En dépit des divergences idéologiques et programmatiques qui les opposent, le POS et le PTB pourraient néanmoins collaborer dans les mobilisations sociales des prochains mois. C'est ce qui ressort du débat POS-PTB le samedi 1er septembre à Borzée (Ardennes), dans le cadre de l'école d'été annuelle de la Fondation Léon Lesoil. Ce débat - sans précédent dans l’histoire des deux organisations - avait lieu à l’initiative du POS. Le contentieux entre le POS et le PTB est extrêmement important. Les deux partis ont des conceptions opposées sur la démocratie et le pluralisme politique dans une société socialiste, le respect de l’auto-organisation des mouvements sociaux par les partis révolutionnaires, l'autogestion par les travailleurs, la lutte contre la bureaucratie... Le POS (trotskiste) se réclame de la lutte de l’opposition de gauche contre le stalinisme, tandis que le PTB a soutenu les procès de Moscou dans les années ’30 et l’écrasement du printemps de Prague en août 68, notamment. Sur ces questions, le débat de Borzée n’a esquissé aucun rapprochement des points de vue entre POS et PTB. Par contre, le débat a révélé certaines convergences dans l'analyse du mouvement contre la mondialisation néolibérale et capitaliste, ainsi que dans la formulation des tâches qui incombent aux militants de la gauche radicale dans ce mouvement. Le représentant du PTB a souligné que son parti entend contribuer à construire le mouvement le plus large possible contre l'Union Européenne et pour une autre Europe, en privilégiant l’unité dans le respect des composantes, y compris le POS. Etant donné sa tradition de combat pour l’unité, d’une part, et son engagement depuis plus de dix ans en faveur de l’européanisation des luttes, d’autre part, le POS ne pouvait que se réjouir de cette évolution du PTB. Le changement tactique qui semble s’annoncer se confirmera-t-il ? Débouchera-t-il sur une réorientation stratégique à long terme ? Le PTB va-t-il concevoir autrement sa relation aux mouvements sociaux, aux fronts unitaires et aux autres composantes politiques de gauche ? Il est trop tôt pour le dire. Le fait qu ‘un texte du PTB traitant «les trotskistes » d’ « agents de la CIA » soit toujours disponible sur le website du PTB incite à la prudence. Une chose est sûre : dans les comités D14, qui mobilisent contre le sommet de Laeken, le comportement du PTB marque un vrai changement. Cela contribue à créer le climat de collaboration nécessaire à la formation d’un front allant bien au-delà de la gauche radicale. Le POS invite les sceptiques à s’en rendre compte par eux-mêmes. Au moment où le PTB semble vouloir jouer la carte d’une large unité dans la diversité, il serait dommage que d’autres jouent celle de la division ! Car l’unité est indispensable. Aujourd’hui, le formidable mouvement contre la mondialisation capitaliste place chacun devant ses responsabilités. La mobilisation pour une autre Europe n’est pas que l’affaire de l’extrême-gauche. Surtout face à la répression et à la criminalisation de ce mouvement, l’unité la plus large est plus nécessaire que jamais. Au cours du débat de Borzée, on a rappelé que, lors des élections communales d’octobre 2000, à Anvers, POS et PTB s’étaient rencontrés pour envisager la possibilité d’une liste commune. Les négociations avaient échoué sur la volonté du PTB d’imposer son seul sigle à la liste. Le représentant du PTB a esquivé ce débat sur la collaboration électorale. Pourtant, la division de la gauche radicale est cause du fait que la Belgique est un des seuls pays de l’Union Européenne sans parlementaires à gauche du PS et des Verts. Un rapprochement pratique entre le POS et le PTB peut favoriser la formation d’un regroupement politique anticapitaliste large et crédible, comme il en existe dans d’autres pays européens. Selon le POS, la construction d’une telle force est indispensable pour présenter une alternative à l’arc-en-ciel et offrir un débouché politique aux luttes, notamment au mouvement « antimondialisation ». Vos réactions sont les bienvenues