De la futilité de la solution des deux états par Khalid Amayreh* (traduit par Yannindy) Géographiquement et démographiquement, la solution des deux états n'est rien moins qu'un colossal scandale. source: Palestinian Times février 2001 (Ptimes.com) Il n'est pas difficile de réaliser ce qui a incité le régime sioniste à adopter la prétendue solution des deux états comme dispositif politique le plus avantageux pour en finir avec la question palestinienne. Nous savons tous qu'atteindre une paix véritable avec les Palestiniens et les autres Arabes et musulmans dans la région n'a jamais été une vraie considération de l'état sioniste. En effet, des décennies de bellicisme israélien, d'agressions et d'alliances hostiles témoignent amplement de l'aversion sioniste pour la paix et la coexistence pacifique avec ses voisins. D'ailleurs, les dirigeants israéliens, qu'ils soient de droite ou de gauche, ne semblent pas avoir été soudainement transformés en amoureux de la paix, croyant à la générosité et à l'auto-abnégation. En fait, les Sionistes se rendent bien compte que la solution des deux états n'est en réalité rien d'autre qu'un euphémisme pour la liquidation de la question palestinienne. Ils ont absolument raison. La solution des deux états permettrait l'état juif de s'arroger entre 80 et 84% de la Palestine telle que définie par les Nations Unies, et permettrait de refuser à la majeure partie des 4 à 5 millions de réfugiés palestiniens leur droit inaliénable de retourner dans leurs villes et villages natals, desquels ils ont été expulsés à la pointe du fusil par les troupes sionistes, ou dont ils ont été chassés par la peur, lors de l'établissement du régime sioniste en 48. En outre, cet arrangement scandaleux permettrait aux Sionistes, dans l'avenir, d'expulser l'importante population palestinienne vivant toujours dans les frontières de la Palestine d'avant 1967 vers l'état palestinien voisin, sous le prétexte que "Ceci est notre état, ca, c'est la vôtre". Géographiquement et démographiquement, la solution des deux états n'est rien d'autre qu'un colossal scandale. Aux presque 8 millions de Palestiniens vivant dans le monde entier, on donnerait la Cisjordanie et la bande de Gaza, qui composent moins de 22% de la Palestine et qui sont déjà surpeuplés (la bande de Gaza a la densité de population la plus élevée sur terre). En revanche, environ 5 millions de juifs habitant maintenant en Palestine recevraient les 78% restants, ainsi que la plus grande part des réserves naturelles d'eau, des ressources économiques, des terres arables et des autres infrastructure de base essentielles pour rendre un état viable. De plus, les perspectives offertes par la solution des deux états sembleraient encore plus sinistres et plus mornes pour les Palestiniens si un nombre significatif de colonies juives étaient autorisées à demeurer en Cisjordanie. Dans ce cas, nous ne pourrions pas parler d'un éventuel état sérieux, ni même d'un quasi-État, mais plutôt d'une grosse plaisanterie. Et ce même si on utilise la métaphore d'état palestinien et que ce soit célébré par les capitales du monde entier comme l'incarnation ultime du désir national palestinien de sa liberté. Maintenant, quelle logique existe-t-il, pour autant qu'il y en ait une, pour accepter un tel détournement obscène? L'autorité palestinienne serait-elle crédule et ivre au point de signer l'abandon des droits palestiniens? En effet, quel genre de paix émanerait du continuation de toutes ces inégalités et ces injustices que les Palestiniens ont supportées (et continuent à supporter) depuis la naissance maudite du régime sioniste, source de tous les maux dans la région. En outre, de quel droit l'autorité palestinienne et son Chef vieillissant Yasser Arafat permettrait-elle au nettoyage ethnique d'avoir lieu? Il n'en a absolument pas le droit, et cela doit être rendu très clair à Arafat et à ses conseillers. Nous ne parlons pas ici simplement de valeurs symboliques, mais plutôt de droits matériels et réels qui ne vont pas et ne peuvent pas devenir désuets au fil du temps. Clairement, le récent soutien apporté au "droit au retour" par un grand nombre de réfugiés palestiniens en Palestine, tout comme dans la Diaspora, est un message très clair au monde comme quoi les voleurs sionistes devront rendre ce qu'ils ont volé aux propriétaires originaux. Sinon, comment pourrait-il jamais y a une paix véritable digne de ce nom? Une "paix" qui est construite sur la continuation et la "légitimation" du plus grand acte de vol de l'histoire, même s'il est soutenu par une puissance militaire énorme et la corruption économique, ne durera pas longtemps. Une solution humaine et équitable passerait nécessairement par la dissolution et le démantèlement du régime sioniste (Israël) et l'établissement en Palestine d'un état civil démocratique, anti-raciste, multi-religieux et multi-ethnique dans lequel les juifs, les musulmans et les chrétiens vivent ensemble dans la paix et l'égalité. Tel serait l'état de Palestine, fait pour et par tous ses citoyens indépendamment de leur race ou de leur foi. Un état où la liberté de culte et la justice sont garanties pour tous. Un état sans points de contrôle et barrages routiers, et sans système judiciaire basé sur le racisme par lequel les tueurs d'enfants sont remis en liberté parce que la victime est perçue comme fils d'une religion inférieure et meurtrier d'un membre d'une race élue. Un état égalitaire en tant que tel ne peut-il pas être une alternative plus humaine à la séparation de la Palestine en "deux états", chargés d'énormes quantités d'amertume mutuelle et d'hostilités larvées, attendant la première occasion historique d'éclater dans une nouvelle guerre? * Khalid Amayreh vit dans la ville cisjordanienne d'Al Khalil (Hebron) et est le rédacteur en chef du Khalil Times