Journée internationale des femmes
En urgence
hier soir, la Chambre des Représentants de Belgique a adopté
à l'unanimité la résolution "Safiya Husseini"
C'est en
bousculant son agenda que la Chambre a tenu à adopter à
l'unanimité, jeudi soir, la proposition de résolution «
Safya HUSSEINI » (cfr http://www.lachambre.be, document parlementaire n°1634).
Le Parlement belge demande donc la grâce de la jeune femme et
l’abrogation des dispositions de la Charia qui violent les droits humains
fondamentaux, au Nigeria et ailleurs.
Lors du
débat, la situation dramatique dans laquelle se trouvent Safiya et son
bébé avait été rappelée : elle est
condamnée à mort par enterrement et lapidation pour avoir mis
Adama au monde sans être mariée.
Ni
"relativisme culturel", ni campagne anti-musulmane
Dans divers
domaines de la vie sociale, le respect des différences et le relativisme
culturel commandent une approche modulée de systèmes de valeurs
qui peuvent heurter les conceptions occidentales. Mais on se trouve face
à l’intolérable avec des interprétations aussi
radicales de la Charia.
On ne peut
assimiler la prise de conscience internationale en cours avec une quelconque
campagne anti-musulmane : de nombreuses voix musulmanes se sont en effet fait
entendre, y compris parmi les théologiens, pour condamner ce type
d’interprétation pénale de l’Islam.
Le vote
unanime et urgent de cette résolution est un signal à
l’égard des autres Etats qui pratiquent de la sorte (comme
l’Iran, le Soudan ou l'Arabie Saoudite). Si le combat est loin
d’être gagné, on a senti au Nigeria ces derniers mois
l’émergence d’un clivage entre les quelques Etats
fédérés du Nord où a cours la Charia, et le
gouvernement fédéral de M. OBASANJO, manifestement
gêné par leurs dérives répressives.
En commission
parlementaire, M. MICHEL, ministre des Affaires étrangères, avait
rappelé son action et celle de l’Union européenne sur ce
dossier au cours des derniers mois. Une démarche officielle à
propos de la peine de mort a été menée le 11
février par les Quinze vis-à-vis des autorités du Nigeria.
Selon le ministre, la réponse de Lagos à cette initiative fut
« en retrait » sur cette question par rapport aux évolutions
prometteuses enregistrées précédemment.
Et
maintenant ?
Les Quinze ont
donc inscrit ce point à l’ordre du jour de la prochaine session de
la Commission des droits de l’homme de l’ONU, qui se tiendra
à Genève du 18 mars au 26 avril.
Fort de cette
résolution, M. MICHEL a annoncé une nouvelle initiative en
direction du Président OBASANJO. De leur côté, les
parlementaires rencontreront ce lundi, à 11 heures à la Chambre
(Maison des Parlementaires, Rotonde 1), M.Gabriel Fam AKUNWAFOR, Ambassadeur du
Nigeria à Bruxelles.
On
espère évidemment que ce texte apportera de l’eau au moulin
des avocats de Safiya, qui devraient se voir signifier, le 18, la
décision du tribunal sur son premier recours en appel de sa
condamnation.
Par ailleurs,
le vote de ce jeudi contribuera peut-être à réparer,
fût-ce très partiellement, le drame du 22 septembre 1998. Ce
jour-là, une autre femme nigeriane, Semira ADAMU, tombait à
l'aéroport sous les coups de policiers belges chargés de
l'expulser, alors qu'elle fuyait un mari qu'on voulait lui imposer.
Vincent
Decroly, Député (indépendant)
www.vincentdecroly.be
Ma proposition
de résolution avait été co-signée par Mmes
Joëlle MILQUET (PSC), Mirella MINNE (ECOLO), Fientje MOERMAN (VLD) et MM.
Jacques LEFEVRE (PSC), Patrick MORIAU (PS), Ferdy WILLEMS (VU-ID). Leen LAENENS
(AGALEV) fut rapporteuse sur la question en séance
plénière.
Question orale
posée le 10 janvier à la Chambre et réponse du ministre
des Affaires étrangères :
- http://www.dekamer.be/plenary/cri/50/3/pdf/ip198.pdf
Divers sites
utiles sur le cas de S. HUSSEINI ou sur la problématique de la Charia au
Nigeria et ailleurs (nombreux articles de presse consultables) :
- http://educweb.charline.be/PicWeek/Nigeria/Safya.htm
- http://www.annuaire-au-feminin.tm.fr/URGENCEsafyia02.html
- http://www.droitsdesfemmes.net
- http:/www.nigeriaparis.com/press.htm (site de l'Ambassade du Nigeria
à Paris)