Huit questions-réponses impertinentes sur le Tibet

Un lama vivant, ça trompe énormément

D’un côté, le dalaï-lama bon et pacifique, de l’autre, le gouvernement chinois opprimant le peuple tibétain… Cette vision abondamment véhiculée par nos médias est-elle conforme à la réalité ou sert-elle surtout une propagande anticommuniste prenant pas mal de liberté avec la déontologie journalistique? Réponses à quelques idées reçues.

Mao Ning

La Chine occupe-t-elle le Tibet?

Autant que la Belgique occupe la Wallonie. En fait, la Chine est une mosaïque de 56 nationalités différentes. Depuis le 13ème siècle, le Tibet appartient à l’entité géographique chinoise. On pourrait tout aussi bien accuser la Chine d’occuper toutes les autres régions qui la composent. Notons que la Constitution chinoise octroie à toutes les minorités nationales des garanties importantes, tant dans le secteur de la santé et de l’éducation, que celui de la préservation de la culture.

Y a-t-il eu génocide au Tibet?

Toutes les campagnes antichinoises se basent sur un seul document pour évoquer un génocide. Il s’agit du rapport établi en 1959 par la Commission Internationale des Juristes. En fait, cette commission n’avait aucune base légale du point de vue du droit international et tous ses membres étaient anglo-saxons, parmi lesquels on notait la présence de fonctionnaires de la CIA. Le rapport de la Commission se base sur des témoignages impossibles à vérifier. Mais incapable de prouver le fondement de ses affirmations, la Commission a elle-même avoué que rien ne permet de prouver qu’il y a bien eu génocide.(1) Les défenseurs du Dalaï-Lama ont alors imaginé de parler de «génocide culturel», ce qui en soi ne veut rien dire mais a l’indéniable avantage de contenir le mot «génocide».

Le Dalaï-Lama est-il un pacifiste?

Le gouvernement des Etats-Unis a avoué depuis belle lurette fournir des armes et entraîner des commandos terroristes qui se sont infiltrés au Tibet. Mais selon les déclarations d’un général américain, «il semble que les communistes chinois n’aient aucune crainte d’une attaque venant de l’extérieur, et cela principalement par le soutien populaire dont ils jouissent au Tibet (2) Le Dalaï-Lama semble donc plus populaire en Occident que chez les Tibétains. Et cela peut se comprendre car, comme l’affirme le délégué américain à la Commission des droits de l’Homme de l’Onu, l’image véhiculée par les médias d’un saint homme pieux et pacifiste n’est qu’une «hagiographie illuminée occidentale».(3) En effet, l’actuel Dalaï-Lama a régné sur une société située entre féodalisme et esclavagisme. Les seigneurs qui constituaient 5% de la population possédaient 95% de toutes les terres et étaient même propriétaires… des paysans qui y travaillaient et de leurs maisons. «La différence entre riches et pauvres était telle qu’on aurait dit qu’il s’agissait de races différentes», explique un réfugié tibétain en Inde. (4) Le propre biographe du Dalaï-Lama affirme que «dans le Tibet d’avant 1951, on ne vivait point dans un milieu mystique ou spirituel, mais bien dans le pire obscurantisme féodal dénué de toute vie sociale.»(5) En quarante ans de socialisme, l’espérance de vie a doublé, passant de 35 ans en 1959 à 67 ans aujourd’hui.

La Révolution culturelle a-t-elle détruit les trésors tibétains?

Si c’était le cas, le tourisme ne serait pas aujourd’hui l’une des principales activités économiques du Tibet. A propos de la révolution culturelle, John Kenneth Knaus, ancien mercenaire et responsable de la CIA en Inde, affirme que «ce sont bien les jeunes Tibétains eux-mêmes qui ont été à l’avant-plan durant cette période. Ces jeunes Tibétains craignant un hypothétique retour des lamas ont montré le plus fervent radicalisme.» (6)

La culture tibétaine est-elle en voie de s’éteindre?

Les Nations Unies ont, plusieurs années de suite, attribué des prix à la Chine pour son effort dans la lutte contre l’analphabétisme. La culture tibétaine est elle-même largement diffusée, si bien qu’une conférence internationale de tibétologie a eu lieu récemment à Lhassa devant de nombreux experts occidentaux, dont des belges.(7) La médecine traditionnelle du Tibet connaît un succès croissant grâce aux vertus curatives des plantes locales. Plusieurs pays africains, dont le Kenya et le Nigéria, expérimentent les cures tibétaines. Ce dont, bizarrement, les médias occidentaux ne parlent guère. Par ailleurs, la télévision tibétaine diffuse vingt heures par jour de programmes en langue locale et on dénombre pas moins de quatorze revues et dix quotidiens en tibétain. Le programme scolaire est donné en tibétain.

La population ethniquement tibétaine est-elle minoritaire au Tibet?

Selon les chiffres du bureau chinois des statistiques, qui n’ont jamais été contestés par les Nations Unies, les Tibétains composent aujourd’hui plus de 95% de la population locale. La croissance démographique du Tibet n’a jamais cessé. D’autant que les Tibétains ne vivent pas sous le régime de ‘un seul enfant par couple’.

Le Tibet est-il la poubelle de la Chine?

Il semble que cette affirmation ait été lancée pour essayer de faire condamner la Chine lors des conférences internationales sur le réchauffement de la planète. Or, dans cinq ans, toute l’énergie de la région sera de type hydroélectrique, c’est-à-dire quasi non polluante. Les centrales thermiques seront démantelées.

Le Tibet est-il en danger?

Cela se pourrait bien. Car ne faut-il pas s’inquiéter lorsqu’on surprend des journaux comme La Libre Belgique(8) réclamer «un nouveau Kosovo» en parlant du Tibet? Ne faut-il pas craindre de voir les pays de l’Otan repartir en croisade toujours un peu plus loin, alors que nous savons que les campagnes médiatiques précèdent les campagnes militaires? «L’océan de sagesse» comme le Dalaï-Lama est appelé en Occident, soutient lui-même que la «CIA a été notre principal soutien. Ce soutien était surtout dû à des raisons politiques antichinoises et anticommunistes.»(9)

 

Notes :

1 (Legal Inquiry Committee, « Tibet and the People’s Republic of China », ICJ 1960) • 2 (Far Eastern Economic Review, 15/09/1975, p.31) • 3 (Le Soir, 12/06/1998) • 4 (Tsewang Y Pemba, Tibetan Reminescences in Tibetan Review of New Delhi, 12/07/1977, p.23). • 5 (Tsering Shakya, History of Modern Tibet) • 6 (Far Eastern Economic Review, 02/12/1999) • 7 (Beijing Information, 29/08/2000). • 8 (La libre Belgique, 30/04/1999) • 9 (Le Soir, 06/05/1999)