transformer le monde, le rendre parfait, radicalisme vis-à-vis de l’imperfection, peu importe les dégâts.

Le néoliberalisme :

Les économistes libéraux se veulent purs, sans taches, sans saleté sur les mains, ils invoquent la concurrence pure ou parfaite. Mais la concurrence pure n’existe pas et les chefs d’Etat qui mettent en oeuvre les théories des économistes libéraux (le plus souvent des dictateurs comme Pinochet, Suharto, Eltsine,...) se salissent les mains.

L’Europe :

Pas de nationalisme, pas de guerre. Monnaie unique, monnaie parfaite. Inflation zéro. Qualité totale, zéro défaut.

 

 

4.3. l’idéologie cherche à abolir les différences. Pureté, individualisme, anonymie, solitude, égalité des sexes.

Le néoliberalisme :

Coca-Cola, Mc Donald’s, Nike, Levi’s, Marlboro, Microsoft, etc ... pour tous. L’individualisme, l’atomisation de la société servent les acteurs de l’économie néolibérale et mondialisée, les multinationales. Elles sont d’autant plus puissantes que l’individu est solitaire, anonyme, que les garçons et les filles adoptent les mêmes standards de comportement et de consommation, et que vive l’unisexe, en gommant les différences, la communication et les échanges, à moins qu’ils ne soient virtuels.

L’Europe :

Le monisme neutre, philosophie abandonnée par ses promoteurs constatant son impossibilité, sa non-réalité (Bertrand Russell à la fin de sa vie), proposé comme grise uniformité des normes, et sa logorrhée européenne provoquant un nivellement vers le bas (le chocolat par exemple), entre autres au travers du "benchmarking". Nivellement des règles d’immigration.

 

 

4.4. l’idéologie s’attaque à la nature. Point de nature biologique, morale, sociale, spirituelle... point d’identité culturelle.

Le néoliberalisme :

Marées noires, pluies acides, pollution des eaux souterraines par les pesticides et les engrais, fuites radioactives, effets des CFC, effet de serre dû au CO2, déchets toxiques, épuisement des ressources piscicoles, allergies, etc ... n’ont plus de frontières. La mondialisation a même inventé le libre échange de la pollution par rachat de droits (Protocole de Kyoto).

L’Europe :

Combattre l’identité nationale est au départ une des motivations de la construction européenne. Le traité de Maastricht a été utilisé pour contrer la possible résurgence de la nation allemande qui pouvait résulter de la réunification des deux Allemagne. L’ouverture des frontières et le dogme libre-échangiste ont été utilisés pour lutter contre les cultures nationales et les éventuels protectionnismes ou exceptions culturelles.

L’UNICE :

"Pour l'UNICE, il est prioritaire de se mettre d’accord sur des règles relatives aux mécanismes de Kyoto puisque, à condition d'être correctement conçues, elles offriront une telle flexibilité et pourront jouer un rôle important de fourniture d’options rentables."

 

 

4.5. l’idéologie s’attaque à la culture. La culture est tradition, héritage, complexité, liberté, valeurs, différences.

Le néoliberalisme :

Le néolibéralisme veut coloniser le monde par une culture marchande uniforme, il lutte contre l’affirmation qu’il y a un espace pluraliste où chacune des nombreuses cultures a sa place. Les marchés tendent à atténuer les clivages ethniques, philosophiques et religieux, ils sapent l’esprit critique, le jugement autonome, ils combattent la résistance à leurs manipulations. Coca-Cola, Mc Donald’s, Microsoft, Disney, CNN, Nike,... ont fait plus et plus vite pour détruire les cultures et les différences que tous les missionnaires chrétiens pendant des dizaines de siècles. Dans son rapport annuel de 1992, Coca-Cola revendique le droit, par des investissements agressifs, d’envahir les sociétés où le thé était la boisson traditionnelle et de les faire passer progressivement à des boissons plus douces comme le Coca-Cola.

L’Europe :

Construire une culture européenne ne peut conduire qu’a l’adoption d’un jargon eurocratique centré sur une langue de bois, vraisemblablement une langue véhiculaire "anglais international" dont la pauvreté contextuelle conduira à un nivellement culturel au vocabulaire réduit, un plus petit dénominateur commun. En dépit des efforts consentis les programmes d’échanges européens d’étudiants (programme Erasme) ne sont pas un franc succès. Les harmonisations et réglementations européennes en matière d’alimentation et de cuisine sont des catastrophes pour les spécificités nationales et régionales (hygiène, protection de la santé et des animaux sont autant de prétextes pour tuer les spécificités).

L’UNICE :

"La nouvelle Commission devrait essayer de recentrer l’approche européenne de ces problèmes sur base des besoins réels des entreprises dans le marché unique : ...

- la standardisation et la reconnaissance mutuelle des réglementations nationales sont encore insuffisantes dans beaucoup d’Etats membres."

4.6. l’idéologie s’attaque à la morale. La morale antique des hommes, des droits de l’homme.

Le néoliberalisme :

Comment être à la fois bon chrétien et capitaliste heureux ? Comment concilier le constat qu’en général, ce qui est moral ne paie pas et ce qui paie est immoral ? La BM exige de ceux qui désirent contracter un emprunt auprès d’elle s’engagent, par un protocole, à ne pas se livrer à des tractations malhonnêtes. Mais elle pratique des taux d’intérêt tellement élevés qu’ils anéantissent tout espoir de croissance économique. Joseph E. STIGLIZ, Economiste en chef de la BM (97/99) déclare : "Dans de nombreux cas, les prêts étaient destinés à corrompre des gouvernements pendant la "guerre froide". Le problème n'était pas alors de savoir si l'argent favorisait le bien-être du pays, mais s’il conduisait à une situation stable, étant donnée les réalités géopolitiques mondiales."

Michel CAMDESSUS, Directeur général du FMI (1987/2000) : "Le Jubilé 2000, c'est bien. Je suis un grand pécheur mais un bon chrétien, mais attention de ne pas gagner la bataille de la dette et de ne pas perdre la guerre du développement. J'ai vendu les bijoux de famille, c'est-à-dire l'or, pour çà ! Pour ceux qui payent c'est beaucoup. Nous devons trouver le moyen de financer çà. L'or du FMI et les profits de la BM (qui sont gros) ne suffiront pas. Les ministres devront assurer une part du fardeau."

Extraordinaire dans la bouche de Michel CAMDESSUS parce qu'on estime que l'effort qui devrait être réalisé par le FMI est de l'ordre de 3 milliards de dollars. Alors que la somme réunie par le FMI dans la crise du Brésil pour sauver les créanciers de ce pays était 41milliards de dollars, que pour l'Asie du Sud-Est c'était en 1997, 70 milliards de dollars qui ont été apportés à ces pays pour rembourser les créanciers.

La société de consommation supporte mal les lois moralisatrices : fermeture des pubs à certaines heures en Grande Bretagne, respect du sabbat par les juifs orthodoxes, fermeture hebdomadaire des commerces, etc ...

L’Europe :

La morale européenne est permissive, les institutions européennes (Cours européenne) ne s’en soucient pas, le Conseil de l’Europe, plus large que l’UE, s’occupe de la défense des droits de l’homme.

L’UNICE :

"Il faut agir à tous les niveaux adéquats afin de :

- réduire les charges fiscales et réglementaires excessives qui pèsent sur le secteur privé et augmenter l’efficience des activités du secteur public ;

- améliorer l’ouverture, la flexibilité et l’adaptabilité de tous les marchés ;

- encourager l’esprit d’entreprise et établir un meilleur équilibre entre les risques et les récompenses liées au fait de mener une activité économique en Europe.

L'employabilité est la clef pour plus d'emplois… Ce but ne pourra être obtenu et poursuivi que par une compétitivité accrue, une plus grande croissance économique et des réformes structurelles efficaces, en particulier des marchés du travail, visant à :

- en augmenter la flexibilité et l’efficience,

- diminuer les coûts globaux excessifs de l'emploi,

- augmenter l'employabilité plutôt que la surprotection de la force de travail."

Pas un mot sur les valeurs chrétiennes de solidarité et de partage, sur le rôle redistributif des charges fiscales collectées par les Etats.

 

 

 

4.7. l’idéologie s’attaque à la politique. La politique doit être assujettie à son but, dès lors tout deviendra "politique".

Le néoliberalisme :

Alors que les choix économiques devraient être de nature privée, puisqu’ils concernent les besoins et les désirs individuels, les choix politiques devraient être publics par nature, puisqu’ils concernent les biens et les services publics. Les tenants d’un libéralisme sans contraintes veulent nous soumettre à la domination des marchés sous le prétexte qu’il est démocratique de "voter" avec son argent. La "main invisible" des marchés mondiaux s’est emparée de l’intérêt public et du bien commun, naguère aux mains des citoyens et des gouvernements démocratiques.

Aux Etats-Unis, on a atteint le paroxysme de la soi-disant démocratie, en réalité la démocratie du dollar, puisque les présidentiables sont "achetés" par les multinationales et les milliardaires. Georges Bush est le champion toutes catégories du monde des affaires, les sommes d’argent qu’il a récoltées pour sa campagne ont battu tous les records. Et pourtant cet être est plutôt intellectuellement moyen et moralement condamnable, c’est un assassin qui a fait exécuter plus des dizaines de personnes. Quel homme sensé, respectueux de la vie, voudrait voir ce personnage diriger le pays le plus puissant de la planète ?

L’Europe :

La souveraineté nationale n’est plus, l’Europe est une coquille vide sur le plan politique. La distance entre le citoyen et les institutions européennes est telle que les débats démocratiques n’existent plus. Devant la prétendue liberté qui ne tient pas compte de la souveraineté des institutions élues, il n’y a plus rien à décider parce que tout est déjà décidé, il n’y a donc plus de politique, il ne reste que des techniciens et des experts.

L’UNICE :

"L’UNICE salue également une série de changements récents dans les méthodes de fonctionnement de la Commission, visant à améliorer la qualité, la cohérence et la gestion de différentes politiques européennes qui ont un impact direct sur les entreprises. Elle salue en particulier la décision de refondre une série de responsabilités politiques séparées dans une Direction horizontale pour l’entreprise et la société de l’information. Pour augmenter encore davantage la cohérence, l’UNICE serait en général favorable a la réorganisation d’autres domaines politiques connexes."

 

4.8. l’idéologie donne le sentiment de l’absurdité.

Le néoliberalisme :

L’Etat c’est l’ennemi dit le néolibéralisme. L’Etat a financé la spéculation immobilière, en France, au Japon, aux Etats-Unis,... , partout. Aux Etats-unis précisément, l’Etat ne pèse que 30%, les Etats-Unis dépensent plus pour la santé que la France, pour avoir une santé (privée) moins bonne et surtout réservée aux riches.

L’Etat renfloue les pertes des sociétés privées, Greenspan (Réserve Fédérale américaine) a renfloué LTCM (Long Term Capital Management) pour lui éviter la faillite ; en France, le contribuable a payé deux fois les pertes du Crédit Lyonnais, une première fois lors des pertes, une seconde fois lors de la privatisation. Chirac et Juppé voulaient vendre Thomson pour un franc symbolique à Daewoo ; cela ne s’est pas fait, heureusement, car aujourd’hui Daewoo est en crise, mais Thomson va bien.

Qui fraude ? Les riches, la fraude à la TVA en Europe est faite par les riches, KB Lux organise des circuits de fraude pour les riches par des prêts fictifs.

Toyota a inventé le zéro stocks, les flux tendus, tout en rotation, tout sur la route, dans les soutes de l’Erika.

Le reenginering, l’out-sourcing, la sous-traitance et l’intérim ont inventé le zéro-stock en matière de main-d’oeuvre. On prend, on jette. Adaptation du travail à la demande, flexibilité, annualisation et employabilité.

L’Europe :

Gaspillage extraordinaire de ressources matérielles et humaines, règlements injustifiables, complications bureaucratiques, mensonge permanent, peur. Le sentiment de l’absurdité se développe face aux décisions européennes. La PAC ne satisfait personne, ni les Etats, ni les agriculteurs, ni les consommateurs, ni les partenaires internationaux, seulement les fonctionnaires de l’Europe et les multinationales de l’agro-alimentaire. L’incapacité à résorber le chômage, les compétitions entre Etats et régions au travers des mesures fiscales, des aides renforcent les égoïsmes, les gaspillages qui en résultent déstabilisent la démocratie, surtout les masses populaires les plus défavorisées qui éprouvent des sentiments d’aliénation caractéristiques des régimes idéologiques. L’Europe libre-échangiste ne sait quoi faire de plus de 10% de sa population active, elle l’a rendue inutile, au sens propre.