Mercredi 28 février - Jeudi 1er mars - Vendredi 2 mars











Photos: La Jornada


- Ce mercredi 28 février, la caravane zapatiste, toujours composée de 3.000 participants, a quitté Puebla pour se rendre dans l'Etat d'Hidalgo.
A Tlaxcala, les représentants zapatistes ont affirmé que le Plan Puebla-Panama (pour en savoir plus, clickez [ici]) du président Fox devait changer de nom et s'appeler Guatemala-Panama, parce que du Chiapas (frontalier avec le Guatemala) à Puebla (proche de la capitale), il n'y aurait rien de semblable aux projets néolibéraux de président mexicain.
Lors de la longue journée de mercredi durant laquelle six arrêts étaient prévus, le chef militaire des Zapatistes a redemandé à la foule quelle paix elle voulait réellement en faisant référence aux frères d'Acteal (Chiapas) qui avaient signé la paix avec des groupes paramilitaires deux semaines avant le 22 décembre 1997, jour où 45 personnes de cette communauté furent lâchement assassinés...

A Ixmilquilpan, ville située dans un région de forte émigration, les délégués zapatistes ont recueilli une fois de plus les faveurs de la foule toute acquise à la cause indigène. Et tout cela sous des torrents d'eau dans une ville dont le nom veut dire "nuages stériles". Un signe...?!

Ce mercredi, aussi, les Zapatistes ont annoncé formellement le début des contacts avec les législateurs fédéraux.

- Ce jeudi, la caravane a repris son petit bonhomme de chemin pour faire escale dans l'Etat du Queretaro, dans l'entre du gouverneur Loyola, membre du PAN comme Vincente Fox mais opposé à sa dite politique de pacification.
D'ailleurs, la caravane a pu remarquer cet Etat est dépourvu des traditionnelles pancartes publicitaires "Dites oui à la paix" du gouvernement fédéral en fonction.

Mais, avant d'arriver, dans la capitale de l'Etat, la caravane a eu un accident impliquant neuf de ses véhicules et causant la mort d'un policier.

Dès que les chocs ont été ressentis, des dizaines de militants ont entouré le car des délégués zapatistes craignant une attaque étant donné les menaces et l'atmosphère d'hostilité aux zapatistes qu'a tenté de semer le gouverneur de l'Etat.
A cause de l'accident, la caravane a décidé d'annuler la suite des activités pour la journée et de les reporter au vendredi matin.

Malgré le "contre-temps", la caravane est donc arrivée dans la ville de Queretaro où, à nouveau, des milliers de gens l'attendaient et où Marcos s'est lancé dans un discours historico-politico-satyrique contre le gouverneur parce que celui-ci avait, entre autres, déclaré: "Nous n'avons qu'une armée...s'il y en a une autre... ils sont des traîtres à la patrie, ils méritent la peine de mort". Marcos a ironiquement remercié le gouverneur qui, par toute ses déclarations, a permis que la venue de la caravane soit connue de toute la population de Queretaro.

(Pour l'anecdote, la radio locale a interrompu sa retransmission de l'événement quand Marcos a commencé à parler.)

Le gouverneur Loyola, entrepreneur de 46 ans , est un ex-dirigeant de la confédération patronale de la république mexicaine (COPARMEX). Réac parmi les réacs, la répression est sa méthode pour règler les conflits politiques et sociaux.

Il détient, dans les geôles de son Etat, deux leaders du Front Zapatiste de Libération Nationale et refuse de les libérer pour permettre la reprise du dialogue entre le gouvernement fédéral et l'EZLN.
S.J.Sanchéz et A.P.Robles furent immédiatement arrêtés le 5 février 1998 pour avoir participé à une manifestation tumultueuse dans laquelle fut détruit l'autobus du président de la république de l'époque, Ernesto Zedillo.

Cet insupportable ultraconservateur de Loyola est aussi un grand défendeur de l'ordre moral sur son territoire. Pour exemple, deux jeunes punks, présents au meeting de la délégation zapatiste, se sont plaints de ne pas trouver de préservatifs dans les pharmacies de la ville.

Loyola n'aime pas non plus les marchands de rue. D'habitude ses policiers leur font la chasse. Mais, ce jeudi, la ville était vide de ses policiers. Le gouverneur, qui avait décidé de passer la journée en dehors de la ville, avait ordonné à ses troupes de ne pas sortir des casernes pour ne pas participer à la sécurité de la caravane.
Evidemment, les marchands de rue ont saisi l'occasion pour profiter des 5.000 personnes présentes.
A la question d'un journaliste de La Jornada voulant savoir ce qu'il pensait des Zapatistes, un vendeur de cacahuètes a répondu qu'aujourd'hui, grâce à Marcos, ses enfants auraient du beurre, ...c'est joli, n'est-ce pas?


- Hier, vendredi 2 mars, la délégation a continué sa tournée et est passée notamment par Guanajuato, ville originaire du président Fox. Durant leurs escales, les délégués zapatistes ont rencontré notamment des pêcheurs qui souffraient de la répression gouvernementale. Ils sont arrivés finalement, dans l'après-midi, à Nurio où, dans une ambiance festive, ils furent accueillis par quelques 3.000 délégués indigènes, représentant les 57 ethnies du pays, pour entamer les discussions du 3ème Congrès National Indigène (CNI). Celui-ci concentrera ses travaux sur la loi "COCOPA" ("Pourquoi la Marche Zapatiste?").

 

- Selon un récent sondage, 70% des Mexicains sont favorables à la paix, mais la majorité croit qu'elle ne sera signée.

- Ce jeudi 1er mars, deux cents personnes ont manifesté devant la demeure du président de la république (Los Pinos) pour exiger, entre autres choses, que Vincente Fox tienne ses promesses de paix. Les manifestants ont dénoncé que la paix qu'offre le nouveau gouvernement n'est pas la même que cherchent les Zapatistes, celle du président n'étant que publicitaire.

- Au même endroit, des membres du gouvernement se sont réunis pour analyser un possible accomplissement des conditions exigées par l'armée indigène pour retourner à la table de dialogue.

- Ce jeudi 1er mars, Vincente Fox a déclaré que dans le gouvernement, "nous sommes prêts pour avancer dans l'accomplissement des conditions des Zapatistes." Encore de bonnes paroles mais peu de faits...

- La Commision de Concorde et de Pacification (COCOPA), quant à elle, a exprimé une certaine "préoccupation" pour le ton des discours du subcommandante Marcos qui marque "un claire éloignement de la position qu'a adopté le président".

- L'Union européenne a exhorté ce jeudi 1er mars l'Armée Zapatiste "à ne pas laisser sans réponse les efforts réalisés par le gouvernement". Cette prise de position a eu lieu dans le cadre de la tournée du secrétaire d'Etat mexicain aux affaires extérieures, Mr Castañeda, sur le vieux continent. Voyage diplomatique où, outre les tractactions commerciales, le représentant du gouvernement mexicain a mené une opération de charme pour convaincre ses interlocuteurs que le Mexique est devenu un pays démocratique. Un pays si démocratique, que de nombreux Etats sont militarisés, que des prisonniers d'opinion croupissent dans les prisons, que la majorité de la population est pauvre, que les groupes paramilitaires agissent encore dans une totale impunité,... démocratique, le Mexique, donc!!!

- Et pourtant, Fox semble vouloir faire des efforts pour redorer l'image du Mexique. Il a notamment annoncé que quelques 1.000 indigènes dans tout le pays seront libérés prochainement car ils ont été mis en taule sur base d'irrégularités ou parce qu'ils n'avaient pas d'argent pour assumer les frais de justice.

- "Marcos donne au monde une leçon de bon usage des symboles politiques", tels furent les mots de Fidel Castro sur la marche zapatiste, lui qui ne s'était jamais exprimé sur l'EZLN.
Et il a raison le leader maximo, Marcos montre sa grande habilité à discourir lors des meetings de la caravane zapatiste. Mieux qu'un José Bové menotté devant un palais de justice, Marcos fait preuve à chacune de ses interventions d'une verve oratoire digne du maître de la communication politique, à savoir Fidel Castro.

[Lisez les discours des délégués zapatistes sur EZLNalDF ou IMC-Chiapas]