Vincent Decroly, ex-député écolo devenu
indépendant, a interpellé
le 21 novembre 2002 le gouvernement pour qu’il respecte le
Traité de Non Prolifération (TNP) et qu’il renvoie les
bombes nucléaires de Kleine Brogel à son propriétaire, les
Etats-Unis. Les mandataires Ecolo et Agalev qui s’étaient
pavanés à Kleine Brogel le 5 octobre ont voté à
l’unanimité (sauf une abstention d’un député
Agalev, Peter Vanhoutte) avec les autres partis de la majorité pour la
«motion pure et simple» qui dans le jargon parlementaire, signifie
«on classe, on ne prend pas en considération
l’interpellation, on passe au point suivant de l’ordre du
jour».
Le score en faveur de cette motion d’irresponsabilité
digne du procurateur de Judée, Ponce Pilate, fut 82 oui dont les
députés Écolo et Agalev, 1 non (Decroly) et une
abstention, de la part du député Agalev, Peter Vanhoutte.
Belle hypocrisie de l’assemblée nationale dont le
gouvernement a signé le TNP et
trahison d’Ecolo et d’Agalev qui, dans leur programme
électoral, demandaient l’évacuation des bombes de Kleine
Brogel qui représentent un arsenal d’environ 10 exemplaires dont
la puissance destructrice globale est supérieure à 100 fois la
bombe d’Hiroshima.
Que Louis Michel ait proposé de prendre la tangente pour
éviter de prendre une position délicate vis-à-vis des
États Unis et de l’OTAN et contraire à l’opinion
générale de son parti on le comprend facilement, mais que les
Verts du Nord et du Sud adoptent la même attitude, voilà qui
laisse rêveur et perplexe. On peut naturellement présumer que d’une
part, les incartades parfaitement justifiées de Vincent Decroly aient contribué
à leur inamical désengagement et que, d’autre part, les Verts
fortement intégrés au pouvoir n’ont pas voulu engager un
combat déstabilisant pour le gouvernement, peu rentable sur
le plan électoral et de toute façon perdu d’avance.
Manifestement les verts mettent beaucoup d’eau dans leur vin
afin de pouvoir être accepté dans le futur gouvernement. La déclaration
commune Ecolo/Agalev du samedi 7 décembre 2002 est à ce propos
très évidente. En voici deux exemples.
L’amendement du point sur la coopération au
développement aurait voulu que les 0,7 % de la norme budgétaire
soient atteints en 2005 et non en 2010. Il a été rejeté
pour des raisons de realpolitik ce qui semble peu crédible si l’on
veut réellement augmenter l’aide aux pays en voie de
développement. En demandant 0,7% pour 2005 l’on aurait pu
espérer 0,55% et atteindre 0,7% en 2010.
L’autre déclaration pleine de bonnes intentions
concernait également la politique de paix ; il s’agissait encore
de Kleine Brogel avec naturellement le voeu pieux en faveur du retrait des
bombes. L’amendement déposé demandait que l’évacuation
des armes nucléaires puisse se réaliser au plus tard le 31
décembre 2005 soit plus ou moins en fin de la prochaine législature.
Il a été rejeté, en d’autres termes, remis aux calendes
grecques, exactement comme pour les engagements de désarmement
nucléaire annoncés périodiquement par les 5
puissances nucléaires officiellement reconnues par le TNP.
L’enfer est pavé de bonnes intentions.