MARCHEZAPATISTE:

ACTE 4: ETAT DE VERACRUZ

"Le zapatisme s'est transformé en un phénomène politique de masse", c'est la remarque qu'a fait un journaliste de La Jornada devant les dizaines de milliers de personnes qui accueillent la caravane zapatiste chaque jour.

Des observateurs ont remarqué que qu'il n'y avait aucun acte politique au Mexique où autant de femmes s'exprimaient que durant la caravane zapatiste.

La délégation de la Commandancia Zapatista a terminé la journée d'hier par un meeting devant des milliers de personnes à Puebla, dans l'Etat de Veracruz, proche de la capitale mexicaine.
Au cours de la journée, la caravane s'était rendue dans deux municipios voisins, à Tehuacán (5.000 personnes) et à Orizaba (entre 10.000 & 20.000 personnes)
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"Grâce à leur mobilisation depuis 7 ans, leur mouvement a permis de créer une nouvelle conscience à propos des droits indigènes", tels furent les mots du président Vincente Fox Quesada devant quelques "maîtres du monde" réunis à Cancún, pour une session du Forum Economique Mondial.
Surprenant tout de même, n'est-ce pas?
Le président n'est-il pas en train de se rendre compte qu'un rapport de force est en train de s'installer au Mexique, un rapport de force en faveur d'une paix digne et juste, la paix qu'exigent l'armée zapatiste?
Le président a même rajouté que "la marche zapatiste a pour objectif de soutenir l'initiative du gouvernement fédéral". Le mandataire public parle du fait qu'il ait envoyé la proposition de loi COCOPA pour les droits et la culture indigène au Congrès fédéral et pour laquelle les Zapatistes marchentvers la capitale.
Marcos & Fox, même combat? Ce laquais des multinationales ne le fera croire à personne.

A chacune de leurs étapes, les Zapatistes sont accueillis chaleureusement par les représentants des différentes ethnies de la région. A chaque fois, ces ethnies offrent aux délégués de l'EZLN "el baston de mando" (littéralement le batôn de commandement)

 

Selon les services d'immigration mexicains, environ 700 étrangers sont rentrés sur le territoire national pour participer à la Marche zapatiste et/ou aux mobilisations contre le Forum Economique de Cancún. Parmi ces "touristes révolutionnaires", 52 s'étaient fait expulsés auparavant pour s'être immiscer dans les affaires politiques intérieures du Mexique, c'est-à-dire pour "des faits de zapatisme".


Les maquiladoras trouvent à Puebla et dans sa région une importante main d'oeuvre bon marché. Des centaines d'entreprises étrangères sont venues s'y installer ces dix dernières années en "volant légalement" la terre des peuples indigènes. Levi's, Guess, Gap, Nike ou Reebook font travailler des mineurs d'âge, violent constamment les lois du travail. A Tehuacan, les maquiladoras s'approprient l'eau des nappes fréatiques de manière illégale, une eau qui manque souvent cruellement à la population.
A Tehuacan encore, il y a beaucoup de femmes et d'enfants travaillant dans la rue. La municipalité leur a donné un ultimatum: soit travailler dans la maquila, soit la prison. La majorité fut mise en prison.
Et justement, dans cette dernière, 7 prisonniers sur 10 sont indigènes.
Ces dernières temps ont éclaté des conflits dans plusieurs maquiladoras. Le plus important fut à Atixclo où, le 9 janvier, 800 travailleuses de la firme coréenne Kukdong se mirent en grève pour dénoncer les conditions de travail, les bas salaires, l'engagement de mineures d'âge. Deux jours plus tard, la police est venue les déloger par la force.
Kukdong est une usine qui travaille pour Nike. Le contrat entre la firme asiatique et la firme étasunienne représente 2.500 millions de dollars de revenus pour cette dernière.
Cette affaire a eu des répercussions internationales, des syndicalistes d'Amérique du nord sont notamment venus soutenir les revendications des 800 travailleuses et des étudiants étasuniens ont lancé une campagne de boycot des produits Nike dans plusieurs villes des Etats-Unis.

Lors des meetings, le long des routes, les slogans exprimés sont souvent d'abord et seulement pacifistes ("Queremos Paz") pour devenir couramment et très vite pro-zapatistes ("Viva el EZLN", "Todos somos Marcos",...).

 

 

A Orizaba, ville industrielle de l'Etat de Veracruz, des vétérans des luttes sociales ne se souvenaient pas de telles mobilisations, sauf peut-être en 1988 lors d'un meeting du candidat du PRD (social-démocratie) aux présidentielles.

La dernière semaine de janvier, peu après que l'EZLN ait fait connaître l'itinéraire de sa marche, l'Armée fédérale a militarisé plusieurs régions indigènes où se sont organisés les gens pour accueillir les rebelles chiapanèques. Ces manoeuvres visaient à intimider les indigènes de la Sierra Negra qui, outre leur soutien aux Zapatistes, mènent une lutte depuis 12 ans pour leurs droits les plus élémentaires.

 

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Toutes les photos sont tirées de La Jornada.