Dans un article retentissant (1), Serge Halimi se demandait qui a réellement accès à Internet. Le journaliste répondait de la sorte: \" deux enquêtes françaises récentes nous répondent : il s\'agit d\'individus \" bien insérés socialement : les évolutions récentes de l\'économie leur sourient \". Et, s\'en serait-on douté, \" la représentation des internautes ouvriers reste minuscule\" (2). Devront-ils, eux, loin des clameurs numériques, continuer à \" communiquer \" en menaçant de faire sauter leur entreprise ? Ailleurs sur la planète, la situation n\'est pas différente. D\'après le dernier rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), si la population mondiale comptait 2,4 % d\'internautes en 1999, ils n\'étaient que 0,8 % en Amérique latine et aux Caraïbes, 0,1 % en Afrique subsaharienne, 0,04 % en Asie du Sud... Le même rapport conclut : \" Pour l\'heure, Internet ne bénéficie qu\'aux individus relativement aisés et instruits : 88 % des internautes vivent dans des pays industrialisés qui, ensemble, représentent à peine 17 % de la population mondiale. Les personnes qui sont \"branchées\" au sens premier du terme disposent d\'un avantage écrasant sur les pauvres qui n\'ont pas accès à ces moyens et qui, par conséquent, ne peuvent pas faire entendre leurs voix dans le concert mondial. [...] Les réseaux mondiaux relient ceux qui en ont les moyens, et, silencieusement, presque imperceptiblement, excluent tous les autres.\" (3) \" Un site a malgré tout décidé de livrer sur le web tout ce qui fait l\'Afrique dans ce domaine. C\'est une petite goutte d\'eau dans l\'océan du réseau mais c\'est déjà ça: http://www.mbolo.com/ (1) Voir Le Monde Diplomatique Août 2000 (2) Le Figaro Magazine, 20 mai 2000, et CB News, Paris, 3 juillet 2000. (3) PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 1999, De Boeck Université, Paris-Bruxelles, 2000. -------------------------- @den, édition du 26/11/2000, n°34, tirage: 2648 adresses électroniques. Comment vous recevez @den. Voici comment @den est arrivé chez vous. 1. L\'inscription électronique. Suite à un passage sur le site d\'@den, suite à une intervention sur un forum de notre part, des gens décident de s\'inscrire à la mailing list. 2. Le parrainage. Des lecteurs qui apprécient le contenu d\'@den nous filent des adresses d\'amis. 3. Le travail militant. A chaque rencontre dans un concert, dans un bistrot, dans la rue, je récolte des adresses e-mail. 4. La copie conforme et le spam. C\'est évidemment le point le plus délicat. Quand je reçois un mail intéressant avec des copies conformes visibles, j\'envoies @den à ces adresses. Je pars du principe que c\'est moralement acceptable puisque le but premier d\'@den n\'est pas commercial. Je m\'interdis d\'envoyer un mail trop lourd ( jamais de fichier attaché par exemple) afin d\'éviter d\'encombrer les boites à message et de prémunir chacun contre les désagréments des virus. Je pars du principe que les gens sont assez adultes pour se désinscrire si @den les emmerde. Ce qui arrive souvent. ( C\'est rassurant !) Il paraît qu\'il existe une législation qui s\'attaque à ce genre d\'envoi non demandé. ( le spam) Et bien pourquoi ne pas sanctionner alors les firmes qui nous balancent de la pub dans nos boites aux lettres de rue. C\'est le même principe sauf que le but ici est uniquement commercial. Et que je sache, un mail ne gaspille pas la moindre feuille de papier. Alors que ceux qui s\'attaquent à ce genre de procédé commence par s\'attaquer aux requins de la pub qui nous inondent. C\'est clair qu\'il est plus facile de se défouler sur un petit mail… Le manifeste d\'@den. Le \'marron\', cet esclave qui à l\'époque de la servitude, brisait ses chaînes pour fuir l\'ordre établi, et bien, le nègre marron m\'a pris à la gorge. Et ce mot que je cherchais pour dire ma révolte de l\'ordre culturel et de l\'ordre tout court, ce mot qui souligne à merveille ce refus qu\'on voudrait balancer à la gueule de ceux qui nous macdonaldisent, qui disneyisent, qui nous transforment en clochards de la culture, je le trouvais sur cette \"île inquiète\"(1): le marronage ! Aujourd\'hui, en Occident, la chaîne n\'emprisonne plus l\'esclave au pied. Les chaînes de notre servitude sont aussi posées dans notre cerveau. Combien de Français, de Belges abrutis par Jean-Pierre Foucault ? A quoi rêvent encore les hommes écrasés par la Loterie Nationale et les rubriques zodiacales de je ne sais quel canard boiteux ? Pourquoi cet océan de verroteries ??? Le marronage m\'apprend à vouloir casser mes chaînes et à prendre le maquis de la contre-culture. C\'est là qu\'est le vrai but d\'@den car marronage signifie subversion et transgression d\'un ordre contraire. En conséquence, je vous invite à partir dans la montagne bouter l\'incendie de notre inaliénable révolte. Gilles Martin (1) La Martinique.