"La Ville de Bruxelles et les syndicats sont parvenus à un accord fantastique." C’est par cette phrase que Freddy Thielemans, le bourgmestre de Bruxelles, a entamé la conférence de presse de ce lundi 17 septembre. Sujet du jour: la manifestation syndicale qui aura lieu en marge du sommet de Laeken, le 13 décembre prochain. Pour Thielemans, il y a trois priorités : garantir la sécurité, ainsi que le droit de manifester, et être capable d’offrir un symbole fort de contestation à Bruxelles, sans pour autant paralyser la vie de la capitale Européenne. Pour lui, il ne faut pas retomber dans les erreurs du passé en permettant à une minorité de manifestants d’occulter la présence syndicale dans ce genre de manifestations. Il a en outre tenu a souligner que la manifestation syndicale du 13 décembre s’inscrit à son avis dans lutte contre la mondialisation. « En matière de mondialisation, ce sont les syndicats qui posent les vraies questions ». Emilio Gabaglio, secrétaire général de la Confédération Européenne des Syndicats (organisatrice de la manifestation), est entièrement d’accord avec lui. Il a d’ailleurs remercié le bourgmestre pour son « esprit d’ouverture, son aide et sa coopération ». Pour lui, les priorités tiennent en trois points : l’UE doit augmenter sa dimension sociale, se faire plus proche des citoyens et améliorer son fonctionnement démocratique et sa transparence. Il réclame plus d’Europe, ce qui permettrait selon lui de « donner un visage social à la mondialisation »… mais un visage seulement . Concrètement, la manifestation aura lieu dans la périphérie de Bruxelles, Michel Nollet (FGTB) n’acceptant pas de « défiler en rase campagne sous prétexte de sécurité ». La manif partira de la place Emile Bockstael à Laeken, pour aboutir au stade Roi Baudoin, en passant par le boulevard Bockstael et l’avenue Houba de Strooper. Pour Freddy Thielemans, ce parcours offre tous les avantages : l’idée de tenir le meeting dans un stade permettra aux syndicats de filtrer les indésirables à l’entrée. Pour l’esprit d’ouverture, on manifestera le lendemain. De plus, la plus grande partie du parcours offre une vue imprenable sur l’Atomium, que le bourgmestre qualifie de « symbole fort », représentatif, à ses yeux, du sommet contesté (il faudra qu’il nous explique). La sécurité sera assurée par les syndicats eux-mêmes, qui organiseront un service d’ordre général, et chaque autobus ou wagon de train mettra en place le sien, à son niveau. « La police sera là pour aider l’organisation de la manif et du meeting. Elle se fera discrète et n’interviendra qu’en cas de besoin et sur demande des syndicats » a déclaré le commissaire Van Reusel, chef de la police de Bruxelles. Quant aux mesures de sécurité entourant le sommet officiel, c’est le mystère, on nous renvoie aux ministère de l’intérieur. Le bourgmestre de Bruxelles a eu beau souligner le « grand esprit d’ouverture » lors des négociations, apparemment cette ouverture n’est pas de mise avec tout le monde. Lorsqu’une représentante de D14 s’est levée pour demander pourquoi l’organisation n’a reçu aucune réponse à ses demandes d’entretien avec les autorités de la ville, les intervenants à la conférence de presse se sont raidis. « C’est le PTB ! » a glissé Michel Nollet à l’oreille de son voisin. Pour sa part, le commissaire Van Reusel à rapidement griffonné une petite note à l’intention de son bourgmestre. Ce dernier s’est contenté de répondre que le fax, envoyé le 18 juillet, n’était jamais arrivé sur son bureau. A la question de savoir si des négociations étaient néanmoins possibles, il a répondu qu’il reste suffisamment de temps et qu’un entretien serait possible bientôt, mais que « la loi prime » et que « il faudra une autorisation des pouvoir publics ». Il a conclu en déclarant : « Je sais que votre parti est très fort, mais nous donnons la priorité aux grandes organisations ». Il faudra que quelqu’un explique à Thielemans que D14 n’est pas un parti, mais une plate-forme qui rassemble plusieurs dizaines d’organisations, et qu’elle est à ce titre une grande organisation. Pourtant, Thielemans s’est déclaré en contact permanent avec les ONG, leur proposant même le plateau du Heysel pour leurs activités. Apparemment, la solution du stade hors de la ville est pour lui une panacée universelle. Mais c’est sans compter des initiatives comme D14 et Bruxxel, qui refusent d’être parquées en banlieue pour une visite guidée « Bus-Atomium-Heysel-Train » avec pour seule revendication un appel à « plus d’Europe ». Pour que tout se passe bien, il faudrait que les autorités en prennent conscience.