Alors que les bombardements sur l'Afghanistan se poursuivent et que s'aggrave le climat de guerre globale permanente, à travers lequel le néolibéralisme essaie de répondre à la grave récession économique et à la chute verticale de consensus, avec la formulation de la Constitution européenne, l'Union européenne se prépare à conclure, le 14 décembre à Bruxelles-Laeken (ex résidence des monarques belges), le parcours entrepris à Nice avec la "Charte des droits fondamentaux des citoyens européens". Déjà à Nice, en décembre 2000, beaucoup d'entre nous contestaient une charte des droits qui, en fait, constituait un grand pas en arrière et une hypothèque sur les droits acquis dans chaque pays (droit au travail, retraites, aides contre le chômage, droit à l'instruction, etc.). D'ailleurs, quel meilleur symbole de l'Europe en préparation que ce train bloqué pendant deux jours à la frontière à Vintimille pour empêcher la libre expression de la dissension ? Aujourd'hui, un an après, la situation s'est sensiblement détériorée : l'Europe est en guerre et chaque état de l'Union prépare des législations qui limitent fortement les droits de citoyenneté, d'expression et de démocratie. Malgré les mobilisations massives contre l'absence de débat démocratique ou l'exclusion sociale qui pèsent sur le processus européen (Cologne, Nice, Göteborg), les gouvernements européens poursuivent avec impertinence leur parcours vers une Europe de technocrates en ne tenant aucun compte des propositions pour "une autre Europe", qui viennent des mouvements et des organisations sociales de tous les pays de l'Union. Ils veulent une Europe libérale, à l'intérieur de laquelle les capitaux financiers et les marchandises puissent circuler sans entraves d'aucune sorte, où les travailleurs ne soient pas sujets de droit, mais "ressources humaines" en concurrence entre eux, où l'environnement, la terre et les aliments soient des "ressources pour le développement", c'est-à-dire des marchandises pour l'agro-business alimentaire. Ils veulent une Europe forteresse, fermée à la circulation et aux espérances des migrants qui se bousculent à ses portes, ainsi qu'à la dissension et aux horizons d'un monde différent et possible qui s'organisent à l'intérieur de ses frontières. Ils veulent une Europe en guerre pour le contrôle des ressources énergétiques mondiales, qui permette que se perpétue un modèle de développement insoutenable sur le plan écologique et social. Mais il y a une autre Europe, celle des mouvements contre la mondialisation néolibérale, qui se sont développés ces dernières années avec les mobilisations et qui sont porteurs de propositions pour une Europe des peuples, et non des multinationales. C'est l'Europe des mouvements paysans, qui contestent la Politique agricole communautaire, qui génère faim et insécurité alimentaire et qui oblige chaque jour six cents exploitations agricoles à fermer leurs portes, flouées par les choix de ceux qui prêchent la libéralisation économique, imposant une agriculture qui épuise les ressources naturelles et transforme les aliments en danger pour les consommateurs. C'est l'Europe des travailleurs et des travailleuses, qui contestent le chômage de masse et la précarité du salaire, du travail et de la vie comme seuls horizons possibles, dans un scénario dans lequel le droit au travail et au revenu sont transformés en "devoir" de se démontrer "employables", c'est à dire, "profitables" et corvéables à merci, parce que dépouillés de toutes les garanties acquises. C'est l'Europe des citoyens et des citoyennes, qui demandent une démocratie réelle et participative, qui demandent que la politique prime sur l'économie et qui défendent en tant que biens communs non négociables l'eau, la nourriture, la santé, l'instruction, les services publics et les droits sociaux. C'est cette Europe que nous voulons porter en décembre à Bruxelles, surtout maintenant que l'on essaie, avec la guerre, d'accélérer le mouvement vers la privatisation de tout ce qui est public, en faisant taire les voix discordantes et les espaces de dissension. Nous croyons que, après la grande mobilisation de Rome du 8, 9 et 10 novembre, avec le forum anti-libéral et avec l'imposante manifestation "contre la guerre économique, sociale et militaire", le mouvement italien a démontré une maturité de proposition et une capacité d'agrégation des consensus importantes et riches de potentialités : Bruxelles peut devenir la prochaine étape d'un parcours qui, par la dimension de ses contenus et la multiplicité des interlocuteurs présents, doit trouver dans l'espace européen le lieu où il faut conduire la mobilisation contre la guerre, le conflit, et où il faut construire les transformations. Une autre Europe est possible ! Marco Bersani d'ATTAC-Italia, Luciano Muhlbauer du Sin.Cobas, Gianni Fabbris de Altragricoltura Nous invitons tout le monde, syndicats, organisations, associations et Forums sociaux à adhérer à l'appel pour une mobilisation unitaire Pour les adhésions: comunicazione@attac.org Plus d'informations : www.attac.org/italia - italia@attac.org Traduction : Francesco Gariazzo, traducteur bénévole coorditrad@attac.org